Chapitre 11
Il la dévisagea en plissant dangereusement les yeux.
-Je te demande pardon?
Mercy déglutit et expliqua:
-Je veux qu'on ait une discussion. Nous n'avons pas pu parler de... tout ça depuis que...
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il l'interrompit:
-Depuis que je t'ai découverte avec cette abomination.
Le visage de la jeune femme rosit légèrement, néanmoins ce n'était pas de gêne mais de colère.
-Je ne te permets pas de juger ce dont tu ne sais rien.
Sillas s'approcha d'elle, une lueur assassine au fond des yeux.
-Je ne préfère rien savoir de cette relation contre-nature qui me donne des haut-le-cœur. Tu me donnes envie de vomir. Je regrette sincèrement que ton père ait été trop faible pour te punir à la hauteur de ton crime.
Sans se laisser le temps de réfléchir la princesse leva la main et l'abattit sur la joue de son interlocuteur.
-Mon père m'a fait subir bien pire que tu ne pourrais imaginer dans ton cerveau étriqué. Cela aurait été pour lui une délivrance que de voir ma tête rouler sur le sol.
Le soldat enserra son menton de sa grande main.
-Mais pour nous tous aussi très chère.
Avec vigueur elle saisit son poignet et le retourna de façon à lui faire lâcher prise. Un sourire moqueur étira ses lèvres vermeilles.
-Tu ne m'aimais pas et tu ne voulais pas non plus t'enfermer dans ce mariage ridicule. En réalité la haine que tu me voues n'est due qu'à l'affront d'avoir été surpassé en tout point par un satyre.
Sa mâchoire carrée se crispa et il se retint de lever la main sur elle.
-Peut-être que j'aurais pu réussir à t'aimer.
Elle éclata de rire.
-Bien sûr, la seule chose que tu aurais chéri c'est le trône. Tu ne me voyais que comme une parure supplémentaire! J'étais la seule nymphe à te résister encore.
-A cette époque-là je croyais encore en ta vertu. Mais bien mal m'a pris! Je me serais retrouvé avec la prostitué des satyres, quel immondice!
Il ponctua sa phrase par un regard emplit d'un dégoût flagrant. Elle leva de nouveau la main pour le gifler, mais il anticipa le coup et saisit son poignet. Mercy essaya de se dégager, en vain. Il resserra de plus en plus sa prise. Elle plaqua une expression impassible sur son visage et réprima sa douleur, ne voulant pas lui faire ce plaisir.
-Lâche-moi immédiatement, ordonna-t-elle.
Sillas esquissa un sourire narquois, glissant une main sur sa joue.
-Allons princesse, les nymphes n'ont-ils droit à rien? Il est injuste de tout réserver aux satyres.
La jeune femme plissa les yeux et lui cracha au visage. Il desserra son emprise sous le coup de la surprise puis lui asséna une gifle dès qu'il eut repris ses esprit. Mercy était sur le point de relancer leur dispute lorsqu'une voix intervint:
-Tout se passe bien ici?
Le duo échangea un dernier regard meurtrier puis ils se tournèrent d'un seul homme vers le trouble-fête. La princesse répondit à Ryan:
-Oui, nous venons juste de terminer notre... conversation.
Elle avait appuyé ce dernier mot et rejoignit son ami. Lorsqu'elle passa devant le général il la regarda avec une haine si fortement ancrée, qu'elle aurait pu la faire frémir si elle avait pas été si énervée. Elle sentit Ryan passer une main dans son dos et la conduire dans un endroit calme, loin de la réception. Il la questionna:
-Que s'est-il passé?
Elle haussa les épaules.
-On a essayé de s'expliquer. Mais s'il-te-plaît, j'ai vraiment besoin d'être seule.
Mercy le couva d'un regard amical et commença à partir.
-Où vas-tu?
-Je vais prendre l'air. J'étouffe.
Il acquiesça et la regarda s'éloigner. Elle marcha longuement, laissant ses pas la guider. Lorsqu'elle réalisa où ils l'avaient menée, elle fronça les sourcils et crut suffoquer. Elle se retrouvait devant le point de rendez-vous auquel elle avait l'habitude de retrouver Jay. C'était une grotte étroite à côté de laquelle coulait un petit ruisseau apaisant. Exténuée et ses pieds endoloris par les talons, elle s'assit sur le sol.
Mercy n'arrivait pas à faire partir les paroles de Sillas de son esprit. Elle avait bien sûr entendu des choses bien pire, mais la haine qu'il nourrissait à son encontre était si forte qu'elle n'arrivait pas à faire abstraction de sa douleur. Elle ferma les yeux quelques secondes. Motivé par les souvenirs qui surgissait, un flashback s'imposa à elle.
Elle se souvenait parfaitement de cette journée ensoleillée. La jeune femme n'était pas de patrouille ce jour-là. Elle avait rejoint Jay en secret. Le relation suivait à cette époque-ci un fil fabuleux. Elle était heureuse avec lui, dans ses bras.
-Tu m'as manqué, avait-elle murmuré.
Il lui répondit d'un baiser, tenant délicatement son visage laiteux entre ses mains. Ils venaient d'interrompre leur baiser lorsqu'une voix grave avait ordonné:
-Mercy, éloigne-toi de lui.
Elle s'était retourné en fronçant les sourcils et était restée interdite en découvrant Sillas. Ses cheveux blonds bouclés frémissaient au grès du vent et ses yeux pourpres étaient restés bloqués sur le satyre. Mercy avait eu l'impression que tous ses cauchemars prenaient vie en cet instant. Au moment où il posa sa main sur le pommeau de son épée, la nymphe s'avança pour lui faire face et imita son geste avec défi.
-Que comptes-tu faire Sillas?
Il ignora sa question et la dévisagea, perplexe.
-Non Mercy. Non. Tu ne peux pas protéger ces monstres.
Le soldat secoua la tête pour illustrer ses propos. La jeune femme lâcha la garde de son épée et fit un pas de plus vers lui.
-Je ne te laisserai pas parler d'eux comme cela! Tu ne sais pas de quoi tu parles.
Elle voulut le frapper sur le torse pour le faire reculer, mais il attrapa ses deux mains et la lança sur le côté afin de la dégager de son passage. Elle atterrit à terre dans un bruit sourd
-Tu n'es pas toi-même. Laisse-moi régler cela.
La princesse tenta de lutter contre le brouillard qui embrumait son esprit. Elle vit Jay saisir sa hache avec un sourire carnassier sur les lèvres.
-Vas-y attaque-moi petite nymphe, provoqua-t-il.
Il n'en fallut pas plus à Sillas pour céder à ses pulsions. Il chargea le satyre qui esquiva de justesse le coup. Il évita la hache qui passa bien près de son oreille et contre-attaqua. Mercy ne prit pas le temps de retrouver complètement ses esprits, elle se leva et s'interposa entre les deux hommes. Jay interrompit son geste juste à temps et grogna:
-Mercy bouge. Il veut que l'on se batte, alors on se battra.
Sillas avait une sillée de sang le long de sa tempe et une blessure au niveau du biceps, tandis que Jay était amoché à l'abdomen. Elle dégaina son épée, décidée à les raisonner.
Elle cessa de se remémorer ces atroces événements lorsqu'un bruit la tira brusquement de ses pensées. Mercy se releva immédiatement. Par reflexe elle voulut saisir son arme avant de se rendre compte qu'elle ne l'avait pas. Elle refoula un ignoble juron et préféra partir, craignant de croiser quelqu'un. Ou pire, un satyre.
A peine avait-elle fait quelques pas qu'elle fut sûre, cette fois, d'avoir entendu des pas. Elle se retourna et se retrouva face à deux hommes. Elle n'eut pas besoin de les détailler longtemps pour comprendre qu'il s'agissait de satyres. Elle esquissa un mouvement de recul, mais elle sentit deux mains saisir ses bras. La princesse se débattit, mais la prise était trop forte pour qu'elle ne puisse faire quoique ce soit. Elle fit mine de se résigner et demanda:
-Vous allez me tuer?
L'homme de droite grogna de mécontentement.
-Non, le général veut tuer lui-même les nymphes dans ton genre.
Elle acquiesça silencieusement et cessa de réfléchir. D'un ample mouvement de tête vers l'arrière, elle frappa le satyre qui la tenait au visage et commença à courir. Pieds nus elle n'en menait pas large et fut vite rattrapée. L'un des deux l'attrapa par le poignet et la frappa à la tempe, suffisamment fort pour l'étourdir. L'adrénaline étant plus forte que la douleur, elle lui saisit le visage et tenta de le faire tomber sur la droite. Toutefois cela n'eut pas l'effet escompté et elle fut entraînée avec lui dans sa chute. Il roulèrent ensemble et tombèrent de la petite hauteur du haut de laquelle se trouvait la grotte. Ils continuèrent un peu à rouler et Mercy réussit à prendre le dessus. Elle lui asséna quelques coups de poings avant de sentir qu'on la tirait par l'épaule. Elle tomba sur le côté et reçut un certain nombre de coups de pieds dans le ventre. Etouffant la souffrance qu'elle ressentait, elle voulut se relever mais une chaussure la ramena violemment au sol. Sa tête dut cogner quelque chose de dur puisqu'une douleur lancinante irradia son crâne et sa vision se troubla. Elle prit tout de même la cheville qui maintenant son buste à terre entre ses mains, mais ses forces semblaient s'amoindrir. Elle les mobilisa au maximum, mais un ténébreux voile s'abattit devant ses yeux avant qu'elle ne perde connaissance.
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