Chapitre 16 : Dégonflé

J'ai l'impression d'être revenue au début de la semaine. Je me retrouve une nouvelle fois près de Jason, devant la porte de son appartement à attendre qu'il ouvre pour qu'on puisse rentrer. La seule différence cette fois est que je n'ai pas peur, je n'ai aucune appréhension car je sais que je me sens bien chez lui, avec lui. Je sais à quoi m'attendre, du moins en partie. J'ai quand même l'impression que quelque chose est différent entre nous. Une autre tension s'élève, quelque chose d'assez agréable que je ne me souviens pas avoir ressenti un jour. Je ne sais pas trop comment me comporter quand il ouvre enfin la porte et m'invite à entrer chez lui, Van Gogh vient rapidement à notre rencontre et ne se préoccupe de son maitre seulement quelques secondes avant de venir vers moi et de s'assoir à mes côtés comme la première fois que je l'ai vu.

Je suis Jason jusqu'à sa chambre où il dépose au sol le matelas et la pompe que Griffin lui a prêté, de mon côté je pose mon sac rempli du peu d'affaire que j'ai sur le lit puis m'assois à côté de celui-ci et observe Jason. Il déplie le matelas et pince les lèvres, il garde la tête baissé, obstiné à regarder le sol et à garder le silence. J'ai toujours cette peur de le déranger, alors même qu'il s'est proposé de lui-même de m'héberger mais son silence ne m'aide pas. Je ne sais pas quoi faire, j'aimerais lui proposer de l'aider mais je ne pense pas qu'il ait besoin de moi pour ça. Alors je reste aussi silencieuse que lui et continue de l'observer pendant de longues minutes, jusqu'à ce qu'il se décide enfin à lever la tête et me regarde.

― Je m'en veux énormément, m'avoue-t-il sans que je ne comprenne de quoi il parle.

Je fronce les sourcils m'apprêtant à lui demander de quoi est-ce qu'il s'en veut quand il me devance et continue.

― Je n'aurais jamais dû te déposer au centre aussi vite, j'aurais dû te proposer autre chose avant, d'aller manger, d'aller t'acheter des affaires, n'importe quoi qui aurait pu te faire sortir de l'esprit ce que tu as dû subir au poste. Je ne voulais pas te laisser, ça m'a fait peur de vouloir rester avec toi, et je pense que j'ai paniqué.

― Je ne t'en veux pas.

Il hausse un sourcil et me jauge. Je souris lentement et continue.

― Ok, je t'en ai un petit peu voulu quand même. Je pensais que tu voulais te débarrasser de moi, je ne veux pas être un poids pour toi.

J'ai à peine le temps de terminer ma phrase qu'il est déjà debout et me rejoins sur le lit. Il s'assoit à son tour et avance lentement sa main vers la mienne. Il me regarde et attends surement un signe pour savoir s'il peut continuer alors je tends la main vers lui doucement sans même y réfléchir. Je n'ai pas peur qu'il me touche, j'ai tellement confiance en lui que je ne ressens aucune crainte que je ressentais à notre rencontre. Aucune crainte que je pourrais avoir avec un autre homme. Il m'attrape donc la main et la serre tendrement avant de me répondre.

― Tu n'es pas un poids, je ne le pense pas maintenant et je ne l'ai pas pensé quand je t'ai proposé la semaine dernière de passer la nuit chez moi. Je ne t'ai pas menti quand je t'ai dit que je voulais que tu te sentes en sécurité, et si c'est ici que tu l'es alors je serais heureux de t'accueillir aussi longtemps que tu le souhaites. Est-ce qu'on est d'accord ?

J'hoche la tête quand je sais que le moindre son ne sortira de ma bouche. Si je le prends au mot je pense que je ne partirai jamais d'ici, je ne me sentirais plus jamais en sécurité nulle part d'autre qu'entre ses murs mais je ne lui dis pas, pas pour l'instant.

― Je vais finir de gonfler ce truc et on pourra aller se coucher ça te va ? Tu peux utiliser la salle de bain en attendant. Le lit est à toi.

Je m'apprête à refuser mais il ne m'en laisse pas le temps, sans même me prévenir il dépose un baiser sur ma joue et se lève pour retourner s'occuper du matelas. Je ne bouge pas pendant quelques secondes, trop surprise par ce qu'il vient de faire, trop surprise de ma non réaction. Il n'a pas dû réfléchir, ou bien s'il l'a fait il a tout de même voulu tenter sa chance. Et il a eu raison. Je souris lentement et me pince les lèvres en évitant de regarder dans sa direction. Je ne veux pas savoir s'il me regarde et voit ma réaction. Après un moment de flottement je décide de prendre de quoi me changer dans mon sac et me dirige vers la salle de bain. Mon sourire ne me quittant plus.

Quand je reviens dans la chambre Jason n'y est plus. Son lit est prêt, un oreiller et des draps font penser que ce n'est pas un matelas surement inconfortable qui se trouve dessous. Si je décide de rester ici plusieurs nuits il est hors de question que ce soit lui qui doive dormir là-dessus chaque soir, je devrais le convaincre d'échanger une nuit sur deux. J'ai moins besoin de sommeil que lui qui devra sans aucun doute se lever chaque jour pour aller travailler. Et puis, avec mes cauchemars je ne suis pas certaine de beaucoup dormir alors à quoi bon monopoliser son lit.

Je me glisse sous la couette quand Jason arrive portant seulement un bas de jogging, je reste figé à le regarder entrer dans la pièce. Son torse m'apparait toujours aussi impressionnant que la dernière fois. Et même si j'aimerais être discrète et arrêter de le fixer comme ça, je n'y arrive pas. Il est magnifique je ne peux pas le nier, qui ne pourrait pas se damner devant un corps pareil ?

Quand Jason tourne la tête vers moi je me sens prise sur le fait, je rougis sans pour autant détourner le regard. Lui, pince les lèvres en détournant le regard. Je baisse aussitôt les yeux et me cache un peu plus sous la couette, il n'apprécie peut-être pas que je le regarde comme ça, pourtant je n'ai pas eu l'impression qu'il y avait eu un problème la dernière fois, mais je suis tellement bousillé à l'intérieur que j'ai surement mal interprété les signes.

Il me souhaite bonne nuit avant d'éteindre la lumière et de rejoindre le matelas au sol. Je réponds doucement sans oser sortir de ma cachette et le silence se fait rapidement une fois que les pas de Van Gogh ne se font plus entendre dans le salon. Pourtant il ne dure pas longtemps, un bruit étrange se fait entendre, un sifflement, rien qui pourrait me faire peur heureusement, je n'aimerais pas refaire une crise de panique devant Jason, il regretterait sans doute d'avoir accepté de m'héberger s'il n'avait pas un moment de répit. Je ne dis rien et cherche à savoir d'où vient le bruit, mais je ne trouve pas, je me décide enfin à demander à Jason en espérant qu'il n'est pas du genre à s'endormir en quelques minutes.

— Jason ?

― Oui ? répond-t-il aussitôt ce qui me rassure.

― C'est quoi ce bruit ?

Je l'entends ricaner puis me répondre.

― Si le sol que je commence à sentir est une bonne indication, je dirais bien que ce foutu matelas ce dégonfle. Je pense qu'il est troué.

Je ris et allume la lampe de chevet avant de me pencher par-dessus le matelas pour l'apercevoir. Il se tourne vers moi et je vois bien les dégâts, Jason est pratiquement au sol, le matelas ne ressemble plus à rien. J'hésite un instant à lui proposer de me rejoindre, j'ai peur qu'il le prenne de la mauvaise façon, qu'il pense que j'ai envie qu'il me rejoigne pour qu'il se passe des choses alors que ce n'est pas le cas. Enfin, du moins je ne crois pas, je n'arrive plus à savoir ce que j'aimerais de lui. Je me lance donc en hésitant toujours légèrement.

― Tu... tu veux venir dans le lit ?

Il ne répond pas tout de suite et se redresse du mieux qu'il peut. Le matelas est à plat désormais.

― Je ne veux pas te mettre mal à l'aise, je vais aller dormir sur le canapé ne t'inquiètes pas pour moi.

Il commence déjà à se relever et à attraper son oreiller et sa couette pourtant ce n'est pas ce que je veux, ça j'en suis sûre alors avant même que je ne réfléchisse à ce que je veux dire, les mots sortent tout seul de ma bouche.

― Jason j'ai envie que tu restes.

Il ne peut pas cacher la surprise sur son visage mais il se reprend rapidement et vient s'assoir au bord du lit en me fixant. Il essaie peut-être de voir si je suis sérieuse, si je suis en train de devenir folle ou bien si j'ai déjà perdu la tête.

— Tu es sûre ? demande-t-il finalement.

J'hoche la tête.

— Le lit est assez grand pour nous deux non ? Je ne veux pas que tu dormes sur ton canapé encore une fois à cause de moi.

Jason a l'air de sérieusement réfléchir avant de me répondre, je comprends qu'il doit se demander si je ne vais pas complètement me refermer et paniquer une fois que je serais dans le lit. Pour être honnête je ne sais pas moi-même comment je vais vraiment réagir, mais j'ai réellement envie de partager le lit avec lui. Pas pour qu'il se passe quoi que ce soit –même s'il m'attire toujours autant- mais j'ai envie de me sentir en sécurité, celle la même que j'ai ressenti quand je me suis endormie contre lui dans le canapé la semaine dernière. Je n'ai pas eu ce sentiment depuis cette nuit là et je donnerai tout pour y remédier, ce matelas dégonflé est peut-être le signe qu'il me fallait pour oser demander à Jason de me rejoindre.

Alors quand il se décide enfin à venir je me sens soulagé, et pas le moins du monde paniqué. Je souris légèrement et me décale pour lui laisser la place nécessaire afin que l'on ne soit pas collé l'un à l'autre. Il soulève la couette et s'installe en se couchant sur le dos. Je l'imite après avoir éteins la lampe de chevet, Jason a l'air d'envoyer un message avant de poser son téléphone. Il n'y a plus de source de lumière artificielle maintenant, je ne distingue plus l'homme à côté de moi mais sa présence et sa chaleur se fait ressentir sous la couette. J'ose me tourner sur le flanc et lui faire face, j'essaie de deviner ses traits grâce aux lueurs qui percent à travers les rideaux mais j'échoue. Mais même si je ne le vois pas, je n'ai pas peur, je sais que je ne crains rien en sa compagnie et dans d'autre circonstance j'aurais même envie de me coller contre lui. Mais je ne ferais évidement rien. Jason n'a pas besoin que je m'attache trop à lui, je ne peux pas être ce qu'il recherche.

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NDA : Helloooo !
Ranger vos bâtons et vos fourches... Je sais, ça fait très longtemps que je n'ai pas posté de chapitre (8 mois pour être plus précise) mais j'ai eu énormément de changement dans ma vie récemment qui n'ont pas laissé beaucoup de temps l'envie à l'écriture, puis une grosse panne écriture et lecture quand tout c'est un peu calmé. J'ai eu beaucoup de mal à m'y remettre mais j'ai tellement envie de finir cette histoire que j'ai décidé de recommencer sérieusement à écrire pour terminer ce roman en espérant qu'elle vous fera toujours autant plaisir...
Je ne promets pas de poster toutes les semaines comme avant mais je vais faire au mieux poussé aux fesses par quelques personnes importantes.
Hâte de voir vos avis sur ce chapitre et que vous serez toujours au rendez-vous ;)
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