1) Mr. Bang : La première rencontre
Chef d'une grande entreprise, Monsieur Bang n'aime pas attendre. De caractère aussi sec que son physique, Christopher Bang obtient toujours ce qu'il veut. Pourquoi demander quand on peut prendre par la force et à coup sûr. L'argent est une denrée rare pour les pauvres et les peureux. Pour lui, c'est un liquide quotidien dont il prend un malin plaisir à détourner.
Il n'est pas méconnu des médias, au contraire, c'est une légende qui aime être racontée de toutes les manières possibles. Avec un physique comme le sien, il est difficile de passer inaperçu. Alors il apparaît quelquefois dans les journaux, sur les articles people. Ne vous méprenez pas, il n'aime pas le public, il sait seulement que l'histoire garde en mémoire les plus ignobles ou les plus sains. A défaut d'être un ange, il a choisi d'être le diable.
Si vous le cherchez, allez dans les bars mal famés ou les entrepôts désaffectés qui accueillent des combats clandestins. Si vous osez vous aventurer dans ces trous à rats, vous le verrez sûrement assis dans un coin de la pièce, en train de fumer une cigarette et boire un whisky serré tout en faisant tourner sa marchandise de main en main.
Il n'est pas souvent accompagné, même les prostitués n'ont pas de places entre ses grands bras musclés. Il est souvent seul en haut de l'échelle qu'il dirige d'une main de fer. Ses hommes sont des barbares sanguinaires et sans aucune once d'humanité dans le regard. Les comparer à des monstres serait euphémistique surtout quand on connaît les méfaits qu'ils accumulent.
Le voilà dans une boîte des bas-fonds d'une banlieue abandonnée des autorités. Les gens se poussent sur son passage. Ils sont surtout dégagés par son pitbull de garde qui les dégage d'un coup de patte et les envoie au panier. Seo Changbin, un homme qu'il vaut mieux avoir de son côté. Le leader est là pour affaires, il ne veut pas tarder, la musique est aussi mauvaise que la drogue qui tourne.
Quand il s'avance au milieu des jeunes junkies, son corps s'arrête d'un coup et remarque une jeune femme au milieu de la piste. Elle dénote de cette orgie musicale avec sa mini-jupe d'un bleu délavé et son t-shirt quasiment inexistant. Elle se trémousse en rythme en oubliant les dizaines de loups affamés qui la zieutent en bavant. Son groupe d'amies l'a laissé il y déjà quelque temps de cela, l'une la langue enfoncée dans la gorge d'un dealer totalement défoncé et l'autre est en train de vomir dans les toilettes à cause d'une drogue malencontreusement tombée dans son grand verre de Vodka.
— Patron ? Demande son bras droit qui tient un gosse par les cheveux réticent à l'idée de les laisser passer.
— Oui, allons-y.
L'homme reprend sa route alors que la foule lui fait perdre de vue le diamant aux hanches provocantes. Il arrivera vite à l'oublier. Ses ongles rouges pointus, ses lèvres engluées sous une dizaine de gloss différents et ses yeux profonds.
— Oh pardon.
Une masse de cheveux brun bouclée s'étale sur lui. La voix déraillée accompagnée d'un rire complètement saoul, elle lui avait foncé dessus. L'étrangère ne s'arrêta pas plus longtemps alors que Changbin était déjà en train de revenir vers lui pour dégager la nuisance en mini-jupe. La jeune femme partit vers le coin fumeurs, une clope à moitié écrasé dans la main.
— Est ce que tout va bien ? Demanda le molosse à son boss qui regardait la jeune femme tituber plus loin en poussant une grosse porte en bois.
— Ouai, faut que j'aille me griller une clope. Préviens Kang, j'arrive dans cinq minutes.
Son garde leva un sourcil broussailleux mais ne posa pas plus de question. Monsieur Bang était bien trop sérieux pour vaquer à autre chose que son business. M'enfin, il ne fit que lever un sourcil et partir en direction du carré VIP dans un recoin sombre de la boîte.
Christopher poussa les deux portes en bois à son tour en attrapant son paquet de cigarettes et enfonça un bâton de nicotine entre ses lèvres gercées. La tête droite et le regard noir, il ne passait pas inaperçu au milieu de ses gamins. Il esquiva deux toxicos qui essayaient tant bien que mal de se piquer. Les jeunes d'aujourd'hui étaient vraiment des dégénérés. Il ne pouvait pas espérer mieux mais ne supportait pas de voir des enfants se pourrir la vie d'une façon aussi facile. Tant qu'à se détruire, autant le faire de façon intelligente.
Il aimait les résultats gagnés à la sueur du front, pas la facilité. Et eux, c'étaient les rats les plus bas de l'échelle, ceux qui achètent sa came et se terre dans leur petit trou en espérant ne plus jamais en ressortir, quitte à mourir les deux pieds dedans.
Il passa une dizaine de minutes dans le carré bondé. Le monde entassé lui vrillait les tympans et l'odeur de tabac le suivrait sûrement tout le reste de la soirée mais tant pis, il voulait au moins revoir la paire de fesse de cette femme.
Mais il fût pris d'une grande déception quand il ne vit même pas l'ombre de ses boucles sombres. Elle avait filé on ne sait où en oubliant un soulier d'un rouge écarlate.
— 'tain. se dit-il en écrasant son mégot dans un cendrier plein à craquer.
Il était en retard pour rien. Le businessman serra les dents et fit craquer sa mâchoire. Les deux trois soûlards qui traînaient encore devant lui avaient déguerpi en vitesse et s'étaient réfugiés sur la piste de danse.
Il entra dans le carré VIP, la musique était toujours aussi forte mais à une seule différence, des dizaines de friqués dansaient coller-serrer en dilapidant leur fric. Les mains dans les poches, intrigué par la disparition plus que soudaine de sa proie, Christopher était ailleurs.
Elle ne pouvait pas avoir fondue sur les pavés délavés.
— Monsieur Bang ?
Christopher releva le menton en entendant son nom. Le chef du cartel de drogue voisin était assis au milieu de plusieurs femme quasi nues et attendait probablement une réponse à une question que Christopher n'avait absolument pas entendu. Il soupira en voyant les seins asymétriques de la rousse à sa droite. La brune a sa gauche avait une poitrine bien plus généreuse et droite par rapport à cette prostituée mal payée. A cette pensée, il s'assit face à son futur acheteur et fit signe à Changbin de déballer sa came.
Son garde du corps sortit trois petites poches en plastique sous-vide et les éventra sur la table. Il fit une ligne fine pour le premier, un tas de petits cachets pour le deuxième et écrasa le dernier.
— Tu viens enfin me présenter tes petites merveilles Bang ! s'écria le camé qui ne bougea pas d'un pouce.
Il était tout aussi défoncé que les clients puceaux de sa boîte. Mr Kang se fit apporter le plateau et admira le travail de son invité.
— Tu fais même plusieurs formes enfoiré... Il observait le tout comme un joyaux inestimable. C'est de la bonne au moins ?
— Si tu poses la question je ne vois même pas ce que je fou là. Répondit froidement Christopher.
Évidemment que ses produits étaient les meilleurs du marché. Il revenait toujours avec mieux qu'avant. Sa drogue n'était pas de bas étage, encore moins quelque chose à s'enfiler entre deux clopes.
Le directeur de la boîte se mit à rire à gorge déployée alors qu'une main lasse s'amusait à tripoter les demoiselles à ses côtés.
— C'est ça qui me plaît chez toi mon bon vieux Bang, pas vrai les filles ! Elles pouffèrent bêtement et il se pencha pour sniffer le rail.
C'était un habitué, il n'allait pas être déçu. Le blond décoloré sentait le regard des deux femmes le dévoré et mourir d'envie de venir se glisser entre lui et les lattes de son sommier.
Il n'y prêta pas plus attention.
L'homme d'affaire était ressorti une heure après. Il faisait un froid de canard dehors, les derniers fêtards qui sortaient du ventre de la bête s'enroulaient dans leurs manteaux en espérant stopper les tremblements qui n'étaient pourtant pas liés au froid.
Au loin, Changbin l'attendait déjà devant sa grande voiture noire de luxe. Monsieur Bang prévoyait toujours tout à l'avance. Son garde du corps devrait faire forte impression en entrant et même si lui-même était déjà quelqu'un à la forte carrure et réputation, ce genre de gens n'étaient pas si facile à impressionner. La voiture, les sachets dans la veste, l'arrivée au milieu de la nuit noire, tout était une grande mise en scène qui avait porté ses fruits à merveille. Il en était sûr, d'ici deux ou trois jours, le frauduleux directeur du Rex allait le rappeler et commencer à travailler avec lui. C'était du pain béni pour le dealer qu'il était. Sa boîte de jeune toxico était une mine d'or. Les mineurs en manque étaient plus acheteurs que les adultes. Ils ne se faisaient pas aider et voulaient absolument détruire les règles de la société quitte à se détruire avec en touchant à tous les opiacés disponible sur le marché. Le Rex était un repère à toxicos en manque régis par aucune milice et Chris avait bien compris qu'il ne devait pas laisser passer cette chance.
— Tout s'est plutôt bien passé. C'était une bonne soirée. Affirma l'autre qui venait de démarrer l'engin. J'ai quand même l'impression que ce type fait plus que du deal. T'as vu les gamines qui se dandinaient sur les barres de pôles danse, elles n'avaient même pas encore perdu toutes leurs dents de lait.
De la prostitution de mineur et bien pire; se disait le conducteur qui revoyait encore le motif a fleurs d'un bout de culote d'une des danseuses. C'était monnaie courante par ici et le Rex n'en faisait pas omission. Chris desserra sa rolex et baissa la vitre arrière pour s'aérer. Il se fichait pas mal de savoir ce que faisaient le reste de la boîte ou les autres dans leur petits bordels bien montés. Lui il venait pour les opiacées, c'était tout ce qui l'intéressait.
Il observait dans la pénombre tandis que Changbin lui faisait un récapitulatif de la journée et de ce qu'il avait manqué au boulot. Quand soudain, son regard retomba sur deux plaines bombées moulées sous un court tissu. C'était la jeune femme de tout à l'heure, en tout cas la vue que l'on pouvait avoir d'elle de dos et cambré. Elle faisait du stop sur le bord de la route tout en marchant vers l'intérieur de la ville. Un seul de ses talons rouges en main, l'autre toujours au milieu de la boîte, elle se dandinait minablement en parlant dans le vide.
— Est ce que je m'arrête monsieur ?
Changbin avait reconnu la gamine et avait jeté un regard à son patron à travers le rétroviseur intérieur. Chris fit un signe de tête approbateur.
— Tout vas bien mademoiselle ? Demanda le chauffeur en baissant sa vitre arrivé à sa hauteur.
La jolie brune sourit en voyant enfin quelqu'un s'arrêter pour elle, surtout avec une aussi belle voiture. Quand elle vu le visage dur de Christopher elle le reconnut au moment même où les deux mêmes fossettes réapparurent au coin de ses joues, les mêmes que lorsqu'elle lui avait foncé dedans un peu plus tôt dans la soirée.
— Encore vous ? Je vous ai dit que j'étais désolé. Articula-t-elle difficilement en manquant de tomber à la renverse et de vomir sur les jantes vernies. Allez-vous-en !
Elle faisait de grands gestes brusques en clopinant de gauche à droite.
— Monsieur ? Demanda une nouvelle fois l'autre.
Chris ne disait rien, il regardait la jeune femme se ridiculiser sous le grand lampadaire qui éclairait la ruelle insalubre. Elle allait réveiller les clochards qui s'étaient terrés dans le coin si elle continuait son cinéma.
— Vous voulez rentrer toute seule mam'zelle. Les habitants du coin ne feront pas de cadeau à une jolie jeune fille comme vous si vous voyez ce que je veux dire. ricanait le chauffeur qui avait un sourire en coin.
Ses deux grandes mains calleuses avaient serré le frein à main, il s'apprêtait à sortir de la voiture pour la faire monter de force. Christopher ne voulait pas avoir son viol sur la conscience, c'était seulement ça. C'était d'ailleurs la seule raison pour laquelle il laissa faire son garde du corps sans broncher. Habituellement, il aurait continué son chemin sans prêter attention à une gamine du genre mais ce soir, il avait un air de mère teresa.
— On la ramène chez elle ? Demanda Changbin en la poussant violemment sur le siège arrière aux côtés de Chris.
— On ne va pas la kidnapper non plus. Il la bouscula légèrement pour la réveiller alors qu'elle tombait déjà de fatigue. Tu connais ton adresse, l'adresse de tes parents ?
Sa voix s'était adoucie, comme s'il parlait à un enfant, une chose dont il ne se pensait pas capable. Ca lui valut d'ailleurs, un regard étrange de la part du conducteur musclé qui avait enlevé sa veste et l'avait mise sur les jambes fines de la jeune femmes.
— Elle n'a pas quatre ans vous savez.
— Je t'ai demandé quelque chose ? Répondit-il sur la défensive.
— Je ne suis pas une fille facile !
La femme avait commencé à dire n'importe quoi en essayant de se détacher pour sortir.
— Personne ne dit le contraire. lui répondit Chris durement en bloquant la sangle de sa ceinture. Je vous ai demandé votre adresse. Sa voix était subitement devenue plus bourru, énervée par la remarque de son collègue.
Changbin démarra et prit comme initiative de sortir de la banlieue sale. Il ne voulait pas continuer à traîner dans ce genre d'endroit trop longtemps.
— Laissez-moi descendre... Laissez-moi rentrer chez moi.
Bon dieu, il allait finir par la faire rentrer à pied si elle continuait. La clubbeuse bougeait dans tous les sens et n'arrêtait pas de pousser l'inconnu aux bouclettes loin d'elle. L'alcool faisait encore tellement effet qu'elle délirait complètement.
— C'est justement là où on veut aller ! Dites-nous où vous habitez et ça sera déjà plus simple pour rentrer chez vous bordel.
Chris ne faisait que la tenir en place et la rhabiller. Sous la chaleur imaginaire, elle jetait la veste noire et son pull par terre et commençait à enlever son t-shirt.
— J'ai chaud.
— Arrêtez de vous foutre à poil dans ma voiture.
En arrivant aux abords du centre-ville, Changbin ralentit.
— Qu'est-ce que je fais patron ? Je la ramène chez vous ?
— Et puis quoi encore ? Son ton s'était durci.
— Au Palace alors ? Dit-il en plissant un œil, la gamine continuait d'hurler à tout va qu'elle voulait descendre en jetant la veste que Chris peinait à faire tenir sur ses épaules.
Chris soupira, il ne pouvait pas la laisser au Palace, c'était trop dangereux pour elle et pour eux. Elle devait être complètement défoncé, bourré jusqu'au coup et quasiment nue, il ne pouvait définitivement pas la laisser là bas. Il fit le tour de la question en la tournant dans tous les sens. Les possibilités étaient trop peu nombreuses pour pouvoir en choisir une autre.
— Allons chez moi.
— Mais puis ce que je vous dis que je ne suis pas une prostituée !
Alors qu'elle ne faisait que se dissiper, la voilà en train d'enfiler sa veste et celle du chauffeur à toute vitesse. Elle devait les avoirs pris pour des clients fortunés. L'inconnue se hâta de se rhabiller en hurlant des insultes. Le garde du corps et chauffeur prit un virage serré à droite après avoir lancé un "comme vous voulez" même si c'était lui qui avait proposé l'idée puis se terra dans un silence concentré. Plus les minutes passaient, plus le bouclé remettait son jugement en question. La jeune femme qu'ils avaient pris en stop par pur esprit de bonté était en train de saccager les sièges arrière. Elle vomissait violemment en articulant des mots incompréhensibles.
— J- Vou-. Mais vo-.
C'était comme si tout ce qu'elle avait pu engloutir dans la soirée était ressorti d'un seul coup et venait tapisser tout ce qui l'entourait.
— Putain... Jura Changbin qui se voyait déjà en train de nettoyer son petit bijou de fond en comble.
— Ne commence pas, ce n'est pas toi qui vas devoir te la coltiner.
— Je ne vais pas la ramener chez moi patron ! Qu'est ce que je vais dire à ma femme après ? Le faux campagnard avait pris un accent stupide et se gara devant un grand portail en fer noir entouré de diverses végétations alors qu'il essayait de zieuter par le rétroviseur les dégâts à l'arrière. En plus c'est vous qui avez la plus grande baraque de toute la bande. Même le Palace est plus petit que le château où vous habitez.
— C'est ça... Capitula-t-il en sortant dans la cour une fois la voiture garée sur le gravier qui décorait l'allée.
La maison qui se tenait devant eux allait avec le personnage richissime de Christopher. C'était une gigantesque bâtisse, vieille de plusieurs dizaines d'années qui s'était héritée de génération en génération. Elle était joliment habillée de grands pieds de lierres qui couvraient le mur ouest et d'un toit en tuiles rouges. L'ancienneté de la maison était connue dans le quartier populaire qui l'entourait. On retrouvait plusieurs bâtiments de la sorte mais aucun ne pouvait prétendre à une quelconque compétition. C'était délibérément la plus belle maison du quartier. La plus grande, la mieux placée, la plus chère et tous les superlatifs possibles et imaginables.
Chritopher déposa le cadavre de la jeune femme sur le canapé et alluma les différentes lumières pour y voir plus clair. La danseuse tournait de l'œil, le corps à présent vidé de toutes substances étrangères mais toujours sous leurs effets. Sa tête fit un tour complet et admira avec la bouche grande ouverte le décor qui l'entourait. C'était digne d'un film dont elle se sentait l'héroïne. Les lumières tamisées, les grandes baies vitrées et les meubles modernes juraient avec les murs en pierres et la grande cheminée centrale. L'endroit était magnifique. Elle ne voulait plus jamais partir de ce sofa moelleux et sans ressorts grinçants.
— La douche est à l'étage, première porte à droite. Pour le reste, tu te démerdes. Déclara Chris qui enlevait la veste de son costume tout en desserrant sa cravate.
Au loin, on entendait Changbin qui pestait en claquant les portières pour déguerpir dans un vacarme assourdissant avant que son patron ne change d'avis.
La créature de la nuit glissa du canapé molletoné et amorça une attaque surprise à l'égard de son kidnappeur. Chris la sentit venir depuis l'autre bout de la pièce et avant qu'il ait pu poser le pied sur le grand escalier en bois pour monter à l'étage, il fit demi-tour et bloqua le coup de poing. L'idée avait dû lui paraître brillante mais elle ne savait pas à qui elle avait à faire. Le millionnaire aux grands airs la plaqua sur le mur et écrasa violemment son poing à quelques centimètres de son visage. Sa patience avait atteint sa limite et il fallait calmer le petit chevreaux égaré avant qu'il ne veuille sauter la barrière et parte gambader dans la prairie à l'herbe verte.
— Ne joue pas à ça. Dit-il en la regardant droit dans les yeux. Je n'ai pas le temps de calmer une camé en pleine crise alors tu vas poser ton cul dans le canapé bien gentiment. Quand on n'est pas capable de supporter l'alcool, on ne boit pas.
Sa voix granuleuse et remplie de tabac était odorante pour les oreilles. Il transpirait la richesse, suintant comme la réflexion d'une pièce d'or sous le soleil. Ses paroles étaient goulument articulées pour pouvoir n'en faire qu'une bouché. L'homme qui venait de projeter la jeune femme contre le mur était clair et il voulait se faire comprendre peut importe la situation qui semblait se dérouler au fond du crâne troué de la fêtarde.
— D'accord. Murmura-t-elle d'une petite voix, impressionnée par le gigantesque molosse.
— Bien.
Il tourna les talons et gravit les marches dans un silence de plomb jusqu'à disparaître du champ de vision de la clubbeuse.
En se glissant sous l'eau chaude, il revoyait les yeux globuleux voir même effrité de la brune sous lui, incapable de dire quoi que sois d'autre qu'un pauvre "d'accord...".
Avant de se mettre derrière son bureau, il verifia sur un grand panneau de contrôle que toutes les issues étaient bien fermées et barricadées, que le portillon s'était verrouillé et qu'aucunes fenêtres n'auraient été malencontreusement laissées ouvertes. A la fin de sa ronde il repassa par le salon ou il trouva la jeune femme avachi sur un siège, les jambes recrocvilliées, coincées contre son buste, gigotant dans son sommeille.
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