La salle commune des Serpentard n'avait pas changé. Toujours aussi sombre à cause de la couleur des pierres, toujours aussi semblable à une crypte. Pourtant... les Serpentard l'adoraient, surtout pour ses feux de cheminée qui prenaient une teinte étrangement verte quand venait la saison hivernale.

Assis sur l'un des canapés faisant face à l'une des nombreuses cheminées, Draco et Phoebe se sentiraient seuls au monde s'il n'y avait pas tous leurs camarades de maison dans les chambres longeant le mur du fond de la salle commune, s'enfonçant sous le château de Poudlard.

— Alors ? De quoi voulais-tu parler ? lâcha doucement la jeune fille en triturant sa jupe.

Le blond la regarda quelques secondes avant de détourner le regard, nerveux. Il n'osait aborder le sujet, alors il préféra défaire sa cravate pour mieux respirer, pour dissiper cette impression d'être étranglé depuis la vue des Carrow à la table professorale. Il passa ensuite ses mains sur son visage, Phoebe se contentant d'attendre, comme on le lui avait appris.

— Des fiançailles... Je voulais parler de nos fiançailles, finit par répondre Draco.

Une pointe d'espoir naquit dans le cœur de la sorcière, qui fit de son mieux pour la réprimer - l'espoir n'était bon que pour les Poufsouffle. Elle leva timidement les yeux et observa le profil de son fiancé, espérant presque qu'il lâche qu'il ne voulait plus de ce mariage arrangé. Qu'il retire sa bague même ! Mais Malfoy ne fit rien de tout ça, il se contentait de fixer la cheminée vide comme si elle contenait tous les secrets du monde.

— De nos fiançailles, répéta Phoebe. Tu veux parler de nos fiançailles... Évidemment, quoi d'autre ?

Le Serpentard encaissa son ton amer en grimaçant, tournant légèrement la tête vers elle pour voir son regard brillant dans la pénombre. Il tendit une main vers elle, mais elle recula, refusant qu'il la touche à nouveau.

— Je voulais m'assurer que tu agirais bien en tant que ma fiancée lorsque nous serons en public.

— Ne l'ai-je pas déjà prouvé ce soir, dans la Grande Salle ? rétorqua la blonde en serrant les poings.

— Tu devras faire ça tout le temps, Phoebe, soupira le jeune homme. Aux repas, dans les couloirs, aux matchs de Quidditch, même ici, dans la salle commune !

— Parce que tu crois que je ne le sais pas, Draco ? J'ai eu le temps de me préparer depuis le mois d'août, ma mère a passé son temps à m'apprendre l'art de l'étiquette ! Je saurai me comporter comme ta fiancée, peu importe les évènements. Parce que je suis Phoebe Cavendish, deuxième héritière des Cavendish.

La réponse de la Serpentard le laissa hébété, puis il parvint finalement à reprendre contenance pour esquisser un sourire oscillant entre le soulagement et la tristesse.

— Parfait, répondit-il. Bonne nuit, Phoebe.

Sur ces mots, il se leva du canapé pour s'éloigner et disparaître dans la salle commune. Phoebe entendit une porte s'ouvrir et se refermer, puis une autre porte s'ouvrir et se refermer avant que des pas ne viennent dans sa direction. Pansy apparut dans son champ de vision, le bout de sa baguette allumé.

— Tu viens te coucher ? proposa la brune. Daphné dort déjà.

Sans crier gare, la blonde se mit à pleurer, déstabilisant son amie qui ne sut quoi faire. Parkinson hésita un instant avant de finalement prendre sa camarade dans ses bras, posant sa baguette sur la table basse. Elles restèrent ainsi plusieurs minutes, le temps que les pleurs de Cavendish se tarissent.

— Que se passe-t-il ? demanda Pansy.

— Je ne veux pas de ces fiançailles... Je n'en veux pas ! grogna Phoebe. Me marier après Poudlard ? Alors que je voulais voyager pour aller à la rencontre des Animaux Fantastiques ? Pourquoi mes parents me font ça ?

— Dis-toi qu'il y a pire que Draco... Et puis, peut-être qu'il acceptera de partir en voyage avec toi ?

— Il y a pire, mais il y a mieux aussi...

— Plein de filles tueraient pour avoir Malfoy en tant que fiancé, lâcha la brune en s'écartant.

— Et moi, je tuerais pour retrouver ma liberté ! s'exclama la blonde en se levant du canapé. Sauf qu'on n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie... Bonne nuit, Pansy.

Phoebe s'éloigna dans l'ombre pour regagner son dortoir, qu'elle partageait avec Pansy et Daphné depuis leur première année, laissant son amie dans la salle commune presque vide. Sa camarade soupira et reprit sa baguette, se demandant si elles venaient oui ou non de se disputer.

Lorsqu'elle entra dans le dortoir, la blonde terminait de se changer. Elles se glissèrent sous leurs couvertures sans échanger un mot et Pansy marmonna la formule pour éteindre sa baguette, plongeant la chambre dans le noir complet.

— Bonne nuit, les filles... murmura Daphné avant de se rendormir complètement, la tête dans l'oreiller.

— Bonne nuit, Daphné, répondirent Phoebe et Pansy à l'unisson avant de fermer les yeux.

La chambre fut silencieuse jusqu'au petit matin, lorsque le réveil magique de Daphné se mit à résonner, ce qui valut à Greengrass quelques grognements de la part de Parkinson. Phoebe se dépêcha d'éteindre ce maudit réveil avant d'aller dans la salle de bain pour coiffer ses cheveux, laissant ses camarades émerger du sommeil.

Elle revint dans le dortoir au moment où Pansy et Daphné consentirent à sortir du lit - la brune râlait encore contre le réveil de Greengrass. Phoebe haussa les épaules et partit près de son propre lit pour s'habiller et prendre sa baguette, qu'elle glissa dans son sac de cours avant de sortir du dortoir.

Draco l'attendait déjà, en compagnie de Blaise, et lui tendit le bras lorsqu'elle arriva. La blonde lui prit le bras, souriant au métis qui discuta avec elle sur le trajet jusqu'à la Grande Salle pour le petit-déjeuner. Ils discutèrent des emplois du temps, se demandant comment seraient les leurs, mais aussi de l'absence de Potter, Weasley et Granger. Draco, lui, se contentait de les écouter, gardant Phoebe contre lui.

Le trio arriva dans la Grande Salle et allèrent s'asseoir à la table des Serpentard pour prendre leur petit-déjeuner en silence, jetant parfois un regard au professeur Slughorn qui distribuait les emplois du temps.

— C'est maintenant que l'année commence... commenta Blaise.