9. Kara

 Cela doit faire deux jours que je n'ai pas revus Maven. Depuis cette fameuse matinée en sa compagnie, je ne sors plus de ma chambre. Regrette t-il d'avoir parler avec moi, ou du moins de s'être trop dévoilé ? Ça serait bien dommage car de mon côté j'avais apprécié. J'en ai su un peu plus sur lui et j'ai découvert qu'il se cachait deux personnes différentes dans un seul corps, deux Maven ayant aucun point commun mais ayant le même but. Ce qui explique bien des choses. Il veut la destruction, j'en suis presque certaine. Mais non de la même manière qu'Evangeline, sa fiancé, la voudrait. Pas une destruction cruelle et conquérante. Maven veut détruire par vengeance, sans ne laisser de survivant. Toute fois, un point reste à éclairer et c'est lui du trône vide et sanglant que j'ai vu à travers ses pupilles. A savoir si c'est une métaphore démontrant la cruauté Argent ou alors une réalité qui signifie que Maven quittera son trône, de ses propres moyens ou non.

 Je viens de finir mon déjeuner. Après avoir laissé mon plateau sur la petite table à gauche de mon lit, je me précipite pour m'étaler sur ce dernier à deux places. C'est assez pour s'allonger et détendre tous mes membres. Ce n'est sûrement pas bon après avoir mangé mais en ce moment je ne dors plus et manque alors cruellement de sommeil. Je ferme les yeux, prête à faire une petite sieste lorsque deux légères frappes à la porte de ma chambre viennent traverser mon oreille. Aucun soldat n'avait, auparavant, frapper de cette manière là. Pour une fois que je ne sursaute pas, je suis curieuse de savoir qui se cache derrière la porte. Je me redresse et attends de voir la mystérieuse personne qui vient me déranger pendant ma sieste. Ici, j'ai comme l'impression que je ne peux jamais me reposer. C'était le but des soldats d'ailleurs ; m'observer à travers les caméras de ma chambre afin de venir me déranger au moment où mes yeux se laissaient aller par la fatigue extrême.

Lorsque la porte s'ouvre, je fronce les sourcils en apercevant la princesse Maélane entrer dans ma chambre.

Hier c'était Maven, et aujourd'hui sa demi-sœur. Que me veulent-ils ? Je sens que quelque chose d'étrange se prépare mais également que moi aussi je dois être prête.

- J'espère ne pas te déranger mais j'aimerais converser avec toi, commence t-elle.

Un silence s'installe. Voyant que je ne réagis pas, elle poursuit :

- Autour d'un thé peut-être ?

J'acquiesce toujours en silence.

Il faut vraiment que je comprenne ce que trafiquent ces Argents avant qu'ils me le fassent comprendre par eux-même. Cela fait quelques jours que je ne suis plus l'objet des tortures du Roi, et maintenant deux fois que je participe à de nobles repas. Rien ne m'angoisse plus que ce changement de situation.

Elle m'invite à sortir de ma chambre et à la suivre.

Aucun soldat autour de nous, rien qu'elle et moi.

- Faire confiance à une Rouge n'est pas dans vos habitudes, dis-je méfiante.

- Je ne te fais pas confiance, mais ça n'oblige en rien que je dois te traiter comme un animal.

Sa réponse me détend. Je suis si crispée lorsque je suis près d'Argent que j'avais oublié la gentillesse humaine. Maélane n'est pas comme les autres et ça, Cal me l'avait déjà annoncé. Si y a bien un Argent qui pourrait être une alliée c'est bien elle. Bienveillante et respectueuse, elle cherche toujours la paix dans la guerre et ne se laisse pas abattre par les mauvaises actions de son entourage. Elle est plus ressemblante à Cal que Maven ne l'est. En effet, elle n'a pas subi le chuchotement de sa mère, Elara, lors de sa jeunesse. C'est ce qui l'a sauvé d'ailleurs. De l'autre coté, Maven a perdu son âme et son esprit à cause des manipulations d'Elara qui voulait le rendre aussi parfait que Cal. Au lieu de ça, elle a créé un monstre.

Cal me disait espérer que Maélane soit la deuxième Argent à se convertir pour la Garde Écarlate. Je l'espère aussi, mais tout ça ne dépendra que de moi.

Nous arrivons dans un long couloir qui débouche sur une immense terrasse intérieur. Une sorte de serre engloutis par des arbres et fleurs de tout genre. Une fontaine en or se trouve au centre avec quelques tables de pierre. L'une d'elle est déjà garni d'une théière et ses deux tasses, avec en accompagnement de petits gâteaux.

Ma bouche entrouverte, je reste émerveillée devant la beauté de la nature. Cela fait si longtemps que je n'avais pas été dehors, et encore plus dans un paradis comme celui-ci.

- Je t'en prie, assis-toi, m'invite Maélane en me désignant la table.

Elle me rejoint et me sert une tasse de thé avant de s'asseoir également.

Je n'ose ni toucher au thé, ni au gâteau, ni à quoi que ce soit d'autres. Ce monde royal est vraiment trop suspect, je pense que jamais je ne pourrai le comprendre.

- Je comprends que tu ne veuilles pas me parler, alors écoute moi simplement pour l'instant, commence t-elle. Tu as fait un pacte avec mon frère pour sauver Cal, j'aimerais alors qu'on en fasse un toutes les deux pour sauver ta famille.

Ses pupilles aussi frémissent. Mais que se passe t-il à l'extérieur de ses murs pour que la famille royale elle-même est peur ? Ils prennent leurs précautions pour affronter une chose qui m'est inconnu. Cette ignorance m'agace pour de bon.

- Je l'ai demandé à Maven, maintenant c'est à vous que je demande : de quoi avez-vous peur, princesse ?

Ceci sera l'une des seule fois où je prendrai la peine de la vouvoyez. Son rôle de princesse n'est plus crédible à mes yeux, ils me font tous comprendre qu'ils ont besoin de moi alors que je n'étais qu'une vermine il y a de ça quelques mois. Que s'est-il passé entre-temps ?

- Je ne peux te le dire, affirme t-elle presque désolée.

Maven aurait menti. Elle, elle préfère assumer qu'il y a bien un problème dans ce palais, et ce n'est certainement pas moi.

- Tu as besoin de moi mais je ne dois pas en savoir la raison ? Bien étrange comme stratégie.

Elle soupire en tapotant ses doigts sur la tasse de thé.

- Nous ouvrons un nouveau chapitre de l'histoire où les ennemis deviennent des alliés et les innocents des dangers. Moi et Maven avons établi un plan de secours mais tu en es l'élément principal. La seule façon de te convaincre est de te donner ce que tu cherches.

L'objectif de cet rencontre est d'analyser au plus profond chacune des paroles de Maélane. Si y a bien un moyen de comprendre ce qu'il se passe c'est en faisant le même petit tour qu'avec Maven. Le monde est entrain de changer, c'est une opportunité pour moi de marquer l'histoire et sauver mon peuple. Mais pour ça, sortir du palais est bien le premier pas vers la victoire.

- Si je refuse, mes proches sont condamnés ?

Ils veulent marchander et pour ça le chantage est leur principal allié. Après m'être livré pour sauver la vie de Cal, me voilà à revivre la même scène pour sauver ma famille. Être prisonnière des mains de Maven ne m'aura pas tiré de leçon, tandis que les Argents finissent eux toujours par obtenir ce qu'ils veulent.

- Ce que nous te demandons ne sera que très court, mais nous sauverons ta famille de la pauvreté et de la peur, enchaine t-elle.

- Jamais aucun Rouge n'a été protégé par des Argents.

- Depuis le passage de Samson, Maven a en tête l'ensemble de tes cachettes. Il prévoit de tout anéantir, sauf si tu acceptes ma proposition. Je me chargerai personnellement de les protéger des attaques des soldats.

Je soupire.

- Très bien, que dois-je faire ?

Elle souri avant de sortir de son petit sac un écran. Elle tapote dessus a grande vitesse et le tourne dans ma direction.

Dans un silence, elle m'invite à regarder la vidéo affichée sur l'écran. J'incarne la vision d'une des caméras de surveillance d'un village. Je ne reconnais pas encore le lieu. Je peux apercevoir un groupe d'individus circulant dans une ruelle à allure très lente. Ils paraissent méfiants, quand soudain un éclair surgit de nul part et fait grillé notre caméra. L'écran devient noir.

- Ce n'est pas fini... annonce Maélane et m'incitant à rester concentrer sur l'écran.

Une autre vidéo se met en route. Le même groupe apparaît, toujours sur une marche lente au milieu d'une ruelle. Ils se dirigent vers deux personnes dont une que je reconnais.

- Cal... chuchoté-je sans le faire exprès.

Il est là. Je reconnais sa chevelure toujours bien dressée et sa carrure bien dessinée. Il porte des gants et une tenue très longue pour cacher son identité. Même à travers une caméra mal réglé je peux reconnaître son doux visage. Il discute avec une jeune femme sans se soucie des ce qui l'entoure. Tout à coup, un des hommes du groupe pointe du doigt notre direction, ils viennent sûrement de remarquer l'emplacement de la caméra. Cal et la jeune femme se retournent. Jusque là rien de plus normal jusqu'à que d'un mouvement de bras, un éclair surgi de la jeune femme avant de briser la caméra de nouveau.

- C'était avant-hier, termine Maélane. Tu n'es pas seule, Kara. 

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