Chapitre 27

Je mentirais si je disais que toute cette histoire nous a grandement perturbé Théo et moi. Suivre les cours, participer aux Jeux Inter-Étudiants, jouer les apprentis détectives du passé la nuit, essayer de cacher tout cela tant bien que mal à Octave.

C'était devenu bien plus dur que tout ce que j'aurai imaginé jusqu'à présent.

Mentir sans cesse. Sans relâche. Faire attention à ce que l'on dit, quand on le dit. Faire en sorte que ça ne finisse pas dans une oreille traînant par là. Prétendre que nous sommes... Deux ados tout à fait ordinaires alors qu'en vrai nous sommes plus âgés que la majorité des morveux de ce campus.

« Bon, je l'attrape, tu l'assommes.

— Pourquoi c'est à moi de l'assommer ?

— C'est toi le soldat. T'as l'habitude.

— Hé, on ne fait pas ça à l'ancienne. Tu n'as qu'à le faire toi.

— OK, je propose que l'on règle ça à la courte paille.

— La courte paille à deux ? Vachement réglo ton jeu. Pierre-papier-ciseaux !

— Bon, si tu veux. Faisons ça. T'es prêt ?

— Attends ! On le fait en deux manches.

— OK. Pierre.

— Papier.

— Ciseaux ! »

Premier point pour moi. Pierre contre papier. Je gagne.

« Ouais !

— Pfff... OK... On recommence.

— Pierre...

— Papier...

— Ciseaux ! »

Un point pour Théo. Ciseaux contre papier. Il gagne.

« Laisse-moi gagner...

— Pourquoi je ferais ça ? Tu veux que j'assomme mon meilleur ami.

— Parce que tu vois un autre moyen toi peut-être ?

— Vous voulez assommer qui ? Il a l'air cool votre choix. »

Un sursaut et un léger cri de surprise nous sont arrachés à tous les deux tandis qu'Octave débarque de nulle part.

« Tiens ! Octave ! Ahaha ! Qu'est-ce qui t'amène dans le coin ?

— Je vous cherchais... »

Ah bon ? Pas nous.

« Vous êtes bizarres en ce moment tous les deux. »

T'es sûr ?

« Bizarres ? En quoi ?

— On dirait que vous m'évitez... »

Merde.

Merde.

Merde.

Je jette un regard furtif à Théo qui semble lire toute la panique qui émerge de mon petit cerveau. Si Octave se doute de quoi que ce soit, on ne pourra absolument rien faire.

Nous avons alors deux choix qui s'offrent à nous :

Le premier serait de penser qu'Octave ne se rappelle de rien et alors, on pourrait s'enfoncer un peu plus dans le mensonge en continuant nos petites affaires.

Le second serait de présumer qu'Octus est là et alors... Alors nous sommes cramés.

Je connais Thétis par cœur, comme elle connaît Alexander.

Mais c'est aussi valable pour Octus. Il nous connaît sur le bout des doigts.

« Nous ? T'éviter ? Pas du tout. Ça doit être le stress des jeux et tout ça. Tu sais...

— Je pensais que vous étiez confiants ?

— Ouais enfin les prépas ils font peur quand même un peu ! »

Bien joué Théo !

« Oh ! Mais il n'y a pas de raison ! Vous allez voir, ça se passera bien ! On est une équipe après tout, n'est-ce pas ?

— Hmm ? Ah oui, oui. On est une équipe. »

Il semble marcher sur cette version. Parfait.

Se retournant pour repartir d'où il vient, il nous fait face une dernière fois et, dans un léger sourire, nous glisse.

« Comme on est une équipe, il serait dommage que vous me mentiez, n'est-ce pas ? »

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