Chapitre 1 partie 7

Trois jours plus tard, ma nouvelle belle-mère qui m'ignore soigneusement disparaît avec toute sa horde. La vie reprend son cours normal, je passe tout mon temps chez Inès. A chaque fois que je rentre au manoir j'évite la grange et fait un tour de la propriété de peur que les créatures reviennent. Ça fait un an qu'ils sont partis et je suis toujours obsédé par eux, j'en fais des cauchemars, ils reviennent dans mes dessins et je sursaute à chaque fois que la porte d'entrée s'ouvre. Mon amie trouve mon comportement ridicule, elle a juste retenu le beau jeune homme qui lui a ouvert la porte et pas la peur qu'elle a ressentie.
Je suis encore une fois en train de faire le tour du propriétaire quand je reçois la nouvelle que je redoutais. Sur le bureau de mon père je remarque tout de suite une belle écriture fine et légèrement penché sur une petite missive:

Mon amour,

Je suis sûre qu'il m'a trahi. Je vais m'en débarrasser à la fin de cette bataille et nous pourrons enfin vivre ensemble !

Ta chère Maria.

Tient elle s'est décidée, pourquoi ça ne me surprend pas ? Le pauvre... Je ne voulais pas en arriver là, mais je vais devoir chercher Peter... J'ai horreur de la violence, ce qui est dur à vivre en période de guerre et c'est pire quand je connais la personne. Combien de fois je me suis enfermé dans ma chambre pour pleurer des morts que je ne connaissais pas. J'ai été forcé de cohabiter une semaine 24h/24h avec lui et même s'il me fait peur il ne mérite pas de mourir. Heureusement, pour moi je n'ai pas pris le temps de me changer avant de faire ma tournée d'inspection, car je perds un temps fou à recopier la calligraphie fine de ma belle-mère. Il y a de nombreuse petites erreurs dans la forme des lettres, j'espère que le major ne le remarquera pas. Cinq heures de l'après-midi est déjà passé quand je me mets en route. La colline n'est qu'à trois quarts d'heure à cheval. Je mets plus de temps, car je ne monte pas mon cheval, mais une jument du nom de Nevada. Elle est plus endurante, mais moins rapide. Arrivé au sommet j'hurle "Peter !", mon cri est répercuté par l'échos. J'attends jusqu'au début du coucher de soleil vers 20h avant de reprendre la route toujours vers l'ouest en l'appelant. La colline est aussi petite qu'un arbre quand il me rejoint a cheval accompagné d'une femme.

- Mademoiselle que se passe t'il ? demande-t-il inquiet.

- Pour seule réponse je lui tend la missive. Il la lit rapidement avant de s'adressé a la femme.

- Charlotte reste ici, je pars avec mademoiselle pour tirer Jasper de là.

A mon grand étonnement il descend de cheval et me tend la main pour que j'en fasse de même.

- On doit rallier San Antonio, ce n'est pas plus rapide d'y aller a cheval ?

- Non, ça fait longtemps qu'ils ont quitté San Antonio, mais ils sont à deux jours de courses.

- Deux jours de course ? Vous entendez quoi par deux jours de courses ?

Il me tire vers lui et me place sur son dos, je ne réagis pas tout de suite tellement je suis stupéfaite. Avant que je réplique, il embrasse la fameuse Charlotte et part en courant vers le sud. Le paysage autour de moi devient flou, je suis obligé d'entourer mes bras autour de son cou pour ne pas me faire expulser. Son corps est froid, trop froid pour être naturel et aussi trop dur on dirait un bloc de béton. Il court sans s'arrêter toute la nuit, on fait une pause le soleil levé. Peter disparaît un quart d'heure et revient avec deux petits lapins qui me servent de petit-déjeuner. Je reprends ma place de la veille et il repart. Je n'ose pas l'interroger sur cette rapidité et cette force surnaturelle. Je ne suis pas sûre de vouloir connaître la réponse. La deuxième journée s'est déroulée comme la première. On arrive devant une ville au lever du soleil du troisième jour. Peter me pose à terre sous un bosquet d'arbre.

- Restez cachés, je vais le cherché, ce n'est pas la première fois que je prends contact avec lui, explique mon étrange monture.

Il se dirige vers la ville en courant à une vitesse normale cette fois-ci. Je fais les cent pas entre les arbres, au loin j'entends plusieurs voitures entrer en ville. Je n'ai jamais aimé ces machines, les chevaux sont mille fois mieux. Dans notre petit trou perdu on a évité un maximum les progrès de l'industrie, mais elle est bien présente, nous avons une de ces machines infernales et plusieurs tracteurs pour les champs. J'avoue que l'électricité est d'une grande aide en fait j'aime la plupart des nouvelles technologies comme la Pénicilline, mais je ne digère pas la manière dont elle aide la guerre à faire toutes ces horreurs. Après je ne suis pas une grande spécialiste de la guerre. Si seulement elle pouvait s'arrêter... Quatre ans c'est trop long, mais avec un peu de chance elle va terminer cette année, 14-18 quatre ans, ça va bientôt finir.

- Mademoiselle Ange ?! s'étonne une voix derrière moi.

Je sursaute et me retourne. Peter a retrouvé son ami ou plutôt son ombre. Physiquement il n'a pas changé, ce qui m'inquiète sont des changements minimes. Deux grandes cernes s'étale sous ses yeux rouges sang qui sont voilés par la tristesse. Ses épaules sont très légèrement affaissées et sa tenue est moins soignée.

- Elle a découvert quelque chose, mais s'il te plait ne te fâche pas, explique Peter.

Comme pour son ancien collègue, je lui tends le papier en fuyant son regard. Il est encore plus effrayant que la dernière fois que je l'ai vu, il semble plus animal. En une fraction de seconde, il a lu la lettre et la passe sous son nez.

- Votre odeur est trop forte, elle couvre celle du rédacteur. C'est bien l'écriture de Maria, mais elle peut facilement se faire contrefaire.

D'accord je vais arrêter tout de suite la contrefaçon... Ça m'a pris un temps fou à faire !

- Qui est le véritable destinataire ? demande-t-il.

- Mon père, elle ne va pas m'envoyer de lettre en m'appelant "mon amour", l'informais-je sarcastique.

- Votre père, répète le blond incrédule, mais elle l'a tué avant qu'on parte. Elle m'a montré le corps.

- Je sais que je ne le vois pas souvent, mais je suis sûre qu'il était là à mon anniversaire il y a quatre jours...

- Jasper, tu crois vraiment que Maria l'aurait laissé en vie ? argumente Peter en me pointant du doigt.

Le souffle de Jasper se coupe et sa tête se détourne pour qu'il puisse fixer le vide. Le deuxième monstre s'approche de moi et me tend sa main glaciale et dure.

- Mieux vaut le laisser seul... Je ne veux pas que vous soyez là quand il se mettra en colère.

Je me replace sur son dos et nous repartons au même rythme effréné que le trajet de l'aller. Je suis sûr qu'il bâterai une voiture à la course. Deux jours plus tard, je suis au manoir. Mon père n'a pas l'air d'avoir remarqué mon absence... Je crois que le pire c'est que cette situation me parait normale.

XOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOXOX

Bonne année a tous et a toute !!!!!!

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