15. Kara
Maven est très intelligent. Il n'arrêtera pas de me surprendre. Toutes ces découvertes ont monté en moi une folle férocité que je vais devoir dépenser quelque part, et ça ne sera pas sur mon peuple. En dévalant les escaliers de l'immense labyrinthe du Royaume de la Région des Lacs, je fais fasse à quelques soldats groupés qui fixent soigneusement l'horizon. Malheureusement pour eux le danger vient de là où il ne devrait pas venir, personne ne se doute qu'une menace se promène dans le labyrinthe privé des demoiselles royales. Leur insouciance ne me surprend pas, faire un petit détour dans le jardin royal n'était de loin dans mes objectifs. Tout à été chamboulé par la fontaine piégée. Je me demande d'ailleurs encore qui était cette dame qui m'a envoyé droit au supplice. Était-elle consciemment complice ? Je me revoie déposer ma main dans l'eau transparente pour y expérimenter la température, puis un tourbillon est apparu m'aspirant complètement jusqu'au fond de la fontaine. Le courant était trop fort et l'eau trop rapide, je n'ai pas eu le temps de réagir et utiliser mon pouvoir. Mais à mes derniers souffles un souvenir est apparu devant mes yeux, celui de mon entraînement avec Cal. Il ne voulait pas me laisser dormir, chaque jour fut un exercice plus complexe et profond que le précédent créé spécialement pour améliorer mon don. Et ce jour là il m'avait fait maîtriser l'eau, j'avais finalement pu jouer avec ce liquide comme l'aurait fait aisément un Nymphus. Si j'avais su que son entraînement me sauverait la vie je ne l'aurais pas cru. En replongeant dans ce souvenir, j'ai fermé les yeux tout en soufflant mon dernier et long souffle d'air qui comprimait mes poumons. Je n'ai eu qu'une chance pour réussir et je l'ai saisi. Tout en détendant mon corps, j'ai approché mes mains de mon visage et ai crée une sphère d'air autour de mon corps. L'eau s'est soudainement écarté de moi comme si je lui avais fait peur, j'ai pu réouvrir ma bouche et réapprovisionner mes poumons d'air. J'ai réussi à créer une barrière qui me séparait de l'eau sans jamais avoir eu connaissance de ce sort. J'ai alors marché le long des conduits dans l'espoir de trouver une sortie, je suis d'abord tombée sur les égouts du palais avant de trouver la fontaine de la princesse Iris. J'aurais préféré rencontrer ses beaux parents mais le destin en à voulu autrement, et les paroles d'Iris valent de l'or à mes yeux, elles me seront plus utile que de tuer bêtement la famille royale. Grâce à elle, je retourne à Norta une stratégie en tête.
D'un simple mouvement de bras j'embroche les soldats avec leur propre arme et poursuis me route. Un cri de surprise atteint mon oreille de droite et me fais pivoter tout en étant sur mes gardes. C'est une des employées Rouges. Je n'ai pas besoin de voir son sang pour en savoir la couleur, je n'ai qu'à observer sa tenue à carreau et son foulard de travail. S'il n'y a pas de pierres précieuses il n'y a pas d'Argent. Elle tient fermement son balais de jardinage tout me toisant. Son regard de peur se transforme en haine et la voilà qu'elle lève son outil vers moi pour me défier. Je ne peux m'empêcher de sourire.
- Criminelle !
J'arque un sourcil sans prendre au sérieux sa remarque. Que se passe-t-il chez mon peuple ? Ils n'ont plus l'air de réfléchir dans le bon sens, ils agissent par la colère et prennent des risques inutiles. Leur vie est si dure, ils ne devraient pas se la compliqué d'avantage. Je n'ai croisé aucun Rouge allié jusqu'ici, malgré la longue route que j'ai parcouru. Quelque chose d'étrange se passerait sans que je ne sois au courant ? Ou bien le temps passé chez les Argents m'a fait perdre le file de ce que sont réellement les Rouges ? Finalement je me finis pas me demander si j'agissais pareille lorsque je vivais dans mon petit village.
Je la contourne dans le silence mais elle en décide autrement.
- Le roi nous a prévenue de ta visite ! Comment peux-tu être en vie ?
- En quoi ma présence te dérange ?
Elle ne lâche pas son balais mais paraît moins menaçante.
- Tu es un monstre... Il nous a dit que tu voulais anéantir le monde et tuer tous les sangs confondus.
Un rire nerveux me sort instinctivement de la bouche. Les Argents sont très intelligents et pas seulement Maven malheureusement, j'ai tendance à trop l'oublier. Ils savent qu'ils ne peuvent pas me battre avec mes pouvoirs mais veulent me faire tomber sans même devoir prendre les armes. Si j'ai bien compris une chose de ce voyage c'est la fourberie terrifiante de ce monde. Je ne la pensais pas autant menaçante mais en plongeant tête baissée dans ce gouffre argenté on comprend vite que tout peut être un piège. On ne peut donc faire confiance à personne, maintenant je le sais. Maven m'a fait croire qu'il était en guerre contre la Région des Lacs, j'aurais dû voir son mensonge bien avant. Il s'en est finalement fait un allié de force contre moi, contre nous, les Rouges. En repensant à mon voyage je me maudit de ne pas avoir compris le plan de Maven plutôt. Comment deux royaumes ennemis peuvent laisser leur unique liaison sans protection ? La mer que j'ai traversé n'avait aucun contrôle, les paysans de toutes terres allaient et venaient sans autorisation et tout en commerçant. Ni douane ni soldat pour nous contrôler, seulement une ridicule fouille. J'aurais du m'en douter en voyageant aussi aisément. Mon idée de tuer les Argents m'a trop occupé l'esprit et je suis tombée dans le piège de Maven comme une enfant.
La guerre est à notre porte à tous, je pensais pouvoir l'éviter en détruisant les trône mais ce n'est plus une solution. Il ne faut pas détruire les trônes mais les acquérir. Je prendrai la couronne de Maven pour le vaincre une bonne fois pour toute car le tuer ne changera rien. Un autre roi Argent prendra sa place et continuera son massacre. C'est une histoire interminable, la seule façon d'y mettre un terme est de changer le sang du trône. Du sang royal rouge pour une fois.
Le regard haineux de l'employée me fait comprendre que Maven n'est pas mon seul ennemi. La Région des Lacs a été très forte, elle a fait de moi une menace ultime. Rouge comme Argent, tous s'en prendront à moi si je mets les pieds sur le territoire. Les rumeurs coulent aussi vite que l'eau ici, et c'est presque ironique.
- Je ne suis pas un monstre.
Ça sera ma dernière phrase. La prochaine fois que je prendrai parole je serai face à Maven.
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