Chapitre 24 (PDV Jessmina)
Jessmina déambulait, son panier à la main. Elle avait déjà cueilli toutes les plantes dont elle avait besoin, à l'exception de la petite fleur blanche qui poussait près du lac. Son général lui avait demandé de lui préparer un onguent cicatrisant dans les plus brefs délais. Il s'était probablement encore battu, mais vu l'humeur exécrable dans laquelle il était, elle avait préféré ne pas l'interroger. Le poids de son épée contre sa cuisse la rassurait. Étant à la limite de son territoire, il n'était pas inhabituel d'y croiser quelques nymphes et elle préférait être à même de se défendre.
En arrivant près du lac, elle remarqua immédiatement la forme sombre qui n'avait rien à faire là. Le plus discrètement possible, elle posa son panier au sol et le cacha dans les fourrés. D'un geste souple elle dégaina son arme et s'avança précautionneusement. Elle sentait son sang pulser contre ses tempes, inquiète de ce qu'elle allait trouver. Plus ses pas la rapprochaient de la rive et plus elle voyait distinctement l'ombre. Ce n'était pas un objet comme ce qu'elle avait pu croire au premier abord. C'était une silhouette. Une personne.
La satyre resserra instinctivement ses doigts sur le pommeau de son épée en l'entendant lutter pour respirer. Une toux rauque brisa le silence, évacuant l'eau qui avait infiltré ses poumons. Lorsque sa respiration erratique se calma, l'inconnue s'écroula sur le sol, vaincue. Comme elle était à présent suffisamment proche, elle devina aisément qu'elle avait perdu connaissance. Rassurée, elle relâcha la pression qui tendait l'ensemble de son corps. D'un geste prudent, elle la retourna pour pouvoir voir son visage. Une chose était sûre, c'était une nymphe et elle l'avait déjà vu.
Ses souvenirs lui revinrent rapidement, c'était lorsqu'elle avait suivi Marc et son ami. Cette nymphe l'avait épargnée. Mercy, se rappela-t-elle soudain. Elle n'avait pas trop de doute sur son identité. La détaillant de son regard scrutateur, elle sentit un frisson lui parcourir l'échine. Sa robe bleu était trempée, dessinant ses courbes tandis que sa cape blanche n'était plus qu'un tissu transparent. Ses longs cheveux auburn étaient emmêlés et plein de sable. Elle remarqua les traces rougeâtres qui brisaient la pâleur de sa peau. Ses lèvres étaient bleuies par le froid et ce constat la ramena à elle. Elle devait faire quelque chose. Ce n'était pas n'importe qui et elle lui devait la vie.
Jay lui avait donné libre accès à sa chaumière. Enfin une chaumière qu'il avait fait construire sans jamais l'habiter. Celle-ci n'était pas très loin, juste ce qu'il fallait pour qu'elle traîne le jeune femme là-bas. Heureusement qu'elle n'était pas plus éloignée d'ailleurs, car la tâche se révéla plus compliquée que prévue. La nymphe pesait lourd pour un si petit gabarit. Au prix d'un grand effort, elle parvint à la déposer dans le lit inoccupé. Espérant qu'il n'était pas trop tard, elle lui ôta son manteau et la couvrit de plusieurs couvertures.
Jess réfléchit à toute vitesse. Il fallait qu'elle récupère quelques fioles chez elle et qu'elle aille chercher son panier. Mais pouvait-elle laisser sa patiente ? La réponse s'imposa rapidement. Sans son matériel elle ne pouvait rien faire de plus. Pressée, elle se dépêcha de récupérer les plantes qu'elle avait cueillies et rejoignit le village. Elle jeta les fioles dans son panier et les recouvrit d'une robe sèche et de quelques linges propres. En sortant de sa petite maison, elle tomba nez à nez avec son général. Elle se figea, sentant une boule lui nouer la gorge.
-J...Jay, salut, bafouilla-t-elle.
Le sourire qu'il affichait se crispa face à sa nervosité.
-Tu vas bien, Jess ?
L'intéressée se racla la gorge, consciente de ne pas avoir l'air naturelle.
-Ouais super ! Je suis un peu pressée, désolée. Je te prépare ton onguent au plus vite.
Elle passa devant lui, tête baissée. Il la suivit et cala son pas au sien.
-Je sens que quelque chose ne va pas.
Agacée, la satyre se tourna vers lui en s'arrêtant brusquement.
-Tout va bien, Jay. Je vais juste cueillir deux trois trucs qui me font défaut. J'en ai pas pour longtemps, je voudrais être seule.
Il lui saisit le bras avant qu'elle ne lui tourne le dos. Un grand sourire étirait ses lèvres.
-Regarde-moi dans les yeux si tu veux que ce soit efficace.
Jessmina fronça les sourcils.
-Je te demande pardon ?
-Quand tu mens, expliqua-t-il. Regarde-moi dans les yeux sinon ce n'est pas crédible. Je te connais trop, je sais quand tu me mens.
Elle sentit ses joues s'empourprer et le regarda dans les yeux.
-Tu comptes me dire la vérité ? reprit-il.
La jeune femme réfléchit à toute vitesse. Elle détestait cacher des choses à son ami et n'était pas une menteuse convaincante, comme il venait de le souligner. Elle aurait besoin d'aide, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Mais serait-il d'accord ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Elle pouvait même formuler quelques doutes relativement pertinents.
-Je... oui, suis-moi. Mais à une condition.
-Laquelle ?
-Que tu me promettes de ne pas te mettre en colère...
Il accepta, méfiant et la suivit jusqu'à sa chaumière.
-Que faisons-nous ici ?
La lueur gênée qui apparut au fond de ses yeux fut loin de le rassurer.
-Je... Entre, mais n'oublies pas ce que tu m'as promis !
Le guerrier sentit l'inquiétude l'étreindre. Que pouvait-elle cacher qui lui fasse craindre son courroux à ce point ? Il posa sa main sur le poignée et entra dans l'habitation.
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