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La sensation de tes lèvres contre les miennes. Je crois que cette sensation, je ne pourrais jamais l'oublier. Même encore maintenant, je la ressens encore. Je me souviens de ce que ça fait de t'embrasser.

C'était invraisemblable.

C'était chaud.

C'était froid.

C'était doux.

C'était violent.

C'était tout et rien en même temps.

C'était le temps qui s'arrêtait. Qui s'arrêtait juste pour se donner à nous. Pour que ce moment nous appartienne. À toi. À moi. Rien qu'à nous deux.

C'était mon corps qui se tendait. C'était le tien qui tremblait. C'était nos mains qui se serraient encore et encore. C'était mes sentiments qui explosaient. C'était les tiens qui faisaient la même chose.

C'était mon cœur qui s'accordait à la cadence folle du tien. C'était tout ce à quoi j'avais toujours aspiré.

Toi.

Alors, à chaque fois que l'on se séparait pour reprendre notre souffle, je ne pouvais pas faire autrement que de replonger sur tes lèvres. Pour faire durer ce moment. Encore et encore. J'aurais pu mourir dû au manque d'oxygène je ne m'en serais même pas rendu compte je crois.

Je n'aurai pas cru, qu'un simple baiser, puisse être aussi fort. Qu'un simple baiser puisse balayer tout le reste de ma vie, comme un fragile château de cartes. Qu'un simple baiser puisse chambouler l'intégralité de mes convictions.

Et pourtant, c'est bien ce que ta bouche contre la mienne avait réussi à faire.

T'étais un magicien Jimin.

Tu l'as toujours été.

Tout était magique. Ta manière de me parler. De me regarder. De me toucher. De me sourire. Tout ce que tu renvoyais à ce monde était magique. Comme si tu pouvais faire changer les choses rien qu'en posant ton regard sur elles.

Et les rendre tellement plus belles qu'elles ne l'étaient à la base.

C'est ce que tu as fait avec moi. Dès que je t'ai rencontré, j'ai su que tu allais chambouler ma vie. Que tes paroles allaient tout changer. Et pourtant, j'étais loin d'être réceptif à ce genre de choses.

Mais avec toi, c'était différent.

Le temps de cette semaine, tu m'avais permis de m'éloigner de tout ça. De ne plus penser qu'au travail, qu'à ce projet. Je l'avais même complètement oublié pour être honnête.

Avec toi j'oubliais tout. L'avenir n'avait pas d'importance. Il n'y avait que le moment présent qui comptait. Il n'y avait que notre monde à tous les deux. Celui qui s'édifiait quand on se regardait. C'était la seule chose qui importait pour moi.

Puis quand finalement, nos lèvres s'étaient séparées pour de bon, on s'était regardé bêtement. Légèrement gênés par l'ambiance. Mais en même temps, soulagés. Soulagés de savoir que ce qu'on ressentait était partagé.

Tu fus le premier à détourner le regard. Quittant mes pupilles pour reposter les tiennes sur nos mains nouées. Sur ce fil rouge s'enroulant autour de nos bras.

- Le fil rouge du destin, c'est ça ?

C'est ce que je t'avais murmuré. Te faisant légèrement sursauter. Mais me permettant de retrouver tes yeux. Puis tu avais alors simplement hoché la tête en souriant en remuant tes doigts contre les miens.

Naturellement, j'avais posé ma seconde main, libre, contre joue. Mon pouce, délicatement avait glissé sur ton visage, jusqu'à tes lèvres. Alors que mes yeux toujours ancrés dans les tiens étaient hypnotisés.

- Alors le destin fait bien les choses.

Tu avais étiré tes lèvres de plus belle suite à mes paroles. Tes joues avaient également pris une légère teinte rosée qui t'allait à merveille. Si tu savais comme j'aimais te faire ce genre d'effet. J'avais l'impression de ne pas être le seul complètement largué dans ce tourbillon qui entraînait nos esprits loin de la terre ferme.

- Je le pense aussi Yoongi.

Mon prénom. Si tu savais comme je l'aimais quand c'était toi qui le prononçait. J'aurais voulu que tu le prononces encore des millions de fois. Le soufflant amoureusement dans le creux de mon oreille pendant que je t'étreignais comme si c'était la dernière fois. Pendant que je te serrais contre mon corps pour t'empêcher de m'échapper ne serait ce qu'une seconde.

Puis peu à peu, ton expression avait un peu changé, alors que ton regard s'était perdu dans des limbes que je ne connaissais pas. Comme si tu te remémorais de vieux souvenirs et que la nostalgie te submergeait. Et finalement, tu avais annoncé la nouvelle.

Celle que tu redoutais un peu de m'annoncer en venant ici aujourd'hui.

Celle qui disait que tu n'allais pas pouvoir revenir ici pendant une semaine. Que durant sept longs jours, nous n'allions pas pouvoir nous voir. Et je comprenais pourquoi tu redoutais de m'avouer cela. Parce que cette nouvelle a fissuré mon cœur.

Qu'est ce que j'allais faire sans te voir ?

C'était ce que je m'étais immédiatement dit. C'était étrange, je ne te connaissais que depuis peu mais pourtant c'était comme si tu étais devenu nécessaire à ma survie. Oui, à ce point. J'avais besoin de toi à ce point.

Voyant mon air désemparé, tes mains étaient aussitôt venues prendre mon visage en coupe. Puis tu avais prudemment posé ton front sur le mien, en bredouillant, soucieux.

- Attends moi, s'il te plaît. Promets moi que tu vas m'attendre.

Tes doigts sur ma peau, je les sentais trembler de plus en plus. Craintif de ma réponse, de ma réaction, tu ne m'avais pas laissé le temps de répondre, reprenant rapidement, tentant de te rassurer.

- Promets moi que, dans une semaine, tu vas revenir. Que tu m'attendras ici.

Tes yeux m'avaient alors supplié. Supplié de ne pas les abandonner. Tout ton corps frissonnait d'émotions, et je pouvais être certain que tu avais peur. Peur que je disparaisse. Peur que je ne revienne pas.

Mais tu sais, c'était impossible.

Comment aurais je pu ?

J'avais alors superposé mes mains sur les tiennes, et, ravalant ma tristesse, je t'avais souris.

- Je t'attendrais Jimin.

Pour te rassurer. Mais pour me rassurer aussi.

- Qu'importe le temps, qu'importe la situation, qu'importe les conséquences, quoi qu'il arrive, je serais là.

Un soupir de soulagement avait immédiatement outrepassé la barrière de tes lèvres, et ton magnifique sourire était enfin réapparu. Alors comme tu souriais, comme tu me souriais, moi aussi je ne pouvais qu'aller mieux.

Puis, nous étions restés dans cette étrange position pendant plusieurs minutes. Se regardant sans rien dire. Mes yeux avaient appréhendé chacun de tes traits, de telle manière à ce que ton visage reste parfaitement ancrés dans ma mémoire.

On ne bougeait pas, jusqu'à ce que, finalement, tu décides de partir, en premier, comme d'habitude. Me saluant en souriant, tu avais repris ce même chemin. Jusqu'au carrefour au bout de l'allée. Alors que moi, je continuais à te regarder, comme d'habitude également.

Jusqu'à ce que tu fasses une chose inhabituelle.

Jusqu'à ce que tu te retournes avant de disparaître.

M'interpellant en criant mon prénom. En le faisant délicieusement résonner jusqu'au fond de mes entrailles.

Attendant que nos regards s'accrochent.

Puis, au moment de ce crépuscule, sous cette neige dégringolant encore du ciel, tu m'avais lancé les mots que j'aurais voulus te dire sans que tu ne m'en laisses le temps.

- Tu vas me manquer.

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