Chapitre 18
Mercy sentit les lèvres de Ryan se plaquer contre les siennes. La surprise affola ses pensées et elle ne parvint plus à réfléchir correctement. Alors qu'il commençait à approfondir son baiser, elle réussit à reprendre conscience. Se refusant à le laisser espérer une suite qui n'arriverait pas, elle se recula lentement. La princesse releva la tête et eut juste le temps de le voir se retourner.
-Ryan, je...
Le patrouilleur leva une main pour la couper.
-Laisse-moi, Mercy.
Elle ouvrit la bouche pour s'expliquer, mais se retint. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il valait mieux le laisser lorsqu'il était de cette humeur. Attristée, elle partit non sans jeter un regard en arrière. La nymphe espérait sincèrement que cette situation ne durerait pas et que sa rancoeur disparaîtrait. Ryan était un homme rancunier et orgueilleux de nature, il lui serait difficile donc d'oublier cette offense. Elle rejoignit le palais rapidement et fut soulagée de ne pas y croiser sa mère. Celle-ci n'aurait pas manqué de lui faire une quelconque réflexion sur son état et Mercy n'aurait pas eu la patience de l'endurer.
Après une courte nuit réparatrice, elle se prépara à la hâte. Il aurait été malvenu de sa part de manquer le banquet mensuel du palais. Lors de celui-ci, la reine avait coutume d'effectuer un bref discours pour informer le peuple des dernières nouvelles et de l'état du royaume. Elle enfila donc une robe plutôt simple. D'un turquoise éclatant, cette dernière était resserrée à la taille par un fin cordon blanc. Elle tressa rapidement ses longs cheveux et rejoignit la salle de réception. Les nymphes avaient déjà commencé à investir les lieux et la patrouilleuse ne mit pas longtemps à repérer Falia. Elle s'empressa de la rejoindre et s'assit à ses côtés autour de la grande table de bois.
-Tu m'as l'air bien morose ! l'aborda son amie avec une inquiétude apparente.
Comme s'il avait attendu ce signal précis, Ryan entra dans la grande pièce accompagné de son ancien groupe de vipères. Il ignora volontairement le regard que sa binôme posa sur lui et adressa un sourire à l'un de ses amis. Falia suivit ce manège avec attention et se tourna vers son amie, curieuse.
- Il s'est passé quelque chose ? la relança-t-elle.
Mercy haussa les épaules, le regard fixé sur son assiette vide. Elle saisit sa fourchette et joua avec quelques instants.
-On peut dire ça...
L'autre nymphe lui fit les gros yeux.
-Eh bah, raconte !
L'intéressée releva la tête, dévoilant la tristesse qui voilait ses grands yeux orange.
-Ryan m'a embrassée.
Fiona écarquilla les yeux, surprise.
-C'est vrai ? Quand? Comment? Il embrasse bien?
Cette dernière interrogation fit sourire la princesse avant qu'elle n'eut le temps de se retenir. Pour la forme, elle leva les yeux au ciel, faussement exaspérée.
-Je te raconterai tout ça, mais pas ici. Ce que tu ne sais pas encore, c'est que je l'ai repoussé, ajouta-t-elle après une courte pause.
Son interlocutrice fronça les sourcils.
-Mais pourquoi est-ce que tu...
Elle s'interrompit brusquement en voyant Régina entrer.
-Nous en reparlerons, comptes-y bien ! murmura-t-elle discrètement.
Silence se fit dans la salle, et l'assemblée se leva. La reine monta sur la petite estrade et fit face au public. D'un gracieux signe de la main, leur fit signe de se rasseoir. Dès qu'ils eurent obtempéré, sa voix autoritaire résonna avec puissance :
-Bonjour à tous, je vous remercie d'être venus si nombreux. Je ne suis malheureusement pas porteuse de bonnes nouvelles. Comme vous le savez, le taux de natalité du royaume n'a de cesse de chuter depuis quelques siècles. Notre peuple n'a que rarement dépassé un enfant par couple, mais ces derniers temps ce ratio est en baisse. Nous avons de plus en plus de difficultés à procréer et les enfants se font rares.
Des murmures s'élevèrent, porteurs d'une inquiétude grandissante. Le peuple avait conscience de l'importance du problème, mais ne pensait pas qu'il avait ainsi empiré.
-Notre espérance de vie est longue, reprit-elle après que l'effusion eut cessé, et cela ne rend cette constatation que plus inquiétante. En deux millénaires de vie, une nymphe n'arrive parfois même pas à mettre un seul enfant au monde. Nous devons agir. Et vite. C'est pourquoi nous avons décidé de renforcer les cellules de recherches déjà en place. Alors que feu mon époux avait choisi de miser sur notre combat contre les satyres, je juge nos soucis de natalité bien plus préoccupants. C'est pourquoi je vous demande de vous en occuper en priorité.
Mercy décrocha de la suite du discours, se perdant dans ses pensées. Elle était persuadée d'avoir lu un livre traitant de ce sujet dans la grande bibliothèque du palais. Enfin plus précisément dans les archives du palais. C'était d'ailleurs le seul véritable privilège d'être la princesse, elle était l'une des rares personnes à pouvoir y accéder. Plus elle y pensait et plus elle se souvenait avoir relevé une incohérence étrange dans l'histoire même de leur peuple. Ces recherches remontant à avant sa déchéance, elle n'était pas persuadée de l'exactitude de ses souvenirs. Il lui faudrait y retourner, elle se jurait d'y penser lorsqu'elle aurait le temps.
Tirée de ses réflexions par une salve d'applaudissements, elle revint à la réalité. Sa mère venait de finir son discours et lançait donc ainsi le début du repas. La nourriture fut distribuée à foison, et elle discuta gaiement avec Falia. Il lui était difficile de mettre de côté ses préoccupations et elle ne pouvait se retenir de jeter de brefs coups d'oeil en direction de Ryan. Peu avant la fin du repas, elle le vit se lever de table discrètement. Échangeant un regard entendu avec Falia, elle l'imita et partit à sa suite. Il s'élança dans les couloirs du palais avec assurance et elle se demanda où il pouvait bien se rendre.
***
Et voici un nouveau chapitre !
J'espère qu'il vous a plu ! ;)
La suite arrive bientôt, n'hésitez pas à me donner votre avis :)
XOXO
TOY
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