73 - Mannequinat
Hakkai et sa sœur, Yuzuha, s'étaient installés sur le canapé, dans l'appartement de Takashi et Himeko.
– Tu te rends compte Mitsuya ? Reprit Yuzuha. L'agence Number One Model qui se permet d'essayer de débaucher mon frère dans mon dos, mon propre frère ?
Hakkai avait débuté une carrière de mannequin quelques mois auparavant, un peu après le mariage de Takashi, et Yuzuha lui tenait lieu d'agent et de manager.
– Ils se croient vraiment tout permis ! S'exclama-t-elle.
Hakkai continuait à manger les petits gâteaux qui se trouvaient sur la table basse.
– J'ai pas fait attention à ce qu'ils racontaient, reconnut-il. Généralement c'est toi qui s'occupe de ce genre de choses Yuzuha, alors je les ai laissés parler et ils m'ont demandé de signer leur truc.
– Heureusement que je n'étais pas loin ! Reprit Yuzuha.
Takashi les écoutait distraitement tout en travaillant à sa table.
– Tu devrais faire plus attention à ce que tu signes Hakkai, lui dit-il. Ça va te causer des problèmes un des ces jours.
– Je lui ai interdit de signer quoi que ce soit sans moi à l'avenir, lui apprit Yuzuha. Comme ça il n'y aura plus de problème !
Takashi eut un sourire. Ces deux-là avaient toujours eu une relation particulièrement complice pour un frère et une sœur. Yuzuha prenait son rôle d'aînée très au sérieux.
– Plaisanterie mise à part, reprit-elle. Quand est-ce que ta carrière décolle Mitsuya ? Hakkai me tanne trois fois par semaine pour travailler pour toi.
Takashi rigola.
– Pas tout de suite, j'en ai peur, dit-il. Pour le moment, je me cantonne à des petites commandes de particuliers que je me suis dénichées par le bouche à oreilles. Rien de mirobolant, même si ça paie les factures.
Yuzuha eut un reniflement.
– Si tu n'avais pas renoncé au prix du meilleur jeune styliste l'année dernière, lui rappela-t-elle, tu n'en serais pas là.
Hakkai intervint.
– On en a déjà parlé Yuzuha, dit-il. C'était une situation particulière.
– N'empêche, dit-elle, avec le scandale que tu as causé, il va se passer du temps avant qu'on t'autorise à remettre un pied dans la mode !
– J'en suis conscient Yuzuha, dit Takashi.
Il préféra se remettre au travail plutôt que de parler de ça. Il n'avait pas de regret, à aucun moment il ne s'était voilé la face sur la raison pour laquelle il participait à ce concours. Mais il était d'accord avec elle sur un point, c'était rageant de savoir que les portes du monde de la mode lui étaient fermées maintenant. Un bruit monta de l'entrée et Himeko parut, suivie de Arisa.
– T'abuse Hime, grommelait Arisa. Tu vas me faire ce coup-là encore combien de fois ?
– Je ne sais pas de quoi tu parles, répondit Himeko sans la regarder.
– Je parle de te pointer au magasin pour faire tes courses juste avant l'heure où je finis pour me demander de t'aider à porter tes paquets ! S'écria Arisa en lui montrant les sacs en papier qu'elle tenait dans les bras.
Himeko la regarda un instant, puis elle se détourna.
– Je ne vois toujours pas de quoi tu parles, répéta-t-elle innocemment.
Puis elle ajouta pour Takashi :
– Coucou chéri, bonne journée ?
Takashi s'efforça de dissimuler un sourire. Mieux valait ne pas se mêler des histoires entre ces deux-là.
– Une journée tranquille, répondit-il.
Himeko aperçut Yuzuha et son frère sur le canapé.
– Salut vous deux, les salua-t-elle.
Hakkai tourna immédiatement la tête et Himeko et Arisa gagnèrent la cuisine.
– C'est quoi son problème ? Demanda Arisa en regardant Hakkai depuis l'entrée de la cuisine.
– Hmm ? Dit Himeko. Ah, Hakkai. Il est mal à l'aise avec les filles. La seule avec qui il parle c'est sa sœur.
Arisa lui jeta un regard par-dessus son épaule.
– C'est quoi ces conneries ? Dit-elle. Il m'a déjà parlé à moi.
Himeko n'eut pas le temps de réagir. Yuzuha les rejoignit dans la cuisine, faisant reculer Arisa.
Les sourcils froncés, elle l'examina de haut en bas avec un regard de maquignon. (NDA : maquignon, marchand de chevaux, personne habituée à détailler le physique d'un animal avant de l'acheter)
– Tourne un peu pour voir ? Lui dit-elle avec un geste de la main.
– Hein ? Dit Arisa.
– Tourne j'ai dit.
Arisa commença à perdre patience, elle serra le poing.
– Elle veut quoi la demi-portion ? Que je l'incruste dans le plancher ?
Loin de se laisser impressionner, Yuzuha croisa les bras sur la poitrine.
– On t'a déjà dit que tu avais le physique pour être mannequin ? Ça te dirait pas de faire un essai ? Je cherche justement de nouvelles têtes...
Ce fut le mot de trop.
– Tu trouves que j'ai la gueule à tortiller du cul sur un podium ? Lui demanda Arisa d'une voix dangereusement calme.
– Tout à fait, répondit Yuzuha.
– Tu te fous de moi en plus ?
Himeko s'était adossée au plan de travail pour suivre l'altercation.
– Pas du tout, répondit Yuzuha. Je suis l'agent de l'autre abruti là-bas qui me sert de frère, mais je ne risque pas de monter une agence avec un seul model. Toi, tu serais parfaite pour ce job.
– Je me casse, dit Arisa en bousculant Yuzuha pour sortir de la cuisine. Vous avez tous décidé de me faire chier aujourd'hui !
Elle se dirigea vers l'entrée et sortit en claquant la porte.
Yuzuha regagna le salon, les bras toujours croisés sur la poitrine.
– Avec un physique pareil, dit-elle, c'est presque un crime de ne pas devenir mannequin. Elle pourrait se faire une fortune.
– C'est clair, dit Hakkai, en plus elle se bat super bien.
Trois paires d'yeux se posèrent sur lui. Himeko rejoignit Takashi. Elle croisa les bras sur ses épaules et, la bouche à hauteur de son oreille, elle murmura.
– Faut que je te raconte ce que viens de me dire Ari, mais avant... j'ai bien entendu ce que je viens d'entendre ?
Il hocha la tête.
– On dirait oui... Répondit-il dans un souffle.
– Tu crois que... ? Reprit Himeko.
– Non... Quand même pas...
Tous les deux se regardèrent.
– Dis-moi Hakkai, dit Takashi. D'où tu la connais Akimoto san ?
– Tu te souviens pas, Taka ? Répondit Hakkai en évitant soigneusement le regard de Himeko. On s'est battu ensemble contre le Tenjiku.
** Flashback **
Ce jour-là, le Toman devait affronter le Tenjiku, le gang de Izana Kurokawa. Le combat semblait perdu d'avance, les membres du Tenjiku étaient huit fois plus nombreux et le Toman se battait sans ses capitaines et sans Draken ni Mikey, anéantis par la mort de Emma.
Depuis plusieurs minutes, Hakkai faisait face à plusieurs adversaires. Même lui, qui était une véritable force de la nature, avait des difficultés devant autant d'ennemis à la fois. Alors qu'il pensait en avoir fini avec un groupe d'hommes, l'un d'eux se releva dans son dos, prêt à frapper. Un bruit sourd retentit et l'homme tomba, assommé. Hakkai se retourna et découvrit Arisa derrière lui, un poing américain ensanglanté à la main.
– Fais gaffe mec, dit-elle, finis-les correctement. Je suis pas ta femme, je fais pas le ménage derrière toi.
– Euh... oui, désolé.
Avant que Hakkai ait compris ce qui venait de se passer, Arisa avait disparu dans la mêlée.
Dans le salon des Mitsuya, Yuzuha marchait de long en large. Elle refusait de s'avouer vaincue. Elle coula un regard du côté de son frère et reprit.
– Dis Himeko, tu crois que tu pourrais convaincre ta pote de venir faire un shooting d'essai un de ces jours ?
– Si c'est juste pour un essai, répondit Himeko, je devrais y arriver. Mais si elle te met son poing dans la figure en pleine séance tu sauras que c'est mort.
– Je crois que j'ai une idée, dit Yuzuha sans quitter Hakkai des yeux.
Puis elle revint vers Himeko.
– Elle fait quoi comme job ? Demanda-t-elle. Elle gagne bien sa vie ?
– On ne peut pas dire ça non, reconnut Himeko. Elle bosse dans un konbini.
Le sourire qui apparut sur le visage de Yuzuha était presque machiavélique.
– C'est parfait, dit-elle.
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