Chapitre 9# : Dernière page.

Mes yeux s'ouvrent lentement sur le plafond neutre de ma chambre. Je regarde la peinture fraîche qui recouvrent l'ancien ciel nuageux. Aujourd'hui c'est le troisième. Le troisième mois. Sans une goutte d'alcool dès mon réveil pour embrumer mes pensées. Sans ne l'avoir fait une seule nouvelle fois pour détruire une autre personne que moi. 

Mes yeux ont souvent gonflés durant ces trois longs mois. Je croyais que les pires trois mois de ma vie étaient ceux où elle est partie. Mais ils avaient été particulièrement rapide en réalité. J'avais fait disparaître le temps avec les longues siestes, la douleur avec l'alcool, la culpabilité avec les coups d'un soir. J'étais tombé dans cet épouvantable extrême où ma vie s'était juste arrêtée. Le temps ne passaient plus. Les jours, plutôt les nuits, se ressemblaient. 

Ces trois mois ont définitivement été les pires de ma vie. Ceux où j'ai reprit lentement connaissance. Ceux où la douleur revenait de plus belle se mêlant à celle du jour où elle est partie et celle des mes mois d'horreurs. Sauf qu'il n'y avait plus de bouteille pour la noyer. Durant ces trois mois j'ai réaliser la solitude dans laquelle je m'étais coulé. La dureté de réparer ses fautes. L'horreur de devoir se retrouver avec ce nuage sombre gravé dans l'âme. Le temps s'est remit à flot, mais avec les ras de marées et tsunamis des eaux agitées. Divaguant entre les jours de culpabilité, de douleur, de pression, a suivre ma bouteille lancé à la mer sans devoir en toucher. J'ai vécu chaque jours. Les uns après les autres. Ces moments de tempêtes avec moi-même. Et ces moments à juste flotter sur un océans bleu paisible au soleil réchauffant, avec lui.

Marvin ne m'a pas laissé un seul jour seul dans cet enfer. Il est resté chaque secondes auprès de moi. M'encourageant lorsque ma tête était hors de l'eau, ou en reprenant pour moi les rames lorsque je me laissais submerger. Il a vécu chacun de ces jours avec moi, dans la même barque. C'était au début bien trop petit pour nous deux. Et lorsque tout a commencé à reprendre calmement son cours, qu'il a pu rentrer sur son propre bateau, ma barque était bien trop grande. J'avais retrouver pied, ma maison. Il pouvait partir en me faisant confiance, cette confiance que je chérie plus que ma vie qui me pousse à ne pas craquer et qui le laisse rentrer chez lui en toute sérénité. Mais très vite je lui lancé la bouée pour qu'il reste à la maison.

Nous avons un nombre incalculable de soirée film qui ne se finissait pas pour qu'il s'endorme épuisé contre moi. Je l'ai appelé des centaines de nuits où il répondait toujours présent à mes soit disant cauchemars. Il a été là à chaque fois où je lui demandais de rester car ça n'allait pas ce jour là. J'avais constamment besoin de lui. Pourtant il m'avait déjà aidé à me reconstruire, à devenir sombre, à savoir m'occuper moi-même de moi. Il avait été essentiel à ces moments, je ne pouvais pas vivre sans ses mains tendues vers moi. Mais même lorsque je pouvais vivre seul à nouveau. Il était encore indispensable. Mais cette fois plus pour que je reprenne ma vie en main, mais pour avoir cette chaleur. Sa chaleur. La chaleur de ses mots qui réchauffe mon esprit, la chaleur de ses bras qui réchauffe mon corps, la chaleur de son âme qui éclaire la mienne. J'ai besoin qu'il reste.

Ses rires et fous rire un peu exagérés pour me pousser à sourire. Ses bras autour de moi et ses mains jouant avec mes cheveux pour m'apaiser. Ses taquineries, ses joies, ses colères parfois. Je les prends toutes et les garde en moi. C'est lui qui m'a rendu vivant à nouveau. Mais le passé reste.

Il n'en parle jamais. Il me répète d'oublier, que pour lui c'est de l'histoire ancienne. Mais je sais que pour lui la brûlure reste aussi douloureuse que pour moi. Il ne pourra jamais oublié celui que j'étais, ce que je lui ais fait. Et je ne le pourrais jamais non plus, je ne le dois pas. Je ne sais pas comment faire pour l'aider lui aussi à soigner ses plaies. Il me sourit dès que j'en parle, repoussant sa priorité pour moi. Et je n'ose pas le contredire. Lui dire non. Maintenant on s'occupe de toi. TU t'occupes de TOI. Car tu en as besoin tout autant. Je n'ose pas car c'est son choix de s'occuper de moi avant, et je ne peux pas le contredire avec ce que j'ai fait. Je lui dois tout. C'est encore trop récent. 

Nous avons passé trois mois à voyager entre l'enfer et le paradis, toujours ensemble. 

Ce soir il vient, il veut m'annoncer quelque chose. Je n'ai aucune idée de quoi. Je souhaiterais qu'il me dise que maintenant tout va mieux pour moi, alors qu'il part au loin faire sa vie au soleil. Même si ça me ferait mal, vraiment mal. Ce con est devenu trop important. Ses jolis discours, sa voix attendrissante, ses gestes apaisants, sa gentillesse, ses jolis yeux, son joli... 

Quelle merde.

Je suis sorti de l'enfer que m'a causé l'amour, en y replongeant tête la première. 

Je me lève en soupirant, un vieux réflexe qu'il n'arrive pas gommer ce qui le fait bien rire. Je marche sans crainte de me couper, salir, tomber. Tout étant devenu plus propre que dans un hôpital et plus luisant que son p'tit crâne. Je suis même tombé accro au ménage. Tout doit rester propre et rangé, pour m'aider à garder mes pensées claires surement. 

En arrivant devant la glace, en fixant mon reflet je me dis que c'est bon. Il va vivre sa vie, c'est mon signale. C'est aujourd'hui que je reprends tout. Je passe deux bonnes heures pour m'occuper de chaque cheveux sur ma tête, de chaque poil que je garde ou non. Je passe du temps pour me laver entièrement, et pour me purifier. Je me vide l'esprit. Je mets de côté ces sombres moments de ma vie pour ne jamais oublier et marcher toujours droit à présent avec ces souvenirs de mise en garde. 

Jamais je ne recommencerai quoi qu'il arrive. 

C'est convaincu que je ressors de ma longue douche parfumée. Et lorsque je regarde le miroir j'ai l'impression de voir l'esquisse d'une nouvelle personne. Copie de l'ancien avec les cicatrices du passé pour devenir encore meilleur. Je glisse une main dans mes cheveux en m'en faisant la remarque. Je veux être beau ce soir pour lui. Je veux m'apprêter, me sentir bien dans mon corps pour moi. Je m'habille de mes plus beaux vêtements au style de ce qu'il aime. J'essaie de me coiffer et soigne mon corps et visage. Je veux respirer un bel air. 

Je nettoie les dernières poussières, ouvre les fenêtre en y laissant entrer la lueur du jour couchant. Puis je commence à soigner aussi mon intérieur. Retrouvant des bougies que j'allume un peu partout. De jolies plaides et dessus de chaises. Des petites décorations et statues. Mon appartement semble habité à nouveau. J'allais me changer trouvant que j'en fais bien trop surtout si je finis ma nuit à pleurer son départ dans mon lit quand la sonnette retentis.

Mon souffle se coupe dans la seconde. Presque une semaine qu'on ne s'est pas vu. On s'est beaucoup appelé mais il tenait à prendre du recul. Je ne sais toujours pas comment j'ai tenu. Je me demande s'il a changé aussi. Je m'approche de la porte en grattant mes ongles sur mes doigts. Je pose enfin ma main sur la cliche. Les secondes passent, longues et interminable. 

- Quentin...

Sa voix de l'autre côté est calme, douce. Je baisse la tête et ouvre finalement cette porte. J'entends ses pas, la porte se fermer puis surprenant je sens sa main chaude sur ma joue.

- Ça te va bien..

Je relève la tête. Nos yeux se croisent et se perdent immédiatement l'un dans l'autre. Je ne sais pas quoi lui répondre, je n'arrive même pas à détourner le regard. 

- Viens.

Il rompt le contact mais pour venir me prendre la main. Il m'entraîne dans mon appartement et je le sens sourire. C'est là que je remarque une rose, magnifique, au creux de sa main.

- C'est cosy ! La rose rendra bien, pas besoin d'eau elle est éternelle.

Je reste muet et paralysé sur place, l'observant vivre dans mon appartement. Aller chercher un vase de je ne sais où, le poser sur la table avec la fleur dedans, rajoutant des petites paillettes en riant autour. Et je ne peux que l'observer faire. En réalité je ne veux que l'observer. Ses yeux pétillants, son sourire malicieux. Tout est si beau chez lui. Il pose une boîte sur la table et je sens qu'il ne compte pas me dire ce qu'elle contient. 

- Lasagne ça te va ?

- Eu.. Ouais, vas-y..

Je me gratte la nuque un peu confus pendant qu'il va dans la cuisine commencer son plat. Peu à peu je retrouve mes moyens et vais m'asseoir dans le fauteuil. Je me colle au dossier, croise mes bras sur le dessus et y pose ma tête. Je le contemple s'activer au fourneau. Je le détaille se déhancher en rythme sur sa musique. Je ne bouge pas d'un poil. Je me plonge dans ce rêve. 

- Tu peux mettre la table ?

Je revois cette image, je la repasse en boucle, c'est si doux. Une main se pose sur ma joue et je sursaute, je relève la tête et le voit me regarder tendrement. Il me fixe un moment en caressant ma joue et souriant.

- Tu te réveilles ? J'ai finit.

- Oh...Oui, excuse moi...

Je secoue la tête sous rire et me lève en le suivant à la table. Il l'a mise. Et je me sens chauffer aux joues ne pouvant pas m'empêcher de trouver le moment romantique. Bordel qu'on me réveille ! Je m'installe et il me serre très vite. La bonne odeur emplit mes narines et la vue ce plat me met l'eau à la bouche. C'est sûr que c'est délicieux ! Il vient me prendre d'un coup la main et me sourit pour me souhaiter bon appétit. Je bug un moment, le temps que ma main se refroidisse là où il m'a touché avant de commencer à manger.

Durant une bonne demie heure nous mangeons dans un calme paisible, un silence appréciable. Je me détends peu à peu et continu de l'observer par moment. Il reste souriant, les traits doux. Je me sens si bien. Nous finissons et je me lève mais il me demande de na pas bouger et débarrasse lui-même. Je ressens son stress. Alors c'est maintenant ? C'est maintenant qu'il va me parler ? Je baisse la tête, mon cœur tambourinant à son tour d'angoisse. Il revient en me prenant la main et nous assois sur le canapé. Sa main ne quitte la mienne, il les fixe, songeur, pendant que je l'admire.

- Je suis venu pour te dire quelque chose.

- Je sais.

- Ne m'interrompt pas, c'est assez...

- Compliqué ?

- Ouais...

- Je ne bouge pas d'ici, je resterai muet.

Il me sourit amusé puis le perd. Je déteste le voir comme ça.

- Ça fait trois mois aujourd'hui... Je suis vraiment content de voir que ça va mieux pour toi. Sincèrement. C'est génial. Je prenais vraiment à cœur de t'aider. Je le souhaitais, parce que tu es mon ami et que, je savais au fond que tu le méritais même si c'est sûr qu'au début c'était dur de le croire. Enfin.. Bref.. Je ne pensais pas que.. Je n'ai pas oublié mais.... Tous nos moments de bons temps, nos soirées, nos rires, nos après-midi, nos sorties. Je t'ai retrouvé peu a peu, et je t'ai même découvert un peu plus. Jour après jour. Durant, ce... Ce premier mois c'était parfois étouffant et tendu d'être collé l'un à l'autre h24. Mais il y avait ces si bons moments, ces moments d'avants, ces moments de bonheurs. Et.... Je n'ai pas pu m'en détacher, je voulais revenir souvent. Ça me manquer de plus être là, tout le temps. Ça m'a vraiment plu. Surtout ces deux derniers mois où c'était si bons d'être avec toi, comme ça... Mais j'avais toujours ce pincement en rentrant parce que.... Parce que ces moments.... Je me suis mis à les rêver. Je me suis mis à vouloir les prolonger jusque la nuit. Toi et moi, allant nous coucher ensemble, ici. Quand je l'imagine, quand je revois ce premier mois ça ne paraît pas horrible... Bien au contraire.... Quentin... Je... Je sais que c'est pas normal, que c'est... Mais on n'a jamais été normal, et notre relation a toujours été... Ambiguë... La haine, les peurs, les tristesses, les bons moments, les très bons moments, les plaisirs, les horreurs... La complicité, la proximité... L'amour.. L'amour aussi Quentin...

Tout est vide, et tout est sans dessus-dessous. Où est passé le : je pars vivre ma vie ?

- Dit quelque chose ça devient gênant...

- Tu pars pas ? 

- Quoi ? Non bien sûr que non ! Bordel J'ai passé trois mois derrière ton cul à te pousser en avant et des mois bien avant sans jamais partir. Pourquoi  je partirais au meilleur moment ? Je suis débile mais pas con. Qu'est-ce que qui t'as fait croire ça sérieusement ?

- Tu devrais..

-Mais je suis débile. Que veux-tu, l'amour rend aveugle, con..

Je ne comprends plus rien, je n'arrive pas à saisir ce qu'il veut me dire. Je ne comprends pas, mon esprit refuse d'entendre et d'écrire clairement ce qu'il me dit. Il se mure contre lui. M'empêchant de saisir l'essence de ses mots, la vérité de son cœur.

- Quentin, regarde moi.

Je relève la tête et il vient frotter mes joues, mes larmes ?

- Je ne partirais pas. Plus maintenant que nous pouvons être heureux. 

Son visage se rapproche lentement du mien, je le fixe perdu. Sa deuxième main se pose sur mon autre joue, son corps se rapproche du mien, son genou effleure le mien. Et nos lèvres se collent. Notre premier vrai baiser, Notre baiser. Nos lèvres se goûtent, puis sa langue caresse la mienne. C'est lent, sensuel. C'est bon. Il sépare trop vite. Mes lèvres brûlent, me lancent. Ma langue danse seule répétant le mouvement.

- Je t'aime Quentin. Ce soir, c'est moi qui te fait découvrir un bout de la vie.

Il me prend par la main et m'entraîne en saisissant cette boîte. Mon cœur bat comme il a rarement battu. 

Cette nuit, c'est lui qui me fait danser.

Je découvre des sensations uniques. Je découvre comme je peux sembler fragile, comme il peut être sûr, comme ça peut être bon. 

Mes yeux s'ouvrent lentement sur le plafond neutre de ma chambre. Je regarde la peinture fraîche qui recouvrent l'ancien ciel nuageux. Mon corps flotte encore de ce plaisir. Je revois son visage déformé par le plaisir au-dessus du mien criant de bonheur. Ses mains serrant les miennes. Nos corps trempés dansant l'un contre l'autre. Je le ressens encore en moi. 

J'ai enfin ouvert les yeux. 

Je me suis enfin sorti de tout ça.

Et son corps endormit me serrant comme un doudou me rappelle que c'est à lui que je le dois.

Me rappelle que c'est lui le phare qui guide ma vie.

Que c'est pour lui, que mon cœur bat à nouveau.

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