Alors qu'elle prenait son petit-déjeuner, Phoebe vit le faucon de son frère apparaître dans la Grande Salle, planant au-dessus des tables avant de se diriger vers elle, se posant entre la carafe de jus de citrouille et le plat de lard. L'oiseau tendit sa patte à la jeune fille qui détacha la lettre avant de donner un morceau de lard à Horus, le faucon pèlerin de Neven. Le volatile décolla et s'en alla, sortant de la Grande Salle par l'une des nombreuses ouvertures du toit - probablement qu'il allait passer à la volière pour saluer Otis. La jeune fille termina de manger et décacheta l'enveloppe avec précaution pour en sortir la lettre et la déplier afin de la lire, gardant un visage neutre durant sa lecture.

《 Ma très chère sœur,

Je suis heureux de savoir que la montre te fait plaisir et que tu en prends grand soin. Si cela t'intéresse, je l'ai trouvée chez un bijoutier sorcier de New-York, lors de mon passage là-bas durant la rencontre des deux Ministres : la bijouterie Diamond.

Concernant les parents, je ne sais pas te donner davantage d'informations concernant leur voyage. Il me semble qu'en plus du Japon, ils comptaient se rendre en Chine, en Inde, en Corée, au Népal, et autres pays asiatiques. Toutefois, je peux te dire qu'ils m'ont dit être de retour pour Noël - je te laisse deviner pourquoi vu le nombre de gens qu'ils voudront épater malgré la période dans laquelle nous vivons.

Maintenant, par rapport aux Carrow, tu as vu juste, je les connais. De nom et de réputation, ce vieux Maugrey Fol Œil m'ayant formé avant de former Nymphadora Tonks, me confiant Yüna Worell - à qui j'apprends sensiblement de la même façon que ce défunt Maugrey. Pour en revenir aux Carrow, si tu veux un conseil, fais confiance à ton instinct, il t'a toujours bien guidé. Si un jour, tu sens que tu dois agir, agis ; et au contraire, si tu sens qu'il vaut mieux que tu te fasses discrète pour mieux agir ensuite, fais-le. Vois ça comme une partie d'échec se déroulant en temps réel et où chaque coup doit être mûrement réfléchi.

Avec toute mon affection,

Neven. 》

— Une partie d'échec... Pourquoi pas, après tout, murmura Phoebe en repliant la lettre au moment où ses amis arrivaient pour prendre leur petit-déjeuner.

— Salut... marmonna Théo en s'asseyant, passant une main sur son visage pour essayer de se réveiller.

— Personne ne me parle avant ma troisième tasse de café, ordonna Pansy d'un ton ferme avec sa tête des mauvais jours.

— Par Merlin, vos gueules, pestèrent les sœurs Greengrass en se laissant tomber sur le banc.

— Vous, vos gueules, grommela Blaise en s'installant à côté de Phoebe.

Draco fut le seul à rester silencieux en venant s'asseoir de l'autre côté de Phoebe, l'embrassant sur la joue pour la saluer. La jeune fille se laissa faire, s'occupant de verser le café ou le chocolat chaud de tout le monde, saluant d'autres Serpentard au passage quand ceux-ci passaient à côté du groupe. Puis elle se leva, replaçant une mèche blonde derrière son oreille et pressant l'épaule de son fiancé pour lui rendre son bonjour silencieux.

— On se revoit en Sortilège, lâcha-t-elle en partant. Bon courage pour les runes, Astoria !

Elle n'eut qu'une vague de grognements en réponse tandis qu'elle s'éloignait à grands pas pour quitter la Grande Salle, ses chaussures claquant sur les dalles tandis que les pans de sa robe d'uniforme suivaient le moindre de ses mouvements - même le plus infime. Quelques Serdaigle s'écartèrent à son passage, filant vers leur table en lui jetant des regards méfiants. L'un d'eux fit quand même un effort pour la saluer discrètement d'un signe de tête que la jeune fille lui rendit.

La blonde traversa le château, sa robe flottant derrière elle, s'attirant les regards des tableaux et rendant leurs salutations à certains - comme celui d'Hécate, Mélusine, Paracelse ou Lord Stoddard Withers. Elle bavarda également avec quelques fantômes avant d'atteindre la volière. Une fois en haut, elle s'approcha de l'ouverture pour admirer la vue, Otis venant s'installer sur son épaule pour lui dire bonjour et hululer, comme pour lui raconter la visite d'Horus. Phoebe hocha la tête, lui indiquant qu'elle l'écoutait tout en s'installant dans un coin pour sortir un parchemin, une bouteille d'encre et une plume ; son oiseau continuant de parler en se frottant à sa joue.

《 Cher Neven,

Je suis heureuse de savoir que tu as pu avoir un contact avec les parents, même infime. Avec quatre mois de voyage en Asie, doit-on encore s'attendre à voir l'un ou l'autre de nos salons se remplir de vases, de statues de jade, de peintures et d'armes ? Après tout, on se souvient encore de cette collection de couteaux japonais ou de ses sabres chinois...

Quant à l'école, aux professeurs et aux cours, je vais suivre ton conseil et suivre mon instinct. Comme tu le dis, il me guide si bien, comme il l'a fait avec plusieurs femmes de la famille - n'oublions pas toutes ces Intuitives qui décorent notre arbre généalogique depuis les débuts de la famille Cavendish par Antarès Cavendish. De plus, si une intuition importante me vient, je t'en ferai part avec l'interprétation que j'aurai pu en faire.

Une dernière chose : sais-tu où sont passés Harry Potter, Hermione Granger et Ronald Weasley ? Voilà plusieurs semaines que l'année a commencé, mais toujours aucune trace de ce trio de Gryffondor. Je sais que le Ministère les cherche activement, mais pour quelles raisons concrètement ? Et je te demande ce que Neven en pense, pas ce que l'Auror Cavendish en pense.

Prends soin de toi, fais attention à toi,

Avec toute l'affection d'une soeur,

Phoebe. 》

— Tu crois que ça suffit ? demanda-t-elle en relisant sa lettre avant d'échanger un regard avec Otis qui hulula pour toute réponse.

Le volatile descendit de son épaule en glissant le long de son bras pour arriver sur ses genoux, ouvrant le bec pour prendre sa lettre. La jeune fille prit une enveloppe et y glissa sa lettre avant de la refermer par son cachet de cire. Elle regarda Otis s'éloigner dans le ciel avant de filer en cours.

En chemin, elle croisa Ginny Weasley, qui semblait pressée de se rendre ailleurs que dans sa salle de classe. Prise d'une impulsion, Phoebe décida de la suivre.