Chapitre 8
Je pensais qu'en signant pour des études portant sur l'Histoire antique, j'en apprendrais plus sur les circonstances de ma mort. Je pensais qu'en sachant quelle bataille, quelle guerre s'était menée dans le temps, j'aurais peut-être un indice sur mon trépas.
Mais rien. Tout n'était que généralités, banalités. Certaines choses me parlaient et d'autres me faisaient rire intérieurement. Les choses étaient un peu différentes, à l'époque, que ce que l'on nous raconte maintenant en amphithéâtre.
« Qu'est-ce que tu fais la tête dans les nuages Alexander ?
— Ah, Otcus ! Tu tombes bien ! Viens, je m'interroge, tu vas me servir de pense-bête. »
Regardant un peu partout autour de lui, il s'assoit à côté, derrière un tronc d'arbre.
Dois-je supposer... ?
« Qu'est-ce que tu as fait encore mon ami ?
— Quoi ? Moi ? Mais rien du tout ! Tu me connais.
— Justement... Je te connais mieux que Zeus ne connaît l'Olympe.
— Ne dit pas ça, ça pourrait te retomber dessus !
— Me prendrais-je la foudre ? J'attends. Regarde.
— Tu n'es pas sérieux !
— Si, si ! »
Depuis longtemps j'avais la certitude que les dieux nous avaient abandonnés. Je n'y croyais plus comme je devrais y croire. Je ne prie plus autant qu'avant et je me plains moins souvent. J'en viens à penser que notre situation est due à notre propre fait. Nous sommes maîtres de nos vies.
Si nous voulons quelque chose, inutile de demander une bénédiction, allons la cueillir nous-mêmes.
« Tu as un comportement dangereux depuis quelque temps.
— Et c'est toi qui me dis ça ? Laisse-moi deviner, tu as mis Thétis en colère ? Encore ? Tu n'es pas fatigué ?
— Jamais je ne me lasserais de son visage fâché. Elle fait ma journée !
— Tu sais que tes âneries me sont chères payées ? Arrête donc avant que je n'aie à enterrer ton cadavre sous un olivier.
— Bon, revenons-en à nos brebis... Pourquoi tu as la tête dans les nuages ?
— Je réfléchissais.
— En regardant le ciel ?
— Ça me permet de me concentrer et d'oublier le monde. Tu sais, j'ai dit à Thétis que j'irais au temple demander aux dieux leur bénédiction pour notre union.
— Toi ? Le grand Alexander, tu veux te marier ?
— Et alors ? Quel mal peut-il bien y avoir à ça ? Je n'aurai pas une longue vie paisible. Je suis soldat. Je suis déjà condamné.
— Enfin pour l'instant, tu n'as pas perdu un combat à ce que je sache. Et tu n'es pas que "soldat", tu es aussi un stratège d'exception. Tous les anciens le disent. Tu es apprécié pour ton intelligence, ta sagesse et ta clairvoyance. Et au lieu d'aller demander la bénédiction des dieux, as-tu déjà vu avec le père de Thétis. Il te porte tellement dans son cœur. Voilà une bataille que tu dois mener sous peu.
— Tes encouragements me font chaud au cœur mon ami. »
Oui, les choses étaient différentes. Et nous aussi. Bien que je sois resté à peu près le même malgré les âges, Octus et Thétis, eux ont changé.
Du moins, c'était jusqu'à ce que je vois passer Théo en courant devant l'amphithéâtre, alors poursuivi par un Octave mort de rire.
Qu'est-ce qu'il lui fait subir encore ?
À la fin de l'heure, pendant la première pause du matin, j'ai réussi à les rejoindre, assis sur une table.
« Ne laisse plus jamais ce type entrer dans notre chambre ! »
« Notre chambre », rien que ce terme me fit un petit quelque chose. Jusqu'à hier encore c'était « ma » chambre.
« Dois-je comprendre qu'il a réussi à te réveiller ?
— Parce que tu ne pouvais pas le faire toi peut-être ?
— Crois-moi, j'ai essayé. Bon, va foutre tes fesses en amphi avant que le cours ne recommence. »
Il attrape son sac, balance une insulte à Octave qui garde son sourire amusé.
« Il a du caractère le petit.
— Tu lui as fait quoi ? Non, attends. Je ne veux pas savoir.
— Tu as raison. Ça restera entre lui et moi. Néanmoins, je n'ai jamais vu quelqu'un courir aussi vite. Décidément, je l'aime bien. Je crois que je vais m'amuser encore longtemps.
— Pauvre de lui.
— Bon, va en cours toi ! Je veux pas être la cause de ton échec scolaire.
— Tu l'es déjà ! »
En fait, rien n'a vraiment changé. Leurs âmes, bien que dans deux corps différents aux traits communs, sont toujours là, à jouer l'une avec l'autre. À se tourner autour, à s'embêter pour ensuite venir me trouver.
Finalement, aujourd'hui n'est peut-être pas si différent qu'hier.
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