31 - Déclaration

À la fin de la journée, Himeko et Takashi rejoignirent la gare, la main dans la main.

– Rentre bien, dit-il en lui posant un léger baiser sur les lèvres une fois sur le quai.

– Toi aussi.

Himeko monta dans la rame qui allait vers Omotesandô et elle le regarda s'éloigner en direction de sa propre ligne. Puis elle ramena son sac contre sa poitrine en s'efforçant de réprimer le sourire un peu trop large qu'elle sentait naître sur ses lèvres.




Le lendemain fut à l'image du jour précédent, si ce n'est que Himeko devait assurer la permanence de la bibliothèque durant la pause déjeuner.

– Ça te dirait qu'on aille chercher les filles ensemble ? Lui proposa Takashi sur le chemin de l'établissement. On pourrait aller manger une glace tous les quatre.

– Bonne idée, ça fait longtemps que je ne les ai pas vues ! Tu es sûr que ça ne les dérangera pas ?

– Tu plaisantes ? Dit Takashi, tu as joué aux princesses avec elles. J'entends encore parler de cette soirée au moins une fois ou deux par semaine. Luna a déjà préparé une liste de toutes les choses que vous allez faire la prochaine fois que tu viendras. Prévois des vitamines : la liste est longue !

Himeko éclata de rire.

– On planifiera une autre soirée baby sitting dans ce cas, dit-elle. Tu n'auras qu'à me dire quand aura lieu la prochaine réunion.

– Si tu fais ça, lui fit-il remarquer, elles ne pourront plus se passer de toi !

– Du moment que c'est le cas de leur frère, dit-elle, ça me convient.

Takashi passa un bras autour de sa taille.

– C'est déjà le cas depuis un moment, lui répondit-il.

Himeko posa brièvement la tête sur son épaule, puis elle se redressa arrivés au portail du collège.

– À tout à l'heure ! Lui dit-elle tandis qu'il gagnait sa classe.




Lorsque la sonnerie de midi retentit, Himeko emporta son bento pour aller à la bibliothèque. Elle le mangerait sur place en attendant les visiteurs.

– Mitsuya senpai n'est pas là aujourd'hui ? remarqua Hiruka san alors que Himeko passait devant elle..

– Non, pas aujourd'hui, répondit Himeko. Je suis de permanence à la bibliothèque.

– C'est vrai que tu es la présidente du club de littérature, dit la déléguée. Tu sais que le professeur Yoshida ne tarit pas d'éloges sur le tournoi de Karuta que vous avez organisé pour le festival ?

– Vraiment ? Dit Himeko. Je craignais qu'il soit déçu de renoncer à sa vente d'anthologies.

– Votre tournoi a eu bien plus de succès que n'en aurait eu une vente de bouquins. Lorsqu'il a su que son club de littérature s'était aussi bien classé parmi les stands du festival, il a failli faire une syncope en salle des professeurs !

Himeko rit.

– Il va falloir penser à ménager son cœur !

– Ne t'en fais pas pour lui, il a rajeuni de dix ans depuis qu'il a appris la nouvelle ! Rit à son tour Haruka.

Himeko récupéra la clé en salle des professeurs et elle alla ouvrir la bibliothèque. Cette ambiance feutrée lui avait manqué, elle était à mille lieues de celle qu'elle connaissait au sein du gang. La porte s'ouvrit dans son dos et Sachi parut, une pile de livres entre les bras.

– Senpai, tu es déjà là ? Dit-elle. J'ai les livres que le club de musique traditionnelle devait nous rendre.

– Pose-les sur le bureau, lui dit Himeko. Je les rangerai tout à l'heure.

– Tu es sûre ? Je peux le faire.

– Oui, oui, ne t'en fais pas. Va profiter de ta pause.

La jeune fille à lunettes ressortit et Himeko vint examiner les ouvrages. C'était essentiellement des manuels d'apprentissages à l'usage des débutants, le club n'en avait plus besoin à présent. Elle feuilleta le premier de la pile. Biwa, koto, shamisen... Himeko ignorait que le club du collège avait une aussi large panoplie d'instruments. Elle se souvint qu'ils avaient donné un concert pendant le festival et elle regretta de ne pas y être aller pour voir ça.

(NDA : Sur le sujet des clubs de musique traditionnelle japonaise allez voir Kono Oto Tomare ! ce manga est vraiment formidable)

Elle prit la pile de livres dans ses bras et se dirigea vers les rayonnages. Les livres sur les instruments se trouvaient dans le fond, près de la fenêtre. Himeko vérifia leurs cotes pour ne pas se tromper, lorsque la porte s'ouvrit de nouveau. Est-ce que Sachi avait oublié quelque chose ?

Elle pencha la tête hors du rayon, lorsqu'une silhouette la surprit et la fit reculer avec un cri.

– Désolé ! Dit-il. Désolé Oniroku san ! Je ne voulais pas te faire peur !

Himeko sourit.

– Ne t'en fais pas senpai, dit-elle, j'ai juste été surprise.

C'était le garçon qu'elle avait rencontré en cours de sport la veille, celui qui avait demandé à lui parler. Il mit ses mains dans ses poches avec l'air d'un gamin prit en faute.

– Est-ce que tu as deux minutes à m'accorder ? Lui demanda-t-il.

– Bien sûr, dit-elle. Viens, je dois ranger ces livres, tu n'as qu'à m'accompagner.

Il la suivit dans le fond du rayon, sa grande dégaine dégingandée visiblement mal à l'aise. Il passa la main dans ses cheveux et commença.

– Je ne sais pas si tu me connais, dit-il, mais je me présente. Je m'appelle Miruki Raito et je suis en troisième quatre.

– Enchantée, Himeko Oniroku.

– Je...je sais que ce que je vais faire, ça ne se fait pas, reprit-il. Mais je suis amoureux de toi, voilà.

Himeko le regarda, les livres entre les bras, et il poursuivit.

– Je sais que tu as déjà un petit copain et tout, que ça n'est pas correct de se déclarer à une fille qui est déjà en couple. Mais je sais, non, je suis sûr, que je serais plus un garçon pour toi que Mitsuya kun.

Cette fois, Himeko fut étonnée, il continua.

– Je veux juste que tu saches que je suis là. Si jamais tu venais à rompre, j'aimerais qu'on puisse faire mieux connaissance toi et moi.

Himeko attendit pour être sûre qu'il avait terminé.

– Je te remercie Raito senpai, dit-elle, mais il se trouve que j'aime Takashi Mitsuya et que je n'envisage pas de rompre avec lui. Je suis désolée.

– Oui, bien sûr. C'était maladroit de ma part ! C'est moi qui suis désolé ! Vraiment ! Bon, je vais y aller, garde juste à l'esprit ce que je t'ai dit d'accord ? Je suis content d'avoir pu te parler !

Il disparut aussi vite qu'il était apparu et Himeko resta un moment interdite. Elle ne s'était pas attendue à ce genre de déclarations. C'était plutôt surprenant comme façon d'avouer ses sentiments.




À la fin de la journée, Takashi et elle quittèrent le collège côte à côte.

– Le glacier qui est dans le parc au pied du sanctuaire de Tôgô Jinja ça te va ? Demanda-t-il. C'est à côté de la maternelle des filles et elles pourront jouer comme ça ensuite.

– Oui, c'est très bien, répondit Himeko. C'est au printemps prochain que Luna rentre à l'école ?

– Oui, elle est en dernière année de maternelle. Mana, elle, c'est sa première année.

– Elle doit être impatiente.

– Oui et non, dit Takashi. Elle a récupéré mon vieux randoseru et il ne fait pas assez fille à son goût.

(NDA : le randoseru est le cartable des petits japonais, il coûte un prix fou c'est pour ça que les plus grands les transmettent souvent à leurs frères et sœurs plus jeunes)

Himeko pouffa de rire.

– Il va falloir le customiser alors, dit-elle.

– C'est ce que je lui ai proposé, dit Takashi, mais elle n'est pas convaincue.

Ils descendirent à la station de Harajuku et rejoignirent le quartier situé derrière la grande avenue. En voyant arriver leur frère, Mana et Luna se précipitèrent au portail de la maternelle.

– Hime nee-san ! Tu es venue aussi ! Dit Luna.

– Tu sais bien que je ne peux pas résister à une glace Luna, répondit Himeko. Et puis j'avais envie de vous voir.

– Une glace ! Une glace ! Scanda Mana.

Une fois que les fillettes furent prêtes, ils se dirigèrent vers le parc, Mana et Luna courant devant eux.

– Dépêchez-vous ! Criait Luna. Vous êtes lents !

Ils passèrent le reste de l'après-midi tous les quatre, à profiter de la fraîcheur aux pieds des grands arbres du temple.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top