33 - Ijime

NDA : le mot ijime, désigne au Japon les actes d'intimidations et de harcèlements d'un groupe vis-à-vis d'un individu isolé.

Ils sont très graves au Japon où ils ont déjà entraîné la mort de plusieurs personnes.

Lorsqu'ils se déroulent en milieu scolaire, le plus souvent, les enseignants n'interviennent pas et parfois même ils les encouragent, parce que, comme le dit le dicton japonais "le clou qui dépasse attire le marteau". En résumé, la victime est responsable de ce qui lui arrive car elle n'est pas rentrée dans le moule.

Si le sujet vous intéresse, vous pouvez aller voir la vidéo de Louis San "(Mon) harcèlement scolaire au Japon".

Si vous ou un de vos proches êtes victimes de ce type de comportement ou si vous êtes témoins d'actes de ce genre, ne restez pas silencieux, il existe des gens pour vous aider !



Sur le chemin du retour, Himeko surprit quelques regards et des messes basses qu'elle s'efforça d'ignorer. Sa main dans celle de Takashi, elle rejoignit la gare en réfléchissant.

Himeko lui avait dit la vérité tout à l'heure, tôt ou tard, elle savait que la vérité éclaterait. Elle avait juste secrètement espéré arriver en dernière année avant. Mais ce qui était fait, était fait. Restait à voir comment les autres élèves allaient réagir. Elle allait sûrement se retrouver mise à l'écart maintenant, mais à dire vrai, la seule personne dont l'opinion comptait à ses yeux, c'était Taka. Si les autres la repoussaient, elle ferait avec. De toute façon, vu ce qu'elle avait fait, elle aurait mérité bien pire comme punition.

Arrivés sur le quai, Takashi retint sa main.

– Tu es sûre que ça va aller ?

Il semblait inquiet et, surtout, il se sentait coupable que la vérité ait été révélée parce qu'il n'avait pas pris les voyous au sérieux. Himeko serra sa main entre ses doigts.

– Je te dis que oui, dit-elle. Arrête de t'en faire. C'est juste une rumeur, c'était déjà comme ça en début d'année. Je suis certaine que ça finira par s'arranger tout seul.

– Hime, je suis désolé, dit-il. Si je ne m'étais pas moqué de ce type, rien ne serait arrivé.

Himeko entendit son train entrer en gare derrière elle.

– Tu sais bien que ça n'est pas vrai, dit-elle. Ça se serait su d'une manière ou d'une autre, alors ne te fais pas de reproches, d'accord ?

Elle le laissa sur le quai de la gare et regarda sa silhouette rapetisser tandis que le train s'éloignait. Peu importe ce qui se passerait, elle n'entraînerait pas Takashi là-dedans. Ce qu'elle avait fait était horrible, il n'y avait aucune raison qu'il en paie le prix avec elle.




Le lendemain, les murmures étaient plus insistants sur le chemin du collège, mais Himeko, comme Takashi, prirent le parti de ne pas y faire attention.

– Tu es de permanence aujourd'hui ? Lui demanda-t-il en rangeant ses chaussures. J'essaierai de passer te voir après avoir mangé.

Les élèves n'étaient pas autorisés à emporter leur bento dans la bibliothèque, seuls les membres du club bénéficiaient d'une exception. Sans cela ils n'auraient pas eu le temps de déjeuner.

– D'accord, répondit Himeko.

Elle rejoignit sa classe et ignora de son mieux les têtes qui se levaient sur son passage.

Lorsqu'elle arriva à sa place, une surprise l'attendait. La surface de son bureau était couverte de graffitis.

Les mots, tracés d'une main agressive, s'étalaient dans tous les sens. Himeko sentit sa gorge se serrer. Elle inspira, sentit sa poitrine trembler, et elle alla chercher l'éponge de la classe, les yeux baissés.

Ne pleure pas, s'intima-t-elle.

Quand le professeur arriva, elle était encore en train de frotter pour tenter de faire disparaître les inscriptions. Il ne lui jeta qu'un coup d'œil indifférent avant de commencer son cours.




De toute l'année, Himeko ne s'était jamais faite aussi discrète, même le premier jour. Quand la sonnerie de midi retentit, elle prit son repas et sortit en faisant de son mieux pour ne pas se mettre à courir. Pour une fois, elle était contente de pouvoir se réfugier dans la bibliothèque silencieuse.

Elle déjeunait derrière le comptoir lorsque Takashi entra.

– Salut, dit-il.

Himeko s'essuya la bouche.

– Tu arrives tôt, je n'ai pas fini de manger.

– Oui, je voulais savoir si tout s'était bien passé ce matin.

– Il n'y a pas eu problème, mentit-elle.

Elle referma son bento entamé et se leva.

– Mais ça me fait plaisir que tu sois là, dit-elle en le rejoignant.

Takashi passa les bras autour de sa taille et, après un regard vers la porte, il se baissa pour l'embrasser.

Ses lèvres avaient le goût de son repas et sa langue chaude vint chercher la sienne. Himeko s'abandonna, les yeux fermés, et, durant un instant, l'incident du matin disparut de son esprit.

Vraiment très plaisir, répéta-t-elle lorsqu'il se redressa.

– À votre service, madame la présidente, souffla-t-il.

Il resserra sa prise sur sa taille et revint s'emparer de ses lèvres.

L'après-midi se déroula identique au matin, mais lorsque l'heure du cours de sport arriva, Himeko eut une nouvelle mauvaise surprise. Elle venait de rejoindre son casier pour récupérer ses chaussures de sport, lorsqu'elle remarqua que quelque chose coulait de son casier. Elle ouvrit la porte et une masse de terre boueuse mêlée de petits papiers blancs se répandit sur ses jambes et sur ses chaussures dans un bruit répugnant qui fit se tourner toutes les têtes.

Himeko sauta en arrière, sous le regard des collégiens qui s'étaient arrêtés autour d'elle. Elle se baissa pour saisir un des petits papiers et elle vit qu'ils portaient tous la même inscription en gros caractères rouges :

Elle serra les lèvres avec l'impression d'avoir reçu un coup dans la poitrine. Elle laissa tomber le papier et se dirigea vers le placard qui contenait les balais et les serpillières utilisées par les élèves de service de ménage.

Ne pleure pas, se rappela-t-elle, tu l'as mérité.

Quand elle eut fini de nettoyer, le cours de sport avait commencé depuis un moment et Himeko se présenta à l'entrée du gymnase, ses chaussons aux pieds. Ses chaussures de sports étaient couvertes de boue.

– Oniroku san daigne se joindre à nous ? Dit le professeur en la voyant. C'est gentil de votre part. Allez donc attendre dehors que l'on daigne, nous, vous accueillir.

– Je suis désolée, répondit-elle d'une voix sourde avec l'impression d'être revenue des mois en arrière.

Elle ressortit et s'appuya contre le mur, les mains dans le dos. Elle essaya de calmer sa respiration tremblante, les larmes au bord des yeux.

Ne pleure pas, se répéta-t-elle encore une fois, ça n'est rien ça, comparé à ce que tu as fait.

Dix minutes plus tard, l'enseignant consentit à la laisser entrer et le cours reprit. Assise contre le mur, Himeko assista aux matchs de ses camarades. Sans chaussures de sport, elle ne pouvait pas participer.

À la fin de l'heure, Himeko ramena le chariot de ballons dans la réserve, lorsqu'elle entendit la porte se fermer dans son dos. Elle se précipita vers la sortie, mais elle trouva la porte verrouillée.

– Attendez ! Je suis là ! Ouvrez-moi ! Dit-elle, une seconde persuadée que c'était une erreur.

– SALE DÉCHET ! Cria quelqu'un de l'autre côté.

Surprise, elle cessa de tambouriner. Elle se laissa glisser par terre et les larmes qu'elle avait retenues toute la journée coulèrent sur ses joues. Le front contre la porte, Himeko pleura, les poings serrés.

Tu le mérites, se raisonna-t-elle, tu le mérites après ce que tu as fait, tu mérites même pire que ça ! Alors arrête de pleurer !

Mais elle ne réussit pas à stopper ses sanglots.




Himeko attendit Takashi contre le portail de l'entrée ce soir-là. Elle s'était passée de l'eau fraîche sur le visage pour effacer les traces de larmes et elle portait sa tenue de sport. Elle avait trouvé son uniforme sur le sol des douches, trempé et chiffonné, après que le concierge l'ait finalement entendue appeler depuis la réserve. Elle avait manqué les horaires de club, mais c'était le dernier de ses soucis.

– Un problème avec ton uniforme ? Lui dit Taka en la prenant par la main.

– J'ai fait une tache dessus en mangeant ce midi, dit-elle. Il faut que je le lave.

– Je vois.

Il ne semblait pas convaincu, mais il n'insista pas.

– Demain après-midi, reprit-il, Mikey veut organiser une réunion des chefs de division. Ça te dérange de rentrer seule ?

– Non,bien sûr, dit-elle. Il se passe quelque chose ?

– Je crois qu'il a eu des nouvelles du Valhalla, lui apprit Takashi. Il veut qu'on fasse le point.

Il lui avait parlé de la coalition anti Toman à laquelle Hanma avait fait allusion lors de la bataille contre le Moebius un mois plus tôt.

– Je croyais qu'on en avait fini avec ces types-là, dit-elle, mais on dirait que je me trompais.

– Oui, j'espère que cette fois ce sera la bonne.

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