L'abricotier de mon jardin a, lui aussi, commencé à se revêtir de fleurs pâles et éphémères, comme l'arbre de la cour arrière de mon collège.

Ma petite sœur, en sortant prendre l'air, en a ramassé quelques-unes. Ma mère l'a aidée à les déposer délicatement sur une coupelle remplie d'eau pour qu'elles y flottent, et je dois admettre que c'était très plaisant à voir.

J'ai longuement regardé ces petites fleurs dérivant à la surface de cette coupelle, se déplaçant au moindre souffle et susceptibles de prendre l'eau et de sombrer sur quelques centimètres à tout moment.

Si l'on relit ma phrase en remplaçant les allusions aux fleurs par des allusions aux humains et celles concernant la coupelle par ce monde, elle reste tout à fait réaliste.

Alors, j'ai pensé - car si je l'avais dit, personne n'aurait compris :
"Moi, je suis cette fleur, celle qui est un peu de travers. Elle est alourdie par de l'eau, mais elle défie la gravité pour rester avec les autres. Et elle ne compte pas sombrer de sitôt. C'est moi."

27/02/2021