Chapitre 20 : You say...
PDV Aisling - 7 semaines plus tard
Le repas est prêt, la table est mise, j'ai fais tout ce que j'ai pu dans la journée pour rendre l'appartement encore plus propre qu'il ne l'était déjà, j'ai avancé sur tout mes cours et terminé deux devoirs en avance. Je n'ai maintenant plus rien à faire que d'attendre que Jason rentre du travail, comme tous les jours depuis des semaines. Je n'ai pas remis les pieds hors de cet immeuble depuis que j'ai appris que Ben était libre jusqu'à son procès. Il est absolument hors de question que je risque qu'il ne me croise, me suive, et vienne mettre à exécution ses menaces. S'il découvre également que je vis avec un autre homme, avec qui le flirt et les rapprochements se font de plus en plus présent, il n'hésiterait pas une seule seconde à me le faire payer, et réussir d'une manière ou d'un autre à le faire payer à Jason également. Alors je reste dans la sécurité de son appartement, ou bien de celui de Sarah quand on passe du temps ensemble si elle ne travaille pas trop. C'est bien mieux comme ça, même si Jason ne voit pas ça du même œil. Il pense que ce n'est pas sain que je reste enfermée, que je ne prenne pas un peu plus l'air que le peu que je m'octroie sur le balcon. Il a peut-être raison, mais il ne sait toujours pas ce que Ben m'a fait vivre, même s'il se doute de l'ampleur des blessures physique et mentales que j'ai gravé en moi. Je ne suis pas encore prête à lui en parler, je ne sais pas quand je le serais, même si j'y pense de plus en plus.
Même si je ne suis pas prête pour lui parler de ça, ça n'a pas empêché certaines choses d'évoluer entre nous. Le contact physique se fait beaucoup plus facilement, il ne réfléchit plus comme je le sentais faire avant pour poser une main sur moi ou me toucher. Il essaie toujours cependant de ne pas me surprendre, s'il arrive dans mon dos il fera toujours en sorte de se faire entendre avant, je ne sais pas trop s'il se rend compte qu'il fait ça ou bien si c'est calculé, dans les deux cas ça me touche qu'il pense à moi et mon bien être comme ça. De mon côté je n'hésite plus vraiment non plus à aller vers lui quand j'en ai envie, que ce soit pour un câlin quand il rentre du poste intact ou même pour me serrer contre lui dans le lit le soir. J'aime ce contact avec lui, quelque chose de simple de doux, je n'ai plus à avoir peur je sais que je ne crains rien. Et même si je ne pensais rien craindre avec Ben au début de notre relation, je sens au fond de moi que c'est différent. Jason est différent, il est l'opposé de Ben dans son comportement, sa façon d'être en général, il ne s'énerve que rarement et il est d'une patience à toute épreuve, son métier ni est pas pour rien. Je ne pense pas qu'il ferait un très bon lieutenant s'il n'avait pas ce caractère.
J'allume la musique et me plonge une nouvelle fois dans mon ordinateur, en plus de suivre mes cours j'ai commencé à travailler sur quelques projets personnel dans l'espoir de créer ma propre boîte dès que possible. Ça me permet d'avoir autre chose à faire plutôt que de penser au procès qui arrive et me donne un objectif pour le futur.
J'entends le bruit de la serrure et je me tends un instant avant que Van Gogh ne se dirige tranquillement vers la porte. S'il ne réagit pas alors je sais qu'il n'y a aucun danger et que Jason est rentré. J'ai une crainte absurde que Ben découvre où je vis pour le moment et se débrouille pour entrer ici. Je me rassure tout les jours ne me disant qu'il n'a aucun moyen de le savoir puisque je ne sors pas mais une partie de mon cerveau refuse de croire qu'il ne peut rien m'arriver et qu'il ne peut pas m'atteindre.
Van Gogh commence à glapir de joie quand il aperçoit son maitre et que ce dernier se met à s'intéresser à lui. Je l'entends lui parler, et probablement le couvrir de caresses, quelques secondes avant d'entrer dans le salon. Quand il me découvre sur le canapé, son sourire s'agrandit comme tous les soirs et il vient à ma rencontre au moment où je me lève. Il me prend dans ses bras et me serre contre lui un peu plus que d'habitude après avoir déposer un baiser sur mon front. Quand il se recule légèrement ses bras restent autour de moi, il n'a pas l'air d'avoir envie de me lâcher de si tôt et je ne vais pas m'en plaindre alors je pose mes mains sur ses épaules et attends de voir ce qu'il se trame. Il a l'air de réfléchir à ce qu'il veut me dire, son front se plisse et il mord ses lèvres, il craint quelque chose mais je ne sais pas quoi. J'ai peur qu'il ait une mauvaise nouvelle. Mais alors qu'il ouvre la bouche pour enfin parler, une nouvelle chanson commence à jouer et son visage se détend. Il me surprend quand il me demande d'un coup :
- Danse avec moi.
Ce n'est pas une question, plutôt une requête et même si cela fait des années que je n'ai pas dansé j'accepte en hochant doucement la tête. Ses mains viennent glisser sur mes hanches tandis que les miennes remontent autour de son cou. Nos débuts sont hésitants quand on se met lentement à tanguer avant d'être plus précis et plus sûr. Jason me serre contre lui et je pose ma tête contre son torse. Et alors que je pense qu'on va continuer de danser en silence il l'interrompt et me surprend de nouveau en se mettant à fredonner.
- You say I am loved when I can't feel a thing,
You say I am strong when I think I am weak,
And you say I am held when I am falling short,
And when I don't belong, oh, you say I am yours,
And I believe, oh, I believe,
What you say of me,
I believe. The only thing that matters now is everything you think of me
In you I find my worth, in you I find my identity...
J'écoute bien les paroles et me rends compte qu'il n'aurait pas pu choisir une meilleure chanson sur laquelle me demander de danser avec lui. Je me reconnais dans ces paroles, je me suis sentis tellement faible après tout ce qui c'est passé, je pensais qu'on ne pourrait pas m'aimer après tout ça, je ne pensais pas pouvoir compter sur qui que ce soit et pourtant... Quand Jason est là, qu'il me rassure en me disant que je peux être aimé, que je suis forte, qu'il est là pour moi, alors j'y crois vraiment. Ce qu'il voit en moi m'aide à avancer et je sais que je veux avancer avec lui dans ma vie, je l'ai compris depuis le début même si je n'osais pas y croire et si j'avais peur. Je suis tombée folle amoureuse de cet homme au fil des jours qui sont passés. Peu importe les circonstances pour lesquelles on s'est rencontrés, peu importe si j'aurais toujours des séquelles mentales et peu importe notre différence d'âge, c'est avec lui que je veux reconstruire ma vie.
La chanson se termine à peine que je redresse ma tête et cherche son regard. J'aurais envie de lui dire tellement de chose mais rien ne sors de mes lèvres, j'arrive à ne faire qu'une chose : me pencher et sceller ma bouche à la sienne.
Sa réaction ne se fait pas attendre. Une de ses mains vient se poser sur ma joue, son pouce caresse ma peau tandis qu'il me colle davantage à lui avec son autre main maintenant posé au creux de mes reins. Mes lèvres bougent en rythme avec les siennes et notre baiser s'approfondit rapidement pendant quelques secondes avant de ralentir lentement. Je suis la première à rompre le baiser légèrement à bout de souffle. Je ne romps pas le contact avec Jason, j'ai besoin de sentir son corps contre le mien, et il n'a pas l'air de vouloir me lâcher non plus.
- Je crois bien être tombé amoureuse de toi, j'avoue en rougissant, ce n'était pas vraiment ce que j'avais prévu le jour où je t'ai rencontré mais je pense que je ne pouvais pas faire autrement.
- Princesse, commence-t-il en me caressant de la tempe jusqu'au menton du bout des doigts, moi je ne crois pas que je suis tombé amoureux de toi, j'en suis sûr. Ce n'était absolument pas ce que j'avais prévu non plus, j'ai essayé de refouler mes sentiments parce que je ne pensais pas que c'était approprié après ce que tu as vécu mais je ne peux plus le faire. Tu es la femme de mes rêves.
Je ne lui laisse pas le temps d'ajouter quoi que ce soit que mes lèvres sont déjà à nouveau sur les siennes. Jason me soulève sans mal par les cuisses et j'accroche mes jambes autour de sa taille tandis qu'il se dirige vers le canapé. Quand il s'assoit dessus je me retrouve à califourchon sur lui, notre baiser s'est arrêté et on se regarde en souriant. Je ne peux pas empêcher mes lèvres de s'étirer quand je le vois sous moi et après ce qu'il m'a avoué. Ses mains caressent mes cuisses doucement alors que les miennes sont toujours accrochées à son cou et que mes doigts remontent caresser ses cheveux. Ses yeux se ferment et sa tête se penche en arrière, j'exerce une pression un peu plus forte et le masse lentement ce qui le fait gémir. Je profite que sa gorge soit à découvert pour venir embrasser sa pomme d'Adam. Ses lèvres s'étirent encore une fois avant qu'il se baisse la tête et ouvre les yeux pour me fixer. Il dépose un baiser chaste sur mes lèvres avant de perdre son sourire et d'à nouveau réfléchir de la manière qu'il le faisait avant de me demander de danser.
- Dis-le moi, je demande alors comprenant qu'il y a quelque chose tout comme la fois où il m'a annoncé que Ben était libre.
- Le procès a été avancé, il aura lieu dans deux jours.
- C'est une bonne nouvelle non ?
Même si j'ai peur et que je n'ai pas envie d'y assister et de le revoir, je sais que plus vite il a lieu plus vite Ben sera derrière les barreaux. Pourtant ça n'a pas l'air de réjouir Jason, il doit donc avoir une autre raison pour laquelle il réagit comme ça.
- Aisling. J'ai eu quelques informations, je me suis renseigné. Ben n'encoure pas de peine énorme, il ne sera jugé que pour les blessures causé à ton anniversaire, pour le reste... personne ne peut témoigner que tu t'es retrouvée à l'hôpital les autres fois à cause de lui, c'est ta parole contre la sienne. Sa peine sera alourdi seulement parce qu'on a retrouvé une petite quantité de drogue sur lui à son arrestation et parce qu'il a profané des menaces envers toi et mes collègues. Il en aura probablement pas plus que quelques années avec sursis.
Mes mains retombent et mes yeux s'embuent. Après tout ce qu'il m'a fait subir, tout ce par quoi je suis passée jusqu'ici, il ne paiera pas. Malgré toutes mes blessures, mes os cassés, mes plaies ouvertes, mes bleues, mes bosses ; Malgré la douleur qu'il m'a infligé, le sang qu'il a fait couler, la peur qu'il m'a incité, il ne paiera pas. J'ai du tout revivre et raconter les moindres choses que j'avais subi à une parfaite inconnu pour pouvoir le faire condamner et tout ça pour quoi ? Pour qu'on me dise que ce sera sa parole contre la mienne ? Que sans témoin on n'aurait aucune raison de me croire ? C'est à ça que sert la justice, à laisser espérer les victimes pour leur retirer tout droit ensuite ?
Mes larmes roulent le long de mes joues, Jason s'empresse de me serrer contre lui puis se met à parler.
- C'est dégueulasse je le sais. Mais ça ne changera rien aux promesses que je t'ai faites. Je vais continuer à te protéger que ce soit avant ou après sa condamnation. Peu importe ce qu'il se prend ça ne sera jamais assez, ça on le sait tout les deux, mais on avisera. Dès qu'on connait sa peine alors on fera nos plans d'accord ? On va déménager à l'autre bout du pays avant qu'il ne sorte de prison et il ne te trouvera jamais, tu n'auras plus jamais à l'affronter je te le promets.
J'acquiesce et me serre encore plus contre lui avant que les vannes ne cèdent complètement.
Ce soir là je lui fais entièrement confiance et je lui raconte finalement tout. Tout ce qu'il devait savoir sur l'enfer que j'ai vécu ses deux dernières années. Tout ce qui a fait que j'en suis arrivée là, avec mes peurs et mes angoisses, tout ce que Ben a fait et pour lesquelles il mériterait de croupir en prison pour le reste de sa vie. Jason contient sa colère pendant mon récit mais je vois bien à sa mâchoire serrer et ses yeux qui deviennent noir, toute la rancœur qui nait en lui envers cet homme qu'il ne connait pas. Il se retient de lâcher cette haine.
Pourtant ce même soir, quand je me retrouve nue devant lui et qu'il aperçoit la partie jusque là caché de l'iceberg, qu'il découvre les cicatrices et marques habituellement caché par mes vêtements, il ne retient plus ce qu'il avait l'air de penser depuis un moment :
- J'ai envie de le tuer.
Je le calme aussitôt en venant me coller à lui. Je l'embrasse, le caresse et lui demande de me faire oublier, ce qu'il commence à faire doucement. Il m'emmène sur le lit et me fait oublier petit à petit avec chaque doux baiser, chaque caresse du bout des doigts, toute la peur que j'ai ressentie avant lui. Il est d'une douceur et d'une patience que je ne pensais pas retrouver un jour. Il me prend lentement et me laisse imposer mon rythme, il me laisse décider de tout et se laisse faire sans jamais brusquer la chose.
C'est à ce moment là que je me sens enfin aimé et je sais que je serais vraiment en sécurité à ses côtés.
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