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Je crois que j'aime vraiment ce que j'ai fait avec ce chapitre...
Pendant une dizaine de minutes, tu t'étais mis à courir dans tous les sens. Les mains dirigées vers le ciel. Récoltant maladroitement des parcelles de cette neige fraîche. Et moi, je me contentais de t'observer en souriant, silencieux.
D'observer à quel point de simples choses pouvaient te rendre tellement heureux. Pouvaient faire changer ta vision du monde. Je ne m'étais jamais penché sur ce genre de choses moi. Sûrement trop obnubilé par ce que je considérais comme important dans la vie.
Ce que la société en général considérait comme important.
Mais plus je passais de temps en ta compagnie, plus je me disais que j'avais sûrement du rater un nombre incalculable de belles choses en face de moi. Juste parce que je n'avais pas pris le temps de les voir.
Rien que ce paysage. Rien que cette vision plutôt familière à la base, je ne m'étais jamais rendu compte qu'elle pouvait être beaucoup plus grandiose si on la regardait vraiment. En prenant le temps.
Ce blanc immaculé et soyeux recouvrant lentement tout mon champ de vision. Ta silhouette d'homme enfant tournant dans tous les sens. Ce fil rouge voguant entre nos deux corps. Ça aurait pu être une peinture tellement le panorama me laissait sans voix.
Alors, inconsciemment, je m'étais rapproché de toi. Prudemment. Et en m'apercevant tu avais cessé tout mouvement pour venir me rejoindre, de la neige plein les mains. Au vu de ton émerveillement, j'avais l'impression que c'était la première fois que tu en voyais de la neige. Pour rigoler, je n'avais pu m'empêcher de me moquer de toi, gentiment.
- C'est vrai. C'est la première fois que je vois la neige en vrai.Que je peux la toucher.
Et tu m'avais répondu. Tout naturellement. Sans aucune trace d'ironie. Tu n'avais vraiment jamais vu la neige. Alors que tu avais déjà plus de la vingtaine, c'était la première fois que tu te retrouvais en plein milieu de ce genre de scène. Et je ne comprenais pas comment ça pouvait être possible.
En hiver, il neigeait tous les ans ici. Mais bon, peut être, tout simplement que tu n'avais jamais été ici pendant la saison froide. Alors, ton enchantement ne pouvait en être plus que compréhensible.
Les flocons se faisaient de plus en plus gros, et une bonne couche de neige recouvrait déjà le sol. La neige dans tes mains n'avait pas encore fondue. Posant ton regard espiègle dessus, tu avais alors finis par sourire. Avant de me jeter la poudreuse au visage. T'enfuyant ensuite dans la seconde d'après en rigolant de plus belle. Fier de ta blague.
Alors, moi aussi je m'étais mis à rigoler. Comme toi.
Ouais, tu étais ce genre de personne là. Ce genre de personne qui dégageait tellement de choses que je ne pouvais pas faire autrement que de te suivre dans ton bonheur. Redevenant alors un gamin, je t'avais suivi. Courant moi aussi comme un idiot. Courant après toi. Tentant de te rattraper alors que tu me jetais de la neige dessus encore et encore.
Tentant de t'atteindre.
Tentant d'atteindre l'inaccessible dont j'avais toujours rêvé.
Tentant t'atteindre le plus profond de ton cœur.
C'est pour ça que, déterminé, j'avais continué à accélérer. À en perdre haleine.
Jusqu'à ce qu'à me rapprocher de plus en plus de toi.
Jusqu'à ce que mes doigts tendus t'effleurent.
Puis, jusqu'à ce qu'ils t'attrapent finalement et que je vienne aussitôt te serrer contre moi. Ton dos contre mon torse, j'avais entouré mes bras autour de toi et posé ma tête sur ton épaule.
- Ne t'enfuis pas loin de moi, Jimin.
C'est que j'avais soufflé dans le creux de ton oreille. Et aussitôt, sous ces mots, ton corps s'était mis à frémir contre le mien. Tes lèvres tremblantes tentaient désespérément de prononcer quelques mots, sans succès.
À croire qu'au final, je n'étais pas le seul troublé par la situation. Je l'avais senti ton cœur Jimin. Je l'avais senti battre aussi rapidement que le mien.
J'avais senti que toi non plus, tu n'étais pas indifférent à ce « nous » qui s'était créé il y a tout juste une semaine.
Tout juste une semaine.
Déjà une semaine.
Je ne savais pas si c'était long ou si c'était court. Le temps avec toi passait tellement vite de toute façon. Et pourtant, c'était comme si je te connaissais depuis des années déjà.
Lentement, tu avais tourné ton visage vers le mien. Tes pupilles noisettes avaient prises en otage les miennes, à l'exact moment où elles s'étaient trouvées. Ton nez planté à quelques centimètres du mien, l'effleurait presque.
Ma respiration était erratique.
Ta respiration était saccadée.
Nos deux souffles se brisaient et s'entrechoquaient.
Encore une fois, sans un mot, tu avais continué à te tourner un peu plus. Pour te retrouver en face de moi. Puis, tu avais amorcé le premier contact cette fois ci. Baissant le visage vers ma main, tu l'avais attrapée, tremblant.
Amorçant alors le second contact, j'avais mêlé nos doigts en souriant. Regardant moi aussi, nos deux paumes se serrer l'une contre l'autre. M'imprégnant de toutes les sensations que ta peau sur la mienne me faisait ressentir.
M'imprégnant de la sensation de me sentir en vie. Pleinement.
De tout ressentir. De la vitesse des battements de mon cœur, à la gravité elle même. De ressentir le vent, la dureté de la neige, le froid, la pesanteur.
D'avoir l'impression d'être presque entier.
Pas entièrement.
Pas avant que tes yeux ne croisent de nouveau les miens.
Pas avant que ma main ne retrouve sa place contre ta joue.
Pas avant que l'on se sourit comme deux idiots, appréhendant la seconde suivante, tentant encore et encore de diminuer notre rythme cardiaque.
Et finalement ce fût là. À cet instant précis. Que ma vie avait vraiment commencé.
Que j'étais né une seconde fois.
Que finalement, après vingt quatre années sur cette terre, j'avais l'impression de comprendre le sens du mot vivre.
À l'instant où finalement, nos lèvres s'étaient percutées tendrement. Puis qu'elles s'étaient séparées pour mieux se retrouver la seconde d'après. Encore et encore. Un nombre incalculable de fois.
C'est à cet instant là que je me suis dit que, le reste de ma vie, c'était avec toi que je voulais la vivre.
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