Hoc erat in votis...(partie 2)
Je travaillais le samedi soir et le dimanche à temps plein, puis le mercredi soir. Mais cela finit par ne plus être suffisant. Ils en voulaient plus, toujours plus...plus je gagnais et plus ils réclamaient.
Je haïssais mon travail, je haïssais ce que j'étais devenus, mais le pire dans tout ça...c'est que je n'ai jamais osé arrêter.
Pendant près de trois ans...
Mais un jour, qui je pense restera gravé dans le peu qu'il reste de mon âme, quelque chose se produisit.
Je devins stérile.
J'avais donné à mon père ce qu'il voulait mais j'y avait sacrifié bien plus que ce que j'envisageais déjà de perdre... Le jour où je décidai d'annoncer la nouvelle à ma supérieur, Axel, un vendredi soir de service, je ne pus retenir mes larmes et éclata en sanglot en plein milieu de ma phrase. Elle me détailla de haut en bas, comme si je venais de lui annoncer que 2+2 font 4, avant d'afficher un immense sourire.
- sèche tes larmes gamine, et vois le bon côté des choses ! Tu te rends compte des économies que l'on va faire sur toutes tes pilules et tes autres bazars de contraceptions ! franchement, j'espère que tu pleures de joies ma poule. Quand je vais annoncer la nouvelle à ton père il en sera ravi ! ah, merci, tu viens d'égayer ma soirée ! j'étais persuadée que tu ne servirais jamais à rien. Au fait, on a un de nos habitué qui viens te voir ce soir alors, tu fais comme d'hab. hein ? et essaye de lui prendre plus cet fois, ce n'est pas avec dix dollars que l'on va se payer d'autre chaussures. Ciao !
Le lendemain une soirée pizza fut organisée à l'occasion.
La goutte de trop...
Mercredi soir, je décidai qu'il était temps pour moi de tirer ma révérence, d'arrêter cette mascarade une bonne fois pour toutes. Quitte à en payer le prix fort. Nous tous, Alex, mon père et moi étions dans le club une heure avant l'heure habituel d'ouverture. Les deux en face de moi. Les deux en tenu de ville, en face de moi...en tenu de travail, priant toujours pour ne pas tomber à chaque pas. Après de longue minute de silence interminables, pendant laquelle nos regards se scrutaient les uns les autres, Alex se décida enfin à prendre la parole.
- écoute-moi bien, sale gamine, on ne sort pas de ce genre de cercle vicieux comme ça. Je te signale que l'argent ne viendra pas tout seul chez nous...
- chez toi, chez toi, chez TOI ! il n'y a jamais eu question de NOUS et il n'y en aura jamais ! l'interrompais-je d'un coup sec. Et je pense que tes trois putains de villas aux bords de la mer peuvent témoigner que le fric n'est pas ta première préoccupation ! t'en a déjà plein ! qu'est-ce que ça peut te foutre que je décide d'arrêter !
- ton langage jeune fille. Fit mon père d'une voix peu convaincu.
- toi, la ferme !
- je ne te permet pas !
- je n'en ai rien à cirer de tes permissions, tu comprends ? RIEN ! J'en ai marre, OK ! marre que l'on me traire de cette façon, marre de ne pas savoir pourquoi maman est parties, marre de cet Alex qui se croit tout permis, avec son PQ de chez Gucci, marre que tu te fiche de moi à longueur de journée ! je ne suis pas un objet...JE SUIS TA FILLE BORDEL !
- Sa suffit maintenant ! hurla Alex, définitivement folle de rage. Finis les caprices d'ado en colère ! regarde-moi bien et imprime ses paroles dans ton petit crâne vide la gamine : tant que tes jambes porteront ton corps insignifiant et tant que tes poumons auront la grâce de t'offrir de l'oxygène, tu continueras de travailler ici et de ramener du pognon ! suis-je bien clair ?
Je la regardais bouche-bée puis me dirigea dans la direction de mon père
- ne me dit pas que tu ne vas rien dire ?
Aucune réaction.
Le silence se fit dans la grande salle...mais je voyais que mes paroles n'avaient aucun effet sur eux. C 'est comme si je n'avais rien dit.
Très bien.
Je me dirige lentement vers une vitre, puis enlèves ces foutus talons aiguille. Mes mains tremblent et deviennent d'une moiteur inquiétante. À l'aide d'un des talons, je casse le fragile vitrage d'un coup sec et m'empare d'un des morceaux tombés à terre...le plus tranchant. Mes gestes sont maladroits mais mon esprit et clair. Une sorte de voile se lève et la pression qui s'abattait sur moi depuis presque dix- huit ans semble se soulever de mes épaules au fur et à mesure que je soulève le bout de verre dans ma direction.
Nous y voilà...je vois leurs regards vitreux qui me scrutent avec noirceurs...comme si je n'étais qu'une simple plaie, un simple trou béant qui réclame sans cesse d'être remplis. Je les vois se diriger lentement vers moi tel des zombies, pour espérer m'empêcher de faire ce que je m'apprête à faire, mais ma décision est prise...parce que je sais et je comprends immédiatement quel est le point final à tout ça.
J'éclate alors en sanglots, ne pouvant plus me retenir davantage, indifférente à mon tour au regard de gêne que me lance mon prétendu père. Mon corps est au bord du gouffre. Mon cœur est au bord de l'agonie. Je voudrais parler,, dire une dernière phrase avant que le rideau de ma vie ne se ferme pour de bon, mais les mots se mélangent et s'étranglent dans ma gorge.
- Pa...pa... tu te rappelles l'époque, l'époque où je voulais devenir médecin ? Pou...our soigner le mal des gens... ? et bien sache qu'à partir de maintenant je SUIS un médecin. Et je vais soigner mon mal. Tout d...de suite.
Puis je m'exécute. Enfonce le gros bout de verre dans ma poitrine, jusqu'à le faire ressortir de l'autre côté, dans mon dos.
Une vague de froid m'envahis...puis viens le noir.
La mort.
Puis plus rien.
...
Prochain patient s'il vous plaît ?
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