8. Kara
Ce matin, le réveil est douloureux, plus que d'habitude. Je mets du temps à raviver mes souvenirs. Les atrocités de la séance d'hier me donne un terrible mal de tête qui m'oblige à terminer ma nuit assez rapidement.
Sur mon lit, je me frotte le visage avant de me redresser sur un coude. Au lieu de me lever, je reste dans cette position et réfléchi.
Maven sait maintenant les moindres facettes de ma tête, des secrets que je ne saurais me rappeler. Je ne connais pas grand-chose qui pourrait vraiment nuire à la vie de quelqu'un mais... certaines peuvent être fatals. Concernant la Garde Écarlate par exemple ; je sais où ils se terrent, leur nombre mais aussi qui ils sont. Maven ne peut pas passer à coté de telles informations. Chaque jour les Argents me dégoûtent un peu plus, j'aimerais retirer ces menottes et briser ce palais à tout jamais. Pouvoir rayer les Argents de l'histoire et sauver le monde de leur torture. Ils nous maltraitent depuis trop d'années, et ils pensent pouvoir perdurer encore des siècles. Mais ce que provoque Maven sur notre peuple finira par leur révolter, j'en suis la première et non la dernière. Ma colère est si grande que ni lui ni aucun de ces maudits Nobles ne pourra m'arrêter.
Je suppose aussi que Samson à pu trouver l'endroit où nous nous cachions, moi et Cal, lorsque Maven nous traquait. Il sait tout... Le savoir a toujours été son arme contre les Rouges.
Les larmes prêtent à tomber, je sors rapidement de mon lit et respire profondément afin de ne pas me noyer dans. Ce n'est pas avec tristesse que je gagnerai la guerre, mais avec haine et colère.
Soudain, trois frappes résonne à ma porte.
Dans un sursaut, je tourne la tête vers la porte qui s'ouvre instantanément sur trois soldats. Je ne me lève pas de mon lit, attrapant violemment la couette pour m'agripper au cas où ils essayeraient de me faire sortir de ma chambre. Mes pieds se frottent entre eux et lance des étincelles de frissons à travers mon corps. Comme chaque jour, Maven demande aux soldats de venir me chercher pour une nouvelle torture à tester, et comme chaque fois, j'en tremble de peur avant même que les soldats me touchent.
- Le roi ordonne votre présence au petit-déjeuner, déclare l'un d'eux.
Surprise, j'arque un sourcil avant de dégager un rire forcé. Après tout ce qu'il m'a infligé, il veut manger en ma compagnie ? C'est bien trop impensable et ridicule pour être vrai. Il veut sûrement m'empoisonner, je ne vois pas d'autres options. Ce jeune garçon légèrement plus jeune que moi est bien trop lunatique, voire bipolaire. Il a du confondre ses emplois du temps. La torture a été inversé avec le petit-déjeuner.
Encore plus apeurée, je réponds :
- Je ne suis pas d'humeur à vouloir être en sa compagnie.
Même si avoir un repas aussi garni que peut l'être celui d'un Roi me fait baver, je n'ai aucune envie d'avoir Maven aussi près de moi.
- Le roi ne demande pas votre avis, proteste le même soldat.
- Le roi ne demande l'avis de personne. Tout se fait en fonction de ses désirs, m'emporte-je avant de respirer un bon coup pour me calmer.
Je pousse un soupir voyant qu'ils utiliseraient la force si je ne les suivais pas. Alors je m'exécute et sors de mon lit du mauvais pied. Les soldats m'entourent, ne me laissant aucune issue pour m'échapper. À cet instant je pense encore à une mauvaise blague de Maven. Il m'a mis en tête l'idée d'un petit déjeuner mais je vais malgré tout me retrouver en salle de torture. Peut-être que son objectif est de me faire du mal dans chacune des pièces du palais. Ma chambre, puis la prison, et enfin la salle du trône, quelle sera la prochaine pièce ?
Je ne perds pas un instant pour me débattre bêtement mais rien n'y fait, les soldats me tiennent fermement les bras. Mon corps bien affaibli n'a pas beaucoup de force en réserve pour me débattre d'avantage. Alors je me laisse emmener et, avec des yeux émerveillés, profite du décore royale qui m'entoure. Tout est blanc et doré. Chaque lustre est orné de pierres précieuses et transforme le plafond en une sorte de ciel divin. Si je n'avais pas été aussi mal accueillis, j'aurais adoré y vivre.
Je me secoue légèrement la tête pour sortir de ce rêve traitre. Au lieu de profiter du décore, il serait plus judicieux de m'approprier le lieu et de mémoriser les couloirs de sortie. Si je m'échappe, je ne dois pas faire d'erreur.
Nous entrons dans la pièce où se trouve le Roi. Grand endroit pour un simple petit-déjeuner. C'est une salle immense aux milles et unes fenêtres drapées de rideaux de velours blancs. Un seul meuble compose cet endroit, et c'est la table à manger de Maven. Elle se trouve au centre et entourée de deux chaises seulement. La sienne et... la mienne.
Maven est assis dans sa splendide chaise basse qui le rend plus petit que d'habitude. Il lève la tête à mon arrivée et fait signe aux soldats de quitter la pièce. Ils s'exécutent sans attendre, nous laissant, lui et moi, seuls.
- Tu comptes rester debout ? demande t-il, replongeant son attention sur de nombreuses feuilles qu'il tient en main.
Je m'approche doucement et m'assoie en face de lui. Je n'ose ni parler, ni bouger, ni faire le moindre mouvement trop brusque, par peur des représailles. Je n'arrives toujours pas à réaliser que je suis en plein repas avec le Roi. Lui qui me torturait le jour dernier, je ne peux qu'être dans un de ses pièges.
Mon assiette en argent est vide devant moi. J'aimerai la remplir jusqu'au débordement. C'est donc ça que mange les riches ? Enfin, les riches ne peuvent être que Argents. Je mettrais ma main à couper qu'aucun Rouge aujourd'hui ne peut s'offrir un tel repas. Je n'ai jamais eu autant de choix sur de la nourriture, sur la vie tout court d'ailleurs. Tout ce qui fait plaisir est hors la loi. Nous sommes bon qu'à travailler pour les Argents et hériter de leurs restes. J'en deviens presque dégoûtée de ce petit déjeuner, sachant que ma famille se bat pour du pain.
Maven, lui, reste silencieux dans son coin de la table. Il est plongé dans ses papiers qu'il observe, retourne et pose à côté de son assiette à moitié remplie.
- Pourquoi ? marmonné-je en essayant de lui faire relever la tête de ses papiers.
- Pourquoi quoi ?
Il a mon attention. Il pose toutes ses feuilles sur le côté et m'interroge du regard. Je ne l'ai jamais vu d'aussi près aussi longtemps. Il paraît presque gentil et ne transmet aucune haine à travers ses yeux comme auparavant. Son faux air innocent le rend légèrement mignon. Ce n'est qu'un jeune garçon de dix-sept ans. Un adolescent se retrouvant sur le trône normalement destiné à son grand demi-frère. Ses cheveux d'un châtains très clairs forment de petites ondulations enfantines. Sans parler de ses yeux bleutés aussi transparents qu'une fumée, les mêmes yeux que Cal. Le seul détail un le vieillis est l'uniforme qu'il porte. De couleur noir et taillé tel un chevalier, il blanchi sa peau et mûris son personnage.
- Pourquoi tout ça ? Qu'est ce que je t'ai fait, Maven ?
Ma voix tremble en prononçant son prénom. D'autre l'aurait appelé roi, majesté... mais je préfère l'appeler par son prénom. Ça lui correspond mieux.
- Mon palais te déplais autant que ça ? répond t-il presque ironiquement.
- Vivre ici me délaie ! Te voir respirer en face de moi aussi, grogne-je, si tu savais comme j'aimerais te couper le souffle en te tranchant la gorge avec l'un des couteaux devant moi.
- Alors fait-le, dit-il simplement sans me quitter du regard. Tu te broie de haine depuis si longtemps, fait ce que tu as à faire une fois pour tout, non ?
Il sait.
Il me provoque bêtement et je tombe dans son piège. Il sait attaquer sans même fournir le moindre effort, juste avec les paroles. Il sait que je ne peux rien faire, en tout cas pas encore. Mais il sait également une chose ; il crée en moi un monstre qu'on ne pourra plus battre une fois libéré. Ce que je n'arrive pas à cerner c'est la raison pour laquelle il le fait. Il fait de moi l'arme qui le tuera dans un futur proche, pourquoi ne me tue t-il pas tout de suite ? Il signe sa propre mort et avec fierté. C'est l'un des mystères que je ne saisirai sans doute jamais.
- Je suis innocente de tous les crimes que tu m'as fait porter, ne me dit pas que je suis une prisonnière méritée.
- Tu as sauvé un meurtrier et ensuite porté allégeance à une brigade de terroriste. Je n'emploierai pas le terme d'innocence pour te définir.
- Un meurtrier qui se trouve être ton demi-frère, Maven. Il qui t'a donné son cœur avant que tu ne le brise en éclat.
Cal a été accusé du meurtre du Roi Tibéria VI mais il m'a toujours supplié de ne pas y croire. Sans savoir pourquoi, Cal savait qu'il avait été pris dans le piège de Elara Merandus, la mère de Maven. Elle était jalouse de voir son fils moins fort que le grand Cal, elle ne voulait pas admettre devoir faire de son fils un Noble et non un Roi. Elle a donc du se servir de son pouvoir de chuchoteur pour manipuler Cal durant son sommeil et lui faire commettre ce terrible meurtre.
Si Cal dit vrai, alors nous nous battrons pour rétablir la vérité.
Maven baisse les yeux un instant. Il n'est pas si fière de son acte, j'en ai la preuve. Il ne prononce pas le prénom de son demi-frère, ni d'ailleurs le terme « frère » pour le décrire. Il veut l'oublier. Peut-être pour avoir une chance de couvrir son propre crime.
- Tout ça pour un simple trône. Tous ces conflits parce que tu as voulu porter la couronne au lieu de la laisser à Cal. J'aimerai pouvoir te comprendre, Maven... comprendre tes actes.
Ses yeux me transpercent lorsqu'il lève la tête. Il n'a plus le même visage. Le Maven cruel et sans pitié que j'ai toujours connu n'est plus là. Maintenant, de la tristesse et du regret sont perceptibles dans son expression. Ses traits du visage s'adoucissent.
- J'aimerai pouvoir me comprendre aussi... finit-il par dire.
Surprise, j'arque un sourcil. Mes poings, qui se refermaient à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, se détendent sous la table qui les cachent. Le roi s'apprête à prendre la paroles, à s'exprimer, mais pas de n'importe qu'elle manière : Il va se confier.
- J'ai toujours été le deuxième fils de Tibéria VI, dans tous les sens du terme. Je passais toujours après lui, j'étais comme son ombre, commence t-il les yeux toujours rivés sur son assiette.
Je comprends qu'il parle de son demi-frère. Il était jamais devant Cal. Maven était le petit frère timide et réservé, celui a qui on n'adressait pas souvent la parole. Tout tournait autour de Cal. Ce dernier me l'avait d'ailleurs dit.
- Il surpassait les plus forts et moi n'atteignais à peine ses chevilles. Je me souviens que ma mère, honteuse d'avoir un fils moins... doué, s'introduisait dans ma tête pour me voler mes faiblesses, poursuit-il avant de lever les yeux vers moi et d'affronter mon regard.
Je reste silencieuse, toute attentive, et pose mes coudes sur la table.
- Tous mes sentiments, tous mes rêves, tout ce qui me représentaient. Ma mère me les a pris. Elle a fait de moi ce que je suis maintenant.
La dernière phrase a été dur à prononcer, je le vois grâce à ses mains tremblantes qu'il cache rapidement sous la table. Sa mâchoire se crispe et la pièce se réchauffe. Maven est un brûleur, comme Cal. Lorsque l'un d'eux ressent une émotions trop forte et incontrôlable, une lourde chaleur émane de leur corps et réchauffe la pièce. Je suis entrain d'accéder à un facette de Maven qu'il ne sort que très rarement.
J'avale ma salive et respire un bon coup avant de demander :
- Le rôle que tu incarnes aujourd'hui a été choisi par ta mère. Et moi ? Quel rôle je joue ?
Il a l'air surpris que j'ai osé poser la question mais répond facilement avec un sourire au coin.
- Toi... toi, tu as un rôle important. Plus que les autres d'ailleurs.
Il attrape ses couverts et s'enfourne une tranche de bacon dans la bouche avant de poursuivre :
- Imagine une table d'échec. Et bien je dirai que ta place est celle du joueur. Tant que tu ne t'es pas rendu compte de ton importance, les gens ne se soucieront pas de toi. Mais un jour, tout basculera, et j'espère n'être plus là lorsque cela arrivera.
Ses paroles raisonnent en moi mais sans en comprendre le sens.
- Maven, je ne suis pas sur de comprendre.
- C'est le but ; Être dans l'ignorance le plus longtemps possible.
Je savais que ses paroles étaient dangereuses mais pas à ce point. Il me terrifie d'avantage que lorsqu'il m'envoie en salle de torture.
- Tu n'as donc aucun cœur pour faire de nous tes marionnettes ? demandé-je déjà certaine de sa réponse.
Il souri.
Un coeur n'a pas sa place dans ce Royaume. Il n'y a que destruction et peine, de quoi confirmer le vrai visage des Argents. Ils ne changeront jamais, ils sont nés pour propager la haine et non pas pour la libérer.
Mon regard reste figé sur celui de Maven, j'ai mis le doigt sur un sujet trop précieux. La conversion ne peut s'arrêter là, en si bon chemin. Maven a encore tant de choses à dévoiler. Je le vois dans ses pupilles qui frémissent, je le sens. Je peux même percevoir ses battements de cœur s'accélérer. Il n'est pas à l'aise et ne maitrise plus ses paroles.
Je demande alors :
- De quoi as-tu peur, Maven ?
Il semble surpris. De pars son appellation que je ne manque pas de tutoyer comme si nous étions proches, mais aussi de pars ma question. En effet, je suis une Rouge mais comme tout être humain je possède de grandes pensées. Il n'y a pas seulement les Argents qui savent lire entre les lèvres. Je n'ai pas besoin d'entendre ses maudites paroles pour comprendre ce qu'il ressent au fond de lui.
Depuis le début de notre conversation, une intuition me rode autour. Il a peur, mais non de moi. Pourtant je suis sa prisonnière et joue le « rôle important » de son histoire comme disait-il. Mais de quoi d'autres a t-il peur ? D'un royaume ennemi, d'une personne, ou bien que son plan n'aboutisse pas ? Maven est un personnage difficile à cerner mais c'est un être humain, il pense et reste cohérent. Il n'est pas fou, non, bien au contraire.
Sa réponse à ma question ne sort pas de sa bouche. Il écarquille simplement les yeux et me laisse m'y introduire pour toucher le bout de sa pensée. Au delà de ses iris je vois notre royaume, je vois du sang, rouge comme argent, tous les corps sans vie se mélangent au sol et les cendres volantes m'empêchent de les distinguer. La seule chose que j'arrive à visualiser est le trône vide, brisée et sombre.
- Non ! s'exclame Maven en se frottant les yeux.
Je sursaute et détourne le regard.
La raison m'est encore inconnue mais ses pensées me sont parvenus comme un livre que j'aurais ouvert. Il a suffi d'un intense regard et nous voilà plongé l'un dans l'autre afin de mieux se comprendre.
- Comment as-tu appris ça ? chuchote t-il en regardant son assiette.
Je hausse les épaules.
Ni lui, ni moi avons envie d'en connaître la raison. Même si nous l'as savons déjà, Cal lui-même l'avait deviné. Mais cela paraissait tellement impossible que beaucoup en on réfuté la vérité.
Il reprend doucement ses couverts et découpe une tranche de beurre qu'il étale sur son bacon grillé.
- Pourquoi t'es-tu livrée pour le sauver ? demande t-il subitement.
Le voilà qu'il pose les questions, maintenant, pour être sur de fuir ce qu'il vient de se passer.
Il refuse toujours d'assumer le prénom de son demi-frère. Il veut l'oublier au point de ne dénigrer.
- Car j'ai espoir.
- Il n'y a pas d'espoir ici, Kara.
- Je te prouverai le contraire en vous détruisant tous, reste donc bien attentif.
Il rit.
Sa manie de prendre avec humour tout ce qui l'attaque m'agace fortement.
- Ça il fallait y penser avant de te livrer à moi, ironise t-il.
- J'ai la fâcheuse habitude de penser aux autres avant moi même. Contrairement à toi, conclue-je.
Maintenant que la confession de Maven a pris fin, place au dialogue des acharnés. Nos deux profils enfantins nous obligent à vouloir le dernier mot quoi qu'il en coûte. C'est bien le point commun que je trouve entre Maven et Cal, le fait de toujours tout savoir mieux que tout le monde. Ou bien ce n'est qu'un trait Argent de toute pièce ; se croire supérieur aux autres.
Maven lève les yeux au ciel avant de reprendre ses papiers et de continuer ce qu'il avait commencer. Il les lis rapidement, les analyse et tente d'ignorer ma présence. Je me redresse et essaye de déchiffrer les écritures trop petites, mais impossible.
- Qu'est ce que s'est ? demande-je en croquant dans ma tartine.
- Rien qui ne te concerne, répond t-il sèchement.
Un vrai plaisir de discuter avec lui.
Il me jette un rapide coup d'œil pour voir où mon regard est posé et s'offusque de le voir sur ses feuilles que je tente tant bien que mal de déchiffrer.
- Ta curiosité est aussi une fâcheuse habitude que je n'apprécie guère
Des paroles de roi même s'il n'en a rien d'un.
Je continue de le dévisager, d'essayer de trouver une autre faille, une faiblesse pouvant l'anéantir. Mais il est si... vide. J'ai rencontré tant de personnes en difficulté, proche du gouffre et sans le moindre espoir. Mais je n'ai jamais vu une âme aussi morte que celle de Maven. Il s'oblige à exprimer des émotions qu'il ne ressent pas. Je ne vois en lui que le néant. Pourquoi est-il donc monter sur le trône si sa vie n'a même plus de sens pour lui ?
- Tu es un garçon difficile à desceller, Maven.
Il ricane avant de lever les yeux vers moi. Contente que ça fasse rire au moins quelqu'un.
- Autant que toi. Ça nous fait un point commun.
Je fronce les sourcils. Nous n'avons RIEN en commun, lui et moi. Pas la moindre petite ressemblance. Rien.
Soudain, Maven lève une main vers le plafond pour je ne sais quelle raison. C'est alors que trois soldats entrent dans la pièce et se rapprochent de moi. Ils viennent m'escorter jusqu'à ma chambre.
- Je n'ai pas finis de manger, tente-je en montrant du doigt mon assiette.
- Mais moi je t'ai assez vu pour cette journée, rétorque Maven en ne levant pas le regard de ses feuilles.
Je m'exécute et sors de la pièce, accompagnée des soldats.
Je suis les soldats sans me débattre. Cette matinée m'a déboussolée, j'ai besoin de m'isoler pour mieux y voir clair. J'ai compris des choses que j'avais guère en tête, de quoi m'en servir contre le Roi et contre tout ceux qui lui ressemblent.
Les soldats me balancent dans ma chambre comme un vulgaire sac et ferme la porte en ne m'adressant aucun regard. Toute fois je n'y prête pas attention. Je m'avance vers mon bureau et m'y assois en me regardant dans le miroir mural en face. Je vois mon visage, mes yeux, eux qui ont permis de déceler Maven comme un vulgaire lettre de voyage. Il est redevenu l'adolescent qu'on avait perdu de vu depuis tellement d'année, il s'est confié et s'est adouci comme je n'avais jamais pu le voir auparavant.
J'attrape rapidement des papiers et un stylo pour me mettre à écrire.
J'ai compris comment fonctionnait ce Royaume. Tout ne tient qu'à un file, alors qu'ils se cachen derrière leur robe de diamants, la mort s'apprête à frapper à leur porte.
Pour ma part, j'ai trouvé mon nouvel objectif certain.
Bientôt, et je ferai tout pour, je reprendrai la couronne de Maven.
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