49 - Marché conclu

Mana et Luna rejoignirent la chambre et Himeko rangea les feutres dans leur pochette.

– Je te les laisse, dit-elle à Takashi. Au cas où il y aurait des retouches à faire.

– D'accord, merci.

– Comment ça s'est passé ? Demanda-t-elle.

Takashi soupira.

– C'était dur, reconnut-il. Sa mère est vraiment dévastée. Ça m'a fait un choc.

– J'imagine, dit-elle. Et Mikey, il le vit comment ?

Il tourna les yeux vers elle.

– Pourquoi tu parles de Mikey ?

– Juste parce que je me dis qu'il doit se sentir coupable, dit Himeko. Ça serait mon cas à sa place.

Takashi tenait toujours sa main. Il serra ses doigts et Himeko reprit.

– Je suis sûre qu'il n'a pas quitté Matsuno kun d'une semelle de toute la cérémonie, pas vrai ?

– C'est vrai, dit Takashi.

Cette fois, il était étonné.

– Il est allé le chercher chez lui, précisa-t-il, et il l'a ramené ensuite.

– Oui, je suis sûre que Mikey se dit que c'est de sa faute s'il doit traverser tout ça, parce qu'il n'a pas su protéger Baji.

Une phrase de Draken revint à l'esprit de Takashi, elle me fait un peu penser à Mikey. Takashi comprit mieux tout à coup ce qu'il avait voulu dire. Il est des choses que seuls les boss ont à l'esprit apparemment.

Mana et Luna furent de retour et Himeko se leva pour rejoindre la cuisine.

– J'ai préparé le dîner, dit-elle. Je me suis dit que tu n'aurais peut-être pas la tête à cuisiner en rentrant.

Takashi vint jusqu'à elle et il la surprit en lui passant les bras autour de la taille.

– C'est ça que je veux, dit-il dans un murmure. Une femme, des enfants, un foyer... tout ça.

Devant la cuisinière, Himeko se mit à frissonner, les joues furieusement rouge. Mana et Luna les interrompirent.

– T'es en train de lui faire des bisous ? Demanda Mana, intéressée.

Takashi se redressa sous les gloussements des deux fillettes.

– Allez, dit-il, au bain vous deux au lieu de dire des bêtises !

Au moment où il allait sortir de la pièce, Himeko l'appela.

– Taka ?

– Hmm ?

– Moi aussi, dit-elle. Moi aussi je veux tout ça.

Himeko ramena les yeux vers le plan de travail, le visage brûlant.




Le repas se déroula dans la bonne humeur, en tout cas plus que Takashi l'aurait cru possible au vu de l'événement qui avait marqué la journée.

– Au fait, dit-il. Draken propose que tu viennes boire un verre avec nous un des ces jours, pour faire connaissance avec les gars.

Himeko hésita, les yeux rivés sur la télévision.

– Je ne sais pas si c'est une bonne idée, dit-elle. La dernière fois, j'ai quand même menacé un de vos chefs de division.

Takashi avait oublié ce détail.

– Kisaki, dit-il, ne fait pas partie de mes amis. Il n'est pas concerné par l'invitation, pas plus que les types qu'il côtoie.

Himeko le regarda. Takashi poursuivit.

– Et tout le monde est d'accord pour dire que les complices de Osanaï ont eu ce qu'ils méritaient. Même Mikey a reconnu qu'on avait merdé sur ce coup-là.

– C'est vrai ? Dit-elle.

– Puisque je te le dis.

– D'accord. Dans ce cas, ça me ferait plaisir de rencontrer tes amis et je te présenterai Arisa et Hôko aussi quand j'en aurai l'occasion.

C'est Draken qui va être content, se dit Takashi.

Il reprit.

– Au fait, je me suis demandé, pourquoi avoir choisi Ibiki san pour servir d'intermédiaire plutôt qu'une autre ce soir-là ? Demanda-t-il. J'ai l'impression qu'elle a eu la trouille de sa vie.

– Ota ? Dit Himeko. Parce que j'ai des projets pour elle. Je veux lui laisser le gang dans quelques mois.

Takashi fut surpris.

– Tu vas lui laisser la place de chef ? Dit-il.

Himeko hocha la tête.

– Pas tout de suite, précisa-t-elle, j'ai besoin qu'elle prenne encore un peu d'expérience, mais oui, c'est le plan.

Takashi se perdit dans la contemplation de l'écran de télévision pendant que Mana et Luna se battaient pour la dernière boulette de légumes.

– Pourquoi ? Dit-il. Je veux dire, pourquoi l'avoir choisie ? Elle est si forte que ça ?

Ibiki san lui avait plutôt fait l'effet d'une gentille fille inoffensive.

– Pas vraiment, non. Pas plus qu'une autre en tout cas. Mais c'est les raisons pour lesquelles elle se bat qui m'ont décidées. Ota, elle se dressera face à n'importe qui si c'est pour protéger ses amies. Quand on a créé le gang avec Ari et Hôko, c'était pour la même raison à l'origine. J'ai bien compris maintenant que j'ai fait une erreur en les quittant sans rien dire à personne. Si le Papillon Rouge a créé tant de problèmes après ça, c'est de ma faute. Alors cette fois, je veux faire les choses biens. Je vais leur trouver un chef qui partage nos valeurs.

Le film, à l'écran, laissa place à une page de publicités qui meubla bruyamment le silence.

– Je ne crois pas, dit Takashi, que l'idée même de sa succession ait déjà effleurée Mikey.

– Sûrement parce qu'il n'a jamais perdu, dit Himeko. Il faut s'être cassé la figure pour commencer à réfléchir à ce qui pourrait se passer la prochaine fois qu'on tombera.

Elle a raison, se dit Takashi.

Une des premières publicités de Noël fit se redresser Mana et Luna et Himeko, elle, grimaça, avant de revenir à son bol. Elle demanda.

– Tu sais si on peut sécher le voyage scolaire de fin d'année sans trop de problèmes ?

Les deuxièmes années de Shibuya Nichu passaient traditionnellement la semaine précédant Noël à Kyôko avec leur classe.

– C'est vrai que c'est en décembre, se souvint Taka. Tu ne veux pas y aller ?

– Pas vraiment, non, dit-elle. Les filles vont se battre pour ne pas être dans la même chambre que moi et je sens que je vais me retrouver avec des poignées de cafards dans mes chaussures et un maquillage au feutre indélébile au réveil.

– J'aime pas les cafards ! S'exclama Luna.

– Ça n'était pas fini toutes ces histoires ? S'étonna Takashi.

– Si, répondit Himeko, mais il y a toujours des petits malins et je ne suis pas sûre d'avoir le courage de leur tenir tête vingt-quatre heures sur vingt-quatre pendant une semaine entière.

– Je comprends. Tu n'as pas peur de le regretter ?

Himeko soupira.

– C'est vrai que je n'ai jamais vu Kyôto.

Takashi la regarda, mais il ne dit rien. À la fin du repas, il emmena ses sœurs se brosser les dents et Himeko débarrassa la table.

Il la rejoignit au moment où elle essuyait la vaisselle et il prit un chiffon pour l'aider.

– Ma mère a obtenu un jour de congé pour Noël cette année, dit-il. Elle proposait qu'on passe la soirée et la journée du lendemain chez nos grands-parents à Koshigawa. Mais j'avais envie de lui demander si je pouvais rester.

Himeko leva les yeux vers lui et Takashi poursuivit.

– Ça te dirait qu'on fasse un marché ? Dit-il. Si tu passes toute la semaine à Kyôto avec cette bande d'abrutis, on ira fêter ça au restaurant, en plus, si j'arrive à convaincre ma mère on aura l'appartement rien que pour nous.

(NDA : Au Japon, Noël est considéré comme une fête pour les amoureux)

Cette fois, Himeko sourit.

– Tu as des arguments auxquels je ne peux pas résister, dit-elle. Marché conclu !

Elle rit.

– Maintenant j'ai hâte ! Ajouta-t-elle.

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