Chapitre n°14
Décembre 2016 – le jeudi suivant.
Comme je m'en suis douté, Eleanor a accepté que je reprenne le travail quelques heures par semaine. Elle aussi est persuadée que ça va m'aider. Quand j'en ai parlé à ma mère, elle a d'abord refusé en disant que c'était trop tôt, que je n'étais pas prêt, etc.. Mais quand je lui ai dit que c'était une idée de Louis elle a tout de suite changé d'avis. Je crois qu'elle aime bien Louis et le fait qu'il soit mon médecin doit aider. Elle doit se dire qu'il n'a que de bons avis et surtout qu'il a toujours raison. Quant aux autres, ils étaient d'accords sur l'idée que ça me ferait du bien. Et puis, aux heures où Eleanor m'a demandé de venir, je sais que ce sera calme. A part faire le ménage et discuter avec le peu de clients... je n'aurai sûrement pas grand chose à faire.
Je dois donc être présent du lundi au jeudi de treize heures trente à seize heures. Ce n'est pas très long, mais au moins ça occupe une partie de mon après-midi. Je suis très reconnaissant envers Eleanor d'avoir accepté de me reprendre comme ça. Elle n'était pas obligée.
Aujourd'hui, c'est mon premier jour. Evidemment, elle a dit que je ne pouvais reprendre que lundi, mais je n'avais de toute façon rien de prévu. Donc ça m'arrange et je dirais même que je suis content d'y aller. Liam m'a même proposé de me déposer. Il n'a pas cours, et je crois qu'il devait se rendre à un rendez-vous dans le quartier.
Je suis en bas de chez moi à treize heures quinze. Je vois la voiture de mon ami arriver et je monte à bord. Je lui serre la main et on prend la direction du café. En voiture, il ne nous faudra que quelques minutes à peine pour y arriver. Je le vois se garer dans la rue et je me tourne vers lui en fronçant les sourcils. Il ne doit normalement que me déposer.
- Je vais en profiter pour prendre un café quand même. Sourit mon ami.
Je hoche la tête en lui renvoyant son sourire, puis je descends de voiture. On marche tranquillement jusqu'à la porte du café que je pousse. En pénétrant à l'intérieur, je me sens comme chez moi. Je pense que ça va vraiment me faire du bien de sortir de chez ma mère et de reprendre un petit peu le travail. Je vais voir du monde, discuter, m'occuper l'esprit aussi ! Parce que j'ai tendance à un peu trop cogiter dès que je suis seul.
Eleanor m'adresse un magnifique sourire dès qu'elle me voit passer la porte du café. Elle contourne le comptoir et vient me prendre dans ses bras. Elle embrasse ensuite Liam et je vais au vestiaire poser mes affaires et récupérer mon tablier et mon badge. Quand je reviens, je vais directement derrière le comptoir et prépare la boisson que Liam prend habituellement quand il vient ici. Quelques secondes plus tard, je lui emmène son cappuccino au chocolat blanc avec un supplément de crème.
- Je vois que tu n'as pas perdu la main. Sourit-il en me tendant la monnaie.
- Et que tu n'as pas oublié le prix ! Je réponds en rigolant.
Il me sourit et je retourne à mon poste.
Mon bout d'après-midi passe plutôt rapidement. Il n'y a pas grand monde, mais assez pour nous occuper et pour ne pas qu'on s'ennuie. Nous ne sommes que tous les deux avec Eleanor, ce qui nous permet de discuter un petit peu et je suis heureux de prendre de ses nouvelles. D'elle, de son fils et de son mari évidemment. Je suis admiratif de sa petite famille, et elle semble vraiment heureuse. Son café fonctionne bien, son fils va bien, son mari à eu une promotion. Ils sont en train d'acheter une maison à Brooklyn. Elle sera peut-être un peu loin de son lieu de travail, mais elle tient à quitter l'appartement qui est au dessus de son café pour un endroit plus grand et confortable. Elle rêve d'un petit jardin pour son fils. Je ne peux pas la blâmer pour cela.
Quand vers seize heures vingt je vois Louis passer la porte du café je ne suis absolument pas étonné. Je lui ai envoyé un message hier pour lui dire que je reprennais le boulot aujourd'hui. Il ne me l'a pas dit, mais, je me doutais qu'il viendrait aujourd'hui. Il m'a même envoyé un message ce matin pour me souhaiter bonne chance.
Je suis donc en train de servir un client à une table quand Louis arrive. Il me sourit et va jusqu'au fond de la salle pour prendre une commande. Eleanor semble comprendre et me laisse s'occuper de lui. Je passe derrière le comptoir et lui offre un sourire.
- Tu finis dans longtemps ? Me demande-t-il.
Je tourne le regard vers l'horloge murale et secoue la tête.
- Dix minutes, à peine.
- Je peux t'attendre ?
- Evidemment ! Je réponds en souriant grandement.
Il me commande un expresso et je lui emmène rapidement à la table où il s'est installé après m'avoir demandé son café. Je finis rapidement mon service, passe au vestiaire déposer mon badge et mon tablier puis je ressors. Je cherche Louis du regard. Il n'a pas quitté la table où il a pris son café. Eleanor est en train de discuter avec lui. Ils rigolent ensemble.
Je souris et m'avance vers eux.
- Je crois que tu es attendu Harry. Sourit Eleanor
- Hmm... oui. Dis-je en souriant en coin.
Louis se lève et attrape son manteau pour se rhabiller. On salue Eleanor et on quitte le café. Une fois dehors, il se tourne vers moi en souriant puis me propose de marcher tranquillement dans le quartier pour rentrer chez moi. A pied, il nous faudra un petit moment. Mais il ne fait pas trop froid, je suis en bonne compagnie donc je ne dis pas non.
On commence à marcher dans le quartier et il sort un paquet de cigarettes. Il s'en sort une et me le tend en me demandant si j'en veux une.
Je ne fume pas.
Avant Niall, je ne fumais pas.
Troisième année de fac - mois de janvier
- Tu sais que c'est affreusement cliché de fumer après l'amour ? Je fais à Niall en roulant des yeux.
Je le vois hausser des épaules, un sourire amusé sur les lèvres. Il est assist sur le rebord de la fenêtre de sa chambre. Il a enfilé un peignoir pour couvrir ses fesses, et se grille une cigarette les jambes dans le vide. On se croirait dans une scène porno. Ce mec est obscène de A à Z. Même lorsqu'il fume une simple cigarette il est bandant. Je le déteste.
En plus, il fait un froid pas possible dehors. Je suis enroulé dans les draps à attendre qu'il termine de fumer. Il me saoule. Il sait que j'aime pas ça en plus. Après, il va puer le tabac. Sauf que Niall fait tout le contraire de ce que je lui demande de faire. Alors j'ai arrêté de lui dire les choses. Ca ne sert de toute façon à rien.
- Je sais que tu adores ça.
- Tu sais que je déteste ça. Je réplique en le fixant.
- Alors pourquoi tu restes ? Jour après jour...Nuit après nuit... Me demande-t-il avec son éternel sourire en coin.
- Tu sais aussi bien que moi que c'est toi qui m'appelles à chaque fois que tu as envie de baiser et pas le contraire.
Il hoche la tête sans réfuter mes paroles. Je n'ai jamais été celui qui a fait le premier pas pour qu'on se voit. Il a mis un mois à arriver à ce que j'accepte une soirée. J'ai mis ensuite quatre rendez-vous à ne serait-ce que laisser nos lèvres se toucher. Et ensuite, ça a duré quatre autres rendez-vous avant que je ne me retrouve dans son lit. Bon, j'avoue que maintenant que j'y suis, je n'ai plus envie de le quitter ce lit. Niall est un bon coup. Un putain de bon coup. Aussi bon que Zayn. Mais c'est différent.
Ce petit jeu de "je t'aime moi non plus" avec Niall me plait bien. Puis il ne me fait pas chier. Ok il m'envoie des sms à longueur de journée. Souvent inutiles. Parce que je vous l'avoue, mais savoir ce qu'il bouffe le midi, ou le fait qu'il doit aller passer le week-end chez sa soeur, ou une autre information de ce type là : j'en ai rien à battre. Mais il doit ressentir le besoin de me le dire lui. Ou bien c'est un moyen de s'assurer que je ne l'oublie pas.
- Peut-être parce que je sais que tu ne peux pas te passer de mon corps. Dit-il en écrasant son mégot de cigarette dans le cendrier qui est sur le bord de la fenêtre.
Il se redresse et referme la fenêtre derrière lui.
Aérer pour faire partir l'odeur du tabac ? A quoi bon, sa chambre sent le cendrier froid de toute façon. J'ai essayé de la faire aérer. Mais il en a rien à foutre.
Il s'avance vers le lit avec une démarche de prédateur et monte à quatre pattes dessus. Il colle ses lèvres contre les miennes sans aucune douceur et je sens ses mains partir à la recherche de ma peau sous les couvertures.
- Tu n'en as pas eu assez ? Je lui demande blasé.
- Non.
- Tu n'en as jamais assez.
- Jamais.
- C'est toi qui ne peux pas te passer de mon corps en fait. Je lui dis en souriant en coin.
Il lève les yeux au ciel avant de reprendre mes lèvres, me faisant comprendre que je dois me la fermer. Je ne peux réprimer un éclat de rire contre sa bouche et je m'accroche à son cou. En un rien de temps, je me retrouve le dos contre le matelas, Niall sur moi, nos lèvres scellées et nos coeurs battant à l'unissons l'un contre l'autre.
Je n'ai aucune idée de ce que je suis en train de faire avec lui. De ce que nous devenons. Mais je crois que j'aime bien. Il est différent de tous ceux que je connais, de ceux que je fréquente, des personnes avec qui je sors. Et puis non, je ne sors avec personne ! Je couche quand j'en ai besoin, envie, mais c'est rare que je garde quelqu'un auprès de moi pour ça. A part Zayn. Mais lui c'est mon pote.
Niall, c'est différent. On n'est pas amis. On n'a rien en commun. Dès qu'on commence à parler de quelque chose de sérieux on se fâche, il ne veut jamais admettre quand il a tord et ça me donne des envies de meurtre ! Nous ne sommes d'accord sur rien. C'est triste à dire mais je crois qu'on ne pourrait pas se supporter si on baisait moins. C'est notre exutoire.
Une fois de plus, je me laisse aller à ses caresses, à ses lèvres, à ses mains, à ses coups de reins. Quand on atteint l'extase quelques minutes plus tard, je m'étale dans les draps, transpirant, mais heureux. Je tourne le regard vers lui et il me sourit.
Mais ce putain de connard attrape son paquet de cigarette pour s'en allumer une !
Il se fout de ma gueule !
Il me fixe avec ses grands yeux bleus, me souffle la fumée au visage et je me retiens pour lui en foutre une. Je lui arrache la cigarette des lèvres pour la porter aux miennes. Il me regarde avec étonnement, se redressant sur un coude. Il m'observe, abasourdi par mon geste.
Quelques secondes plus tard je suis à moitié en train de m'étouffer avec sa putain de cigarette, et l'autre con se moque de moi.
Retour dans le présent.
J'hoche la tête de haut en bas et j'attrape une cigarette dans le paquet de Louis. Je la porte à mes lèvres et l'allume avec le briquet qu'il me tend. La première bouffée me brûle la gorge, mais petit à petit la nicotine qui circule dans mon sang me calme et m'apaise. Avant de connaître Niall je n'avais jamais fumé autre chose que des joints.
- Tu as des projets pour ce week-end ? Me demande Louis en tirant sur sa cigarette.
J'hausse des épaules en tournant les yeux vers lui. Je crois que Taylor a envie qu'on fasse un truc. Sauf que la soirée du week-end dernier ne me donne pas envie de réitérer l'expérience. Le souvenir qui m'est revenu durant notre dernière soirée a été assez violent. Je ne sais pas si j'ai envie de me retrouver confronter à un autre souvenir de ce type encore une fois. Je n'ai pas envie de continuer de découvrir que j'étais le pire pote du monde avec Zayn... même s'il ne semble pas m'en tenir rigueur aujourd'hui.
- Taylor veut qu'on fasse un truc avec la bande. Je réponds simplement en haussant des épaules.
- Cette soirée ne t'enchante pas ?
Je secoue la tête avant de reprendre.
- Pas vraiment. C'était bizarre samedi. J'ai passé une bonne soirée, c'est pas le soucis, mais le souvenir qui m'est revenu m'a mis très mal à l'aise. Et chronologiquement, j'ai du mal à repérer et placer tous mes souvenirs. C'est bizarre. Ça revient un petit peu n'importe comment...
- Ta mère m'a dit un jour à l'hôpital que tu écrivais. Enfin, que tu rêvais de devenir écrivain. Tu ne crois pas que ton histoire mérite d'être racontée ?
Je fronce les sourcils à ses mots. Où veut-il en venir ? Est-il en train de me suggérer de me mettre au travail et de rédiger ce que je suis en train de vivre ? J'ai toujours voulu écrire, ça c'est vrai. Mais je ne m'imagine pas vraiment écrire quelque chose qui ressemble à ma vie. Quand je vois ce qui m'inspire le plus en littérature, je ne m'imagine pas une seconde écrire sur quelque chose de réel. J'aime les elfes, les sorciers, les combats, les beaux décors. J'aime rêver, voler, m'envoler ! J'aime tout ça. Mais je n'aime pas lire quelque chose de banal.
- Je trouve ça trop ... ordinaire. J'aime me laisser porter par une chevauchée sauvage quand je lis. Je n'aime pas le réel.
- Tu crois réellement que ce que tu es en train de vivre est banal ? Je ne pense pas Harry. Je pense même que ça pourrait intéresser des gens, et que ça pourrait t'aider. Affirme Louis en me regardant.
Ecrire pour panser ses plais. Tellement de gens l'ont fait que ça ne m'étonne qu'à moitié que Louis me propose de le faire. Sauf qu'il a raison. Ecrire ça apaise l'âme. Ça permet de mettre les choses à plats. Ça les fait devenir plus réelles aussi je pense. Est-ce qu'écrire mon histoire, mes souvenirs, mon chemin vers la guérison, vers le savoir, est-ce que ça m'aidera à accepter la vérité ? Il est bien possible que ce soit le cas.
- Je n'avais pas pensé au fait que ça pouvait être une thérapie. J'avoue finalement.
- Je suis certain que c'en serait une bonne Harry. Tu pourrais classer tes souvenirs, essayer de les ranger, et surtout je pense que tu pourrais en apprendre plus sur toi-même en écrivant. Peut-être même que certaines choses te reviendront mieux par écrit.
Mes souvenirs peuvent-ils se manifester par ma plume ? Louis a raison. Ce serait aussi un bon moyen de faire le point sur tout ça. Classer et ranger les souvenirs. Ces écrits pourraient même se transformer en jeu de piste. Il sera beaucoup plus simple de comprendre et analyser les choses si je les couche sur papier.
Il faut vraiment que je réfléchisse à écrire mon histoire. Mais nous ne parlions pas de ça à l'origine. Nous parlions du fait que je n'avais pas envie d'accompagner Taylor à sa soirée. Elle ne m'avait pas dit grand-chose. Juste qu'Ed ou Luke feraient un truc chez eux. Que ce soit l'un ou l'autre ce serait de toute façon loin de chez moi... j'espère donc que Liam m'emmènera comme la dernière fois si j'y vais.
- Bref.. tout ça pour dire que je ne sais pas si je vais sortir ce week-end.
- Si tu ne sors pas le soir, essaie de sortir la journée. Tu ne travailles pas en plus si je me souviens bien.
Je secoue la tête de gauche à droite.
- Alors oui, tu ferais bien de sortir un petit peu.
Je hoche la tête de haut en bas tout en le regardant. Il a raison, je ne peux pas rester chez ma mère tout le week-end. J'aurais bien voulu aller faire un tour à l'appartement pour récupérer quelques affaires. J'ai l'impression que ma mère a laissé beaucoup de choses là-bas. Il faut que je lui demande de m'y emmener, ou que je demande à Taylor.
- Je sortirai je te le promets. Peut-être que... on pourrait sortir, toi et moi ? Je lui propose avant de réaliser la portée de mes paroles.
Sortir, genre sortir ? Ou sortir genre comme deux potes ? Parce que dit comme ça, ça ressemble plus à un sortir, genre sortir ! Que je suis con... ce mec en a sûrement rien à faire de moi. Il doit avoir pitié, ouai c'est ça. Je suis un pauvre gamin qui a perdu la mémoire à ses yeux, rien de plus. Alors il n'y a aucune raison pour qu'il accepte de sortir, sortir avec moi.
Que je suis con ! Sérieusement mais pourquoi est-ce que j'ai dit ça ? Pourquoi est –ce que je...
- Avec plaisir, on ira où tu voudras Hazza. Me sourit-il en me regardant avec ses grands yeux bleus pétillants.
Attendez ! PAUSE.
Le Docteur Louis vient d'accepter de sortir avec moi ?!
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#RememberFIC _ ATTENTION, cette histoire va vous retourner le coeur.
Merci à Amélie pour ses corrections à l'époque où j'ai posté cette fiction sur skyrock.
Love.
Phil.
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