Le général mit moins d'une seconde à reconnaître le corps caché sous les couvertures et il se statufia instinctivement. Il se sentait engourdi par la surprise et ne parvenait pas à émettre une seule pensée cohérente. Que faisait-elle là ? Pourquoi son visage était-il aussi pâle que celui d'un cadavre ? Jay se concentra quelques instants pour s'assurer de percevoir une respiration. Elle était faible, mais bien présente. Une main se posa délicatement sur son bras et il se reconnecta à l'instant présent. Un voile de colère lui brouilla les idées. 

-Jay ? Dis-moi quelque chose, s'il te plaît...

Il lança un regard noir à Jess et s'avança vers le lit en tendant une main vers la hache accrochée dans son dos. Anticipant son geste, son amie vint faire barrage.

-Arrête.

La guerrier n'appréciait que moyennement de l'entendre lui donner un ordre.

-Pousse-toi de là, putain. Je vais faire ce que je n'ai pas réussi à faire l'autre jour.

-Et tu penses que tu en tireras une quelconque fierté ? Du bien-être peut-être ? Je ne te laisserai pas la toucher, Jay. Je lui suis redevable et je suis une femme d'honneur.

Ses paroles eurent le mérite de le faire réfléchir. Il n'était pas lâche, alors pourquoi le devenait-il en sa présence ? 

-Je...

Il ne parvint pas à trouver les mots justes et abaissa son bras.

-Tu as trente secondes pour m'expliquer, lâcha-t-il froidement.

Jessmina relâcha sa respiration, soulagée. Qu'il lui permette de justifier ses actes était un bon début.

-J'étais en train de cueillir les plantes pour ton onguent lorsque je l'ai vue. Elle était échouée sur la rive du lac. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais je crois qu'on a essayé de la noyer. Je doute qu'elle soit tombée toute seule et elle a des marques sur le cou et la joue.

Jay dévia son regard afin de vérifier ses dires et crispa la mâchoire. Il était envahi par tant d'émotions contradictoires qu'il en souffrait.

-Tu as dit que tu lui étais redevable. Pourquoi ?

Son interlocutrice haussa les épaules.

-Je lui dois la vie. J'étais avec Marc et son ami la nuit où ils sont morts. Nous avons croisé sa route ainsi que celle de son compagnon. Nous nous sommes battus. Je n'étais pas tout à fait évanouie et je l'ai entendu convaincre son ami de me laisser la vie. 

-Donc... tu sais qui elle est ?

C'était une question purement rhétorique, mais elle ressentit le besoin de se justifier. Elle n'avait à aucun moment voulu blesser son ami.

-Oui. Je sais que c'est la fameuse Mercy et je suis vraiment désolée de t'imposer cela ! J'ai besoin d'aide, je ne peux pas la laisser mourir. Tu sais bien que je mets un point d'honneur à suivre mes principes et c'est impossible pour moi de l'abandonner à son sort alors que je lui dois le mien. Je n'y connais absolument rien aux nymphes et je...

-Je vais t'aider, la coupa-t-il.

La satyre resta un instant bouche bée, ne sachant que lui répondre. Elle avait peur de ses motivations et était surprise qu'il acceptât aussi rapidement. Jayson n'était pas un satyre qui renonçait si facilement à sa rancœur.

-Je ne le fais pas de gaieté de coeur, ajouta-t-il, mais je ne suis pas assez fort pour faire table rase du passé en cet instant. Je préfère faire les choses dans les règles de l'art et gagner un combat plutôt que de lâchement évincer mon ennemi.

Elle l'enlaça, soulagée. Ainsi il ne ferait rien d'irréfléchi et saurait faire la part des choses. Il avait toujours eu une étonnante capacité à mettre ses sentiments de côté.

-Tu es bien plus fort que tu ne le dis, Jay.

Se détachant de lui, elle retourna voir sa patiente. Des gouttes de sueur recouvraient à présent son front. Jessmina prit sa température avec le dos de sa main.

-Elle est brûlante.

Retirant deux des trois couvertures, elle prit un récipient et courut jusqu'à la salle de bain.

-Jay, tu peux rester à son chevet ? Je vais devoir aller chercher quelques plantes de toute urgence. Je ne sais pas comment réagissent les nymphes à nos remèdes, mais avec un peu de chance elles ne sont pas si différentes de nous...

Elle posa un linge humide sur son front et se tourna vers son général, toujours immobile dans l'entrée.

-Jay ?

-Oh, oui, vas-y.

Il la laissa partir et tira une chaise pour se placer à côté de Mercy. Qu'il était dur pour lui d'être si près d'elle. Il était déchiré par tant de chose que la douleur en était insoutenable. Le jeune homme prit une grande inspiration, passant le linge sur les joues et le cou de son ancien amour. La nymphe fronça les sourcils dans son sommeil et se mit à haleter. Inquiet, il se rapprocha d'elle. Pourquoi Jessmina était-elle absente lorsqu'il avait besoin d'elle ? 

Mercy ouvrit les paupières, dévoilant ses grands yeux orangés. Ils étaient recouverts d'un voile de terreur et il comprit rapidement qu'elle était en proie à des hallucinations.

-Père ? 

Sa voix, pareil à un souffle rauque le fit frémir. Elle semblait terrifiée par la simple idée de se retrouver face à son paternel. Il fronça les sourcils, perturbé par ce constat.

-Non Mercy, je...

-Arrêtez. Laissez-moi mourir...

Il se tut, écoutant les sanglots qui s'échappaient de sa gorge meurtrie. Elle cria quelques mots et se mit à paniquer de plus belle. Ne sachant que faire, il tenta de l'apaiser d'une voix doucereuse et passa sa main fraîche sur son visage bouillant. La Sauveuse finit par se calmer et le sommeil revint la ravir. 

Jay la regardait, complètement perdu. Avait-il bien compris ce qu'il avait entendu ?

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Hey ! 

Alors qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Du tournant que prend l'histoire ?

À vos théories ;)

XOXO

TOY