Chapitre 3 partie 3

Mes mots ne la rassurent pas et semblent lui faire plus de mal. Elle se dirige directement vers la bonne étrangère et sort le vieil ouvrage qui semble être d'époque. La couverture est presque entièrement effacée, mais les pages à l'intérieur sont encore lisibles. Alice se dépêche de me fausser compagnie et je la retrouve dans les bras de Lucas quand je retourne dans le salon. Tout comme hier, la famille ne cherche pas plus d'interaction, certains me jettent des petits coups d'œil curieux ou assassin dans le cas de Lucas. Quand la famille repart à l'école et je pars me promener dans la forêt. Pour la première fois depuis longtemps je me concentre sur autre chose que des pas qui me poursuivent ou sur ce que je peux boire. Pour oublier les bavardages incessant de Lique je détaille les branches mortes d'où apparaissent les premiers bourgeons, les empreintes des oiseaux et un ruisseau glacée qui a capturé un cailloux vert algue. Et le schéma se répète à l'infini entrecoupé par les centaines de grands pins. Le lendemain, après une troisième soirée à les observer de loin, j'explore la maison. J'évite l'étage des chambres, mais ils ont suffisamment de livres et d'objets étranges au rez-de-chaussé pour m'occuper plus d'une journée. Pour oublier les bavardages de Lique je me concentre sur tout, quitte à passer deux heures à fixer un tableau pour en mémoriser chaque relief de la peinture. Mes occupations amusent beaucoup Esmée qui me tient toujours à l"œil. Petit à petit, Alice m'entraîne dans ses activités, on passe plusieurs heures à regarder des vêtements dans la machine à écrire/télévision qu'elle nomme "ordinateur". Elle tente de me faire jouer du piano, mais je m'arrête à la troisième fausse note. Alors, elle s'essaye au dessin, une activité plus probante. Les autres membres du clan vaquent à leur occupation sans chercher à me parler. Jasper gravite toujours autour de nous sans oser approcher tandis que Lucas reste à distance, mais il n'est pas ravi d'être mis à l'écart. Emmett et Rosalie sont souvent absents. Esmée passe ses soirées à lire ou à écouter Edward jouer du piano. Leur chef, quand il n'est pas de garde à l'hôpital, a le nez plongé dans de gros livres ou dans des journaux en griffonnant de temps en temps des notes dans un carnet.

Une semaine passe comme ça. Je commence même à me détendre quand Lucas part bouder dans sa chambre et que Jasper part avec Emmett. Les deux vampires blonds et le colosse continuent à me faire peur dès que je sens leur odeur. Le jeudi revient et tous se replace devant la télé aux mêmes places que la dernière fois. Le couple étrange cotes à cotes sur le canapé avec le lutin et son ami, Jasper et le pianiste occupe deux fauteuils vide et le couple dominant sur une causeuse. Leur vie est simple et bien rodée, pourtant à l'inverse des dires de Lique je ne semble pas beaucoup déranger cette mécanique. Ils m'ont même ajouté un fauteuil parmi eux. Je vais sans doute pouvoir rester.

Une main froide m'attrape la gorge et me soulève de quelques centimètres du sol. Le salon c'est entièrement brouillé. Je suffoque, l'aire n'emplit plus mes poumons qui en manquent cruellement. Je vois tellement flou que je ne reconnais pas mon agresseur. L'odeur du clan Cullen flotte tout autour. Le visage face à moi se précise. Deux prunelles rouges sang dissimulé sous des mèches blondes. Jasper ! Ou Lucas ? Les deux visages semblent clignoter. A l'oreille de mon agresseur apparaît une bouche écarlate maculée de sang.

- Tue là, elle n'est pas comme nous, chuchote la voix aiguë d'Alice.

- La touche pas !

Je me vois littéralement sauter sur Jasper ou Lucas comme si j'étais à deux endroits différents. L'étau sur ma nuque se relâche alors que le bras qui me tenait git a quelques centimètres du corps de mon agresseur. Lique, le deuxième moi, est accroupi sur sa poitrine et se prépare à bondir vers le frêle lutin.

- Alice !!! Hurlais-je en courant vers elle pour la protéger.

Mais au lieu de la saisir je me retrouve enlacé dans les bras d'un vampire. J'inspire son odeur à plein nez. C'est Lui ! J'ai juste à lever la tête pour le voir. Avant que je le fasse, il me tourne vers une estrade encadrée de cordes.

- Allez Princesse, à toi maintenant !

Il me pousse doucement vers les cordes. Je passe en dessous en même temps qu'une autre femme. Une grande brune à la peau blanche et aux yeux d'un rouge si profond qu'on pourrait les croire noir. Un nouveau-né, ça ce voit à sa manière de se mouvoir. Elle n'est pas encore habituée à son état. Instinctivement je prépare mes appuis. Si elle bouge, je bouge. Il ne faut pas qu'elle me touche. C'est la première à bondir, j'esquive d'un pas sur la gauche. J'attrape l'un de ses bras et l'arrache en un crac sonore. Mon adversaire est légèrement surpris, mais contre attaque. Je tente une nouvelle esquive, mais il semblerait qu'elle ait prévu le coup. Ses doigts s'enroulent autour de ma jambe, le monstre augmente la pression et me broie jusqu'à l'os. Puis d'un coup sec elle me tire vers elle et emporte mon membre au-dessus de sa tête. Je tombe au sol complètement immobile dans un feulement rageur. La brune me répond avec un sourire carnassier révélant ses dents blanches aiguisées comme des couteaux. Elle se penche vers moi pour me murmurer quelque chose à l'oreille. Elle aime prendre son temps... Mais ce n'est jamais une bonne chose au corps à corps avec un vampire. Je mords de toutes mes forces dans son cou en utilisant mon don pour assouplir sa peau et traverser sa peau et ses os plus rapidement. D'un coup de dent je l'ai entièrement décapité. Son corps de marbre s'effondre au sol alors que les personnes qui encadrent l'estrade applaudissent. Personne ne vient m'aider à me relever, je reste au sol contemplant ma jambe manquante alors que les membres restants semblent s'enflammer.

- Ange ! hurle Alice au loin. Ange réveille toi ! S'il te plait.

Je cligne des yeux et me retrouve à nouveau dans le salon du clan Olympic. Le lutin est face à moi, ses mains posées sur mes épaules.
Encore un fichu rêve ! Un rêve trop réel et qui n'est pas terminé. Mon corps entier est en feu et les mains semblent peser des tonnes sur mes épaules. Je veux qu'une chose, qu'on me lâche pour que je puisse m'enfouir dans la neige pour atténuer la chaleur qui me dévore. Mais pour l'heure tout le monde me regarde, inquiet, surpris, pensif et dégouter.

- Je... pardon ? murmurais-je sans être sûre de moi.

- Pardon de quoi ? demande Carlisle.

Je ne sais pas, d'être différente je suppose, c'est ça qui cloche chez moi. Lique me le dit tout le temps.

- Tu veux sortir un peu ? me demande-t-il.

Je saute sur l'occasion et me précipite dehors. Je m'éloigne un peu avant de disparaître dans la neige. Je vérifie encore une fois toutes mes cicatrices, rien n'a bougé comme toujours. Je m'allonge donc dans la neige et profite d'un peu de calme. C'est maintenant que le silence règne que je me rends compte du brouhaha qui m'habite généralement. Je ne saurais dire si c'est Lique qui me parle ou si c'est moi qui pense trop.
Le soleil commence à se lever quand j'entend des bruits de pas derrière moi. A l'odeur je reconnais facilement Carlisle.

- Ça va mieux ? Demande-t-il en s'asseyant

- Non.

- Edward m'a parlé, il entend souvent Lique. Tu veux me raconter ce qu'il c'est passé ?

- J'ai fait un cauchemar. Jasper ou Lucas voulait me tuer. Ensuite, je combattais un nouveau-né... Je sais plus trop c'est un peu flou..

- Jasper avait peur que ça te sois arrivé, soupir le père Cullen en passant la main dans les cheveux. Lui aussi a dû combattre de nombreux nouveau-nés et il en garde de nombreuses cicatrices physiques et psychologiques.

- Dans ce genre la ?

Je descends ma manche et laisse apparaître une fissure noire disgracieuse qui fait le tours de la clavicule et de l'aisselle. Le vampire blond se penche dessus les sourcilles foncées sur ses prunelles foncées par la soif.

- Je n'ai jamais rien vu de tel... ça te fais mal ?

- Elles me brûlent des fois, répondis-je d'une voix neutre. Vous chassez tous les combiens ?

- Toute les semaines environ. Jasper et Emmett y vont plus souvent, ils ont plus de mal avec notre régime. Pourquoi ? Tu veux aller chasser ?

- Non mais vos yeux sont très foncés alors je suppose que vous n'allez pas tarder a y aller.

- Ah oui ? Je n'ai pas vraiment ressenti de soif... Alice doit avoir raison, tu as sans doute un don qui nous empêche de la ressentir.

- Je ne sais pas, j'y ai jamais prêté attention quand j'ai voyagé avec d'autres.

- Tu étais déjà dans un clan ? S'étonne Carlisle. J'ai toujours cru que tu étais une solitaire.

- J'en suis sans doute une.

Je laisse une pause le temps de trouver quel mot mettre sur ce que je ressens.

- Même entouré de vampires j'ai toujours l'impression d'être ailleurs. Comme si la vie était une ligne droite et que j'avance en parallèle d'elle. Ou qu'un voile me sépare.

- Je vois ce que tu veux dire, soupir-t-il tristement. Je ressens un peu ça quand je passe trop de temps à l'hôpital. On essaye de vivre comme les humains mais on est trop différents d'eux.

- Comment faites-vous pour ne pas avoir cette impression en permanence ? Demandais-je envieuse.

- Je passe du temps en famille, rit Carlisle. On va randonner ou chasser. Parfois, on joue au baseball mais il faut attendre qu'il y ait de l'orage pour camoufler le bruit. Tu veux essayer ?

- Pourquoi pas mais avec qui et pour faire quoi ?

- Alice a toujours de bonnes idées, ne t'inquiète pas pour ça.

Je secoue la tête de droite à gauche en soupirant.

- Je la monopolise déjà presque toute les nuit. Lucas va me tuer.

- C'est vrai. Que dirais-tu d'aller voir les baleines avec moi ? Je suis en repos aujourd'hui.

- Des baleines ?

XOXOXOXOXOX

Me revoilà après une très longue absence. Merci pour vous tous, qui lisait cette histoire et qui l'ajoute dans plein de listes de lectures différentes.

Bisous !

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