Chapitre 5
C'était durant une fraîche nuit, le vent soufflait timidement son air froid tandis que Mercy se rendait aux quartiers des Généreaux d'un pas vif. Dès qu'elle pénétra dans la grande salle luxueuse, elle se sentit envahie d'une douce chaleur qui émanait de la petite cheminée. Elle s'assit autour d'une des tables de bois et écrivit son rapport sur une feuille avant de la déposer dans la boîte destinée à cette usage. La princesse se leva et s'apprêtait à partir lorsqu'un corps immense lui bloqua le passage. Elle releva la tête en souriant et embrassa Guelderey joyeusement:
-Alors, t'es-tu remis de la pâté que je t'ai mise?
Il ricana sarcastiquement.
-Oui, et je compte bien me venger le plus tôt possible. Ton rapport est bon?
-Plutôt oui, nous avons sauvé pas moins d'une dizaine de nymphes cette semaine, répondit-elle en haussant les épaules nonchalamment.
Guelderey se frotta les mains et l'interrogea avec envie:
-Combien de satyres avez-vous éliminé?
Mercy soupira et posa sa main sur le bras velu de son ami.
-Ecoute Rey... je ne pense pas que cela soit la meilleure solution. Il vaut mieux les désarmer et les vaincre afin qu'ils comprennent la leçon. Je ne vois pas à quoi cela rime de devoir tous les éliminer...
L'homme s'emporta devant ce qu'il considérait comme de la naïveté doublée de stupidité.
-Je n'ai pas pu réellement entendre cela. Tu es la princesse, Mercy, tout le monde t'admire et te surnomme La Sauveuse. Les satyres sont nos ennemis et cela je pense qu'il va vraiment falloir que tu l'intègres. Je croyais que depuis ces maintes années durant lesquelles tu as exercé ce travail tu comprendrais...
Elle leva les mains en signe d'incompréhension et poursuivit sur le même ton:
-Que je comprendrais quoi? Que nous devons assassiner tous les satyres existants simplement parce que c'est ce que veut la tradition? Parce qu'ils ne sont pas comme nous? Et bien non. Je veux être juste et je ne tuerai pas pour le plaisir de tuer.
-Tuer pour le plaisir de tuer? Est-ce vraiment comme cela que tu vois ton propre travail? Les satyres sont nos ennemis héréditaires. Ils nous menacent et nous ferions mieux de nous en débarrasser.
La princesse émit un petit rire empli de sarcasme.
-Tu sais, on raconte aux enfants plein d'histoires sur d'horribles monstres avec des cornes, mais je commence à croire que nous ne valons pas mieux qu'eux.
Elle voulut passer pour sortir de la pièce, mais Guelderey la retint par le bras. Avant qu'il n'ait le temps de lui dire quoi que ce soit, elle le jeta à terre, ses yeux orange étincelant de rage puis elle partit avant de perdre complètement son calme.
La forêt savait l'apaiser comme nul autre lieu. Elle aimait entendre le délicat bruissement du vent tout contre les feuillages et les sons précipités des petits animaux qui gambadaient. Elle marcha un long moment sans réfléchir. Elle marchait juste. Sans but précis.
Lorsqu'elle sentit la fatigue tirailler ses membres fatigués et ses yeux avoir un mal fou à rester ouverts, elle s'assit à même le sol et s'allongea au milieu des fougères ainsi que de la mousse moelleuse. Ses paupières se fermèrent doucement et ce fut le visage baigné par la lueur de la lune qu'elle s'assoupit.
Un teintement métallique la tira de sa torpeur, mais elle ne s'éveilla qu'en sentant le métal froid menacer sa gorge dénudée. Elle redressa son buste en sursautant et se retrouva acculée contre un arbre, vulnérable face à la lame tranchante d'une épée affûtée. Un ricanement masculin retentit avant qu'une voix grave ne se moque:
-Ainsi c'est toi celle qui terrasse les nôtres? Je ne t'imaginais guère comme cela.
Elle sourit face à cette paraphrase qui savait caresser dans le sens du poil son orgueil satisfait. Mercy haussa un sourcil en le dévisageant, enfin tout du moins elle essaya, cependant l'astre lunaire ne laissait distinguer qu'une silhouette imposante. D'un bref signe de tête elle désigna l'arme qui la menaçait.
-Je vous les abîme, néanmoins leur vie est sauve.
Le satyre esquissa un sourire qu'elle ne vit pas à cause de la pénombre.
-Ainsi soumise à moi, tu ne me sembles plus si menaçante que cela.
La princesse aurait aimé pouvoir répondre par la violence à cette attaque directe, cependant la situation dans laquelle elle se tenait ne le lui permettait pas.
-En effet, c'est pourquoi je pense que tu devrais me laisser en paix.
Il ricana face à cette demande et considéra le visage de sa victime. Elle affichait un air innocent et pure qu'elle avait créé de part en part afin de le déstabiliser. Cela eut l'effet escompté puisque l'homme marqua un mince hésitation. Il se doutait que ce n'était qu'une mise en scène, mais la jeune femme paraissait si vulnérable qu'il ne savait plus que faire. Mercy profita de ce court moment d'inattention pour donner un violent coup de pied dans la lame qui vola au loin. Libérée de cette menace elle sauta sur ses pieds et dégaina sa propre épée tandis que le satyre récupérait la sienne avec agilité. Ils se mirent en garde, puis il fondit sur elle sans ménager ses forces. Elle esquiva aisément et le combat commença. Ce ne fut plus qu'un tourbillon de claquements métalliques et d'halètements. Les forces étaient si équilibrées que le duel dura jusqu'au petit matin. Les rayons du soleil éclairèrent leurs peaux transpirantes tandis qu'ils se regardaient en chiens de faïence. L'épuisement les oppressait, mais ils semblaient prêt à continuer leur joute encore des heures durant.
Mercy observait les traits de son adversaire, il était grand et très musclé. Sa mâchoire carrée le rendait encore plus impressionnant. Ses yeux améthystes illuminaient son visage froid contrasté par ses cheveux bruns qui encadraient son visage glissants jusqu'au bas de sa mâchoire. Il passa le dos de sa main sur les gouttes de sueur qui perlaient sur son front et sourit.
-Nous reprendrons cela plus tard petite nymphe.
Mercy secoua la tête pour chasser les souvenirs qui affluaient douloureusement et se tourna vers Ryan qui se raclait la gorge avec dédain. Elle lui rendit son regard noir et lança:
-Ecoutes, cela fait déjà un mois que nous faisons nos patrouilles ensemble, peut-être serait-il temps de faire un effort pour se supporter?
Il rejeta sa tresse dans son dos d'un geste brusque de la main droite et haussa un sourcil moqueur.
-J'ai essayé de faire cet effort, mais je ne crois pas que j'en sois capable.
Elle inspira profondément afin d'éviter de s'énerver.
-Est- ce que tu te rends compte à quel point tu es ridicule? Tu parles d'effort, mais...
La jeune femme s'interrompit en entendant un cri paniqué. Elle échangea un regard intrigué avec Ryan et ils partirent dans cette direction.
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