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Le Yoonmin fluff aura ma peau.
Sur le moment, j'avoue ne pas avoir compris. Ne pas avoir compris ce que c'était exactement que cette chose. J'avais essayé de l'enlever. Frottant frénétiquement sur ce lien accroché à mon doigt.
Mais c'était étrange. Je n'arrivais pas à le sentir.
Je ne le pouvais pas. Comme s'il n'y avait rien. Aucune sensation autre que celle de ma peau abîmée. Comme si ce fil rouge n'existait pas. Ou du moins, comme s'il n'existait pas au toucher.
C'est alors que, naturellement, j'avais pensé au surmenage, à la fatigue, à une hallucination créée par mon esprit épuisé par ces nuits blanches que je passais à cause de ce foutu avenir qui me prenait les tripes.
Plusieurs fois, j'avais cligné des paupières, à chaque fois dans le but de ne plus voir cet étrange fil lorsque mes pupilles retrouveraient la lumière.
Mais rien n'y faisait. Il était toujours là.
Virevoltant au bout de mon doigt.
Le tirant de manière infime.
À croire que le destin était vraiment décidé ce jour ci.
Abandonnant à le faire disparaître de mon champ de vision, j'avais retracé sa trajectoire. Jusqu'à la fenêtre. Jusqu'à l'extérieur.
Et même dehors, le fil continuait alors que le vent frais le faisait tanguer calmement. Sur le coup, je n'y avais pas vraiment penser, mais ça aussi sentait étrange.
Comment se faisait il que je n'arrivais pas à bouger ce fil, mais qu'une brise froide puisse le faire elle ?
Le petit morceau de ruban continuait pourtant encore. Tellement que je ne pouvais pas, de mon perchoir, en voir la fin. Je pouvais seulement l'observer se dissiper au bout de la rue. Sachant pertinemment, au fond de moi, que le fil continuait encore bien plus loin.
Seulement, rendu idiot par les effets de la surprise encore récente, la meilleure idée qui m'était venue à l'esprit, semblait alors de tirer dessus. Jusqu'à ce que la seconde extrémité me parvienne enfin. Ou tout du moins, jusqu'à ce que je bloque sur quelque chose.
Mais bien évidemment, je ne pouvais pas le saisir. Mes paumes battaient juste dans le vide.
Ce fil n'existait pas en fait. Du moins dans la réalité. La réalité générale. À proprement parlé. Parce qu'au final, dans ma réalité. Personnelle. Ce fil existait.
Et en y repensant, je crois qu'il était plus réel que beaucoup d'autres choses qui remplissaient ma vie à ce moment.
J'aurais pu passer outre. Oublier ce fil. Partir sur l'option de la fatigue et ne pas y faire attention. Aller dormir. Me dire que demain, il aurait disparu.
Mais je n'y arrivais. Je sentais qu'il y avait quelque chose de plus. Que cette chose n'était pas entièrement imaginaire. Qu'il y avait une part de vrai. Une part de vrai qui avait attisé ma curiosité.
Une part de vrai, que, j'avais désespérément besoin de comprendre.
Et puis, je me connaissais. Je savais que si je n'avais pas de réponses à cette question, ça allait me prendre la tête pendant des jours. Cela étant complètement contre productif sachant que je ne produisais déjà pas beaucoup.
Alors la seule solution logique qui m'était venu à l'esprit, était de suivre ce fil. De le suivre jusqu'à en atteindre le terme.
Il ne pouvait pas être aussi long qu'il n'y paraissait, j'avais pensé. Puis de toute façon, si la ficelle s'était éternisée, je serais rentré chez moi. Histoire de ne pas passer la nuit dehors non plus.
J'avais alors trouvé un million de bonnes raisons tentant de me convaincre de sortir. Me disant que l'air frais allait me faire du bien. Vivant en ermite depuis plusieurs semaines, il fallait vraiment que je foute le nez dehors. Et puis, qui savait, sur la route, j'aurais peut être pu trouver quelque chose m'inspirant pour ce projet.
J'aurais pu, oui.
Je me souviens alors m'être couvert. Beaucoup. Le froid commençait déjà à se rependre sur la ville, annonçant le début de la saison froide. D'ailleurs, c'est sans regretter ces couches de vêtements trop lourdes que j'étais finalement sorti, mes yeux scrutant précautionneusement le ruban rouge.
Le vent était glacial. L'hiver se sentait. À proprement parler. L'hiver a une odeur spéciale. Une odeur de calme. Une odeur de sérénité. Une odeur apaisante malgré la dureté des températures qu'il afflige à la terre.
Cette saison où tout se recouvre d'un blanc immaculé et où la nature se rabat sur elle même pour mieux renaître de nouveau quelques mois plus tard. L'hiver est la saison de la douce mort. La saison du changement. De l'environnement, mais des gens aussi.
D'aussi loin que je puisse me souvenir, j'avais toujours aimé rester des heures à ma fenêtre pour observer ce bouleversement climatique.
Inspirant alors profondément, je m'étais imprégné de ces effluves hivernales avant de prendre la route. Les graviers craquaient sous mes pieds, les dernières feuilles aux couleurs orangées tombaient des branches fines, et une légère brume s'était créée sur le chemin.
Le tableau qui s'étendait devant mes yeux avait l'air tellement mystérieux à cet instant. Au début, j'avais même hésité à rentrer dans mon appartement, abandonnant l'idée de suivre ce fil. J'avais peur, je l'avoue. J'avais peur de ce que je pouvais découvrir.
Mais la curiosité était trop forte.
Elle l'avait toujours été.
À mes dépends, de nombreuses fois.
Le morceau de ficelle, à l'horizon, semblait se rallonger à chaque pas que je faisais. Comme s'il apparaissait petit à petit. Se contentant de flotter entre terre et ciel. Me poussant inlassablement, à continuer ma route.
Jusqu'à ce, qu'étrangement, il se mette à bouger. De manière inhabituelle. Ne virevoltant pas au gré du vent. Tanguant de droite à gauche, comme si, une chose à l'autre bout, le faisait bouger. Comme si ma réponse, ma solution, m'appelait. Me disait que je me rapprochais inlassablement du but.
Je m'étais mis à courir. Chose que je ne faisais pas souvent. À perdre haleine, j'avais couru aussi vite que je le pouvais. Ne fixant que le ruban rouge devant moi. Je ne voyais plus rien d'autre. Plus rien à part ce me raccrochait à une silhouette qui se formait maintenant dans mon paysage.
À une dizaine de mètres devant.
La silhouette d'un jeune homme.
Ta silhouette. Tes cheveux d'un blond automnale. Tes mains pressées contre ton visage. T'amusant, seul, à faire sortir de la buée de ta bouche, en souriant. Souriant bêtement comme si c'était la chose la plus amusante que tu n'avais jamais faite.
Je m'étais alors rapproché. Je ne voulais pas le reconnaître à l'époque, mais j'avais été immédiatement attiré. Comme si tu étais un aimant, j'avais besoin de me rapprocher de toi. Je sentais que c'était comme une nécessité.
Et chacun des pas que je faisais dans ta direction était une sorte de soulagement énorme, qui m'enlevait un poids des épaules. Puis, en te voyant plus clairement, j'avais vu que toi aussi, tu avais ce fil rouge accroché à ton doigt, flottant au même rythme que le mien.
Et trop obnubilé, par tes petites mains jouant à bloquer la buée sortant de ta bouche, je n'avais même pas vu que tu avais relevé la tête vers moi. Je n'avais pas remarqué que tu m'avais remarqué.
Tes lèvres s'étirèrent en un immense sourire, et c'est à ce moment, que je daigna finalement lever les yeux vers les tiens.
- Salut.
C'est tout ce que tu avais trouvé à dire. De ta petite voix fluette, fragile. Salut.
Alors moi aussi, je t'avais répondu, tout aussi bêtement. Salut.
Puis, j'avais alors pointé mon doigt lié vers le tien. J'avais montré ce fil nous reliant et j'avais osé te demander.
- Toi aussi tu le vois ? Ce fil accroché à nos doigts ?
Et c'est alors que, sans même prendre la peine de parler, que tu avais contenté de hocher la tête en souriant de plus belle.
Toi aussi tu devais sûrement être heureux d'avoir trouvé à quoi te reliait ce morceau de ficelle. C'est ce que j'avais pensé immédiatement lors de notre première rencontre.
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