26 - Désaccord

Le lendemain, Osanai et ses hommes attaquèrent Mikey, Pachin, Peyan, Draken et un de leurs amis dans la planque du Toman. Fou de rage, Pachin profita d'une ouverture pour poignarder le boss du Moebius à la stupéfaction des autres. Tous prirent la fuite à l'arrivée de la police, à part Pachin, qui avait décidé d'assumer les conséquences de son geste.

– Il a fait comme toi, Hime, lui dit Arisa, lorsque la nouvelle fut arrivée aux oreilles des Papillons Rouges.

Himeko ne répondit pas. Elle avait passé la plus grande partie de ses vacances scolaires auprès du gang à cause de cette histoire avec Osanai et sa bande et, si elle comprenait le geste de Pachin, son erreur les privait de leur vengeance.

– Du coup, ils vont faire quoi au Toman, dit Hôko. Ils se tapent plus avec le Moebius ?

Arisa se tourna vers elle.

– Non, le Moebius est sous le contrôle du Toman maintenant.

Himeko grimaça. Ça, par contre, ça la dérangeait.

– Je vais rentrer, dit-elle. je n'ai plus rien à faire ici.

Arisa se redressa à son tour.

Sur le chemin, en direction de sa moto, Arisa reprit.

– Concernant ce que tu m'avais demandé de chercher la dernière fois Hime...

Himeko la regarda sans comprendre.

– Il y a une fille, dit Arisa, qui pourrait avoir le potentiel du Papillon.

– Qui ? Lui demanda Himeko, brusquement intéressée.

– Elle s'appelle Ota Ibiki. C'est une nouvelle venue. Elle se bat plutôt pas mal, même si elle n'a encore que treize ans, mais surtout j'ai appris qu'elle n'avait pas hésité à défier la bande de Hôko quand elles sont venues passer à tabac son amie il y a quelques mois de ça.

Himeko ramena les yeux devant elle. Une gamine de treize ans qui tient tête à un groupe de sukeban alors qu'elle sait qu'elle n'a aucune chance ? Ça n'était pas n'importe qui.

– Prends-la avec toi, dit Himeko. Tu n'as qu'à en faire ton bras droit pendant quelque temps pour que je vois ce qu'elle vaut.

Pour le moment, elle avait autre chose en tête.





Dans la planque du Toman, le ton commençait à monter.

– On devrait attendre le retour de Draken, Mikey, dit Mitsuya. Il vaut mieux en parler tous ensemble.

– Tu es de son côté ou du mien ?

Mikey leva vers lui un regard qui lui fit froid dans le dos.

– Ni l'un ni l'autre tu le sais, dit Mitsuya. Je dis juste que c'est pas le genre de décision à prendre dans son dos.

– Le boss du Toman c'est moi, répondit Mikey, pas lui. Tu as l'air de l'avoir oublié.

Mitsuya ne savait pas quoi répondre. Mikey voulait rassembler de l'argent pour aider Pachin. S'il comprenait le raisonnement du boss, Mitsuya savait que Draken aurait voulu en discuter, Pachin avait choisi d'accepter de payer le prix de son erreur, lui donner de l'argent reviendrait à aller à l'encontre de sa décision.

Malheureusement, Draken était absent. Depuis que Pah s'était fait serrer une semaine plus tôt, il accompagnait sa mère chaque jour au centre de détention. Évidemment, comme seule la famille pouvait accéder au parloir, Draken attendait devant la porte après lui avoir fait passer des cadeaux.

Autour d'eux, les autres capitaines ne savaient pas quoi en penser. Peyan, lui, s'était rangé du côté de Mikey aussitôt après l'avoir entendu et il ne lui facilitait pas les choses.

– Pourquoi tu veux pas qu'on aide Pachin ? Dit-il. T'es un traître ou quoi, Mitsuya ?

– Tu sais bien que c'est pas le cas, Peyan, répondit Mitsuya. Je dis juste qu'on doit en discuter ensemble.

– Il y a pas à discuter ! S'exclama Peyan. On aide Pachin ! Il fait partie des nôtres ! Ou alors tu as un problème avec ça ?

Impossible d'avoir une discussion avec Peyan. Pachin était tout pour lui et son arrestation lui faisait perdre les pédales. Mieux valait attendre le retour de Draken. Mikey et lui parviendraient sûrement à prendre une décision.

Il ignorait encore que cette querelle allait creuser un fossé qui allait faire éclater le clan.





Mitsuya aperçut Himeko qui l'attendait, plus loin, au pied de la statue de Hachikô. (NDA : La statue du chien Hachikô, près du carrefour de Shibuya, est le point de rendez-vous du quartier) Depuis l'attaque du clan de Moebius, ils n'avaient pas eu l'occasion de se voir et, puisque Mana et Luna passaient l'après-midi chez une de leurs amie, Takashi en avait profité pour l'appeler.

– Salut, dit-il en arrivant à proximité. Tu n'as pas trop attendu ?

Himeko secoua la tête.

– Je viens d'arriver, lui assura-t-elle.

Il lui prit la main et elle se mit sur la pointe des pieds pour poser un baiser sur sa joue, attirant les regards. Ce genre de choses ne se faisait pas au Japon où les contacts physiques en public, même les plus simples, étaient mal vus.

– On va manger une glace ? Dit-il en ignorant, comme elle, les gens qui les regardaient.

– Bonne idée, je meurs de chaud.

Ils s'éloignèrent en se tenant par la main.

– Les filles ne sont pas là ? Demanda-t-elle.

– Non, elles sont invitées chez une copine de Luna. J'ai l'après-midi de libre.

– Oh ? Ça faisait longtemps, se réjouit Himeko. Et si on se faisait un cinéma après ?

– Bonne idée, dit Takashi en passant son bras autour de sa taille, s'amusant des expressions choquées qu'ils croisaient.

Tous les deux se dirigèrent vers un café climatisé et ils commandèrent deux glaces pour échapper à la chaleur étouffante de la fin du mois de juillet.

– Comment va ton ami qui s'est fait arrêter ? Lui demanda-t-elle une fois qu'ils furent installés.

– Pachin ? Draken dit que ça va à peu près, il arrive à garder le moral. Sa mère vient le voir presque tous les jours, ça aide.

– Le jugement a été rendu ? Reprit Himeko.

– Il a pris un an, répondit Takashi. Osanai est en vie, s'il était mort, Pah ne ressortait pas avant sa majorité.

(NDA : La majorité au Japon est à vingt ans)

C'était ce à quoi Himeko s'était attendue. Mitsuya se souvint qu'elle était passée par là, elle aussi. Elle reprit.

– Tu crois qu'on pourrait lui faire passer quelque chose nous aussi ? Dit-elle. Ou au moins lui écrire ? Je ne suis pas d'accord avec ce qu'il a fait, mais je peux comprendre les raisons qui l'y ont poussé. Je me dis que ça pourrait lui remonter le moral de recevoir du courrier.

Mitsuya la regarda, étonné.

– Oui, dit-il, je suis sûr que ça lui fera plaisir. Je te donnerai ses coordonnées.

Leurs commandes arrivèrent.

Quand la serveuse fut partie, Himeko tendit le bras et elle caressa le dos de sa main du bout des doigts.

– Tu as l'air soucieux, dit-elle.

– C'est la merde dans le clan en ce moment, lui apprit-il. Draken et Mikey se sont embrouillés pour une connerie et cette histoire est en train de partir en vrille.

– Je croyais que ces deux-là étaient comme des frères ?

– Je croyais aussi que c'était le cas. Mais là, ça fait une semaine qu'ils se sont engueulés et on n'arrive pas à les réconcilier.

Himeko reporta son attention sur sa glace.

– Cette affaire avec le Moebius, dit-elle, ça a vraiment mis la pagaille chez vous j'ai l'impression.

Mitsuya devait reconnaître qu'elle avait raison. Tout avait commencé avec le Moebius.

– Il y a une autre question que je me pose, reprit-elle. Pachin, il a l'habitude de se promener avec un couteau sur lui ?

– Pas vraiment, non, dit Takashi, c'est pas son genre, pourquoi ?

– Tu ne trouves pas bizarre qu'il soit venu à l'une de vos réunions avec une arme. Tu crois qu'il avait prévu le coup avec Osanai ?

Takashi réfléchit. Elle n'avait pas tort. C'est vrai que ça ne ressemblait pas à Pah de se balader avec une arme en poche, mais l'agression de son pote lui avait retourné le cerveau. Il avait peut-être planifié de planter Osanai dès qu'il le verrait.

– Je ne saurais pas te dire, répondit-il. Mais cette histoire les a bouleversés Peyan et lui. Je ne serais pas surpris qu'il ait pris ce genre de décisions sans réaliser ce qu'il risquait.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top