Chapitre 1
Attention, ce one-shot parle de sujets sensibles comme le suicide
Gabriel, assis sur sa chaise, regardait la lune à travers sa baie vitrée. Il avait posé ses pieds sur son bureau et tenait un petit carnet de dessin entre ses mains, en quête d'inspiration pour sa prochaine peinture. Le ciel nocturne était la cible parfaite, un mélange de couleurs magnifique, des formes simples et concrètes, et puis, il était si beau à voir... Le jeune homme jeta un rapide coup d'œil aux différentes toiles qui ornaient son mur, il allait devoir en retirer une pour afficher la nouvelle, si seulement ces murs pouvaient être plus grands ! Chacune de ces peintures représentaient quelque chose d'important pour lui, en particulier celle au dessus de son lit. C'était une longue toile qui prenait l'intégralité du mur pour elle toute seule, on aurait dit une explosion de couleurs. Comme si on y avait jeté des seaux de peintures sans se soucier du résultat. La plupart des gens lorsqu'ils la voyaient ne comprenaient pas pourquoi elle était si importante, dénuée d'originalité, de finesse et de beauté, elle n'intéressait personne. Peu à peu, la lune se retira pour laisser place à l'aube, Gabriel rouvrit soudainement les yeux, il s'était une nouvelle fois endormi en cherchant l'inspiration. Le jeune homme se leva de sa chaise et s'étira, il enfila une tenue qu'il piocha au hasard dans son placard et entrouvrit sa porte. Son oncle, Louis, buvait tranquillement son café dans le canapé en regardant la télévision. Gabriel le salua et lui demanda si il avait passé une bonne nuit, celui-ci lui répondit :
« Moi oui, mais toi il est certain que non ! Tu as encore fait une nuit blanche pour pouvoir voir la pleine lune sous son meilleur angle !
- Je ne pouvais pas la louper quand même ! C'était l'inspiration parfaite !
- En effet, je suis d'accord avec toi, cependant, ton sommeil est plus important, je te rappelle que tu as cours aujourd'hui. Tu n'as pas intérêt à t'endormir pendant la journée ! »
Gabriel soupira pour manifester son mécontentement, il s'assit sur un tabouret et se servit lui aussi un café. Depuis hier soir le jeune homme ne cessait de se remémorer tout ce qu'il s'était passé depuis son enfance. Peut-être que regarder tout ses anciens tableaux lui a donné envie de repenser à sa jeunesse. Enfin pas toute son enfance, il y avait quelques années de sa vie dont il ne préférait pas se souvenir.
Gabriel se souvenait d'une nuit où, alors qu'il n'était qu'un enfant, il s'était réfugié sous la table de la cuisine. Sa mère, le visage crispé par la colère, avait renversé son assiette sur le sol, la nourriture éparpillée tout autour. "Tu n'es qu'un fardeau !" avait-elle crié avant de le traîner hors de sa cachette par le bras. La douleur cuisante de la gifle qui suivit était encore gravée dans sa mémoire, tout comme le silence glacé de son père, assis dans l'ombre, ignorant la scène.
Ses parents lui avaient aussi interdit de parler à qui que ce soit à l'école, disant à l'institutrice qu'il était trop timide et qu'il ne voulait pas d'amis. Et puis, un jour, à la sortie de l'école, ce n'était pas son père qui était venu le chercher mais Louis. Il lui avait crié de se dépêcher de venir et qu'il allait le sortir de là. Il avait alors hébergé le petit garçon, avait fait un signalement et avait aussi fournit toutes les preuves nécessaires. Un an plus tard il avait obtenu la garde du petit garçon, ses parents n'avaient pas été mis en prison et avaient seulement écopé d'une amende. Louis s'énervait souvent à ce sujet, disant que la justice avec été trop indulgente avec ces ordures. Depuis, il vivait avec son oncle qui le considérait comme son propre enfant.
Gabriel sortit une nouvelle fois de ses pensées et se rendit compte qu'il allait bientôt être en retard. Il se dépêcha de boire son café, manquant de se brûler la lèvre. Il prit son sac, dit au revoir à son oncle et claqua la porte de leur appartement avant de partir en courant. Le lycée étant très proche de chez lui, il ne mit pas longtemps à arriver, il passa le portillon sous le regard sévère de la surveillante qui venait le fermer. Il courut rejoindre son ami Arthur, et tout deux se rendirent en classe d'art. Leur professeur leur parla beaucoup de la suite de leurs études, qu'il fallait qu'ils trouvent rapidement une école qui leur convienne car la fin de la terminale approchait à grands pas. Gabriel ne prit même pas la peine d'écouter le long discours ennuyeux de celui-ci, il avait déjà tracé la suite de son parcours ! Un mois auparavant, il avait envoyé une lettre à l'école où il rêvait d'aller, il priait pour ne pas être refusé car c'était la seule dans sa région. Les écoles d'art étaient plutôt rares. A la fin de la journée, le jeune homme rentra chez lui et ouvrit sa boîte aux lettres pour vérifier si il n'avait pas eu de réponse, à sa grande surprise, une enveloppe reposait dans le fond. Il la récupéra et l'ouvrit, lorsqu'il lut le contenu, il lâcha son sac, regarda six fois si il ne s'était pas trompé et finit par s'asseoir sur le sol. ADMIS, voici le mot qui l'avait tant surpris, il était admis, c'était à peine croyable. Il se précipita dans leur appartement et ouvrit la porte en criant :
« JE SUIS ADMIS ! »
Son oncle, qui était en congé aujourd'hui lui demanda :
« Admis ? C'est bien mon grand mais où exactement ? »
Tout d'un coup, Gabriel se souvint qu'il n'avait jamais dit à son oncle qu'il avait envoyé une lettre pour lui faire la surprise. Il se calma, s'assit à côté de Louis et lui expliqua. Celui-ci le félicita mais lui dit qu'il allait d'abord se renseigner sur cette école avant d'accepter qu'il y aille. Le jeune homme soupira, il devait encore attendre une nuit... Il retourna dans sa chambre et sortit de son placard une toile, c'était l'occasion parfait pour peindre ! Gabriel était persuadé que son oncle allait accepter. De plus il rêvait de voir son neveu rentrer dans une école d'art, alors il n'y avait pas de raison qu'il refuse ! Le jeune homme se coucha de bonne heure, excité à l'idée d'avoir la réponse de Louis. Ses paupières se fermèrent rapidement, le lendemain il sauta de son lit, s'habilla en vitesse et se dépêcha d'aller rejoindre son oncle, il le regarda droit dans les yeux et lui demanda impatient :
« Alors ? Est ce que je pourrai aller étudier dans cette école ? »
Il attendit la réponse de Louis, étonnamment son oncle ne prit même pas la peine de le regarder, il continua à lui tourner le dos. Soudainement, il lâcha froidement :
« Non désolé je ne veux pas que tu ailles dans cette école, il faut que tu changes de métier, artiste ça ne paie pas bien du tout. Pas la peine de discuter j'ai déjà envoyé un mail à ton école pour leur dire que tu n'irais pas.
- Quoi ?! Cria Gabriel en posant vivement sa tasse de café sur la table, mais toi aussi tu rêvais que j'intègre une école d'art ! Pourquoi tu refuses maintenant ?!
- Artiste n'est pas un bon métier, renonce et puis c'est tout. »
Le jeune homme tapa du poing sur la table. Pourquoi son oncle qui le soutenait depuis le début l'abandonnait maintenant ? Énervé et frustré il s'écria :
« J'ai compris pourquoi tu refuses que j'aille dans cette école, toi tu as raté toute ta carrière et maintenant plus personne ne s'intéresse à toi alors tu veux aussi pourrir la mienne, espèce de sale égoïste !!! Je te pensais pas aussi vicieux ! Tu m'as donné des espoirs pour me les retirer juste après, je te déteste ! »
Gabriel attrapa son téléphone, son écharpe et son manteau et sortit précipitamment de l'appartement, hors de question qu'il reste là un moment de plus ! Il se rendit sur la plage et regarda les vagues s'écraser contre les digues pour se calmer. Il décida qu'il ne rentrerait que vers minuit pour ne pas à croiser son oncle. Il était la dernière personne qu'il voulait voir. Il se déchaussa et entama une longue balade sur la plage. Il alla ensuite dans un café où il mangea puis rentra chez lui. Dans l'obscurité de leur salon, il aperçut son oncle assit sur le canapé qui lisait une lettre, son expression était inquiète et paniquée. Le jeune homme se dépêcha d'aller dans sa chambre, il regarda le tableau auquel il tenait tant. Dans un élan de fureur et de haine, Gabriel le décrocha du mur et le jeta violemment sur le sol. Il se coucha, toujours autant énervé contre Louis. Le lendemain matin, lorsqu'il se réveilla, son téléphone était en train de sonner. Il s'étonna lorsqu'il vit que c'était la police qui l'appelait. Il décrocha :
" Oui bonjour ? C'est bien Gabriel Mortera à l'appareil ? J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer, un corps a été retrouvé ce matin dans la rivière. Il semblerait que la victime se soit jetée du pont, il s'agissait de Louis Mortera."
Suicide ? Louis ? Les mots qu'il venait d'entendre résonnaient dans son esprit, non, il devait y avoir erreur sur la personne, son oncle était là hier soir, il l'avait vu. Le jeune homme raccrocha rapidement au nez du policier. Gabriel sentit son cœur se contracter violemment. Ses mains tremblaient alors qu'il attrapait la poignée de chaque porte, l'ouvrant avec une urgence désespérée. "Louis ! Louis !", sa voix se brisait sous le poids de la panique. Ses pieds glissaient sur le parquet alors qu'il se précipitait d'une pièce à l'autre, ses yeux écarquillés cherchant désespérément une silhouette familière. Une tasse se renversa sur la table, éclatant en morceaux alors que sa vision se brouillait, les larmes menaçant de couler. Il tomba sur les genoux, et relut une nouvelle fois le message, désespéré, il ne pouvait pas l'accepter, son oncle ne pouvait pas être mort ! Il regarda son téléphone et vit un message d'Arthur qui lui présentait ses condoléances.
Une larme dégringola sur sa joue, il n'y fit pas attention. Il refusait encore d'accepter cette dure réalité, son oncle était au travail, oui c'est ça, et il ne l'avait pas réveillé car ils étaient encore disputé. Il renvoya un message à son ami en lui disant qu'il devait s'être trompé sur la personne. Arthur voyant que son ami n'arrivait pas à accepter la vérité le rejoint, il habitait dans l'immeuble voisin, il ne mit pas longtemps à arriver. En ouvrant la porte, il chercha Gabriel dans le salon, dans sa chambre, dans la cuisine et finit par le retrouver en boule derrière la porte de leur atelier. Le jeune homme pleurait à chaudes larmes, Arthur le prit dans ses bras et le consola doucement, il lui proposa de venir temporairement dormir chez lui pour ne pas qu'il soit seul. Gabriel accepta sans dire un mot. Il suivit son ami, encore déboussolé, perdu, désespéré. Plus tard, la gendarmerie vint à sa rencontre, ils lui posèrent toutes sorte de questions à propos de son oncle. Gabriel ne sut répondre qu'a quelques unes. Il le laissèrent ensuite et partirent.
2 jours plus tard, chez Arthur
Gabriel se réveilla et regarda fixement le plafond, Louis s'était suicidé par sa faute, chaque minute, chaque heure, il était frappé par cette réalité. C'était lui qui avait poussé son oncle au suicide, c'était lui le fautif. Aujourd'hui, c'étaient les funérailles de Louis, le jeune homme décida d'aller voir une dernière fois leur appartement. Il tourna lentement la clé dans la serrure et poussa la porte du bout des doigts, par réflexe il faillit dire « Je suis rentré » mais se souvint vite que c'était désormais inutile. Son oncle n'était plus là pour l'accueillir, pour lui servir une tasse de café, où même pour lui montrer ses émissions de télé nulles.
Il entra dans l'atelier qu'il partageait auparavant avec Louis, il s'approcha de la peinture qu'il avait jeté sur le sol il y a quelques jours. Gabriel posa sa main dessus et souvint, lors de ses 8 ans, quelques semaines après que son oncle l'ait sauvé, celui-ci avait décidé de présenter son activité préférée à son neveu. Le jeune homme se rappela qu'il était encore très craintif à cette époque, et avait du mal à accorder sa confiance aux adultes. Ce jour là, Louis lui avait dit de mettre les habits qu'il aimait le moins et de le rejoindre à l'atelier. Il avait alors présenté une grande toile blanche au petit garçon et lui avait expliqué que ce serait leur toile à eux, qu'ils pouvaient faire ce qu'il voulait dessus. Ils avaient alors décidé de jeter plein de couleurs dessus sans faire attention au résultat. Ce jour là, il réussit à faire sourire Gabriel pour la première fois.
Soudainement le jeune homme se sentit tomber, il sentit son corps s'affaissait et ses paupières se fermer, il tomba dans les pommes la seconde d'après. Il ouvrit les yeux et se passa immédiatement la main derrière la tête, faites qu'il ne se soit pas tapé la tête trop fort ! Il était encore dans l'atelier visiblement, mais celui-ci semblait ; différent. Les murs étaient dénués de toutes leurs peintures, il n'y avait que celle qu'il avait touché mais elle était intacte et accrochée au mur. Gabriel commença à se poser des questions, la pièce était illuminée et les volets grands ouverts, pourtant il était persuadé de les avoir fermé. Il sortit de la pièce et lâcha un faible cri de surprise, ce n'était pas possible, que c'était-il passé pendant son sommeil ? L'appartement était exactement comme lorsqu'ils venaient d'emménager avec son oncle ! Tout d'un coup, une idée complètement folle frappa le jeune homme, il savait que c'était idiot de penser ça mais il valait mieux qu'il vérifie. Il se précipita dans la cuisine et regarda le calendrier : 5 décembre 2014.
Comment était-ce possible ?! Il n'était quand même pas revenu dans le temps ? Il se dépêcha de regarder tout les réveils et tout les calendriers, pourtant ils indiquaient tous la même date. Même sa chambre était identique à celle qu'il avait petit. Si il avait vraiment remonté le temps, il fallait qu'il en ait le cœur net. Si sa mémoire était bonne, aujourd'hui, Louis l'avait emmené au parc et lui avait fait manger sa première glace. Gabriel s'y rendit et commença à regarder les enfants, dans l'espoir de s'apercevoir. Tout à coup, un enfant lui rentra dedans et le fit tomber, le jeune homme se releva et fixa le coupable qui n'était autre que... Lui. Le petit garçon s'empressa de s'excuser :
« Pardonnez moi ! Je courrai et je ne vous avais pas vu, je suis vraiment désolé !
- Ce... Ce n'est pas grave », répondu le jeune homme encore un peu secoué
Gabriel jeta un coup d'œil devant lui et aperçut un homme accourir derrière le petit garçon. Il lui prit la main et commença à lui parler :
« J'espère que vous ne vous êtes pas fait trop mal, pardonnez le, je m'appelle Louis et vous ? »
En entendant ce nom, le jeune homme fut secoué d'un frisson qui lui parcouru tout le dos, sans qu'ils puissent les retenir, des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Il répondit dans un sanglot à son oncle :
« Je m'appelle Gabriel, excusez moi, je ne sais même pas pourquoi je pleure.
- Comme mon neveu ! Ce n'est pas grave, vous n'avez pas l'air très bien, vous allez attraper la mort si vous ne vous couvrez pas, c'est un peu indiscret mais, vous n'auriez pas fait une fugue par hasard ? J'ai entendu parler de ça à la radio hier soir. »
Gabriel réfléchit un instant, une fugue serait le parfait alibi pour expliquer sa présence ici, il décida donc d'utiliser ce mensonge :
« Oui... Mais je vous en supplie, n'en parlez à personne ! Mes parents étaient des monstres, il est hors de question que je retourne chez eux ! »
En entendant ça, le visage de Louis devint plus sérieux, il prit le petit garçon dans ses bras et proposa à Gabriel d'aller parler de tout ça autour d'une boisson. Le jeune homme lui expliqua tout son mensonge en se basant sur ce que lui avait fait vivre ses parents. Pour lui apporter des preuves il lui montra mêmes les nombreuses cicatrices qu'il avait encore sur les bras. Les sourcils de son oncle se froncèrent lorsqu'il vit les bras du jeune homme, dans la minute qui suivit, il lui proposa de l'héberger. Visiblement, son plan avait fonctionné à merveille, si il avait vraiment remonté le temps comme il le pensait, il pouvait changer le futur ! Et ainsi empêcher son oncle de se suicider.
Louis lui proposa de rester chez lui jusqu'à sa majorité, afin qu'il puisse ensuite continuer sa route seul sans que ses parents puissent à nouveau le contrôler. Gabriel accepta, si ce n'était qu'un rêve, il allait profiter de pouvoir voir son oncle en vie, souriant et heureux. Le jeune homme s'installa donc chez son oncle et commença à vivre avec Louis et lui-même enfant. Le temps s'écoula, les années passèrent, mais Gabriel ne revint pas dans le présent. Et puis un beau jour, 10 ans après qu'il ait remonté le temps, Louis vint lui parler. Le jeune homme était maintenant âgé de 27 ans et vivait toujours avec son oncle. Celui-ci s'approcha l'air sombre et lui expliqua :
« Tu ne vas pas pouvoir m'aider mais il fallait que je te le dise, Gabriel a été accepté dans l'école d'art où il rêve d'aller, et j'ai du lui dire de renoncer, nous nous sommes disputés, et il est très énervé...
- Pourquoi lui avez-vous refusé ? Demanda Gabriel en quête de réponse, depuis maintenant 10 ans il voulait savoir pourquoi son oncle avait été si dur et il allait enfin avoir la réponse à sa questions
- Et bien, sa mère enseigne là-bas, je ne veux pas qu'il la revoie, je sais que si je lui dit il voudra quand même y aller, mais je ne veux pas qu'il soit blessé. Ses parents sont de vrais monstres, il est hors de question qu'il les revoie. »
Louis avait les larmes aux yeux, Gabriel vit à quel point il était triste de s'être disputé avec son neveu. Quelques heures plus tard, le jeune homme assis sur le tabouret, se vit rentrer en furie dans l'appartement et s'enfermer dans sa chambre. C'était maintenant que tout allait se passer, il fallait qu'il empêche son oncle de partir. Tout à coup, il vit Louis se lever de son fauteuil et le rejoindre, il posa une lettre sur la table et dit à Gabriel :
« Je suis un incapable ! Je n'ai aucune idée de la manière dont ils ont réussi à faire ça !
- De quoi parles-tu ?
- Les parents de Gabriel ! Ils ont récupéré sa garde ! Je ne sais même pas comment c'est possible ! Le jour où la justice arrêtera de punir les innocents est bien loin ! Comment est ce que je vais faire ? Il est bientôt majeur mais va quand même devoir passer au moins 6 mois avec eux ! »
C'était donc ça la lettre que lisait son oncle, c'est pour cela qu'il avait l'air si inquiet ! Celui-ci se leva de son siège, prit les clés de sa voiture et ouvrit la porte. Paniqué Gabriel s'écria :
« Eh là ! Où est ce que vous allez ?!
- Pas de panique ! J'ai un ami qui est avocat je suis sûr qu'il pourra m'aider à récupérer la garde de Gabriel, je ne peux pas le laisser entre les mains de ces monstres ! Il s'appelle Jonathan, je t'avais déjà parlé de lui non ? »
Gabriel toujours méfiant essaya de se souvenir et à sa grande surprise, il lui en avait même déjà parlé, peut-être avait-il réussi à changer le futur ? Le téléphone de Louis était encore sur la table, allumé, lorsqu'il y jeta un coup d'œil il vit que son oncle avait réellement prévenu Jonathan de son arrivée par message. Il prit l'appareil entre ses mains, et si il avait vraiment changé le cours des choses ? Il sentait sa main trembler, son choix allait être décisif, et si il se trompait ? En proie à une panique soudaine, il tendit l'appareil à son oncle et le regarda sortir par la porte. Il avait sauvé son oncle ? Oui mais après ? Il resta debout dans l'obscurité, sous le stress, il avait rendu le téléphone de Louis. Mais et si son oncle lui avait menti? Il décida de le rejoindre à vélo, il sortit et commença à pédaler dans la direction de l'appartement de Jonathan. Mais lorsqu'il tourna la tête, il se rendit compte que la voiture de son oncle était encore là.
Un frisson suivit d'un tremblement lui parcourut le dos, il s'était trompé, il avait changé le futur, mais son oncle voulait toujours se suicider. Au pont à côté de son lycée, c'est là qu'il fallait qu'il aille ! Comment avait il put être si bête ! Et dire qu'il pensait avoir raisonné son oncle ! Gabriel pédala aussi vite qu'il put, éclairé par la seule lueur de la lune et des étoiles, son visage était maintenant recouvert de larmes. Après quelques minutes il vit enfin le pont au loin, et il vit aussi la silhouette de son oncle, debout sur la barrière. Il cria de toutes ses forces :
« LOUIS !!! Attends !! »
Son cri se perdit dans la nuit, et il vit une ombre chuter du pont. Il jeta son vélo sur le sol et se mit à courir en direction du pont, il ne sentait plus ses jambes, c'était sa peur de ne pas trouver son oncle sur le pont qui le portait. Mais le pont était vide, la seule chose qu'il restait de Louis, était ses clés, qui étaient tombées de sa poche lorsqu'il avait sauté. Gabriel tomba à genoux, il avait encore échoué, une nouvelle fois.
Comme la dernière fois, il sentit à nouveau son corps tomber, ses paupières s'alourdir, et ses yeux se fermer. Pendant un instant, il eut l'impression que son corps flottait le long d'un ruisseau, peu après il se réveilla, encore une fois dans l'atelier. Mais cette fois il reconnut immédiatement l'atelier, il sortit son téléphone de sa poche et regarda la date : 5 décembre 2024. Il était revenu dans le présent, et son oncle était toujours mort. Peut-être avait-il rêvé ? Mais un rêve long de 10 ans c'était impossible non ? Soudainement, un élément attira son regard, à ses pieds, se trouvait une pochette, avec comme titre : pour Gabriel. Cette pochette n'était pas là il y a quelques jours. Cela voulait dire qu'il avait vraiment changé le passé, mais pas assez pour empêcher son oncle de se suicider... Si il n'était pas retourné dans le passé, elle ne serait pas là aujourd'hui. Il toucha la pochette du bout des doigts, pour vérifier que ce n'était pas son esprit qui lui jouait des tours. Mais il vit qu'elle était bien réelle. Il se dépêcha de la prendre entre ses mains, alors comme ça ce n'était pas un rêve ? Il entrouvrit la pochette, prit la lettre qui s'y trouvait et la lut à haute voix :
« Cher Gabriel, c'est un peu délicat à expliquer mais je sais que tu n'étais pas juste un fugueur, enfin je crois. J'ai plusieurs hypothèses, soit il te ressemblait vraiment, soit c'était toi. Prend moi pour un fou lorsque tu liras cette lettre mais bon ce n'est pas un problème. Lorsqu'on s'est rencontré au parc j'ai immédiatement eut un choc lorsque je t'ai vu, il te ressemblait tellement ! Si mes suppositions sont bonnes c'est toi (tu portais mon pull, et à vrai dire, ta tache de naissance sur l'œil est assez reconnaissable. Mais je ne suis pas tout à fait sûr de ce que j'avance.)
Mais je ne te l'ai pas dit, si je l'avais fait et que je me trompais je serai passé pour un fou. Tu sais que j'aime bien rêver, et bien j'ai imaginé de nombreux scénarios de la manière dont tu as pu remonter le temps. Je me suis dit, c'est peut-être en touchant notre peinture ! Celle à laquelle on tient tant, il y a un peu de notre âme dedans, alors sûrement que tu as eu un surplus d'émotion qui à crée un portail temporel, quand j'étais jeune j'aimais tant les retours dans le passé ! Si ça se trouve en lisant cette lettre, tu ne vas rien comprendre. Je suis un futur savant fou vu mes hypothèses, mais j'y crois et je sais que toi aussi ( peut-être ? ).
Bon maintenant que j'ai assez parlé de mes suppositions complétement folles, je suis vraiment désolé que nos adieux se soient fait en dispute. Mais tu dois savoir que je t'aime plus que tout, et je sais que tu deviendras un artiste formidable ! J'ai écris cette lettre après notre dispute, quand tu es sorti en furie de l'appartement. J'espère que tu ne m'en veux pas trop. Je suis désolé de te laisser seul mais je sais que tu t'en sortiras. Quoi qu'il arrive souviens toi que ce n'est pas de ta faute si je ne suis plus là. C'est un choix personnel, on va dire qu'il s'est passé beaucoup de choses dont tu n'es pas au courant... Si tu veux en savoir plus, tu devrais demander à mes parents, je ne voulais pas te mêler à ça. Encore une fois je t'aime fort ! »
Signé Louis, le meilleur des oncles
Gabriel sentit une larme sur sa joue, alors comme ça son oncle avait compris. Il n'était pas sur mais avait émis plein d'hypothèses. Un faible sourire se dessina sur ses lèvres, si il s'était suicidé ce n'était pas de sa faute... Et il l'aimait toujours. Encore triste de la perte de son oncle, il laissa ses larmes couler. Il prit la peinture qu'il aimait tant et la ramena chez Arthur, visiblement il ne s'était écoulé qu'une heure depuis qu'il avait remonté le temps ... Comme lui avait conseillé Louis, il demanda à ses parents la cause de la mort de son oncle. Il apprit que celui-ci était en dépression, il s'en voulut de n'avoir rien remarqué. Louis était pourtant une personne si souriante, gentille. Il n'aurait jamais imaginé qu'il se sentait aussi mal. Le lendemain il enfila son plus beau costume et rejoint son ami sur le pas de la porte. Ils montèrent dans la voiture et démarrèrent. Arthur demanda :
« Tu m'as l'air plus serein Gabriel, il s'est passé quelque chose quand tu es retourné chez toi ? »
Le jeune homme lui raconta qu'il avait trouvé une lettre qui lui était destiné, il lui expliqua ce que lui avait dit son oncle en évitant de parler du retour dans le passé. Arthur lui sourit, content de voir qu'il allait mieux. Quelques heures plus tard, Gabriel se trouvait enfin devant la tombe de son oncle, discrètement une larme coula de nouveau sur sa joue. Il s'avança et murmura :
"Maintenant nous sommes tout les deux en paix... Repose en paix Louis... "
Et il jeta sa fleur sur la sépulture de son oncle.
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