61 - La marque des braves

Sur le parking du sanctuaire Musashi, Takemichi, accompagné de Chifuyu, tentait d'expliquer la situation aux membres du Toman qui s'étaient rassemblés pour aller affronter le Tenjiku.

– Mikey... ne viendra pas ? Dit un gars.

– Putain, ils ont buté sa sœur ?

– Du coup, on fait quoi ?

– Si on va à Yokohama, dit Inui, on se fera défoncer direct.

– C'est vrai, on peut pas se battre sans les boss !

– Vaut mieux lâcher l'affaire !

– Faut pas qu'on se batte aujourd'hui !

Takamichi attendit que le silence revienne.

– C'est vrai, dit-il. On ferait mieux de laisser tomber. Mais... Le Toman va quand même attaquer le Tenjiku ce soir !

– Hein ? Gronda la foule.

– T'as craqué ou quoi ?

– T'as qu'à y aller tout seul !

Certains commencèrent à faire demi-tour et les autres les suivirent.

– Va te faire voir !

– Allez on se casse !

Un grondement de moteur monta à l'entrée du parking et tous se retournèrent. Deux motos se frayèrent un chemin au pas jusqu'au pied des marches. Arisa et Hôko coupèrent le contact et mirent pied à terre.

Arisa jeta un œil sur les membres du clan qui avaient commencé à se disperser.

– On m'a dit que le Toman allait se taper avec le Tenjiku ce soir, dit-elle. C'est une rumeur ?

Takemichi bomba le torse.

– Non, dit-il, c'est la vérité. Et j'irai tout seul s'il le faut !

– Tu iras pas tout seul, répondit Chifuyu, je viens avec toi partenaire.

Arisa les regarda sans comprendre et Hôko se plaça à côté d'elle, sa batte de baseball sur l'épaule.

– On s'en branle de vos histoires en fait, dit-elle. On vient avec vous.

– VOUS ÊTES PAS TOUT SEULS !! Brailla une autre voix.

– Akkun ? Dit Takemichi.

Atsushi s'avança et il reprit.

– Je viens avec vous moi aussi Takemichi ! C'est toujours pareil, y'a que toi qui fais jamais ta baltringue ici !

Ces mots firent se figer les membres du clan qui étaient en train de partir. Yamagishi, Makoto et Takuya vinrent encadrer Atsushi.

– Je viens aussi !

– Moi aussi ! S'écrièrent les deux autres.

– ON VA METTRE LA MISÈRE AU TENJIKU !!

– Sacré Takemicchou, dit une voix reconnaissable entre mille. Tu te bats seulement quand c'est perdu d'avance, hein ?

– Smiley ? Dit Takemichi.

– Yo ! Dit l'intéressé tout sourire. On s'est enfui de l'hôpital !

Mitsuya s'avança à son tour dans un fauteuil poussé par Hakkai, Himeko à ses côtés.

– Takemicchou est vraiment trop con, dit-il avec un sourire, c'est pour ça qu'il ne pense pas à se défiler.

Himeko montra Arisa et Hôko du menton.

– Je t'avais dit qu'elles seraient là, dit-elle. Tu vois ?

– Tu les connais par cœur on dirait, dit Takashi.

Himeko se tourna vers les deux grandes sukeban.

– C'est quelle partie de ne vous mêlez pas de cette histoire que vous n'avez pas compris ?

Hôko se raidit, mais Arisa semblait parfaitement détendue. Himeko lui avait expliqué par téléphone ce qui était arrivé. Elle lui avait interdit d'organiser des représailles.

Le Tenjiku est dangereux, avait dit Himeko, nos filles ne feront pas le poids.

– Tu n'as pas dit ne vous mêlez pas de cette histoire, répliqua Arisa, tu as dit ne mêlez pas le gang de cette histoire. Et on n'est pas venues au nom du clan ce soir, ça se voit pas ?

Elle leva les bras pour montrer que ni elle ni Hôko ne portaient leur uniforme.

– Je rêve, grinça Himeko, ou tu joues sur les mots, là ?

Mitsuya fit rouler son fauteuil jusqu'au pied des marches où se tenait Takemichi. Il lui montra Hakkai et Angry.

– Takemicchou, dit-il, emmène ces deux-là avec toi.

Tous les deux s'avancèrent et ils allèrent encadrer Mitsuya.

– On peut pas te laisser sauver le clan tout seul, dit Angry.

– Tu l'as déjà fait assez souvent comme ça, ajouta Hakkai.

Himeko les rejoignit et ajouta.

– Et emmène aussi ces deux grandes abruties avec toi. Elles pourraient t'être utiles. De toute façon, même si je les assomme, je crois que ça suffira pas à les faire tenir en place.

En haut des escaliers, Chifuyu reprit.

– Je sais qu'on a aucune chance de gagner, dit-il à la foule qui s'était à nouveau rapprochée en contrebas. Mais si on ne se bat pas aujourd'hui, c'est la fin du Toman ! À nous de montrer que, même sans Mikey, LE TOMAN RESTE INVINCIBLE !

– TOMAN ! TOMAN ! Scanda la foule, remontée à bloc.

Les cinquante membres du Toman partirent pour le quai numéro sept du port de Yokohama ou devait avoir lieu l'affrontement. Quand ils arrivèrent sur place, Izana Kurokawa ne les attendait plus. Seul Kisaki savait que Takemichi viendrait, même seul s'il le fallait.

Ce soir-là, le Toman allait affronter les quatre-cents membres du Tenjiku, sans Mikey ni Draken. Sans même un capitaine de division, en dehors de Takemichi.




– Ça va aller pour eux tu crois ? Demanda Himeko, assise sur les marches du temple.

– J'ai confiance en Takemicchou, répondit Takashi. Si quelqu'un peut le faire, c'est lui.

– Ça ne va pas être facile, c'est sûr, reconnut Smiley. Mais Takemicchou nous a sortis de la merde tellement de fois.

Himeko ramena les genoux contre la poitrine.

– Mikey doit vraiment être au fond du gouffre, reprit-elle.

Elle n'arrivait pas à imaginer la douleur qu'on pouvait ressentir à perdre un proche de cette façon.

Je crois que je deviendrais folle à sa place, se dit-elle.

– Draken aussi doit être au plus mal, souffla Smiley.

– Draken était amoureux de Emma, répondit Takashi au regard interrogatif de Himeko.

Elle ouvrit des yeux horrifiés.

– Quelle horreur... Murmura-t-elle.

Himeko comprenait mieux tout à coup quelles pensées avaient traversées l'esprit de Takashi un peu plus tôt. Elle prit sa main, serra ses doigts et il répondit à sa pression.

– Quel type fait ce genre de choses ? Dit-elle.

– Un malade mental, répondit Smiley.

– Tu as bien fait de laisser ton gang en dehors de ça Hime, dit Takashi. Certaines filles auraient pu finir gravement blessées.

– C'est ce que je me suis dit, dit-elle.

– Et tes deux copines, demanda Smiley, elles vont s'en tirer ?

– Je ne m'en fais pas pour elles, répondit Himeko. Arisa et Hôko ont l'habitude de prendre et de distribuer des coups. Les mecs du Tenjiku vont le sentir passer.

– Pour la grande blonde avec la batte, je te crois, dit Smiley. Mais l'autre, elle ne craint rien ? Elle n'est même pas armée.

– Arisa ? Dit Himeko. Ne t'en fais pas, elle cogne encore plus fort que Hôko. Et puis elle est armée.

– Oh ? Dit Smiley avec un sourire plus grand que de coutume. Vraiment ?

– Qu'est-ce qu'il a ? Demanda Himeko à Takashi en remarquant la tête étrange que faisait Smiley.

– C'est à cause de cette histoire, lui expliqua Taka, selon laquelle les sukeban se baladent avec des lames de rasoirs cachées dans leur soutien-gorge.

– Je comprends mieux, dit Himeko. Cela dit, l'arme de Arisa c'est le poing américain, désolée de ruiner tes rêves. Mais si cela peut te rassurer, ça n'est pas une légende, j'ai bien des filles qui planquent des lames dans leur soutien-gorge.

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