Chapitre 23

La princesse déglutit difficilement. Le ton venait d'être donné et elle n'avait aucune envie de se battre aujourd'hui.

-Qu'est-ce que tu veux Sillas ? Je n'ai vraiment pas envie de me disputer avec toi.

Il s'approcha, ne laissant que quelques mètres les séparer.

-J'ai eu vent de quelques nouvelles informations qui m'ont... abasourdies.

Elle croisa les bras sur sa poitrine et haussa un sourcil moqueur.

-Eh bien, je suis ravie d'apprendre que l'interrogatoire que tu as fait passé à Falia à mon sujet t'a été gratifiant. Néanmoins je doute qu'elle ait pu t'apporter quoi que ce soit d'intéressant.

-Non, c'est vrai que cette jeune femme ne m'a été d'aucune utilité. Mais les bruits de couloirs ont toujours été porteurs de surprises.

Mercy inspira profondément, elle commençait à être agacée de l'entendre parler en énigme. On aurait dit un prédateur s'amusant à jouer avec sa proie.

-Tu écoutes aux portes en somme. Je ne vois pas en quoi tes activités me concernent. Viens en aux faits.

-J'ai entendu ta discussion avec Ryan.

Elle sentit son sang se glacer dans ses veines. Elle savait pertinemment qu'elle n'avait rien à se reprocher, mais sans contexte et avec un avis sur elle aussi tranché, il ne faisait aucun doute qu'il avait mal interprété cet échange. Comme elle ne répondait pas, le général s'approcha lentement d'elle.

-Je peux sentir toute la tension qui envahie ton corps, Mercy. Tu vois donc de quoi je parle à présent.

La situation l'amusait clairement, ce qui n'était pas du goût de la Sauveuse. Elle ne comptait pas se laisser marcher sur les pieds de la sorte.

-Je vois surtout que tu n'as pas changé. Tu es toujours le connard égocentrique que tu étais avant de partir en campagne.

Sur ces mots, elle commença à s'éloigner. Elle n'avait pas fait trois pas que sa main saisit son bras avec force. Elle sentait ses doigts s'enfoncer dans ses chairs et du retenir une grimace. Il la repositionna face à lui et glissa tout contre son oreille :

-Tu m'as trahi, Mercy. Et je suis outré de voir que tu es toujours la même traînée qu'avant mon départ.

Elle se dégagea avec brusquerie et fit instinctivement quelques pas en arrière.

-Qu'est-ce que tu veux, à la fin ? s'écria-t-elle, à bout.

Sillas ricana.

-Je suis général, je veux simplement que justice soit rendue.

La princesse releva fièrement le menton, une lueur de défi brillant au fond de ses yeux citrine :

-J'ai déjà payé, Sillas. En outre je ne vois pas en quoi tu serais légitime pour juger de ma pénitence.

Les yeux de son interlocuteur se couvrir d'un voile glacial et il rompit la distance de sécurité qui les séparait. D'un geste, il saisit son menton sans aucune précaution, se délectant du furtif éclair de douleur qu'il perçut dans son regard orangé.

-Tu m'as ridiculisé devant l'ensemble du royaume, Mercy. Tu as agi sans penser aux conséquences et le laxisme de ton père fait que tu respires encore. Tu ne seras absoute qu'à partir du moment où cette lueur de vie te quitteras. Je peux t'assurer que je ferais en sorte que tes crimes soient connus.

Elle eut un brusque mouvement de recul qui suffit à le faire lâcher. Elle avait peur. Jamais jusque-là elle n'avait vu cette lueur de folie qu'il cachait si bien. A présent elle voulait bien croire à la rumeur. Cette fameuse rumeur qu'elle n'avait jusque-là jamais considéré autrement que comme un commérage infondé.

-Je suis étonnée de voir que tu ne daignes pas parler de tes propres crimes. Tu serais sans aucun doute démis de tes fonctions si le conseil apprenait ce que tu leur caches. Un sadique comme toi n'as rien à faire à la tête d'une armée. Tu ne veux pas défendre le peuple, tu cherches à satisfaire tes pulsions dégéné...

Mercy n'eut pas le temps de finir sa phrase que sa main s'abattit sur sa joue avec une force hors du commun. Elle roula sur le sol comme une poupée de chiffon jusqu'à se retrouver en équilibre instable au bord du précipice. Contenant ses tremblements, elle se releva tandis qu'il avançait vers elle.

-Tu vois, finalement je n'aurais peut-être pas à attendre.

Il lui saisit les épaules.

-J'aurais dû faire ça la dernière fois, ajouta-t-il.

Avant qu'elle n'eût le temps de comprendre le sens de ses mots, elle sentit son corps basculer dans le vide.

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