32 - Altercation

Ce fut le lendemain que se produisit ce que Himeko redoutait depuis qu'elle avait intégré le collège de Shibuya Nichu. À ce moment-là, Takashi et elle déjeunaient sur le toit terrasse, dans l'angle qu'ils s'étaient approprié le jour de la rentrée. Plusieurs groupes de collégiens étaient dispersés alentour et quelques couples monopolisaient les rares recoins à l'écart.

– Et si on y mettait des autocollants ? Suggéra Takashi.

Tous les deux réfléchissaient au meilleur moyen de personnaliser le cartable de Luna pour le rendre plus féminin.

– Hmm, dit Himeko, j'ai peur que ça ne tienne pas longtemps. Ou alors des goodies porte-clés ?

– La connaissant, ça ne suffira pas.

– Il doit bien y avoir quelque chose que l'on peut faire. Je vais y réfléchir aussi de mon côté.

La porte du toit s'ouvrit, livrant le passage à quatre collégiens qui se donnaient des allures de voyous, leurs sandwiches de la cantine à la main. Himeko reconnut Miruki Raito parmi eux.

– Putain, dit l'un d'eux, mais vas-y, c'est bon, il y a trop de monde on va ailleurs !

– Non, j'ai chaud, dit celui qui était en tête. Ici c'est bien !

Il parcourut le toit du regard et aperçut Himeko et Takashi. Il fronça les sourcils et vint se planter devant eux.

– Cassez-vous les bouffons, leur dit-il. C'est notre place.

Autour d'eux, les autres élèves se jetaient des regards inquiets.

– Euh... Soichiro, intervint l'un des compagnons du jeune voyous.

– Allez, bougez ! Reprit le premier.

Il poussa du pied la chaussure de Takashi qui n'esquissa pas un mouvement.

– Non, je ne crois pas que l'on va bouger, dit-il. On est bien là.

Himeko chercha à croiser le regard de Raito senpai, mais il se détourna, mal à l'aise.

– Je t'ai pas demandé ton avis tapette, reprit le type. Tu lèves ton cul et tu te casses. Tu crois que j'ai peur du président du club des chiffons ?

Oh le con, pensa Himeko.

Takashi se mit à rire.

– Le club des chiffons, dit-il, c'est bien trouvé.

Au sein de la petite bande, un d'entre eux, celui qui avait essayé d'interrompre son chef, voulut prendre ce dernier par le bras pour le faire reculer.

– Soichiro... Essaya-t-il de nouveau.

Le chef du groupe se dégagea un coup d'épaule.

– Ça te fait marrer connard ? Dit-il à Takashi. C'est moi qui te fait marrer ?

– J'avoue, dit Taka.

– J'ai un autre truc qui va te faire marrer, dit l'autre. Ta copine là, t'es sûrement pas au courant, mais elle sort de taule.

Le visage de Himeko se figea et à côté d'elle, Takashi se raidit. Le voyous poursuivit.

– Elle et ses potes ont tabassé un gérant de konbini à coups de battes de baseball pour lui voler la caisse, alors ? Tu rigoles toujours, là ?

Takashi se leva et Himeko tenta de le retenir par la main. Plus loin, Raito lui lança un regard désolé, mais elle ne le vit pas. Takashi se posta devant le chef de la bande, il ne riait plus du tout.

– Tu m'insultes tant que tu veux, dit-il, je m'en fous, ça me ferait même plutôt rire. Mais tu laisses Himeko en dehors de ça.

L'autre se pencha pour approcher son visage du sien.

– Sinon quoi monsieur Chiffon ? Dit-il. Tu vas repriser mes chaussettes ?

Le poing de Takashi partit avant qu'il ait eu le temps de le voir et le type bascula en arrière les mains sur le visage avec un grognement de douleur. Himeko se leva à son tour.

– TAKA NON !

Elle attrapa son bras et tenta de le faire reculer, mais elle ne put le faire bouger, il avait les muscles contractés de fureur.

– Dégagez, dit-il, avant que je me mette vraiment en colère.

Les quatre garçons échangèrent quelques mots et ils regagnèrent la porte. Miruki jeta un dernier regard à Himeko qui tenait toujours le bras de Takashi, mais elle ne le vit pas plus qu'avant.

Quand ils furent partis, Mitsuya se rassit au milieu des murmures des autres élèves. Himeko l'imita.

– Taka... Dit-elle. On ne devrait pas rester là.

– Je ne bougerai pas d'un centimètre, dit-il.

Elle comprit qu'il était toujours en colère. Il reprit ses baguettes qu'il avait fait tomber durant l'altercation et se remit à manger. Mais très vite, les voix étouffées des collégiens autour d'eux lui parvinrent.

– ... de prison ?

– C'est elle qui...

Takashi leva la tête et il vit les regards tournés vers eux. À côté de lui, Himeko paraissait pétrifiée.

– Tu as raison, dit-il en redressant. Allons ailleurs.

Ils remballèrent leurs bentos et Taka prit sa main d'autorité pour la conduire vers la porte du toit.

Parvenus dans un couloir désert, il s'immobilisa et se tourna vers elle.

– Désolé, dit-il. Je n'ai pas réalisé.

– Ça n'est rien, lui assura-t-elle.

Taka prit son menton entre ses doigts pour lui soulever le visage.

– Ça va ?

Himeko réussit à sourire.

– Oui, ne t'en fais pas. Ça devait arriver un jour ou l'autre de toute façon.

Il l'examina une seconde, avant de la prendre dans ses bras. Himeko enfouit son visage contre sa poitrine et elle sentit son cœur se calmer à son contact. Elle ferma les yeux pour goûter son odeur et lorsqu'il se redressa elle était un peu moins secouée.

– Tu es sûre ? Insista-t-il.

Himeko hocha la tête.

– Oui, dit-elle, pas de problème. Je te l'ai dit : je m'y attendais, je suis juste surprise qu'il ait fallu six mois avant que ça se sache.

Elle rit, mais son rire sonna faux. Elle ramena son front contre sa poitrine. Un instant plus tard, elle reprit.

– C'est gentil ce que tu as fait tout à l'heure, dit-elle. Idiot, mais gentil.

Au-dessus d'elle, Takashi rit à son tour. Il la serra davantage contre lui.

– J'étais sérieux Hime, dit-il. Je ne veux pas qu'on te fasse du mal.

– Merci Taka.




À l'arrière du bâtiment, Soichiro Rido donna un coup de pied dans une poubelle qui vola sur plusieurs mètres, répandant son contenu sur le sol. Les élèves qui passaient par là, firent demi-tour.

– ET MERDE ! Cria-t-il. JE VAIS ME LE FAIRE CE BÂTARD !

Il tâta son nez blessé et il fut rassuré de s'apercevoir qu'il n'était pas cassé.

– Pourquoi t'as fait ça Soichiro ? Demanda Miruki. Je t'avais dit de pas en parler !

Il faisait nerveusement les cents pas.

Il ne voulait pas que ça en arrive là. Oui, il avait raconté à ses amis ce qu'il avait découvert par hasard sur Himeko Oniroku, une amie de sa sœur faisait partie des Papillons Rouges, mais c'était seulement pour qu'ils comprennent pourquoi il était tombé amoureux de la fille du club de littérature. Avant qu'il leur explique, tous les trois s'étaient foutus de lui et ensuite ça les avait fait marrer de se dire que le président du club de travaux domestiques n'avait aucune idée de la personne avec qui il sortait. Miruki était persuadé que Himeko romprait rapidement avec Mitsuya dès qu'elle saurait qu'un vrai mec s'intéressait à elle.

– Merde, elle va me détester maintenant ! Reprit Miruki.

À côté d'eux, Kikoichi, le garçon qui s'était efforcé de retenir Soichiro un peu plus tôt, s'était assis sur le rebord du muret.

– Le type du club de travaux domestiques dont tu parlais Miruki, dit-il, c'était Mitsuya Takashi ?

– Ouais, pourquoi ?

Soichiro l'interrompit.

– Ce fumier, dit-il, on va l'attendre à la sortie et on va se le faire ! Il va s'en tirer comme ça ! Je vais lui défoncer la gueule !

– Si tu fais ça Soichiro, reprit Kikoichi, c'est tout le Tokyo Manji Kai que tu vas avoir sur le dos. Mitsuya Takashi, c'est le capitaine de la deuxième division du Toman.

Le silence tomba sur les quatre garçons.

– Qu'est-ce que tu viens de dire Kikoichi ? Demanda Miruki.

Kikoichi releva les yeux vers ses amis, maintenant calmés.

– Je viens de dire que Mitsuya, c'est un capitaine du Toman. Si on l'attaque, on va se faire fumer.

Miruki se laissa tomber sur le muret à côté de lui.

– Un capitaine du Toman, répéta-t-il.

– Ouais, dit Kikoichi. J'ai pas réalisé quand tu m'as parlé du club. J'ai compris tout à l'heure sur le toit quand je l'ai vu.

Miruki semblait anéanti.

– Désolé mon pote, ajouta Kikoichi, tu n'as jamais eu aucune chance avec elle en fait.

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