15. Förbjudet / Interdit

Mars 1649.

Émoustillée par son aventure, Kristina rentra à la Cour alors que le soleil se couchait à peine. Elle avait dérogé à ses devoirs après le midi, profitant de la sieste digestive des écuyers, du battement entre le changement d'équipe des gardes et du rangement de la salle à manger, qui accaparait bon nombre de domestiques, pour s'éclipser à cheval.

De loin, elle salua Descartes, qui se baladait dans les charmants jardins autour du château. Il était courageux. Au vu des nuages sombres qui s'amoncelaient au-dessus d'eux, elle n'avait qu'une hâte : se réfugier dans ses appartements. Ainsi, elle n'alla ni lui parler ni même lui conseiller de rentrer. De toute manière, elle l'avait compris, son précepteur était lui aussi une forte tête. Elle ne le voyait guère en dehors de leurs entretiens matinaux et de certains repas. Mais le renvoyer dans son pays aurait été encore plus mal vu que de l'avoir invité dans le sien. Bien qu'il lui servait moins, maintenant qu'elle avait une autre corde à son arc ! Sa manœuvre contre le Ryttare, orchestrée avec un mercenaire norvégien, avait été un succès. Elle n'avait pas souhaité manquer l'occasion de le retrouver avant ses gardes. La chance lui avait souri en mettant l'étalon sur sa route. Jamais elle n'aurait pensé croiser son ennemi si aisément. Elle se contentait sans mal de l'inédite tournure des évènements et passa le porche fièrement.

Trahie par les pavés, son arrivée alerta tous les domestiques. Après un élan d'agitation, ils s'immobilisèrent et chuchotèrent à son passage. Ils ne s'habituaient toujours pas aux écarts de conduite de leur future souveraine. Certains la trouvaient imprudente, d'autres carrément la comparaient à sa mère, jugeant sans doute que sa folie était héréditaire.

Monaldeshi survint, rouge d'essoufflement, et proposa sa main pour aider Kristina à descendre.

— Merci, mais cela ne sera pas nécessaire.

Elle passa la jambe par-dessus la selle, tira sur ses jupons, et atterrit adroitement à la gauche de Silkë. Elle épousseta sa fine cape de saison, confia néanmoins ses rênes à son écuyer qui, rembruni, ramena la jument aux écuries. Il n'avait pas même entendu l'héritière partir, ce qui lui avait valu de lourdes remontrances des gardiens.

Kristina avait discrètement préparé son cheval, sans l'assistance de quiconque, et s'était enfuie. Le squelettique écuyer la haïssait, à juste titre : elle ne manquait pas une occasion de le rabaisser ou de le faire se sentir inutile. Il restait pour l'unique raison, alléchante, d'une bourse remplie d'öres en chaque fin de mois.

Mais la loyauté d'un larbin aussi insignifiant que lui n'importait guère à Kristina. Elle ne le remarquait que pour noter sa mollesse.

Aussitôt dans le hall, délestée par ses dames de ses vêtements d'extérieur, elle dut faire face à sa luciférienne tante.

— Christine ! vociféra celle-ci.

— Catherine, lui répondit calmement Kristina.

— Où étiez-vous ?! De telles disparitions sont intolérables pour une future souveraine ! Vous ne méritez pas ce trône...

— En attendant, vous espérez bien que j'y monte, me tromperais-je ? S'il n'épouse pas une reine, votre fils ne sera jamais roi.

Apercevant sa dame de compagnie revenir de la buanderie, les bras bondés de draps, Kristina s'écarta, accentuant avec exagération sa politesse :

— Veuillez m'excuser !

Elle héla Alva et la frêle brune esquissa une révérence.

— Votre Altesse. Que puis-je pour vous ?

— Reste-t-il des tomates en cuisine ?

— Sans nul doute, Votre Altesse. Mais elles ont manqué de soleil et ne seront pas à la hauteur du premier arrivage.

— Qu'importe. Somme-leur de m'en monter un plateau et rejoins-moi. Un bain me ferait le plus grand bien.

Elle remontait les escaliers la menant à ses appartements, lorsqu'un bruit sourd, provenant du deuxième étage, attira son attention. Elle inspecta les couloirs, surprise de les découvrir déserts. Elle s'approcha alors d'une double porte, qui n'était autre que celle donnant sur la chambre de Charles, fraîchement revenu d'Helsinki, où il avait séjourné avec certains soldats après le siège de Prague. Elle colla son oreille contre le bois.

Les épars sons qui lui parvinrent la firent glousser. Elle sursauta quand Alva apparut sur le palier, mais barra ses lèvres de son doigt.

— Que faites-vous là ? chuchota Alva en déposant le linge propre.

La princesse l'intima de venir. L'innocente camériste fronça les sourcils et s'enquit :

— Qu'est-ce ?

Kristina rit, espiègle, et elles reculèrent au grincement des gonds, qui annonça l'ouverture des battants. Ce fut effectivement Charles qui en sortit, la chemise déboutonnée et les cheveux en bataille. Il écarquilla les yeux à la vue de sa cousine.

— Christine, ma chère, réussit-il à articuler. Je suis ravi d'enfin vous croiser.

— Bonjour, Charles.

Le voir lui rappelait les projets de mariage, qui devaient être la continuité de son couronnement, lui-même ayant attendu la fin de la guerre de Trente Ans pour être d'actualité. La paix avait ses inconvénients... Se lier à vie à cet homme pour lequel elle ne ressentait rien, si ce n'était une tolérance platonique, ne l'enchantait guère. Et avec les révoltes du peuple, elle n'avait pas encore eu l'occasion de réfléchir à un moyen de s'y soustraire. Depuis le retour de Charles la veille, elle avait particulièrement pris soin de l'éviter. Cependant, elle n'avait plus de camp militaire à parcourir, plus de soldats à féliciter, pour justifier de nouvelles absences loin de Gripsholm. À moins de le renvoyer au front, elle allait devoir s'accoutumer de sa présence dans les mois à venir.

Elle se prit à penser aux Danois, contre lesquels elle pouvait éventuellement lancer une attaque. Les plans qui germaient dans son cerveau se dissipèrent lorsqu'elle vit, par-dessus les grasses épaules de son cousin, la silhouette d'une mignonne femme de chambre rousse.

Charles se décomposa quand celle-ci se glissa hors de la pièce, enroulée dans une taie d'oreiller, et courut à moitié nue vers l'aile des domestiques.

Ses joues se teintèrent de honte et les mots lui manquèrent avant une tirade bafouillée :

— Christine, je suis profondément désolé ! Loin de moi la volonté de vous mettre dans l'embarras. Je croyais que puisque nous nous étions entendus sur le fait que vous aviez besoin de temps, je... Cette femme ne...

Kristine le coupa immédiatement :

— Ce ne sont pas trois minuscules minutes à vous écouter gémir qui vont causer mon trouble, Charles !

Il se tétanisa, frappé d'humiliation. Alva en profita pour lancer nonchalamment, tout en récupérant son tas sur le sol :

— Eh beh... Il est beau votre promis...

— Christine ! voulut se rattraper son cousin.

— Nous ne sommes pas mariés, vous ne me devez ni explications ni excuses. Nous nous verrons au dîner. D'ici là, revêtez une tenue convenable ou vous ne ferez guère bonne impression à mon invité.

Elle reprit le chemin vers l'escalier et soumit à Alva :

— Si je devais mendier son pardon pour tous les hommes qui ont partagé mon lit, j'y serais depuis l'aube !

Alva pouffa à la confidence de ces penchants lascifs.

— Cela me manquerait presque, soupira Kristina en se remémorant ses amants. Aussitôt mariée, je ne pourrai plus me permettre ces écarts. Tandis que lui pourra, je risquerai la peine de mort pour l'adultère. Ces satanées exigences quant aux femmes !

Elle avait longtemps été dévote et abstinente, préservant sa vertu pour le Seigneur, avant de sombrer, aux prémices de l'âge adulte, dans les divins élans charnels. Cependant, depuis Magnus, elle n'avait pas failli à ses résolutions et s'était entièrement consacrée à son rôle. Elle énuméra du bout des lèvres ses accomplissements et se convint qu'elle méritait bien une nouvelle aventure amoureuse.

Le reflet de son corps nu, dans le miroir alors qu'Alva la déshabillait, exacerba ses envies. Elle n'attendit pas que le bain soit rempli pour s'y réfugier, cachant ainsi l'humidité qui perlait entre ses cuisses.

— Et mes tomates ?

— Elles vous seront montées dans un instant, assura sa favorite.

Les dames continuèrent à renverser les seaux aux pieds de la princesse, qui se délectait de l'accorte sensation de l'eau chaude caressant ses jambes et ses parties intimes. Alva y rajouta des plantes et la pièce s'embauma de délicieuses senteurs. Kristina, voyant les doigts de sa compagne courir sur les ondes générées par le plongeon du savon, s'enquit :

— Veux-tu m'y rejoindre ?

Alva déglutit ; les domestiques s'étaient stoppées net en entendant cette proposition inconvenante.

Kristina s'en rendit compte et congédia les indésirables. Un valet put tout juste s'infiltrer et, hué, confia un plateau à Alva, qui s'était précipitée pour l'intercepter avant qu'il n'aperçoive sa souveraine dans son plus simple appareil. Il fut mis à la porte immédiatement et les jeunes femmes partirent en fou rire.

Alva apporta les tomates à Kristina, qui en saisit une et la croqua. Tout droit venu d'Espagne, ce fruit exotique lui ravissait le palais, même vert. La bouche pleine, dégoulinante de jus, elle en tendit un à son amie.

— En veux-tu ?

Alva déclina l'offre avec une grimace et s'accouda à la baignoire. Ses tresses tombèrent dans l'eau. Kristina l'éclaboussa. Telles des enfants, elles se battirent, manquant de faire valser les

mets apportés à la princesse. Alva finit par trébucher et atterrit, entièrement habillée, par-dessus Kristina. Deux larges vagues jaillirent hors des parois de bronze et s'écrasèrent sur le parquet. Les complices du méfait rirent de plus belle et leur amusement résonna dans le corridor.

— Maintenant que j'y suis, j'y reste ! déclara Alva, barbotant dans les bulles comme un marmot.

Puis, elle se reconcentra :

— Alors, qu'ont donné vos stratagèmes ? Le condottiere a-t-il réussi à vous indiquer la position du malfrat ?

Tout en se savonnant, Kristina mit sa confidente au parfum.

— Je l'ai moi-même retrouvé : mon mercenaire l'a blessé et il a été désarçonné. J'ai récupéré son cheval avant lui, en bien mauvaise posture.

— Il devait être vert de rage !

— Plutôt blanc de douleur... Je ne suis pas mécontente de l'avoir fait plier, admit Kristina. Tout cela est assez... grisant ! Moi qui redoutais de m'ennuyer à Gripsholm, je devrais presque le remercier !

Puis elle lorgna les jupons gorgés d'eau d'Alva et la convainquit de les ôter. Tandis qu'elle délassait le haut de sa dame de compagnie, celle-ci relança :

— Racontez-moi comment cela s'est passé.

— J'en tremblais. Je le croyais prêt à me trancher la gorge ! Alva, si tu avais vu son regard !

Elle marqua une pause, frémit en revoyant les yeux noisette du Ryttare, cernés de cuir. Mais elle avait tenu bon et cette entrevue secrète dans les bois avait un délicieux goût d'interdit.

— S'il n'avait pas été si faible, j'aurais certainement fui, confessa-t-elle. Cet homme doit avoir l'âge de Magnus, mais est plus aigri que cette vieille Catherine ! Il semble prêt à terrasser Satan en personne s'il se mettait en travers de sa route, et il a quelque chose de diablement... irritant. Autant avait-il pu me paraître presque aimable à notre première rencontre, autant était-il agressif et arrogant aujourd'hui. Je ne parviens pas à comprendre comment les personnes peuvent se haïr de la sorte simplement pour des pratiques religieuses.

— Vous êtes bien la seule croyante que je connaisse à faire preuve d'une si grande tolérance...

— Et l'on me blâme pour cela... N'est-ce point l'un des commandements, pourtant ?

— Votre Altesse, vous avez une conscience trop évoluée pour les gens de cette époque.

— Pour ne rien arranger, je suis une femme de surcroît.

— Avez-vous signé une trêve, alors ?

— Rien d'écrit, évidemment. Nous avons convenu de nous voir une fois par semaine, là où nous nous sommes dit au revoir.

— Vous voir ? s'étrangla Alva.

— Il a négocié que je m'occupe de son cheval, avec lequel il rencontre quelques difficultés.

— Mais...

Kristina sourit : la situation était pour le moins cocasse, mais si c'était le prix à payer pour qu'il se tienne à carreau... Elle avait vu dans cette ultime demande le besoin de cet homme à avoir le dernier mot, à tirer le meilleur d'un pacte, comme si la survie ne lui suffisait pas. Un avare, qui devait être bien irrité d'être soumis à une femme, et se sentait obligé de conserver une part de contrôle.

— Cela me convient, je le surveillerai de près en bénéficiant d'une sortie hebdomadaire.

Elle retira la chemise des épaules d'Alva, découvrit une peau plus écaillée et sèche que la sienne. Délicatement, elle repoussa ses tresses et passa l'une des serviettes destinées au bain sur son dos. Étrangement à son aise, Alva se laissa pomponner. Inverser les rôles amusait énormément la princesse ; ses gestes manquaient d'assurance, mais pas de cœur.

— Allez-vous renvoyer le condottiere ?

— Non, je lui ai demandé de rester à Mariefred, un temps.

— Je croyais que vous aviez signé une trêve !

— Oui, mais je ne fais pas confiance à ce sournois cavalier pour autant. Je voulais surtout garder un œil sur lui... S'il fait défaut à notre accord, j'ose espérer que nous aurons tissé assez de liens pour savoir où le chercher et lui envoyer non pas un, mais vingt de mes hommes. Puis, je le livrerai à mon bourreau, qui lui coupera la tête pour haute trahison.

Kristina ne perdait pas le Nord. Elle ne connaissait pas l'homme derrière le masque et n'avait aucune raison de lui donner crédit, surtout au vu des preuves de son acharnement pour décimer ses gardes et compromettre les missions royales.

Un courant d'air fit sortir les jeunes femmes de l'eau, elle-même devenue fraîche. Elles se séchèrent côte à côte. Le calme et le regain d'indépendance étaient appréciables pour elles deux.

— Dieu que j'aimerais être constamment libre comme j'ai pu l'être cet après-midi, confia Kristina.

— Le Couronnement vous le permettra.

— Naïve, Alva, tu es toujours si naïve... Le Couronnement sera la fin de ne-serait-ce que l'illusion d'être libre.

— Pourquoi vous faire couronner, en ce cas ?

La princesse riota.

— Alva, Alva, Alva... Je suis née pour cela. Du moins, j'ai été conçue pour la pérennisation de la lignée de mes ancêtres. Que je le veuille ou non, diriger ce royaume est le destin qui m'a été imposé à la mort de mon digne père. S'il n'avait péri à Lützen, ma mère et lui auraient procréé jusqu'à ce qu'ils aient un fils, un réel héritier... Ce n'est point arrivé et l'honneur de ma dynastie repose sur moi. Pour l'amour de mon père, je me dois de continuer à le faire vivre, à faire vivre son nom.

— Mais vous ne voulez ni du mariage ni des enfants !

— Lui ne voulait pas de fille. Chacun sa croix.

L'ambiance n'eut pas le temps de se dégrader davantage ; déjà un laquais annonçait le repas à travers les portes.

— La princesse descend, informa Alva.

Elles se changèrent et rejoignirent la salle à manger une poignée d'instants plus tard. Leurs cheveux mouillés les trahissaient ; déjà, parmi les domestiques, les rumeurs se répandaient.

Les invités à la table ce soir-là, en comité restreint, attendaient respectueusement debout derrière leurs chaises. Kristina, affamée, bâcla les convenances et leur permit de s'asseoir. Catherine, agacée par ce manque de bienséance, prit à partie le philosophe, dont les échanges houleux avec la princesse ne lui étaient pas inconnus :

— Dites-moi, Monsieur Descartes, que pensez-vous de ma nièce ?

L'interprète reformula. Descartes hésita. Il examina Kristina et les rides formèrent le dilemme sur son visage : affirmer honnêtement ce qu'il pensait et faillir au respect, ou faire bonne figure et amorcer son retour en France ? Il contourna habilement le problème, en citant les dires de l'émissaire qui les avait mis en contact :

— Monsieur Chanut m'écrivait que la princesse Christine parlait français comme si elle était née au Louvre, et il ne mentait pas.

Catherine, bien trop heureuse de compter quelqu'un parmi la Cour qui nommait sa nièce comme elle, s'osa même à un compliment :

— Elle excelle dans bien des langues. En tant qu'élève, est-elle aussi peu docile que durant son enfance ?

À l'instar de chaque réplique, il y eut un temps de latence pour la traduction, propice, toutefois, à la réflexion. L'un comme l'autre marchait sur des œufs, la méfiance en maître mot.

— Indocile, je ne le dirais pas. Monsieur Chanut m'avait néanmoins prévenu que, malgré un esprit prompt et généreux, elle restait défiante ou du moins difficile à persuader.

Les cloches furent retirées, entourant les convives de fumée.

— Je l'admets, dit Kristina ; je tiens de mon père un certain entêtement qui m'ancre dans mes convictions. Je suis méfiante et soupçonneuse. Ce qui domine en moi est le désir de primer. N'en déplaise à ceux qui m'ont formée, je ne supporte pas la supériorité, j'aime railler, lancer des piques, je suis furieuse qu'on me réplique et je me mets facilement en colère.

— Il me disait également que vous pénétriez les choses à fond, avec lumière et sans précipitation, poursuivit le philosophe.

Kristina s'exclama alors, les yeux plantés dans ceux de son chancelier :

— Vous voyez, je ne suis pas si différente d'un homme.

Un silence gêné s'installa. Postée en fond de pièce, car mangeant exceptionnellement en décalé de la princesse, Alva baissait la tête pour dissimuler son amusement. Pour ne rien arranger, l'héritière, entre deux bouchées, surenchérit, en suédois cette fois, un sourire en coin pour son cousin :

— Quoique... l'homme est du genre à se précipiter.

Descartes fronça les sourcils, mais l'interprète eut pour consigne de se taire.

En repensant à l'incident de l'étage, Kristina déplora le manque de prétendants autour d'elle. Des amants, elle en avait eu plusieurs, tous fades hormis Magnus, qui avait eu le mérite de lui voler quelques soupirs d'extase. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle l'avait gardé et la Cour avait plus ou moins accepté cela. Sa présence était devenue un poids avec le temps et leurs ébats avaient perdu de leur intérêt, mais elle devait reconnaître qu'il avait longtemps été un bouclier. Depuis qu'elle avait orchestré son mariage avec Marie-Euphrosyne et que les conjoints avaient quitté le château, il ne pouvait plus agir pour saboter le sien. S'il ne lui était pas possible de repousser infiniment son union avec Charles, faute de meilleur parti et de délais, il lui parut soudain primordial pour l'héritière de profiter de ses derniers instants de femme, avant de crouler sous les devoirs d'une épouse.

En savourant le lièvre servi en sauce, elle se remit à cogiter. Alva la vit se mordre la lèvre et reconnut sa mine perplexe. Elle quitta la salle, appelée dans la cuisine, en sachant pertinemment que ses lendemains lui réservaient encore de nombreuses surprises.

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