Futur

J'ai toujours imaginé mon futur bien tracé, droit, sans écarts. Une vie de famille bien remplie, rythmée par les rituels de passage : le mariage, les enfants, les fêtes de famille, les Noëls, les crémaillères, les enterrements... Tout m'avait toujours semblé facile et déjà écrit. 

Pourtant, plus j'y pense et plus la chaîne s'allonge, plus j'imagine, plus j'en rêve et plus le boulet s'alourdit. Prévoir son futur c'est ériger ses propres murs, monter ses propres obstacles, créer ses propres problèmes. Car si tout est prévu alors l'imprévu devient dangereux, épineux voire douloureux. 

C'est difficile de le comprendre tout de suite, car programmer sa vie a quelque chose de rassurant, de sécurisant.  L'idée d'une vie tracée, d'un futur érigé c'est comme une couverture chaude en hiver, on peut s'y blottir le soir, quand on a froid, quand on a peur du futur.

Je me suis accrochée à cette couverture plus que je n'aurai dû, j'ai préféré m'y accrocher même si elle ne me plaisait plus, alors même qu'elle ne me réchauffait plus. Mais vous savez, c'est dur de quitter sa couverture, car on ne sait pas si on en trouvera une autre aussi chaude, aussi réconfortante, aussi douce et rassurante. 

Même si on sait que la nouvelle sera mieux, il faut être capable de s'exposer au froid pendant quelques instants, en attendant de se raccrocher à un autre futur réconfortant. Moi j'avais peur de cela, de tomber malade sans couverture, d'attraper froid, de me perdre sur les chemins de la vie, de tomber sans pouvoir m'accrocher, sans personne pour me rattraper. 

Alors j'ai attendu, j'ai gardé cette couverture chaude mais défaillante, j'ai gardé cette promesse de futur à mes côtés, alors que petit à petit elle se déchirait, que le froid, tel un assaillant m'agrippait. 

Mais j'ai fini par laisser ma couverture, je l'ai rangé dans un coin, je l'ai remercié de m'avoir aidé pendant toutes ces années. Je me suis finalement rendu compte qu'elle était démodée, qu'elle n'était pas si chaude, mais l'avoir sur moi m'en donnait l'impression. Parce que c'est toujours mieux que rien pas vrai ? 

Pourtant il ne faut pas avoir peur du froid, il ne faut pas attendre pour vivre, il ne faut pas se contenter du peu par peur du rien, il faut vivre, parce que finalement, c'est en bougeant qu'on se réchauffe vraiment, c'est en vivant que notre coeur bat pleinement. 

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