Chapitre 8
Je me réveille, on est jeudi, je crois, je ne sais plus, la seule chose que je sais c'est que je ne veux plus aller à l'école. J'ai peur, je veux rester chez moi, pourtant comme tous les jours depuis quelques mois, je dois prendre mon courage à deux mains. Me lever, m'habiller et partir. Cela fait des mois que je ne déjeune plus, aussitôt que j'avale quelque chose je dois le vomir. Du coup pour pas que mes parents se posent de questions je dis que je déjeunerai à l'école ce qui est faux bien entendu car je repose le croissant dans l'armoire en toute discrétion.
Quand je m'habille, je peux voir tous ses bleus, mes bleus, j'en ai partout, sur les jambes, le ventre, le dos, les bras. Je mets un gros gilet en laine, ce n'est pas pour éviter d'avoir froid non, c'est juste que plus je mets de vêtements moins ça me fais mal quand je reçois des coups. Alex s'en est rendu compte hier, il a été gentil avec moi et m'a promis de ne rien dire, j'ai honte de ce que je suis, de ce que je suis devenue, je n'arrive plus à me défendre, je ne veux plus parler. Je ne fais que ça : penser.
Je prends le bus avec Alex, je lui dis bonjour comme tous les matins, je ne lui parle plus beaucoup, il est toujours là pourtant, lui n'a pas changé mais moi oui. Je voudrais tellement retourner en Californie. Comme d'habitude il me parle mais je ne comprends pas ce qu'il me dit, c'est certainement parce que je ne l'écoute pas, jusqu'à ce qu'il me tape l'épaule gentiment.
"Aïe !
-Je t'ai à peine touchée Edwina, tu t'es fait quoi ?" Dit-il sérieusement en me fixant.
"Rien ne t'inquiètes pas pour moi, je me suis juste pris le coin du meuble ce matin.
-Montre-moi.
-Non ce n'est rien tu sais.
-Montre !" Insiste-il.
J'enlève un bout de mon gilet, j'ai mis un tee-shirt noir, on peut apercevoir un gros bleu, puis des autres sur mes bras. Il n'est pas bête, il comprend vite que ce n'est pas un coin d'armoire que je me suis pris mais belle et bien des coups.
"Là c'est trop Edwina ! Ce soir j'en parle à tes parents ! Faut que tu changes de classe ou de collège !" Il me regarde en colère, mais dans son regard je peux voir son inquiétude.
"Ne fais pas ça !
-Si !"
S'il en parle à mes parents, je suis foutue, toutes les questions qu'ils vont me poser, me faire changer d'établissement, parler à mes professeurs, peut-être portée plainte, me faire voir un psychologue. C'est hors de question. Cela ne regarde que moi et seulement moi. Je ne sors plus un seul mot du trajet.
J'arrive en classe, je crois qu'une larme coule le long de ma joue, je l'essuie avec la manche de mon gilet puis j'entre. A peine je rentre j'entends tous ces rires, ces personnes qui se moquent de moi. Dans ma classe on me surnomme la pouilleuse, la psychopathe car je m'habille n'importe comment maintenant, je veux juste amortir les coups que je reçois, la psychopathe, c'est parce que je ne parle plus je refuse de parler. S'ils savaient mon calvaire, je suis sûr qu'ils ne me diraient pas ça. Je fais tout pour éviter Salomé et sa bande, je ne les regarde plus, pourtant comme tous les jours à la fin de certains cours elles me tirent les cheveux, deux autres me tiennent les mains pendant que Salomé se défoule sur moi dès qu'elle le peut. Personne ne voit rien, je dois certainement mériter ce qui m'arrive même si je ne comprends pas pourquoi.
Il est quinze heures, c'est l'heure d'aller en sport, j'entre dans la salle, elle est grande avec des paniers pour le basket, le sol est vert, il y a des tapis au fond de la salle et des marquages au sol. J'entre dans les vestiaires, il fait plutôt chaud dedans, c'est une salle classique avec un coin douche, puis le reste des bancs avec des portes manteaux. Je me déshabille pour enfiler mon jogging noir, je suis seule dans un coin, je mets une serviette pour que personne ne voie mes bleus. Pourtant elles s'en foutent, elles arrivent vers moi et me prennent en photo ces garces. Là c'est trop, je lui prends son téléphone et je le claque par terre. Je regrette aussitôt mon geste quand elles refrappent où j'ai mes bleus. Puis elles me poussent dans les douches et appuient sur le bouton pour les ouvrir, je suis trempé, elles partent ensuite. Heureusement pour moi, il y a d'autres filles qui elles ne me font rien, et ne sont visiblement pas au courant de ce qui se passe car elles ont l'air choquées et c'est pour cela que ça n'a pas été plus loin enfin du moins je pense. Je ne pourrai pas faire sport, je ne m'en sens pas capable, je dis juste que j'ai mal au ventre, mon teint tout pâle dû au fait que je ne mange plus beaucoup et à mes nuits agitées suffisent à ce que la professeur de sport me croit.
Je rentre chez moi, je prends le bus seule, Alex a fini plus tôt que moi. Je regarde le paysage, c'est décidé, ce matin c'était la dernière fois que je me lever, que je prenais le bus pour aller au collège et aussi la dernière fois qu'on me tape. Une fois à la maison il n'y a personne, je vais dans ma chambre et me munis de deux feuilles et d'un stylo pour écrire. C'est décidé, aujourd'hui c'est le dernier jour de ma vie.
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J'espère que ce huitième chapitre vous a plu, pensez à donner votre avis peu importe qu'il soit bon ou mauvais ! Si vous voyez des fautes d'orthographe, n'hésitez pas à me le dire !
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