Chapitre 23
« Vous êtes en danger... Vous ne devriez pas... Vous ne pouvez pas... »
On s'est regardé tous les trois un bref instant avant de soupirer de soulagement. Mine de rien, la grand-mère, à surgir de la sorte, elle nous a arraché un battement du palpitant.
« C'était...
— Flippant. »
Parce qu'il n'y avait pas d'autres mots pour expliquer ce qui venait de se passer. Les gens ne devraient pas faire ça. Imaginez que les hommes soient comme les hamsters, cardiaques ? On serait dans la merde profonde.
Dès qu'on fait peur à quelqu'un, hop ! Un mort !
« Elle était bizarre cette vieille femme. »
Octave, ne se sentant pas concerné plus que ça par la situation, s'empresse de prendre les devants du groupe tandis que Théo et moi restons devant l'entrée de la ruelle dans laquelle elle venait de disparaître.
J'ai envie d'y aller. J'ai vraiment envie d'y aller. De la poursuivre, de lui demander des explications. Quelque chose me dit qu'elle en sait long sur nous. Sur ce que l'on fait ici, dans ce monde.
« Tu penses à ce que je pense ?
— Oui.
— Les femmes d'abord. »
Me filant un coup de coude et partant en courant, il me siffle alors :
« Je ne suis plus une femme !
— Pas dans cette vie en tout cas. »
Oubliant Octave le temps d'un instant, on a disparu à notre tour dans cette ruelle transpirant l'interdit.
« Dis-moi Alex...
— Quoi ?
— Tu n'as pas peur ? De ce que l'on pourrait trouver.
— Honnêtement ? Si. Mais ma curiosité l'emporte et je suis à court de solutions pour ce problème qui est le nôtre. Si l'on veut savoir la vérité et tout ce qu'il s'est passé, quelque chose me dit que cette bonne femme est la réponse à nos questions. À toutes nos questions.
— Et tu crois qu'elle acceptera gentiment de nous aider ?
— Je peux essayer de négocier pour trois cacahuètes. »
La vérité est que je suis actuellement mort de trouille. J'ai l'impression que tout mon corps me hurle de sortir d'ici, de revenir sur mes pas et d'oublier cette altercation plus que troublante.
Mais mon bon sens se refuse à ça.
Il me pousse à m'enfoncer toujours un peu plus entre les poubelles et l'odeur nauséabonde des égouts de la ville.
J'ai besoin de savoir. J'ai besoin de me dire que toutes ces années ne se sont pas écoulées pour rien.
Et...
« Vous êtes là. »
Un cri strident nous échappe tandis que la vieille femme apparaît une nouvelle fois d'un coup d'un seul.
« Grand-mère, faut que vous arrêtiez de faire ça !
— Oh je vais mourir... Je vais mourir cardiaque... Je ne sens plus mon cœur. »
Accroupi par terre, la main agrippant son t-shirt, Théo tente de se calmer tandis que je dévisage notre « saint-graal ».
« Je crois que je suis mort.
— Ne sois pas stupide. »
Un coup derrière la tête tandis que la grand-mère rit légèrement.
« Vous n'avez pas changé... Alexander... Thétis. »
Pardon ?
« Mamie ! Vous nous connaissez ? Vous savez qui l'on est ?
— Bien sûr que je sais...
— Alors vous pouvez nous dire pourquoi...
— Ah ! Je vous arrête de suite... Cette affaire n'est pas de mon ressort.
— Comment ça ?
— Il faut que vous payiez le prix d'abord.
— Quel prix ? Combien ?
— "Le" prix.
— Mais quel prix ? Arrêtez de jouer les énigmatiques avec nous.
— Vous devez vous souvenir... Vous souvenir de "comment".
— De comment quoi ? »
De comment nous sommes morts.
Depuis le début, tout réside dans ça. Dans notre mort. Dans cette soirée dont rien ne me revient. Aucun détail. Aucun son.
Rien.
Le trou noir parfait.
« Quand vous aurez la réponse à cette question... Revenez... Je pourrais alors vous aider.
— Mais justement !! On ne se souvient pas !
— Si... Vous vous souvenez. Revenez... Je vous aiderais.
— Mais si l'on vous dit que...
— Revenez... Je vous... »
Puis, elle disparaît à l'arrière d'un bâtiment. Dans la pénombre.
« Merde ! »
Théo s'énerve contre une poubelle tandis que toute cette histoire me laisse perplexe depuis le début.
Notre mort.
Nous sommes morts en même temps. Nous sommes morts le même soir.
C'est ce que je sais. C'est ce dont je suis convaincu.
Soudain une voix se fit entendre, comme le bruit du vent. Un murmure dans la brise.
« Parfois, la vérité se trouve juste là. Blessante. Troublante. »
Génial.
Comment est-ce supposé nous aider ?
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