Chapitre 30

Mercy leva les yeux au ciel. Il était ridicule à mettre autant de mauvaise volonté dans toutes ses actions. S'il avait tant que ça envie de la laisser mourir, il aurait mieux fait de ne pas contribuer à lui sauver la vie. Elle ouvrit la porte sans lui adresser un regard et railla :

-Essaie de ne pas me planter ta hache dans le dos.

Jay haussa un sourcil moqueur.

-Je préfère voir le regard de mes victimes s'éteindre, petite nymphe.

Elle choisit de l'ignorer, ne sachant que répondre de toute façon. Elle connaissait mieux que personne son côté sanguinaire. Elle s'éloigna d'un pas lent, peu habilitée à accélérer la cadence. Il la suivit avec une nonchalance exagérée, laissant suinter son ennui et son mépris. La princesse supporta son comportement sans mot dire, pendant presque tout le trajet. Ils n'étaient plus très loin du territoire des nymphes lorsqu'elle extériorisa son agacement:

-T'es obligé de traîner des pieds comme ça ? Je ne t'ai pas demandé de me suivre comme un animal bien dressé à ce que je sache ! Tu peux parfaitement faire demi-tour.

Le guerrier la fusilla de son regard violet.

-Parce que j'ai l'air d'un chien en quête de caresse ? J'ai juste pas envie qu'on me le reproche si tu trébuches et que tu meures au fond d'un ravin.

Elle posa une main faussement émue sur sa poitrine.

-Fais attention, je vais rougir si tu continues à faire montre d'autant d'amour.

Il pinça les lèvres mais ne pipa mot. Il valait mieux se taire, sinon la situation ne manquerait pas de dégénérer. Un court silence s'installa. Mercy chercha ses mots un moment. Finalement elle se racla la gorge et se lança :

-Je... Même si je sais que tu ne l'as probablement pas fait pour moi, je voulais te remercier. Tu...

Jayson ne lui laissa pas le temps de poursuivre, il dressa un doigt devant son visage et la coupa :

-Tu as raison, je ne l'ai absolument pas fait pour toi. Tu ne devrais pas me remercier. La seule raison pour laquelle ta tête est encore sur tes épaules, en plus du fait que Jess me l'ai strictement interdit, c'est parce que je préfère la satisfaction de sortir victorieux d'un combat. Une fois rétablie, ne t'attends pas à ce que je t'épargne. Nous avons encore des comptes à régler.

La nymphe laissa échapper un rire sans joie.

-Je ne te le fais pas dire. Rien n'a changé, tu es toujours le lâche qui m'a abandonnée à mon sort il y a cinquante ans.

Le visage de son interlocuteur se crispa immédiatement. 

-Pardon ? N'inverse pas les rôles ! Ton connard de père m'a fait plus que largement fait payer pour notre relation.

-Ah, parce que tu crois que je n'ai pas eu à en faire les frais ? Tu t'es échappé en me laissant pourrir là-bas !

Jay fronça brièvement les sourcils avant de laisser un sourire railleur étirer ses lèvres.

-Tu étais sa fille, il ne...

-Non, le coupa-t-elle. Ne finis pas ta phrase, tu ne sais rien. Personne n'est mieux placé que le roi  pour connaître tous les points faibles d'une nymphe et s'en servir.

Le satyre ne s'attarda pas sur tout ce que cette phrase impliquait. Il avait besoin de nourrir la haine qu'il ressentait. Il ne pouvait pas la laisser s'amenuir à coup de manipulations ridicules. Il ne le voulait pas.

-J'aimerais bien pouvoir ne serait-ce qu'essayer de te croire. Mais vois-tu, le problème c'est que j'ai décidé d'arrêter de prêter foi à ce qui sortait de la bouche des nymphes depuis que j'ai découvert que tu étais en vie.

Elle renâcla.

-Ravie de savoir que j'étais censée être morte, ironisa-t-elle.

Son interlocuteur haussa les sourcils, sceptique.

-Comme si tu ne le savais pas. La femme qui est venue me libérer m'a affirmé que tu étais morte. Elle m'a poussé à partir.

La princesse croisa les bras sur sa poitrine, prenant garde à rester délicate dans ses mouvements. Ses côtes étaient toujours douloureuses et ce n'était pas le moment de montrer la moindre faiblesse.

-Bien entendu, j'avais oublié que j'avais un poids dans ce genre de décision. Que mon peuple ne m'a jamais considéré comme une traîtresse et qu'on m'a demandé mon avis avant de faire quoi que ce soit. Suis-je bête ! Sérieusement, je ne vois pas du tout ce que ça m'aurait apporté de te faire croire à ma mort.

Jayson renifla.

-C'était plus simple d'abandonner que de se battre pour défendre tout ce qu'on avait voulu construire.

Elle fit un mouvement brusque dans sa direction ce qui lui arracha une grimace de souffrance.

-Mais je me suis battue ! J'ai... Tu sais quoi ? reprit-elle après une courte pause. Je n'ai pas la moindre envie de débattre avec toi ! Continue de penser que je t'ai fait croire à ma mort. Porte des œillères si ça te chante, de toute façon je ne vois pas ce que ça changerait. Je te hais, tu me hais, tout le monde est content. Tu n'es pas capable de connecter deux neurones pour tenter de comprendre ce qui s'est réellement passé ? Je m'en fous royalement. Je vais rentrer chez moi, boire une boisson chaude et appliquer une décoction sur mes côtes parce que ça me fait un mal de chien. Je vais oublier t'avoir revu et tout ira bien.

Il essaya de dire quelque chose, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Confus, il la regarda partir, incapable d'empêcher ses paroles de tourner en boucle dans son esprit.

***

J'essaie de vous poster un chapitre par jour pendant que j'ai l'inspiration et surtout le temps pour les écrire !

J'attends vos retours : Likez, Commentez ;)

TOY

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top