Chapitre 3 partie 2

Je suis de retour dans la forêt enneigée étendue sur ma branche. Ma peau entière me brûle et mes fissures sont parcourues de milliers de picotements.

- Ça va ?

Sur une branche à côté de la mienne est perchée Alice.

- Heu... oui, bredouille-je.
- Tu viens on rentre !

Elle se laisse tomber de son perchoir, une fois atterri dans la neige elle attend patiemment que je le rejoigne. J'ai dit que je ferais des efforts ! Alice m'accueille avec un grand sourire et nous marchons côte à côte jusqu'à la maison. Edward joue du piano dans le salon, écouté religieusement par sa mère. Alice nous installe devant une grande télévision accrochée sur le mur.

- Généralement le jeudi on se regarde toujours un film, il est temps de te mettre à jour sur le cinéma ! déclare le lutin en fouillant dans un placard. Indiana Jones ça plait à tout le monde !

C'est amusant, Alice semble ne jamais poser de question. Elle a toujours l'air de savoir ce que veulent les autres. Derrière moi, Edward pouffe de rire en arrêtant de jouer. Emmett descend les marches avec la terrifiante blonde qui investit le canapé d'un air ennuyé. Encore une fois, je ne sais pas où me mettre je recule légèrement. Je verrais où je pourrais me mettre. Alice sort une boite rectangulaire avec deux trous blancs et la met dans un appareil qui émet une petite lumière verte. Elle allume le poste télé et fait passer le film à l'envers. Étrange comme pratique... Les images défilent à une vitesse que seuls des yeux de vampires arrivent à suivre et aucun son ne sort mise à part un crépitement étrange. Ce n'est pas très utile de mettre les images en couleurs si c'est pour avoir ce résultat.

- Il me gonfle la statue grecque à se moquer de nous tout le temps... Je refuse que tu leurs servent de clown !

Je jette un coup d'œil aux pianistes assis dans un fauteuil. J'ai le temps de voir un sourire s'effacer de son visage. Il ouvre la bouche pour dire quelque chose avant de tourner brusquement la tête vers sa sœur. Le lutin est debout immobile comme la mort et les yeux dans le vide. Elle ne voit même pas que les images ont fini de défiler sur l'écran. Elle reste comme ça pendant une poignée de seconde. Mise à part le brun-roux et moi personne ne semble lui prêter attention.

- Les garçons ne descendent pas ? demande Esmée, pas inquiète pour un sous.
- Jazz met quelque chose au clair avec Lucas, annonce la brute amusée. J'avais parié que Jasper n'allait pas tenir jusqu'à la fin de la journée.

Rosalie foudroie son amoureux du regard avant de se concentrer sur le magazine posé sur ses genoux. Alice se réanime subitement et me jette un regard à la dérober, l'air un peu triste.

- Ce n'est rien, s'exclame-t-elle plus joyeuse.

Mais je n'ai pas l'impression qu'elle participe à la conversation sur Jasper et Emmett. En tout cas sa phrase a un sens pour Edward qui lui répond avec un haussement d'épaules.

- Que s'est-il passé ? demande quand même Esmée.
- Lucas n'aime pas la perspective de devoir partager sa copine, ricane le grand brun. Il a tenu des propos que Jazz n'a pas apprécié. D'ailleurs, je pense, Ange, que tu as une touche, je ne sais pas ce que tu lui a fais, mais il avait ton nom dans la bouche toute la journée.

Tout le monde se retourne vers moi comme ci ils se rappelaient brusquement de ma présence. D'un geste puérile je baisse la tête pour me cacher derrière mes mèches corbeaux raccourcis jusqu'à ma poitrine.

- Laissez là ! ordonne Alice. Allez viens Ange installe toi là. Jazz et son abruti d'ami vont nous rejoindre dans deux minutes.

Elle me désigne le dernier fauteuil vide juste à côté du canapé où sont installées Rosalie et Emmett. Assise le plus près de moi possible elle relance le film. Cette fois ci les images défilent dans le bon sens, à une vitesse raisonnable et avec un son clair. Je me plonge rapidement dans l'histoire de l'archéologue au fouet. J'ai beau savoir que tout est faux, je suis impressionné par la réalité des images. Malheureusement, le répit est de courte durée, rapidement Lique me fait remarquer que Jasper et Lucas nous rejoignent. Ils ressemblent tous les deux au monstre qui m'a démembrer. Mais je ne pourrais pas dire exactement lequel c'était. Je me replie un peu sur moi-même, j'ai l'impression que mon corps va se disloquer rien qu'en les regardant. Je monte mes genoux contre moi et les retiens avec mes bras. Pendant tout le reste du film, je sens le regard froid de Lucas assit à quelques mètres de moi sur le canapé. Par terre Jasper, la mâchoire crispée semble faire de son mieux pour créer une atmosphère calme et serein même si je sens sa colère qui tente d'enfermer au fond de lui.

- Ça doit être simple pour lui de manipuler son monde avec un tel pouvoir... Tu penses vraiment qu'il a demandé à Lucas de t'épargner ? Ou au contraire de t'éliminer ?

Difficile de se concentrer sur la fin du film. Je ressers l'étreinte sur moi et pose ma tête sur mes genoux. Les yeux plissés j'essaye un maximum de comprendre les images et les sons qui sortent de la télévision, mais les bavardages de Lique m'empêchent de me concentrer. Pourtant, je note que le télépathe ne l'entend pas, je suppose que mon monstre le bloque.

- Hé ça va ?

Les lumières de la salle sont toutes rallumées et le film est fini. Encore, une fois Alice est face à moi avec un grand sourire. Elle est toujours de bonne humeur ?

- Tu veux faire quoi ?

Pour la deuxième fois de la soirée, ses prunelles d'or s'égarent dans le vide pendant moins d'une seconde.

- Un livre, réfléchit-elle avant que je puisse répliquer. On en a plein en haut.
- Comment tu fais ?
- C'est un don, me répond Alice, je peux voir les diverses possibilités de l'avenir. Sous certaines limites, mais dans ce cas-là j'ai vu que tu allais me demander un livre. Ensuite, je nous vois dans la bibliothèque et tu choisis Le Rouge et le Noir de Stendahl, car le titre te dit quelque chose.
- Ils ont plein de dons dangereux dans ce clan. Ils pourront te tuer tellement facilement.

A l'étage une pièce entière est dédiée aux livres. Les quatre murs sont recouverts de bas en haut de bouquins sur des étagères en bois clair. Au centre il y a un canapé et un fauteuil en cuir avec un guéridon supportant quelques livres et une lampe.

- Carlisle et Esmé veulent toujours des endroits dans la maison où on peut être seuls pour réfléchir ou avoir un peu d'intimité même si avec Edward c'est compliqué. Mais au final quand on en a vraiment marre on va chez les Denali, des amis de la famille.
- Ils habitent où ?
- Plus au nord encore, en Alaska.
- Ils sont partout, même au Nord on aura pas la paix.
-
Vous êtes nombreux établis comme ça dans des maisons ? demande Lique en une pâle imitation de ma voix.

La sienne est plus sèche et Alice l'entend, sa mâchoire se crispe légèrement et ses yeux étudient le vide.

- Il faut demander à Carlisle, répond-elle d'un ton prudent. A ma connaissance il n'y a que les Volturi, les Denali et nous le reste n'ont pas des clans suffisamment puissant ou n'ont pas assez de retenue pour rester immobile. Les Volturi ne craignent rien parce qu'ils ne se nourrissent dans la ville où ils siègent dans les environs et n'ont aucun contacte avec les humains. Les Denali ont le même régime alimentaire que nous, mais ne vivent pas autant que nous avec les habitants des villages alentour donc personne ne s'étonne de ne pas les voir vieillir. Quant à nous, nous avons plusieurs maisons et on déménage tous les six ou sept ans sauf si Edward détecte des gens qui commencent à se douter que nous ne sommes pas humains.
- Et où est Carlisle ? continue Lique désireuse d'avoir le plus d'informations.
- A l'hôpital, il est chirurgien. Pourquoi tu veux lui poser la question si vite ? Tant que tu restes avec nous, il n'y a rien à craindre. Les Denali ne te feront jamais de mal. Les Volturis n'oseront pas contrarier Carlisle.
- Pourquoi ?
- Il y a longtemps il a vécut un peu avec eux, mais il n'aimait pas leur mode de vie alors il est parti.

Je n'entends pas vraiment la fin de la phase de mon interlocutrice elle est masquée par le sifflement de fureur du parasite tapie au fond de ma conscience.

- Ce sont des créatures d'Aro. Ils vont te mener à lui, tu n'en a pas marre de te faire manipuler tout le temps ? Tu es faible et complètement incapable Ange !

Une main sur mon épaule me fait sursauter et j'arrête d'écouter Lique. C'est toujours Alice qui me dévisage inquiète et apeurée. Mon coeur de marbre se serre devant son visage habituellement pleine de joie ronger par la tristesse.

- Qu'est ce qu'elle te dit cette voix ? Tu as l'air tellement absorbé et en même temps en colère quand tu l'écoutes.
- Rien, elle ne me dit rien... Il est où ce livre ?


XOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOX

Bonne année a tous et à toute !!! Quelle soit joyeuse et pleine de santé !

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