Le remède

Un énorme fracas dans le hall me tire du sommeille. Une peur sans nom s'empare de tout mon corps, mes muscles sont tendus au maximum, mon cœur tambourine dans ma poitrine et mes oreilles sifflent. Tout est si calme pendant quelques secondes que j'ai l'impression d'avoir rêvé. Pourtant, la peur est là, elle augmente à chaque battement de mon cœur atteignant une telle proportion que si je pouvais bouger je me jetterais par la fenêtre rien que pour que ça s'arrête. Comment en une minute à peine on peut ressentir une émotion au point d'avoir l'impression de devenir fou ?
La minute s'est écoulée, ma porte s'ouvre lentement sur une ombre avec deux prunelles rouges sang. Une main glaciale me saisit le bras et me tire avec tellement de force que je sens l'articulation de mon épaule sortir de sa cavité. Je suis tirée et bousculée dans le couloir, puis l'escalier jusqu'au sous-sol dans la salle de Peter. La douleur que je ressens ce livre un grand duel avec la peur. Mon corps hésite entre hurler à plein poumons ma douleur ou me taire pour ne pas rendre le monstre plus meurtrier. Maria me jette contre le mur du fond m'assommant à moitié.

- Comment une humaine telle que toi a pu saboter tout mon projet ? Rugit le monstre au visage parfait. J'avais besoin de lui ! Il était la clef, ma seule chance de remporter la victoire. Et toi un abject morceau de viande, tu as fouiner dans ma vie... Je t'ai prévenu, il ne fallait pas me mettre en colère !
- Lâche-moi sale monstre, articulais-je la gorge sèche et les larmes aux yeux.

Elle s'approche de moi et je reste fasciné par sa démarche gracile, son incroyable beauté. Ses traits sont parfaits, sa silhouette est mince et bien proportionnée et ses cheveux tombent sur ses épaules en un ruisseau d'or. Ses lèvres pleines et rouges s'approchent de moi et s'entrouvre sur une rangée de dents blanches aiguisées comme des rasoirs. Sa langue m'effleure le cou puis ses dents plongent dans ma peau et atteignent mon larynx. Je sens tout avec une extrême lenteur, ma peau s'ouvrir, mes chairs se déchirer et mes cordes vocales ainsi que mes voies respiratoires se briser. Je m'attends à sentir le sang inonder ma bouche pendant que je meurs étouffé, mais il s'engouffre par flot entier dans la bouche vorace du monstre. Aussitôt tout mon corps se tend à nouveau, il prend feu. Pendant un très court instant, quand elle brise le contact, je suis soulagée, mais le feu ne disparaît pas. Je sens mon épaule se remettre en place et les diverses os que le trajet a cassés se souder. Mes cordes vocales brisées par la morsure se réparent d'elle-même, ce qui me permet de hurler à plein poumon. Je me plaque au sol à la recherche de fraîcheur. De toute façon mes membres tremblants refusent de me soutenir.

- Ange ! Qu'est-ce...

Trop méconnu, je ne reconnais pas à qui appartient la voix qui vient de surgir.

- Pitié ! mon dieu pas ma fille !

Un visage floue apparaît devant moi, mais je ne distingue pas ses traits. Quelque chose s'enfonce dans mon épaule, un liquide froid se répand dans tout mon corps apaisant la brûlure. Peu à peu le monde autour de moi redevient clair. Mon père est penché au-dessus de moi les yeux ruisselant de larme. Ma prise de conscience est bref, le liquide frais ne calme pas l'incendie et se vaporise de lui-même. Pendant longtemps je reste comme ça, le corps en feu atténuer quelquefois par une piqûre glaciale. Puis le feu s'arrête ne laissant q'une douleur sourde, presque fantomatique. J'entends autant les battements de mon coeur que ceux du sien. Ma gorge s'assèche d'un coup alors qu'une odeur envoûtante parvient à mes narines. Je me vois me relever saisir mon père par le cou et le soulever aussi facilement qu'un oreiller. Comme celle de Maria, mes lèvres se rapprochent de sa peau. Tout mon corps réclame du sang, c'est de là que vient l'odeur si envoutante. A quelques millièmes de seconde de commettre l'irréparable je me fige.
Ange qu'est-ce que tu fous ? On dirait que je suis devenue l'un de ses monstres.
Malgré la soif qui me tiraille, je suis parcourue d'un frisson de dégoût et lâche ma proie.

- Attends Ange, halète-t-il, je vais t'aider.

Il quitte la salle me laissant chercher un seau d'eau pour étancher ma soif. Quand il revient l'arôme métallique est plus forte encore. Pâle comme la mort, il me tend un seau empli de sang. Sans hésitation je m'en saisis et y trempe mes lèvres. La première gorgée atténue le feu de ma gorge, je sens la deuxième se répandre dans mes tissus et détendre mes muscles maltraités. Après une dizaine de lampé, dégoûté par mon geste j'essaie d'arrêter, mais ma bouche ne veut pas se décrocher. Goulûment, j'avale les litres de sang sans reprendre une seule fois ma respiration. L'intégralité du liquide absorbé, je repose le récipient prenant lentement conscience de ce qu'il m'arrive.

- Je suis tellement désolé, glapis mon père à quelque mètres de moi.

Sans prendre compte de la distance qui nous sépare son haleine s'écrase sur mon visage emplissant ma bouche d'un goût âpre.

- Je ne comprends pas... Le contrepoison que je t'ai administré aurais dû te soigner... J'ai augmenté les doses...

Je ne comprends absolument pas de quoi il parle, j'aimerais lui demander, mais je ressens encore dans mes os la douleur de la brûlure, j'ose à peine respirer. De plus, son odeur est si tentante que j'ai peur de sauter sur lui si j'ouvre la bouche. Soudain des pas résonnent dans l'escalier, avec l'épaisseur des murs ils auraient dû être étouffés, pourtant il résonne dans mes oreilles comme si un tambour sonnait à quelque centimètre de moi. Maria entre dans la pièce un sourire satisfait aux lèvres, qui disparaît quand elle voit mon père.

- Tu as beaucoup de retenue pour un nouveau-né ma fille, ricane-t-elle. Voyons comment tu te débrouilles à la vue du sang.

Elle attrape un bêcher et le brise contre la table, avec un morceau de verre elle tranche la peau du bras bras de son mari. Le liquide vitale perle puis s'échappe de sa peau pour progresser le long de son membre. Le goût âpre est de plus en plus fort dans ma bouche et ma gorge recommence à me brûler.

- Tentant n'est-ce pas ? Je serai presque tenté d'y goûter...

La voix du monstre est tellement mielleuse qu'on dirait un ronronnement de chat. Un grognement plus animal qu'humain sort de ma bouche étroitement fermée.

- Mais je ne suis pas sûre de t'en laisser et j'ai promis d'être une mère pour elle. Les enfants passent avant les parents non ?

Elle s'accroupit avec un sourire comme si elle regardait une scène particulièrement drôle d'un film.

- Avant que tu me dévore j'ai le droit à des dernière parole, bredouille le blessé.

Je me contente de le fixer avalant difficilement ma salive.

- J'ai été le pire père au monde... Mais comme on dit c'est quand on perd quelque chose que l'on se rend compte a qu'elle point il compte. Je suis désolé, je voulais juste trouver un moyen d'éradiquer ses créatures et j'en ai oublié la petite fille qui vivait avec moi. Je suis désolé pour la vie que tu as eu...

Il avait donc conscience que Maria est un monstre ?

- Depuis quand connais-tu l'existence des mon...

Je n'arrive pas à finir ma phrase, Maria m'a envoyé une goutte de sang qui a atterri sur ma lèvre. Par réflexe je passe ma langue dessus et immédiatement l'envie devient trop forte. Je saute sur lui et aspire le sang par sa plaie encore et encore. Il ne hurle pas et ne se débat même pas il me regarde les yeux emplit de regrets. Peu à peu la vie le quitte et il tombe inerte dans mes bras. Qu'est-je fait ?

- Voilà je préfère, siffle la nouvelle veuve. Je vais te laisser pleurer ton père après tout je ne suis pas un monstre.

Elle repart comme elle est venue. Je reste longtemps immobile à détailler son visage que je voyais si rarement.

Plusieurs personnes entrent marchant d'un pas calme et sûr.

- Elle n'est pas en bas Aro ! hurle quelqu'un juste à côté de moi. Mais elle a laissé un cadavre et une fille. Ils ont sans doute tout vu.
- J'arrive Caïus, répond une voix calme.

Le certain Caïus est un grand monstre aux cheveux blonds qui lui tombent jusqu'aux épaules en un carré parfait. Il porte une longue cape noir démodé. Les quatre autres monstres qui l'accompagnent portent exactement la même tenue. Un autre monstre arrive d'un pas impérial. Il est plus vieux que les autres à en croire sa peau lisse, mais parcheminé avec de longs cheveux noirs, un nez fin et des lèvres pincées.

- Elle est transformée ? demande le nouveau que j'identifie comme être Aro grâce à sa voix douce.
- Non, j'entends son cœur battre.
- Qu'elle brûle avec, je n'ai pas faim, les domestiques on suffit.

Ils repartent juste après avoir jeté une torche sur le plancher qui s'enflamme peu à peu. Je ne réagis pas tout de suite, l'idée de me laisser mourir est assez tentante... Je ne suis plus qu'un monstre, j'ai tué mon propre père et au vue de mon nouveau régime alimentaire je vais en tuer plus. Pourtant une voix dans ma tête, peut-être une sorte de mauvaise conscience me pousse à sortir de la maison et à abandonner mon père.
Maria n'est pas dehors, mais il y a un autre monstre. Il est plus grand que moi, ce qui est assez fréquent, il a les cheveux bruns courts et un visage rond.

- Salut ! J'ai vu un incendie et je me suis dit que j'allais voir s'il y avait des survivants... Mais je ne pensais pas te trouver toi.

Sa voix est douce, il donne l'impression que l'on peut lui faire confiance.

- Je m'appelle Kylian, viens avec moi je vais t'aider. Je sais a qu'elle point c'est dur d'être un nouveau-né.

J'accepte la main qu'il me tend foutu pour foutu autant savoir ce que je fais exactement et pourquoi je suis comme cela.


XOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOX

Enfin fini le chapitre 1 !

Pour l'instant sur les centaines de nouvelles et histoire que j'ai écrite la description de la transformation est ma préféré. Qu'en avez-vous pensés ?

Bisous <3 <3 love !

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