Une heure plus tard, le médecin autorisa Himeko à quitter le service des urgences après avoir effectué les derniers examens et elle monta immédiatement à l'étage où se trouvait la chambre de Takashi et de son ami. Elle avait enfilé sa veste par-dessus son chemisier pour cacher les taches de sang, elle avait trois points de suture au niveau de la tête, c'était cette plaie qui avait tellement saigné. La cicatrice ne devrait pas être trop visible, la blessure se trouvait à la naissance des cheveux, même si le pansement, lui, ne passait pas inaperçu. Mais c'était le plâtre qui l'inquiéterait le plus, elle le savait.

Himeko frappa et passa la tête à l'intérieur.

– Salut, dit-elle. Je ne vous dérange pas ?

– Yo Himeko ! Dit Smiley.

– Hime ? S'étonna Takashi. Qu'est-ce que tu fais là ?

Elle entra et referma derrière elle.

– Je n'ai pas le droit de venir voir mon petit ami ? Dit-elle en s'approchant.

Takashi remarqua aussitôt le pansement. Il écarta ses cheveux du dos de la main et fronça les sourcils.

– Qu'est-ce qui t'es arrivée ? Dit-il.

– Je suis tombée dans les escaliers ? Hasarda-t-elle, dans l'espoir de le faire rire.

– Hime, dit-il, sérieux.

Himeko soupira.

– Avant que je t'explique, dit-elle, promets-moi de ne pas t'inquiéter. Tout le monde va bien et je n'ai presque rien.

– Tu me fais peur...

– J'ai croisé quelques types du Tenjiku en rentrant, dit-elle.

Smiley se redressa.

– Tu blagues ? Demanda-t-il.

Il grimaça et se rallongea. Takashi prit la main de Himeko et il l'amena sur le bord du lit.

– Les filles... Commença-t-il.

– Elles vont bien, le rassura Himeko. Elles étaient dans un magasin, elles n'ont rien vu et elles sont à la maison avec leur mère.

– Et toi... ? Reprit-il.

– Deux ou trois bosses, dit-elle. Rien de bien méchant. Sauf peut-être...

Elle lui montra son bras et Takashi devint livide.

– Qu'est-ce que... Dit-il.

– Je me suis un peu pété le poignet, dit-elle.

– On peut se péter un peu les os ? S'interrogea Smiley, dans le lit voisin.

Himeko lui fit les gros yeux et il se tut. Takashi prit ses doigts avec précaution et elle remarqua qu'il pinçait les lèvres.

– C'est presque rien ! Le rassura-t-elle. Regarde !

Elle fit des moulinets avec son bras pour lui prouver qu'elle allait bien et Takashi vit le col de son uniforme dépasser de sa veste.

– Et ça ? Dit-il en le prenant entre ses doigts.

Oups...

Takashi écarta sa veste.

– Qu'est-ce que s'est vraiment passé Hime ?

Himeko soupira et s'avoua vaincue.

– Je me suis battue avec quelques-uns de leurs gars, reconnut-elle. La police est arrivée et elle les a embarqués. Les filles étaient dans un magasin et Luna a fait appeler la police par la propriétaire.

Elle vit que la main de Takashi, celle qui tenait toujours le col de sa veste, s'était mise à trembler. Elle se pencha et posa le front sur son épaule.

– Pardon, dit-elle. Je ne voulais pas t'inquiéter.

Takashi passa le bras dans son dos et il la serra contre lui.

– C'est bon, dit-il. Tu vas bien, les filles aussi, c'est tout ce qui compte.

La porte s'ouvrit en coup de vent et Angry parut, suivi de Hakkai. Tous les deux s'immobilisèrent en voyant le couple et Himeko se redressa.

– C'est un hall de gare cette chambre ce soir ou quoi ? Dit Smiley.

Les deux garçons qui venaient d'entrer se regardèrent et Angry commença.

– On a des mauvaises nouvelles, dit-il.

Takashi, Himeko et Smiley se turent.

– C'est la sœur de Mikey, continua Angry. Des types du Tenjiku l'ont attaquée. Elle est morte.

Le silence qui tomba dans la chambre était pesant.

– Qu'est-ce que tu... Dit Smiley.

Son légendaire sourire avait disparu.

– Morte ? Répéta Takashi d'une voix blanche. Emma... est morte ?

Himeko eut l'impression que quelque chose d'énorme s'était coincé dans sa gorge. Elle porta la main à son cou avant de la poser sur sa bouche.

Ils ont tué quelqu'un ? Ces types, ils ont tué la sœur de Mikey ?

Himeko n'arrivait pas à y croire.

Elle essayait encore de reprendre ses esprits quand Taka se leva. Smiley l'imita.

– Angry, dit Smiley, apporte-moi mon uniforme, il est dans ce placard.

– Qu'est-ce que vous faites ? Dit Hakkai.

– Ça se voit non ? Répondit Taka. On y va.

Il ne put faire plus d'un pas et se retint au lit pour ne pas tomber. Himeko se leva à son tour.

– Je vais voir si je peux trouver des fauteuils roulants, dit-elle. Aidez-les à s'habiller.

Lorsqu'ils franchirent la porte d'entrée de l'hôpital, personne ne s'était rendu compte de leur fuite.

– On laisse les motos là ? Demanda Hakkai.

– Oui, répondit Angry en poussant le fauteuil de son frère. Ils ne sont pas en état de monter avec nous, on reviendra les chercher plus tard.

Himeko marchait au niveau du fauteuil de Taka, Hakkai derrière eux. Takashi n'avait plus dit un mot depuis qu'ils avaient quitté la chambre. Les lèvres serrées, il regardait droit devant lui, le visage fermé. Himeko réfléchissait à ce qu'elle pourrait dire pour le réconforter, mais elle ne trouvait rien.

Parce qu'il n'existe rien qu'on puisse dire dans ce genre de cas, comprit-elle. Une chose comme ça, ça ne devrait jamais arriver.

Lorsqu'ils arrivèrent en vue de la gare, Himeko partit en avant.

– Je vais appeler un ascenseur ! Dit-elle.

Takashi leva les yeux et il la regarda s'éloigner.

– Tu fais une drôle de tête mec, lui fit remarquer Smiley.

Takashi serra les poings sur les accoudoirs de son fauteuil.

– Je n'ose pas penser, dit-il, ce qui serait arrivé si Himeko n'avait pas réussi à échapper à ces types tout à l'heure.

– Qui t'a raconté qu'elle leur avait échappé ? Demanda Angry.

Takashi leva vers lui un œil surpris et Angry reprit.

– Elle les a fumés, lui apprit-il. Les vidéos commençaient à circuler sur le net la dernière fois que j'ai regardé. Dix gaillards lui sont tombés dessus, et pas un ne s'en est sorti. La police les a serrés, mais ils vont devoir passer un moment à l'hôpital avant d'être coffré pour de bon. C'est un putain de monstre ta copine. Je serais toi, j'éviterais de l'énerver à l'avenir.