Chapitre 2

Pour la première fois de ma vie, ou de mes deux vies, j'eus l'impression de revivre ce moment incroyable que je n'ai vécu qu'une seule et unique fois il y a de cela fort longtemps.

Revivre notre première fois. Celle où nos regards se sont croisés.

Si je devais raconter à un psychologue ce que je ressens actuellement ou comment je peux avoir cette certitude que Thétis est là, devant moi, il me prendrait certainement pour un fou. Bon à interner.

« Thétis.

— Euh... Non, moi, c'est Théo »

J'eus l'envie terrible de lui sauter dessus, de le prendre dans mes bras, de hurler tout mon bonheur à travers le dortoir et puis... et puis il y a eu ce son. Cette singularité.

Ce nom.

Thétis était devenue Théo.

Est-ce une sorte de blague ? De punition divine ? Méritais-je d'être ainsi ridiculisé ?

D'où ma bien-aimée est...

« Je suis ton nouveau coloc'. »

Pardon ?

Pitié, que l'on m'enterre sur le champ.

« Allô ? OK... On m'a dit que t'étais un peu bizarre, mais se figer sur place, c'est flippant mec. Tu devrais arrêter ça ou alors c'est une sorte de blague parce que je suis le petit nouveau ? »

Pourquoi je devrais te faire une blague à toi ? C'est sur moi qu'elle est tombée ! Sur moi !

Pourtant, je ne crois pas avoir commis d'horribles péchés ou crimes dans ma vie antérieure... Si ?

« Théo...

— Hmm... Quoi ? »

Mon dieu qu'on me pardonne. Même si sa voix est différente, les traits de son visage sont quand même marqués d'une féminité profonde. Il lui ressemblait. Il ressemblait peut-être même trop. Ces mêmes cheveux blonds comme le soleil au zénith. Ces grands yeux brillants gris avec une pointe ambrée et... Et tout le reste.

Ouais... Il est beau.

Enfin, Thétis a toujours été une jolie jeune fille. Tout le village l'enviait. Quoi de plus naturel que de retrouver ce trait commun chez cet espèce d'usurpateur d'identité ?

« On m'a dit que t'allais t'occuper de me faire visiter le campus ? Je compte sur toi.

— Je... Je dois y aller. »

Tu n'as qu'à trouver le grand panneau avec le plan du campus et te repérer tout seul. Tu crois qu'on a fait comment nous en arrivant ici ? Certains l'ont même redessiné sur leurs cahiers !

Démerde-toi.

Hors de question que je reste à proximité de ce gars plus longtemps. Mon esprit se perd déjà.

« Comment ça il n'y a plus de chambre disponible ?

— Je suis navrée, mais en cette période de l'année, elles sont toutes pleines.

— Et la 404 ? Il n'y a qu'individu dedans.

— Elle n'est malheureusement pas conçue pour recevoir une autre personne. »

Octave, sale chanceux de merde.

Oh ! Mais elle est là, la solution ! Je n'ai qu'à échanger ma place avec lui. Après tout ce que j'ai fait pour lui, que ce soit dans cette vie ou dans l'autre, il me le doit bien. Et puis, avec un peu de chance, ses tendances de nudiste feront peur à l'autre là et il s'en ira.

« Ah non ! »

Sale traitre. Comment oses-tu te détourner de ton devoir ainsi ? Je t'ai sauvé la vie tant de fois sur les champs de bataille.

« Aller ! S'te plait ! Je ne t'ai jamais rien demandé et puis je te le revaudrais !

— Non, non, non. Désolé Alex, mais j'aime trop mon petit confort perso pour échanger avec toi. Et puis, pourquoi tu veux changer ? T'as peur de ton coloc ? »

Crois-moi mon gars, même si je te l'expliquais, tu ne comprendrais pas.

Le destin m'a seulement fait un doigt.

« C'est pas ça... C'est juste que... Enfin... Lui et moi, ça ne va pas fonctionner, tu vois ?

— Attends, c'est que le début ! Toujours aussi impatient.

— Non, mais là, je te le dis, je le sais ! C'est... Comment t'expliquer ? Tu vois les meufs et leur sixième sens qui détecte tout ? Eh bah c'est exactement la même chose !

— C'est ton côté féminin qui ressort ? Houlala !

— C'est ça, fous-toi de ma gueule.

— Ahahaha !

— Aller s'te plait ! Qu'est-ce que tu veux ? Que je me mette à genoux ? Pas de problème, je me plie même devant toi si tu veux.

— Sois pas con... Et tu pourras même danser la macarena, je ne changerais pas, un point c'est tout.

— Franchement, t'es chié... Après tout ce que j'ai fait pour ta gueule ! Tu pourrais bien changer avec moi.

— Attends, je le connais même pas ton coloc', je vais aller me présenter. Il est dans votre chambre ?

— Dans "MA" chambre.

— Fais-toi à l'idée l'ami, tu as de la compagnie à partir d'aujourd'hui. Bon, je vais aller le voir moi ! Tu m'accompagnes ?

— Vas-y tout seul. »

Je n'ai même pas envie de retourner là-bas et de le voir encore une fois.

Comprenez, ce n'est pas que je ne l'aime pas, mais ça m'est juste insupportable. Son visage me rappelle tellement de choses. Des souvenirs tellement bons dans une époque incroyable. Quand j'ai revu Octus en Octave, cela ne m'avait pas autant bouleversé. J'étais heureux, voire même soulagé de voir qu'une âme familière avait intégré ma vie. Mon meilleur ami dans les deux cas, je me sentais soutenu, mais là, ça m'a carrément chamboulé.

Octus est revenu en garçon, alors pourquoi Thétis n'est-elle pas une fille ? Pourquoi a-t-il fallu que ça tombe sur le sexe opposé auquel je porte si peu d'intérêt ?

Décidément, je dois être maudit.

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