16 - Tokyo Manji Gang
Lorsqu'ils sortirent de la salle du club de travaux domestiques quinze minutes plus tard, Himeko remarqua un garçon qui attendait de l'autre côté du couloir. Takashi le vit aussi.
– Pas maintenant Peyan, dit-il.
Le garçon se redressa.
– Mais Mitsuya... Commença-t-il.
Takashi l'interrompit.
– Pas maintenant j'ai dit.
Himeko et lui s'éloignèrent et Mitsuya alla rapporter la clé du club en salle des professeurs. Il la raccompagna à la gare et, avant qu'elle monte dans son train, il l'attira à lui et posa un baiser sur ses lèvres.
– Merci pour ce moment, dit-il. Je ne l'oublierai pas de sitôt.
– Moi non plus, lui répondit-elle en lui rendant son baiser sous le regard désapprobateur d'une grand-mère.
Himeko grimpa dans le wagon et une fois le train parti, Mitsuya se tourna vers Peyan qui les avait suivis de loin.
– C'est bon, dit-il, on y va.
Lorsque Mitsuya et Peyan pénétrèrent dans le vieil entrepôt à l'abandon, les capitaines et les vice-capitaines du Tokyo Manji Gang présents levèrent la tête.
– Vous êtes en retard, dit Pachin tandis que son bras droit, Peyan, venait se ranger à côté de lui.
– C'est la faute de Mitsuya, répondit Peyan. Il était occupé à s'envoyer en l'air dans la salle du club.
– Putain Peyan ! Intervint Mitsuya. La discrétion tu connais ?
– C'est à moi que tu dis ça ? Rétorqua Peyan.
Baji rigola.
– Sérieux Mitsuya ? Dit-il. Tu t'es vidé les couilles avant de venir ? Elle était bonne au moins ?
– T'es vraiment un porc Baji, répondit Mitsuya.
Hakkai s'insurgea.
– Arrête d'emmerder Taka, Baji !
– Baji, il a raison, protesta Chifuyu, ça se dit pas !
– C'était pas classe, renchérit Angry.
– Du Baji tout craché, confirma Smiley.
– Et baiser dans une salle de club, c'est classe peut-être ? Se défendit Baji. Vous êtes tous contre moi ou quoi ?
– Baji si tu fermes pas ta gueule, je t'assomme, ajouta Draken. Comme ça on pourra peut-être commencer la réunion.
– Bah viens Draken ! S'exclama Baji. Je t'attends, je suis chaud ! Je te fume quand tu veux !
– Putain... soupira Pachin.
– Et c'est reparti, dit Smiley.
Mikey mit fin au débat.
– Baji ferme ta gueule, dit-il. On a des trucs à discuter ensemble et on va pas y passer la nuit.
Draken se redressa.
– On vous a réuni parce qu'il y a des petits gangs qui font les chauds sur notre territoire, dit-il. Il faut qu'on se mette d'accord sur les brigades qui vont s'en occuper.
– Avec Angry on en a repéré près de Yoyogi qui commencent à se la jouer un peu trop, dit Smiley. La quatrième brigade se les fait quand tu veux.
Draken hocha la tête.
– Ça marche, dit-il. il y en a aussi qui se croient chez eux à Shinsen.
– Ceux-là, dit Pah, on peut s'en occuper avec la troisième. Ça va pas nous prendre longtemps.
– Mitsuya, reprit Draken, tu pourrais voir avec la deuxième du côté de Miyashita ? On m'a dit qu'il y avait des problèmes par là-bas aussi.
– Pas de soucis, Draken, répondit Mitsuya. Je m'en occupe.
– Pour ça, compléta Baji en rigolant, il va falloir l'arracher des cuisses de sa copine.
Les autres soupirèrent et le murmure fut collectif.
– Putain... Baji.
Himeko sortit du bain et elle regagna sa chambre enveloppée dans un yukata, une serviette sur la tête. Elle s'aperçut qu'elle avait un message de Arisa et elle y répondit. Orie vint frapper à sa porte.
– C'est prêt ! À table ! Cria-t-elle à travers la porte sans attendre de réponse.
Himeko enfila en vitesse un jogging et rejoignit le réfectoire.
Après manger, elle retourna faire ses devoirs, assise à son bureau, le regard perdu dans la nuit, de l'autre côté de la fenêtre. Un nouveau message de Arisa arriva et Himeko regarda l'heure. Vingt-trois heures trente. Il ne devait plus y avoir personne dans les couloirs du foyer. Elle répondit.
Ok, j'arrive
Elle récupéra le paquet formé par son uniforme de gang et se glissa hors de sa chambre. Parvenue au coin de la rue, elle vit Arisa qui l'attendait, appuyée contre sa moto.
– Tiens, lui dit-elle en lui tendant le paquet. Je te laisse me le garder.
Arisa le prit.
– Ça marche boss.
– Comment est-ce que ça s'est passé ?
– Hôko a proposé à toutes les filles qui le souhaitaient de quitter le gang. Elle leur a assuré qu'elles ne risquaient pas de représailles. Beaucoup hésitent. Elles attendent sûrement quelques jours pour voir si c'est pas un piège, si celles qui sont parties se font pas finalement tabasser une semaine plus tard.
Himeko s'adossa au mur voisin, les bras croisés sur la poitrine.
– Selon toi, dit-elle, on va en perdre combien ?
Arisa réfléchit.
– Un paquet je pense, reconnut-elle. Sans doute plus de la moitié.
Himeko laissa échapper un sifflement.
– Ah ouais, quand même... Hôko avait vraiment fait de la merde.
– Mais je pense qu'au final, ajouta Arisa, on en regagnera beaucoup plus.
Himeko leva vers elle un regard interrogatif et Arisa reprit.
– La rumeur disant que tu es de retour a déjà commencé à circuler. Pas mal de celles qui sont parties vont revenir quand elles verront que tu as vraiment repris les rênes. Et d'autres vont arriver.
– Hmm. Si tu le dis.
Himeko se redressa. En réalité, elle se moquait pas mal que le gang perde des membres. Si ça n'avait tenu qu'à elle, elle l'aurait dissous. Mais Himeko savait que ça n'aurait servi à rien. Si ça n'était pas elle, une autre aurait pris le nom du Papillon Rouge.
– Je te dois des excuses Ari, commença-t-elle sans se retourner. Je n'aurais pas dû vous éviter comme je l'ai fait en sortant de maison de correction. J'aurais dû vous dire franchement que je voulais quitter le gang. Au moins à toi. Je suis sûre que tu aurais compris.
Derrière elle, Arisa lui répondit par le silence. Finalement, elle demanda.
– C'était si dur que ça la maison de correction ?
Himeko hésita.
– Oui, dit-elle enfin. Je ne veux plus jamais retourner là-bas.
Puis elle se retourna.
– Arisa, tu veux bien faire quelque chose pour moi ?
– Hmm, quoi ?
– Regarde si dans les nouvelles il y en aurait pas une qui pourrait devenir digne du manteau du Papillon.
Cette fois, Arisa écarquilla les yeux.
– Tu cherches un successeur ?
Himeko hocha la tête.
– J'ai bien compris que toi tu ne voulais pas de ce rôle et que Hôko n'avait pas les épaules pour l'assumer, dit-elle. Mais dans toutes ces filles, je suis certaine qu'il y en a qui ferait de bons chefs avec le temps. J'aimerais que tu m'aides à en trouver une qui partage les mêmes valeurs que nous.
Arisa la regarda.
– Très bien Hime, dit-elle. Je te dirai s'il y en a une qui attire mon attention.
Lorsque Himeko regagna le foyer par la porte de derrière, elle était perdue dans ses pensées. Une voix la ramena à elle.
– Oniroku san...
Himeko leva les yeux et elle vit la braise d'une cigarette briller dans l'obscurité.
– Madame Fuya ?
– Tu sors bien tard.
Un instant, Himeko pensa lui sortir le mensonge qu'elle avait prévu, mais le regard de la directrice l'en dissuada. Elle se contenta de hocher la tête. Puis, après un silence, elle la dépassa.
– Je vais me coucher, dit-elle. Bonne nuit.
La directrice l'arrêta.
– Oniroku san, dit-elle, est-ce que tu es bien sûre de ce que tu fais ?
Himeko s'immobilisa au milieu du couloir. Elle réfléchit. Finalement elle répondit.
– Je crois que oui madame Fuya. Cette fois, je crois que oui.
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