Quelques semaines après notre conversation au parc, Logan et moi sommes allés voir ma défunte grand-mère. C'est lui qui a voulu m'accompagner. J'ai été réticente à ça mais il m'a forcé. Il dit qu'après tout ce qui m'est arrivé, retourner seule là-bas ne serais pas une bonne idée. J'ai soupiré et accepté...
Il a de la chance, lui. Logan a toute sa famille: ses deux parents, son frère, sa tante, ses cousines, ses quatre grands-parents. Il est vrai que parfois je l'envie. Mais quand il me raconte ses rapports avec ceux-ci, je me dit que sa vie n'est pas toute rose... Et puis même! Apres tout, il manque seulement trois personnes dans ma famille! Ce n'est pas comme si j'étais orpheline !
•R•
Nous avons pris le train pour aller au cimetière. Ma mamie s'est faite enterrer dans sa commune natale, où elle y a rencontré mon grand-père. Nous sommes enfin arrivés après une bonne heure de trajet. Nous avons parlé de tout et de rien, Logan m'a même fait rire. Quand nous sommes parvenu au cimetière et à la tombe, le silence s'est installé. Pas un silence pesant et gênant. Non, un silence tendre, Logan m'a laissé savourer ces instants. Je me suis installée au bout de quelques minutes sur le pied de la tombe. Un oiseau est passé, il a gazouillé sur un arbre. Ça m'a rassuré.
J'ai alors commencé à raconter les nouvelles à ma mamie. Je lui ai dit que Crystal, Mel et June m'en veulent un peu, parfois beaucoup, parfois pas du tout. Qu'elles pensent que c'est moi l'hypocrite. Mais que je m'en fiche, que ça ne m'atteint pas, ou plus.
J'ai repris mon souffle et ai continué. J'ai dit que Logan est un super ami. Qu'il m'aide a remonté la pente. Qu'on pense aussi que je suis suicidaire. Je me suis arrêtée une nouvelle fois. J'ai senti le regard de Logan sur moi. Je n'ai pas voulu pas qu'il vienne car j'ai eu peur qu'il me juge. Mais finalement, je crois qu'il compatie.
Je me suis lancée alors dans une longue et douloureuse tirade. J'ai commencé en disant que j'ai peur. Que je sens que j'ai un problème. Que je suis...bizarre. Mais pas comme avant. Que j'ai l'impression d'être dans la région de la dépression, comme a dit Logan. Que quand je suis entourée de personne comme papa, maman, Logan ou April, je suis bien. Mais que dès que je suis seule, mon cœur s'emballe, ma tête me tourne. Que j'ai essayé d'arrêter. Que je me suis...mutilée.
Enfin, mutilée. Je me suis fait une légère scarification. J'ai à peine enfoncé ma petite lame que ma peau que ça m'a brûlé. J'ai arrêté tout de suite. J'ai quand même remonté ma manche et pour qu'on puisse voir une légère -non, une infime- marque rose. Elle était si fine que je doute que logan, pourtant à quelque mètres de moi ait pu la voir.
J'ai directement enchaîné avec la suite mon histoire. J'ai dit que ça n'a rien changé. Que ça n'a fait qu'aggraver mon cas. Mon triste cas. Que quand je ressens, cette...crise, je me love en position fœtale contre mon lit, que je me mets un foulard dans ma bouche et que je hurle. Hurle de toutes mes forces et de tout mon cœur. Comme si quelque chose me poursuit. Mais je ne veux pas ! Je ne veux pas m'enfuir ! Que si j'ai réussi a regarder la mort en face, je doit arriver à affronter cette menace ! Menace peut-être même inexistante ! Je lui ai demandé ce que je dois faire quand je suis dans cette posture. Ce que je dois faire pour ne plus laisser la peur m'envahir ! Et que si ce n'est pas la mort, qu'est-ce qui me pousse à fuir?
J'ai pleuré. Un torrent de larmes s'est écoulé sur mes joues. Mes sanglots ont été si profonds qu'ils en sont devenus silencieux. J'ai vu Logan me prendre dans ses bras. J'ai été contente qu'il soit venu. Me réconforter est devenu son quotidien. Il m'a serré très fort. On aurait presque dit qu'il a voulu m'étouffé. Mais, après tout, si j'ai tant voulu mourir, autant le faire dans les bras de mon meilleure ami...
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