Chapitre 15
Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis son excursion forcée chez les satyres. Le souvenir de la cellule continuait cependant à réveiller la jeune femme durant la nuit, lui offrant des sueurs froides teintées d'une crise de panique. Son père se serait réjoui de voir que sa punition avait eu autant d'impact sur sa fille. Régina quant à elle s'était habituée à la situation et avait autorisé la princesse à sortir de ses appartements la nuit pour aller faire un tour si le besoin s'en faisait ressentir. Elle n'était toutefois pas autorisée à quitter l'enceinte du palais dans l'obscurité.
Sillas n'était toujours pas parti et la nymphe faisait de son mieux pour l'éviter, passant tout son temps libre en compagnie de Falia et de Ryan. Cet après-midi-là, pourtant, Mercy avait décidé d'aller se promener seule. Elle avait toujours aimé sentir l'air frais fouetter son visage et entendre le chant de la forêt résonner à ses oreilles. Elle marcha un long moment, se délectant de sa solitude. La princesse avait pour objectif de se rendre jusqu'au ruisseau, à la limite de leur territoire et d'en revenir. Elle ne s'était toujours pas remise de la vision qu'elle avait cru avoir quelques mois plus tôt et celle-ci ne cessait de venir la troubler. Il y avait tant d'année qu'elle n'avait pas vu Jay qu'elle doutait réellement l'avoir reconnu. Simple tour de son esprit ou réalité bien troublante elle ne savait plus trancher et mettre des mots sur ce qui lui était apparu.
Elle quittait tout juste la limite de la forêt lorsqu'elle entendit le son caractéristique de l'eau qui s'écoulait. Sortant des bosquets qui la camouflaient, elle aperçut Evy. Reconnaissant instantanément cette silhouette élancée et ces cheveux blonds, elle hésita à faire demi-tour mais il était déjà trop tard:
-Tiens Mercy, je m'étonne de te voir toujours en vie.
Celle-ci s'approcha pour faire face à son interlocutrice.
-D'autant plus qu'à chaque fois que nos chemins se croisent je meurs d'envie de me tuer. C'est un choix pour toi d'être aussi superficielle ?
Evy plissa son petit nez retroussé d'un air de dégoût et regarda ses ongles manucurés avec nonchalance.
-Tu sais, je n'ai toujours pas compris pourquoi Ryan a choisi de nous laisser tomber pour s'abaisser à traîner avec une personne comme toi.
Mercy leva les yeux au ciel et la dépassa en lui donnant un coup d'épaule.
-Je n'ai pas de temps pour tes idioties. Dégage.
La blonde partit d'un rire mesquin et l'étudia de haut en bas avec mépris. Elle avait toujours eu une lueur mauvaise dans ses grands yeux bleus. Aussi loin qu'elle se souvienne, Mercy n'avait jamais vu autre chose que de la malignité chez cette nymphe aussi belle que prétentieuse. Cette pimbêche l'avait toujours détestée sans la moindre raison valable et n'avait eu de cesse de l'insulter et de lui montrer la haine qu'elle lui vouait.
-Tu n'as vraiment aucun intérêt. De plus tout le monde te considère comme une traître à ton peuple. En retires-tu de la joie ou est-ce pour toi une fatalité de décevoir tes parents ?
La princesse inspira profondément, espérant se calmer. Néanmoins cela se révéla bien plus dur qu'il n'y paraissait.
-Evy, je te conseille de te taire. Lorsqu'on ne sait pas de quoi on parle il vaut mieux éviter de trop l'ouvrir.
La poupée Barbie en face d'elle croisa les bras sur sa poitrine et laissa un sourire narquois étirer ses lèvres vermeilles.
-Oh, mais je sais parfaitement de quoi je parle. Tout le monde sait et imagine sans soucis la déception qu'on vécu notre roi et notre reine en découvrant que leur fille unique était devenue la putain de ces immondices.
Mercy esquissa un vague geste de la main et bailla sans grâce.
-Tu te répètes, ton refrain ne m'intéresse plus le moins du monde. Il fut un temps où ta qualité de garce me touchait un tant soit peu, mais il faut croire que cette époque est révolue. J'ai compris que ce n'était pas moi que tu détestais, c'est uniquement mon rang. Il n'y a rien que tu désires davantage que ma couronne, reconnais-le !
Evy éclata d'un rire factice, une lueur cruelle au fond des yeux.
-Tu crois vraiment que ton rang de pacotille m'attire princesse ?
Elle fit un pas vers son interlocutrice et sembla se concentrer quelques instants avant de bouger la main d'un manière étrange.
-Eh bien, puisque tu te crois si puissante que cela je te défie de te défaire de cela.
Ne comprenant pas de quoi elle parlait, la princesse fronça les sourcils, mais lumière se fit instantanément lorsqu'elle sentit des liens s'enrouler autour d'elle. Evy était en train de manipuler les végétaux pour qu'ils se retournent contre elle. Les racines de ceux-ci s'enroulaient autour de ses chevilles et de sa taille. Puis, avant qu'elle n'eût le temps d'esquisser le moindre mouvement, ils la retournèrent et elle se retrouva tête vers le bas.
-A quoi tu joues? Laisse-moi descendre, ordonna-t-elle.
Son adversaire de toujours secoua la tête en signe de négation et ricana.
-Non, je trouve cela beaucoup plus amusant de te laisser pourrir ici. Sans épée et sans arme j'ai hâte de savoir si tu vas t'en sortir.
Lorsque Mercy vit à quel point Evy était motivée pour l'abandonner là, attachée et sans autre forme de procès, elle essaya de la raisonner:
-Tu ne penses pas réellement me laisser comme ça. Des satyres pourraient arriver et nous sommes à la limite de notre territoire, c'est beaucoup trop dangereux pour jouer à tes jeux stupides.
Evy hocha la tête, de plus en plus amusée par la tournure que prenaient les événements.
-Il y a des bêtes aussi qui traînent dans le coin. Et celles-ci tu ne pourras pas frayer avec pour les amadouer.
Elle s'éloigna, laissant uniquement ses éclats de rire résonner dans le silence à présent accablant de la forêt. Mercy se maudit de ne pas avoir pris d'armes avec elle. La seule qu'elle possédât sur elle était un poignard accroché au niveau de sa cheville. Usant de ses abdos, elle tenta de l'atteindre un certain nombre de fois. Elle l'attrapa finalement, mais eut à peine le temps de couper ses liens qu'elle entendit le crépitement de branchages. Saisie de peur, elle cessa tout mouvement, se laissant retomber sur le sol dans un bruit sourd et murmura:
-Il y a quelqu'un ?
Sa voix était très peu assurée et elle vit une silhouette obscure se détacher des arbres. Celle-ci ricana froidement et une voix grave lui parvint, aussi glaciale qu'un morceaux de glace:
-Tiens, tiens, tiens. Ne serait-ce pas La Sauveuse ?
***
Cela fait très longtemps que je n'ai pas publié sur cette œuvre. Vous m'en voyez désolé, mais j'ai très peu de retour ce qui est un peu décourageant. Je vais tenter de me rattraper et de la continuer un petit peu, mais je ne vous promets rien. En espérant avoir vos avis!
Ce chapitre vous a plu?
Que pensez-vous d'Evy et son petit complexe d'infériorité ?
Qui peut bien être la mystérieuse silhouette ?
A vos hypothèses.
XOXO
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