Chapitre 20

Assis dans les vestiaires, faisant une vérification de dernière minute, il fut décidé selon le programme des jeux, que l'ouverture se ferait par un match amical entre l'équipe de l'Université et les étudiants de Prépa.

« Je vais les massacrer. »

Noter la nuance dans « match amical ». Autant Théo et Octave ne semblaient pas se préoccuper de cette partie, autant moi j'avais la victoire en ligne de mire.

« Calme-toi, Alexandre... Ce n'est qu'une partie pour le fun.

— Je vais les massacrer. Les bouffer. Les faire rôtir aux petits oignons. Je vais tellement leur mettre la misère, qu'ils viendront pleurer à genoux.

— À croire que le démon intérieur de Théo est transmissible... »

Du tout. J'ai mon propre démon intérieur. Celui qui n'est pas tant préoccupé par la victoire de cette partie que par la victoire de ces jeux. Il me l'avait promis. Si je gagne alors lui et moi on sortira.

« Ouh ! Je suis chaud ! Allez, venez ! On va se les faire !

— Dans quel sens ? »

Une fois entré sur le terrain et les premières minutes de jeu disparues, le score fut déjà de 5-1.

5 pour les Prépas.

Je les déteste.

« Théo !

— Quoi ?

— Tu es censé arrêter les ballons ! Pas les laisser passer quand ils arrivent vers toi ! C'est le rôle du gardien !

— Ce n'est tout de même pas de ma faute ! Ils arrivent trop vite. Ça me fiche la trouille. Imagine je me le mange en pleine face ?

— C'est ce que l'on appelle "les risques du métier". Mets-y un peu du tien. »

Si même mon propre coéquipier joue contre moi, comment suis-je supposé leur mettre une raclée ? Actuellement, c'est plutôt moi qui me fais botter le cul sévèrement.

Mon cœur pleure.

Mon égo est complètement froissé.

« Mets les mains devant ton visage au pire !

— Elles sont déjà devant mes cacahuètes ! Je protège mes héritiers !

— Crois-moi, si tu n'arrêtes pas un ballon sur les dix prochaines minutes, c'est moi qui ferais en sorte que tu n'aies aucun héritier. »

D'ailleurs, maintenant que cette question est mise sur le tapis... Théo est un garçon. Je suis un garçon... Comment sommes-nous supposés... ? Enfin... ? Je ne me suis jamais vraiment posé la question jusque-là.

Je ne l'ai... Enfin... Avec un garçon... Ce n'était pas... Merde.

« Alexandre ! »

Complètement perturbé par cette question soudainement venue envahie mon esprit, voilà qu'une balle me frappe à vive allure, me mettant au tapis.

Bonne nuit, Alex.

Bravo pour la faute d'inattention.

« Oh, mon dieu ! Alex ! »

Dans les dessins animés, ils voient des étoiles, pourquoi est-ce que je n'ai le droit qu'aux visages hilares de ces enfoirés de Prépa ?

Je vous déteste de tout mon être les gars.

« Poussez-vous ! Faites-lui de l'air un peu ! »

Non, restez là. Couvrez-moi. Cachez-moi. Je suis mort d'embarras.

Alexandre mis au tapis par un vulgaire ballon de cuir.

Ballon 1-0 Alexandre.

« Alex ? Alex, tu m'entends ? Tu me reconnais ? Tu sais qui je suis ? »

Théo.

Thétis.

Amour de ma vie.

Démon de mes nuits.

« Il est complètement sonné.

— Tu devrais lui apporter les premiers soins Théo. Attends, je t'aide.

— Je pense que je sais comment on fait. Bats les pattes ! »

Alors que mes yeux sont rivés dans les siens, dans un sourire sournois et fier, il s'approche assez bas de mon oreille pour me souffler quelques mots.

« Jouer le mort ne fait pas partie des règles.

— Alors, sauve-moi. »

Et tandis qu'Octave s'occupe de faire l'imbécile pour détourner au maximum l'attention comme s'il savait ce qui allait se passer ensuite, Théo se relève légèrement avant de m'embrasser.

« Ah bah voilà ! Le bouche-à-bouche c'est une EXCELLENTE IDÉE ! »

Peut-on réellement compter cela ?

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