Assis sur le canapé, Takashi attendait son visiteur, une pointe d'incompréhension inquiète dans la poitrine. Lorsqu'il sonna enfin, il alla ouvrir.

– Installez-vous, lui dit Takashi en le menant dans le salon. Faites comme chez vous. Du thé, ou du café ?

– Je prendrais volontiers un café, répondit Yoji Higashima en s'asseyant.

L'homme regarda autour de lui, examinant l'appartement avec curiosité. Takashi le rejoignit et il déposa le café et une assiette de gâteaux sur la table basse.

– Servez-vous, dit-il, ma femme les a fait hier, ils sont très bons.

– C'est vrai que vous êtes marié.

– Cela fait trois ans, oui, lui apprit Takashi.

– Vous vous êtes mariés jeunes, remarqua Higashima.

– Nous n'avons vu aucune raison d'attendre.

Son interlocuteur sourit.

– Vous êtes comme je l'imaginais, dit-il.

Puis il revint à la pochette qu'il avait apportée et il en sortit divers documents.

– Bien, dit-il, vous savez pourquoi je suis là ?

– À dire vrai, reconnut Takashi, je n'ai pas bien compris lors de votre coup de fil d'hier.

– Oui, je peux comprendre que la situation vous semble un peu étrange, mais en réalité, elle est très simple. Comme vous le savez, j'organise la plupart des défilés de la Fashion Week de Tokyo qui aura lieu en mars prochain, et j'ai décidé d'ouvrir l'événement avec les créations des trois derniers lauréats du concours des nouveaux stylistes de la culture de la mode japonaise.

L'homme dévoila ses dents sur un large sourire qui avait tout de même quelque chose de carnassier.

– Vous vous souvenez que j'ai refusé ce prix, lui rappela Takashi.

– Qui peut l'avoir oublié ? Répondit Yoji Higashima. Vous avez fait scandale dans le monde de la mode ! On parle encore de vous aujourd'hui ! C'est incroyable !

Takashi n'était pas sûr de partager son enthousiasme.

– Et donc ? Demanda-t-il.

Higashima se pencha en avant, les coudes sur les genoux.

– Donc ? Dit-il. Je vous offre l'opportunité de remonter sur les podiums. Vous ouvrez le défilé des jeunes stylistes avec vos propres créations. Je peux vous assurer que le public sera au rendez-vous, tous voudront voir en chair et en os l'enfant terrible de la mode japonaise !

Takashi comprenait mieux. Yoji Higashima voulait utiliser la réputation sulfureuse qu'il avait laissée derrière lui pour attirer les projecteurs sur l'événement. C'était plutôt bien pensé, rien de tel que la perspective d'un nouveau scandale pour éveiller l'intérêt du public.

Higashima se redressa.

– Je ne vais pas vous mentir, dit-il. La plupart seront là pour vous cracher au visage. Mais ils seront là ! Ensuite, ça sera à vous de les éblouir ! Je vous offre une seconde chance, qu'en pensez-vous ?

Takashi réfléchissait encore à la réponse à donner lorsque Himeko rentra ce soir-là. Elle ouvrit la porte avec fracas, se débarrassa de ses chaussures, et le rejoignit sur le canapé. Essoufflée par sa course, elle se pencha vers lui.

– Alors ? Dit-elle. Il voulait quoi ? C'est bien ce qu'on croyait ?

Takashi hocha la tête.

– Il veut m'offrir une place dans un des défilés d'inauguration de la fashion week de mars prochain.

Himeko s'empara de sa main.

– Mais c'est génial ! Dit-elle. Tu as dit oui ? Dis-moi que tu as dit oui ?

– Je ne lui ai pas encore donné de réponse.

– Mais Pourquoi ? S'insurgea-t-elle. C'est ton rêve ! Tu vas enfin pouvoir montrer ce que tu sais faire ! Depuis le temps que tu attends ça, c'est une opportunité à ne pas manquer !

– C'est aussi un boulot monstrueux, lui dit-il. Je n'ai que six mois et je dois concevoir une dizaine de nouveaux modèles. Tous les autres stylistes sont dans le même cas, mais eux disposeront d'assistants, de couturiers, de models... Si je veux y arriver seul il va falloir que je m'y consacre à plein temps, ça veut dire que nous aurons une source de revenus en moins.

Himeko serra ses doigts.

– C'est bon, dit-elle. On peut le faire, je ferai des heures supplémentaires. Le patron cherche justement quelqu'un pour les horaires de nuit. Je vais proposer de m'en charger...

Il l'interrompit.

– Tu fais déjà assez d'heures comme ça Hime.

Himeko inspira. Elle lâcha sa main et prit le visage de Takashi entre ses doigts.

– Taka, dit-elle, je ne suis pas comme toi, moi. Je n'ai pas de grand rêve. Je ne sais même pas ce que c'est. Alors, laisse-moi participer au tien. Laisse-moi t'aider à le réaliser, j'en ai envie. Vraiment.

Takashi plongea son regard dans le sien. Elle était sérieuse.

– Hime...

– Et puis, des mannequins, dit-elle, tu oublies que tu en as deux sous la main qui seraient ravis de te rendre service ! N'hésite pas à les user jusqu'à la corde !

Deux ans plus tôt, Arisa avait finalement décidé d'accepter la proposition de Yuzuha Shiba. Le montant des cachets que Yuzuha lui avait fait miroiter y était pour beaucoup, mais ce qui avait finalement emporté la décision de Arisa, c'était de voir Hakkai évoluer dans ce milieu. Elle s'était faite une image superficielle et arrogante du métier de model et il lui avait prouvé que si c'était bien le cas pour certains, ça n'avait rien de systématique.

– D'accord, dit-il, mais à une seule condition.

– Hmm ?

– Si je vois que ça devient trop difficile, on arrête tout.

Assise sur le tabouret de la douche, Himeko ferma les yeux pour savourer l'eau chaude qui ruisselait sur son corps.

Il allait le faire, se dit-elle, enfin, Taka allait pouvoir montrer à tous ce qu'il savait faire !

Cette idée l'excitait particulièrement. Même si elle avait compris sa décision de renoncer à son prix lors du dernier concours, elle n'avait jamais pu se défaire de cette frustration à l'idée qu'il avait remporté la victoire mais qu'il n'en avait pas profitée.

Cette fois, c'est la bonne ! Taka est un génie, ils vont être stupéfaits tous ces crétins qui l'ont sifflé !

La porte de la salle de bain s'ouvrit dans son dos et Himeko se tourna à demi. Taka vint s'agenouiller derrière elle. Ses bras l'enlacèrent et ses lèvres se posèrent sur son épaule.

– Je peux me joindre à toi ? Dit-il.

– Toujours, répondit-elle.

Elle leva la tête pour chercher ses lèvres et Takashi resserra son étreinte. Le contact de son corps chaud contre le sien déclencha une myriade de sensations dans le ventre de Himeko et elle soupira de plaisir. Les mains de Taka caressèrent son ventre avant de remonter s'emparer de ses seins dont les tétons pointaient déjà.

– C'est moi qui te fait cet effet-là ? Lui demanda-t-il en se pressant contre elle. Voyons ça...

Il repoussa ses cheveux et sa bouche traça lentement un chemin le long de son cou tandis que ses mains redescendaient lui écarter les jambes. Himeko ferma les yeux et gémit.

– Taka...

La bouche de Takashi s'empara du lobe de son oreille et ses mains glissèrent entre ses cuisses, écartant les replis de sa fente pour la caresser sur toute sa longueur. Himeko lui livra l'accès entre ses jambes et laissa retomber sa tête sur son épaule, les yeux fermés, haletante.

– Oui...

Takashi poursuivit ses caresses. Il pressait tour à tour son clitoris avant de dessiner des petits cercles autour. Puis il retournait explorer sa fente, glissant ses doigts en elle pour lui procurer le plus de plaisir possible.

– Taka...

Himeko leva la main pour s'emparer de sa tête, les doigts dans ses cheveux. Le contact de son membre entre eux lui donna envie de plus.

– Taka viens... Gémit-elle.

Takashi se redressa.

– Penche-toi en avant, lui dit-il.

Himeko s'exécuta et Takashi écarta le tabouret sur lequel elle était assise un instant plus tôt pour la mettre à genoux. Du plat de la main, il repoussa ses épaules vers le sol puis il saisit ses hanches.

Himeko le sentit s'enfoncer en elle avec une lenteur délicieuse.

– Ouiiii ! Gémit-elle.

Une main maintenant ses hanches et l'autre caressant son dos, il la pénétra à coups lents et profonds qui firent naître de brutales vagues de plaisir dans le corps de Himeko. Ramassée sur les coudes, les fesses levées vers lui, à sa merci, elle haletait au rythme de ses va-et-vient. Takashi glissa la main entre ses cuisses pour faire rouler son clitoris entre ses doigts et Himeko cria.

– Taka ! Oui !

Ses coups de reins se firent plus rapides. Désireux de prolonger leur plaisir, Takashi alterna ses mouvements, savourant le contact du corps de Himeko qui s'abandonnait entre ses mains. Il la sentit trembler sous ses paumes tandis que l'orgasme la traversait et il éjacula lorsqu'elle se resserra autour de son membre durci.

Allongé dans la baignoire, Himeko entre ses genoux, Takashi laissa glisser la main le long de son bras, les lèvres nichées contre son épaule. Elle leva le visage, chercha ses lèvres et l'embrassa avant de revenir se lover contre lui dans l'eau chaude du bain.

– Je suis sûre qu'on va y arriver, dit-elle. Tu es le meilleur.

Takashi sourit, mais il ne répondit pas. Il espérait qu'elle avait raison.