Deux semaines plus tard, ce fut la rentrée des classes et Himeko et Takashi se retrouvèrent sur le chemin du collège en sortant de la gare.

– Salut toi, dit Taka en lui prenant la main.

– Tu as l'air de bonne humeur, remarqua Himeko.

– J'aime bien la rentrée, dit-il.

– Vraiment ?

– Oui, je trouve les cours reposants.

Himeko rit.

– C'est vrai que les vacances ont été mouvementées !

Après un instant, elle reprit.

– Draken va mieux ?

– Oui, dit-il. Il est sorti de l'hôpital il y a trois jours.

– C'est une bonne nouvelle ! Dit-elle. Je suis contente que tout se soit bien terminé en définitive.

– Moi aussi.

– Ça a l'air d'être un garçon sympa, remarqua-t-elle.

Takashi était surpris.

– D'habitude, dit-il, les filles ont plutôt peur de lui au premier abord.

– C'est vrai ? Moi, il m'a paru gentil.

– Il l'est, reconnut-il. Ça me fait plaisir que tu l'aies remarqué.

– Au fait, dit-elle, Mikey et lui se sont réconciliés après toute cette histoire j'imagine ?

– Oui, mais la bagarre n'y est pour rien, lui dit Takashi. C'est un des amis de Mikey qui a réussi à les raccommoder. Je ne sais pas comment il a fait – aucun des trois ne veut lâcher le morceau – mais on peut le remercier !

– Le principal c'est que tout soit rentré dans l'ordre.

Arrivés devant les casiers, ils se débarrassèrent de leurs chaussures.

– On mange ensemble ? Demanda Takashi.

– Avec plaisir, répondit Himeko, je ne suis pas de permanence aujourd'hui.

– Alors je viens te chercher à la sortie des cours.

– À tout à l'heure !

Himeko s'éloigna vers le gymnase pour la première heure de la journée en lui faisant un petit signe et Takashi gagna le troisième étage où se trouvaient les classes de dernière année.

Une fois en tenue de sport, Himeko rejoignit ses camarades sur le terrain de basket où allaient avoir lieu les séances du mois de septembre.

– Je déteste le basket, grommela l'une d'entre elles à mots couverts pour que l'enseignant ne l'entende pas. Je suis trop petite pour ce sport.

– Qu'est-ce que je devrais dire ! Répondit Haruka san, la déléguée de classe. Je suis encore plus petite que toi.

– Un peu de silence ! Dit le professeur. Bien, on va commencer l'échauffement avec quelques tours de terrain !

Il ajouta devant le murmure de mécontentement de ses élèves :

– Et dans la bonne humeur s'il vous plaît !

Après les tours de terrain et les exercices de dribbles et de passes, l'enseignant organisa des petits matchs de cinq minutes chacun. Himeko fit équipe avec la déléguée de classe, Mako Hiruka, et une autre de ses camarades, Ayame Nagatsuki, une jeune fille à lunettes qui était toujours en tête de la classe dans les examens.

Les matchs étaient plus l'occasion de discuter que de faire du sport, surtout pour celles qui regardaient. Le terrain était partagé en deux et quatre équipes pouvaient s'affronter en même temps.

Après un énième paniers manqués, Hiruka san laissa échapper un soupir dépité.

– Le prochain, dit-elle, je te fais la passe et je te laisse faire Oniroku !

Himeko rit.

– Parce que tu crois que je m'en sortirais mieux que toi déléguée ?

Au bord du terrain, le professeur cria.

– Plus souple, le poignet Hiruka san ! Accompagne le mouvement avec tes genoux !

Les filles se remirent à courir et lorsque Himeko eut le ballon, elle s'efforça de suivre le conseil de l'enseignant et tira.

Comme elle s'y était attendue, le ballon frappa l'arceau et rebondit sur le terrain voisin occupé par les garçons d'une classe de troisième année.

Elle soupira à son tour.

– Je vais le chercher ! Dit-elle à ses coéquipières en se lançant à la poursuite de la balle. Avant que Himeko l'ait rattrapée, un garçon l'intercepta. Il attendit qu'elle le rejoigne.

– Tiens, dit-il en lui tendant le ballon. Joli shoot !

Il était plutôt mignon avec ses cheveux en bataille et son sourire expressif.

– Ça aurait été encore mieux s'il était rentré ! Répondit Himeko en riant.

– C'est sûr ! Rit-il lui aussi.

– Oniroku san ! L'appela l'enseignant. Tu conteras fleurette après le cours s'il te plaît !

Himeko rougit.

– Mais de quoi il parle...

Elle ajouta à l'intention du garçon.

– Merci !

À la fin de la séance, les filles rassemblèrent les balles éparpillées sur leur moitié de gymnase. Himeko poussa le chariot plein jusqu'à la réserve, lorsque le même garçon qu'un peu plus tôt vint l'aider.

– Attends, je vais le faire, dit-il.

Tous les deux rangèrent les ballons. Une fois qu'ils furent seuls, le garçon se tourna vers elle.

– Oniroku san... Commença-t-il gêné. Est-ce que... tu crois qu'on pourrait se parler à la pause déjeuner ? Ça ne sera pas long.

Himeko le regarda, surprise.

– C'est que, dit-elle, je déjeune avec mon petit ami.

Le garçon fit aussitôt volte-face.

– Oui, bien sûr. Excuse-moi ! Je ne sais pas ce que je raconte, moi !

Il sortit précipitamment de la réserve et Himeko le regarda rejoindre ses camarades tandis que Hiruka san et Nagatsuki san arrivaient avec le second chariot de balles.

– On tombe mal on dirait, dit Nagatsuki san.

– Désolée Oniroku san, dit Hiruka.

– Ce n'est rien, leur répondit Himeko.

Elle avait encore les yeux posés sur le groupe de troisième année. Hiruka suivit la direction de son regard.

– Raito senpai s'est déclaré ? S'enquit la déléguée.

– Presque, reconnut Himeko.

Nagatsuki san eut un reniflement méprisant.

– Il sait pourtant bien que tu as un petit ami, dit-elle. Ça ne se fait pas.

– Ça n'est pas très grave, lui assura Himeko. J'ai juste été étonnée.

Toutes les trois refermèrent la porte de la réserve derrière elles pour se diriger vers les vestiaires. Hiruka la taquina.

– Il devrait pourtant savoir que Oniroku san n'a d'yeux que pour Mitsuya Senpai, dit-elle.

Himeko laissa échapper un rire embarrassé.

– Arrête de l'embêter déléguée, dit Nagatsuki. Ne l'écoute pas Oniroku san.

– J'ai bien le droit de dire qu'ils sont mignons tous les deux, reprit Hiruka. Et puis Mitsuya senpai est tellement...

Elle chercha ses mots.

– Tellement parfait, souffla Himeko.

Elle ne s'était pas aperçue qu'elle avait pensé tout haut et ses deux camarades échangèrent un sourire.

Lorsque la sonnerie de midi retentit, Hiruka se tourna vers Himeko quelques minutes seulement après qu'elle ait sonné.

– Oniroku san, dit-il, on t'attend.

Elle lui montra Takashi appuyé contre la porte et Himeko se dépêcha de ranger ses affaires et de saisir son bento.

– À tout à l'heure ! Dit-elle aux filles.

Tous les deux se dirigèrent vers le toit où ils avaient pris l'habitude de déjeuner ensemble.

– Il y a du monde aujourd'hui, remarqua Takashi en ouvrant la porte de la terrasse.

Plusieurs petits groupes et quelques couples s'étaient déjà installés pour profiter du soleil, mais surtout de la brise qui soufflait en hauteur et les rafraîchissait.

– Il faut dire que c'est agréable ici avec cette chaleur, dit Himeko. Tiens regarde, on peut se mettre dans le coin là-bas.

Ils s'assirent dans l'angle du toit terrasse et déballèrent leurs repas. Ils partagèrent le contenu de leurs bentos et, après avoir mangé, Himeko se rapprocha pour poser la tête sur l'épaule de Taka, sa main dans la sienne.

– Tu as raison, dit-elle. J'aime bien la rentrée moi aussi.