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Le silence était tombé dans la rue sombre après tes mots. Tes mots qui m'avaient fait froncer les sourcils d'incompréhension.

Tes mots qui m'avaient rendu interdit.

Oui parce que je ne les comprenais pas. Comme je ne comprenais pas le fait que ce fil rouge ai disparu. Comme je ne comprenais sûrement plus rien.

Tes yeux, ayant de nouveau retrouvés les miens, tu semblais m'implorer. M'implorer de te laisser m'expliquer sans t'interrompre. M'implorer d'essayer de comprendre ne serait ce qu'un petit peu ce que tu allais me dire.

M'implorer de ne pas t'en vouloir.

T'en vouloir de me mettre face à cette réalité que je n'aurais jamais pu entrevoir lors de notre rencontre.

Nos mains, anciennement liées par ce ruban, continuaient quand même de se serrer l'une contre l'autre. Mais tu étais tellement froid. Glacial comme cette nuit sombre et sans lune.

Tellement glacial que tu avais réussi à geler mon cœur aussi.

Tu avais perdu du poids. Enfin du moins, c'est l'impression que j'avais. Mais ça ne collait pas. Rien ne collait. Comment aurais tu pu perdre autant de poids en à peine une semaine ?

Tu semblais différent, dans un sens que je n'arrivais pas à atteindre.

C'était comme si je te connaissais sans te connaître.

Et malgré tout, malgré la crainte qui me tordait le ventre, malgré cette envie presque viscéral de fuir ce que je risquais d'entendre, j'étais resté là. Immobile, paralysé. Attendant que tu reprennes la parole.

Mais tu n'avais pas parlé.

Tu t'étais contenté de me tirer doucement. De me tirer contre toi. D'enfouir ton visage dans le creux de mon épaule. De respirer lourdement mon odeur. Comme si tu t'en empreignais pour la première et la dernière fois.

Alors, c'est naturellement que j'avais répondu à ton étreinte. Que je t'avais serré dans mes bras comme un dingue. Que j'avais laissé les battements de mon cœur s'accélérer. Que j'avais tenté de laisser le rythme des tiens s'accorder avec les miens.

Sauf que ton cœur à toi. Je ne le sentais pas. Je ne le sentais plus.

Comme si nos deux corps l'un contre l'autre ne te faisait plus rien.

Comme si le vide s'était emparé de toi.

Et c'est à ce moment là, que, je ne pu faire autrement que de finalement rompre le silence. Pour te demander ce qu'il y avait. Pour te demander de me rassurer.

Parce que je t'avoue, que je paniquais en cet instant. Je paniquais comme il ne m'était jamais arrivé de paniquer. J'avais l'impression de te perdre. Littéralement. Que tu me glissais lentement entre les doigts. Et que je restais impuissant face à la situation.

- Je crois que je ne suis plus vraiment là Yoongi.

Ton visage planté devant le mien, tu avais soufflé ces quelques mots. Difficilement. Ta gorge se brisant. Tes paupières se remplissant de larmes.

Alors que moi, j'étais encore plus perdu.

Comment est ce que je pouvais te toucher si tu n'étais pas là ?

C'est ce que je t'avais dit. Plusieurs fois. Répétant cette question inlassablement alors que mes membres se mettaient à trembler.

- Je sais pas. Je crois que c'est la dernière chose que j'ai souhaité. Pouvoir te sentir une dernière fois.

Ta voix se brisait, encore et encore. C'était à peine si tes paroles étaient compréhensibles. Pourtant, malgré le bruit sourd qui remplissait mon crâne, je réussissais quand même à discerner tes mots.

Mais, plus tu parlais, plus tu m'embrouillais. Moins je comprenais. Moins je réussissais à me sortir de ce tissu d'informations trop rapide que tu m'envoyais. Plus je commençais à perdre patience en sentant cette atroce vérité s'abattre à mes pieds.

J'avais envie de te dire de te taire. D'arrêter de me raconter n'importe quoi. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas parce que tu avais fondu en larmes.

Je ne pouvais pas parce que je ne trouvais aucune raison valable qui aurait fait que tu me mentes en cet instant.

Je ne pouvais pas parce que j'avais l'impression que tu disais peut être la vérité.

Et j'avais mal.

Trop mal pour te lâcher.

- Je crois que ce fil, ce n'était pas vraiment le fil rouge du destin. Enfin pas entièrement.

Ton discours en pleurs ne se stoppait pourtant pas. Tu continuais. Parce que tu le devais. Parce que tu voulais m'expliquer. Parce que tu voulais que je sache la vérité avant que le néant ne vienne m'achever.

- Je crois que c'était la ligne qui me retenait à la vie.

Et tu avais continué ton explication presque foireuse. Foireuse mais pourtant cohérente. D'une certaine manière. Je m'écrasais contre un mur à chacun de tes mots. Comprenant malheureusement sans le vouloir. Devant me retrouver face à cette réalité que tu étais entrain de m'imposer.

Que le destin avait imposé.

À toi comme à moi.

Alors moi aussi, comme toi, je m'étais mis à pleurer. À pleurer en te serrant de nouveau dans mes bras. À te serrer alors que tu m'échappais finalement. Alors que je te sentais disparaître pour de bon cette fois. Alors que tu me quittais.

Dans le vent sombre, mes bras avaient fini par se rabattre sur eux même. Parce que tu n'existais maintenant plus.

Parce que lentement, je te voyais t'effacer de mon paysage.

Parce que lentement, tu avais quitté ce monde pour en rejoindre un autre.

Et c'est dans cette nuit froide d'hiver, que toi, Jimin, mon premier amour, mon dernier amour, tu étais venu jusqu'à moi. Au delà de ce que le possible pouvait faire, tu avais bravé l'interdit, l'improbable.

Tu étais venu à moi alors que tu venais de disparaître de la surface de la terre.

Tu étais venu à moi avant que la mort ne puisse t'enlever définitivement.

Tu étais venu à moi pour me demander d'être heureux dans cette vie. D'être heureux pour moi et pour toi.




La page 11 (soit la dernière) arrive demain je pense. Oui j'avais dit que c'était hyper court.

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