12 | Monde fermé
Halloween. Cette fête qui se jouait la nuit où le monde visible et invisible se liaient le temps d'une rencontre, où les Moldus reposaient leurs yeux sur les cimetières et pensaient à se déguiser, où les sorciers voyaient là un moyen de se relier aux disparus.
Une semaine après, tout le monde était chaos évidemment, accueillant donc la sortie prévue à Pré-au-lard en début du mois de novembre avec bénédiction. Phoebe et Blaise étaient les deux seuls à être à peu près dans leur état normal une semaine après la nuit d'Halloween. En effet, Pansy semblait vouloir se noyer dans son café, Théo était à deux doigts de se rendormir sur la table du petit-déjeuner entre son assiette et la carafe de jus de citrouille, Daphné était complètement à l'ouest, Astoria ne cessait de se frotter les yeux, Vincent avait du mal à trouver sa bouche pour manger son toast et Grégory s'endormait sur l'épaule de ce dernier. Quant à Draco, ce n'était pas la peine de le chercher avant neuf heures.
— On dirait des cadavres ambulants... commenta Phoebe en jetant un regard à ses camarades avant de se reconcentrer sur Blaise qui avait abandonné l'idée de nouer sa cravate correctement. Tu veux de l'aide ou..?
— Je veux bien, soupira-t-il en la laissant faire.
La jeune fille se tourna vers lui et défit la cravate afin de tout reprendre depuis le début pour lui faire un nœud correct. Il la remercia par un sourire et se permit même de lui embrasser le front. De toute façon, personne ne pourrait commenter son geste puisque tous les autres étaient réduits à l'état de zombie en quête d'un café particulièrement fort pour leur donner un coup de fouet qui pourrait les réveiller.
Et puis Draco apparut. Frais et dispo comme un gardon. Les cadavres ambulants manquèrent de lâcher tasses, couverts ou nourriture en le voyant arriver.
— Il est quelle heure..? murmura Astoria en se demandant si neuf heures était arrivé plus vite que d'habitude.
— Huit heures trente, répondit Pansy en regardant sa montre. Il a trente minutes d'avance par rapport à d'habitude.
— La dernière fois que c'est arrivé, il avait bu, lâcha Théo. Vous croyez que c'est encore le cas ?
— Et sinon, on peut juste être matinal en paix ou c'est trop demandé ? grogna Draco en s'asseyant.
— Oh, excusez-nous, grand prince de Serpentard, d'être habitué à vos horaires réglés comme du papier à musique depuis six ans, répliqua Pansy.
— Vous êtes de la sortie à Pré-au-Lard aujourd'hui ? intervint Daphné pour changer de sujet avant que ça ne parte trop loin dans un autre débat inutile.
Vincent et Grégory lui lancèrent un regard si fatigué que c'était évident qu'ils allaient rester au château. Théo était dans le même état, de même qu'Astoria - qui était à deux doigts de se mettre des claques pour se réveiller pour de bon. Pansy et Blaise secouèrent la tête, voulant se reposer au calme dans la salle commune.
— Je reste ici, j'ai des devoirs à terminer, répondit Phoebe tout en se beurrant un toast, passant le café vers Draco.
— Moi aussi, je reste, lâcha le blond. Je dois réviser quelque chose pour Sortilèges.
— Roooh, chut, parlez pas de ça à table alors qu'il n'est même pas neuf heures, protesta Théo.
— Je vais rester ici aussi alors, fit Daphné en ouvrant le journal.
Le silence s'installa, permettant à chacun et chacune de se réveiller complètement à son aise, même si Théo semblait encore un peu endormi malgré sa deuxième tasse de café avec trois morceaux de sucre.
— Ah, tiens... Pré-au-Lard s'est fait imposer un couvre-feu, lâcha Daphné en voyant le titre du petit article en bas de la page qu'elle lisait.
— On dirait que le Ministère tente de refermer le monde magique sur lui-même... commenta sa sœur en fronçant les sourcils. Pré-au-Lard va bientôt devenir un petit monde fermé et ce couvre-feu n'arrange rien. Remarquez... Poudlard commence à faire pareil. Les maisons se replient et se rejettent selon leurs affinités.
— Chuuut, il n'est toujours pas neuf heures du matin, intervint Théo en lui faisant signe de se faire. Donc on arrête avec les trucs déprimants et tout ira bien.
— Mais bien sûr... ironisa Pansy. Tu es vraiment un adepte de tout cacher sous le tapis et d'attendre que ça passe.
— Une technique assez efficace.
— Une technique de lâche, oui.
Théo leva les yeux au ciel tandis que Daphné continuait sa lecture du journal en silence, constatant qu'il n'y avait toujours aucun signe de Potter dans la presse, à croire que l'Élu et ses amis s'étaient évaporés dans la nature. Blaise buvait son café, Vincent et Grégory somnolaient les yeux ouverts, Draco mangeait en silence avec les yeux sur son repas. Quant à Astoria et Phoebe, elles regardèrent les autres tables : la plupart des élèves se montraient hostiles aux Serpents, principalement à cause des Carrow qui étaient issus de cette maison.
Cette ambiance plombait le morale de tout le monde, surtout celui des première et deuxième année qui courbaient le dos pour tenter d'échapper aux regards pesants que faisaient les Aigles, les Lions et les Blaireaux.
Phoebe s'aperçut que les fantômes se lançaient des regards inquiets en voyant les comportements adoptés par les élèves des différentes maisons. Ils semblaient se demander si une guerre interne entre les quatre maisons n'allait pas éclater dans Poudlard, comme les fondateurs le firent il y a plus de mille ans.
L'histoire de l'école était-elle condamnée à se répéter ? Rien qu'à cette idée, Phoebe serra les dents et se força à adopter une posture droite pour ne pas se laisser intimider par les regards des trois autres tables. Elle était une Cavendish. Elle était une Serpentard. Elle n'allait pas se laisser intimider par des élèves tout de même. Ça ferait mauvais genre et entacherait son nom de famille. Et puis, puisqu'elle allait devoir épouser Draco après Poudlard, cela risquerait de nuire à la famille Malfoy. Il en était hors de question. Malgré tout, elle se mit à jouer avec sa bague de fiançailles.
Les regards de plus d'une centaine d'étudiants pesaient lourds, même pour une Cavendish.
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